4.5.4. Conclusion

Ainsi, l’analyse de l’opérationalité des modèles désagrégés révèle toute une série de critiques assez importantes. L’outil technique est-il, alors, à rejeter ? Quel est son apport au regard de l’objectif que nous avions fixé ? Il s’avère plus sensible aux caractéristiques techniques du système des transports que ses aînés agrégés, mais il souffre de nombreux défauts.

L’avantage du modèle logit réside initialement dans la simplicité de sa formulation, dans la facilité de son estimation et la simplicité de son utilisation à des fins prévisionnelles.

Les critiques théoriques que l’on a pu lui opposer ont abouti à différentes variantes reposant sur une sophistication croissante de la formulation.

Cette sophistication, d’une part, ne résout pas tous les problèmes, ne remet pas en cause ses fondements, et d’autre part, restreint les avantages initiaux du logit.

Les modèles désagrégés ne restent-ils que des “ gadgets plus ou moins justifiés en théorie ” destinés à un peu mieux appréhender le processus de décision des usagers en matière de transport ?

Sans doute pas, à en croire l’usage très populaire (voire quasi abusif) dont ils font l’objet dans certains pays, même s’il faut regarder ce phénomène avec une certaine circonspection…

Ils semblent en effet capables de répondre à certains types de préoccupations : au niveau d’une ville de taille “ raisonnable ”, ils modélisent de façon correcte certains phénomènes et permettent de tester des politiques (impact du taux d’occupation des automobiles, restriction de la circulation dans certaines zones, du stationnement, hausse des carburants…). Ils restent un outil de prévision utile aux gestionnaires de réseaux de transport, dans la mesure où, en un lieu donné, ils permettent de prévoir à très court terme les effets des modifications marginales de l’offre de transport, à demande totale constante.

Il reste que cette préoccupation modélisatrice débouche sur l’important problème (pas encore résolu) de la perception par les individus des variables objectives de l’offre de transport. Il semble bien qu’on ne pourra probablement pas lui apporter de solution satisfaisante en restant dans le champ restreint de l’analyse économique.

Du point de vue théorique, en se plaçant au niveau de la connaissance et de la compréhension des comportements de déplacements, le modèle désagrégé peut-il faire progresser la recherche ? Même si les prévisions semblent entachées d’une grande incertitude, le modèle peut être utilisé comme instrument de mesure de la sensibilité des comportements à un ensemble de caractéristiques. Mais l’analyse a révélé que les variables techniques ne sont pas nécessairement les plus importantes.

L’appréhension des comportements semble passer par la reconnaissance de concepts plus pertinents de nature généralement socio-culturelle.

Il reste, au-delà du domaine des transports, que la structure mathématique évoquée n’est pas sans intérêt : en tant que méthode d’analyse et de prévision de phénomènes discrets, il est parfois intéressant de l’utiliser.