Chapitre III :Voiture particulière – transports collectifs : discussion

3.1. Un peu de “ philosophie économique ”

Quelles sont les forces motrices et les conditions qui stimulent le développement économique et plus précisément - ce qui n’est pas équivalent - le progrès technique ?

Il faut partir du fait que la force motrice et les conditions existantes sont en position de relations réciproques, on peut même dire en coopération. Nous définissons ces deux composantes comme un système ou, le plus souvent, comme un sous-système où nous envisageons la combinaison des cas particuliers. Mais il est nécessaire de noter que la force motrice (réelle ou potentielle) est prioritaire par rapport aux conditions. Ainsi, pour n’importe quel processus (mouvement économique ou social, activité plus appliquée d’un individu, etc.), il existe toujours une force motrice, mais les conditions peuvent, soit la stimuler, soit aller dans le sens envers. Et, donc, par la création des conditions convenues pour le processus désirable, on peut la favoriser ou au contraire la défavoriser. Si les objectifs désirables pour un élément d’un ensemble de l’activité de la société sont en contradiction avec l(es)’autre(s), les forces motrices “ entrent en concurrence ” et “ la victoire ” sera remportée, soit dans le cas pour lequel la force motrice est plus puissante, soit les conditions sont plus favorables pour le déroulement de cette force.

Comme exemple on peut reprendre le cas du choix modal pour satisfaire le besoin de se déplacer. Dans ce cas, nous n’allons pas considérer l’usage d’une voiture particulière pour des buts irrationnels. On désigne ici les quatre issues de choix les plus répandus : la marche à pied ou le déplacement à l'aide des moyens de transport : voiture particulière, transports en commun ou deux roues. Pour quel choix optera un individu ou, en autres mots, quelle sera la coopération entre la force motrice et les conditions existantes dans chacun des cas possibles et quelle sera l’influence réciproque de ces sous-systèmes dans un système total reliant les composantes du choix individuel ?

La force motrice dans le cas du besoin de déplacement d’un individu est notamment ce besoin qui est, dans ce cas, un moyen pour satisfaire un autre besoin, une nécessité ou un sens mental conditionné soit par des raisons externes, soit par des raisons internes, souvent comme un dérivé des premières. En dépit du fait que le processus de déplacement n’est souvent qu’un des moyens dans la structure de la satisfaction d’un besoin, d’un désir ou d’un objectif plus marginal - le cas où les trois peuvent être considérés comme des synonymes les plus proches - d’un individu, nous distinguerons, quand même, dans cette recherche le besoin du déplacement lui-même. Parmi les composantes théoriques de la définition de base d'un déplacement on peut relever :

  • un lieu d’origine et un lieu de destination dont on peut notamment déduire la distance du déplacement ;
  • les motifs pour lesquels la personne se trouve en chacun de ces lieux ;
  • le mode de transport utilisé ;
  • l’heure de départ et l’heure d’arrivée dont se déduit bien entendu la durée du déplacement. 31

Nous mettons l'accent sur le motif du déplacement. C’est notamment la force motrice qui fait bouger un individu, c’est une sorte d’esprit, le sens, la perception mentale de la réalité composant une partie nécessaire, relativement importante ou non, dans le processus de satisfaction d'un besoin. C’est la représentation qualitative (rationnelle ou irrationnelle) du phénomène de la mobilité ou, plus appliqué, du déplacement d’un individu. Les conditions existantes peuvent changer les autres composantes du processus de déplacement (même les supprimer), mais le motif, dans sa base, restera toujours, probablement exprimé et réalisé par une autre forme de l’activité humaine. On peut conclure que c’est le primat du motif qui exerce son influence et forme les autres composantes du déplacement.

Maintenant nous envisagerons l’usage de chacun des modes de transport, désignés plus haut, du point de vue du choix possible d’un individu pour satisfaire son besoin de déplacement comme la coopération de deux facteurs d'un système de relations réciproques de la force motrice et des conditions existantes. Ici nous prendrons le cas des déplacements urbains comme ce qui nous intéresse le plus dans cette recherche.

Un individu a comme objectif d’effectuer un déplacement pour satisfaire un certain besoin. Ici, comme nous l'avons déjà défini, le concept de besoin est équivalent à celui de motif. A première vue le motif est le facteur principal et, par conséquent, à l’aide de la construction d’une hiérarchie des besoins d’un individu, on peut construire une autre hiérarchie de l’usage de différents modes de transports, qui correspond à cette première. Le motif est, dans ce cas, la force qui pousse une personne à effectuer ce déplacement, bien entendu dans des buts différents. Mais en réalité un certain niveau des conditions d’offre des transports, ainsi que d’autres facteurs multiples plus ou moins importants exerçant leur influence sur le choix, sont souvent préférables pour des usagers et, donc, au niveau des pouvoirs à partir de la ville et plus haut il existe la possibilité potentielle de maîtriser la situation en créant les conditions en faveur du choix désirable.

Notes
31.

Bonnafous A., Puel H., "Physionomie de la ville", Paris, Les Editions Ouvrières, 1983, 165 p.