2.2.2.1 Le concept d’insertion 

Il est difficile de circonscrire la question de l’insertion. Cette difficulté pourrait s’expliquer par le fait de son instabilité « ‘la notion d’insertion n’est pas stabilisée. Elle varie selon le point de vue ou les questions posées’  » ¹²⁷

La définition de l’insertion diffère selon l’angle à travers lequel on voudrait approcher cette question. On peut privilégier l’orientation ‘« éducation et formation » comme on peut privilégier l’orientation  «marché du travail ’».

Toutefois, quelle que soit l’orientation choisie, l’insertion peut être approchée à travers deux états :

Le premier état concerne la situation sociale de l’individu et traite de l’insertion sociale, comme passage de l’état de jeune à l’état d’adulte. Le deuxième état a trait à la situation de l’individu sur le marché du travail. C’est à ce niveau que nous parlons de l’insertion professionnelle qui constitue « ‘le processus par lequel des individus n’ayant jamais appartenu à la population active, accèdent à une position stabilisée dans le système d’emploi’ » ¹²⁸

Les enquêtes d’insertion professionnelle constituent des bases privilégiées pour l’analyse du marché des jeunes et de la relation formation-emploi. Cette question est aujourd’hui une préoccupation de pilotage du système de formation et des flux des lauréats dans un contexte marqué d’un coté par un chômage des jeunes diplômés et de l’autre par une pénurie relative de certaines qualifications demandées par le monde productif.

Les enquêtes d’insertion professionnelles pourraient répondre selon Cam ¹²⁹ à trois types d’usages :

• Le registre « informatif » : qui se rapporte à tous ceux qui sont directement concernés par l’évolution du système éducatif et du marché du travail. Il s’agit notamment des lauréats, des familles des lauréats qui se préoccupent du devenir de leurs enfants, orienteurs qui sont appelés à aider à une orientation professionnelle ou un choix éducatif etc.

• Le registre « savant » : celui-ci concerne essentiellement les chercheurs dans le domaine de la formation et de l’éducation et qui cherchent à comprendre les mécanismes de l’insertion et à analyser les facteurs déterminants des comportements humains.

• Le registre «  décisionnel » fait référence à ceux qui seront appelés à prendre, à quelque niveau que ce soit, une initiative portant sur l’évolution du système de formation, sur l’organisation ou la mise en oeuvre de l’aide à l’insertion.

Au Maroc il n’y a pas d’enquêtes nationales systématiques sur l’insertion professionnelle et le cheminement couvrant l’ensemble des sorties du système éducatif et de formation.

Des enquêtes sont toutefois réalisées par le ministère chargé de la formation professionnelle et qui ne touchent que les lauréats des établissements de formation professionnelle publics sous tutelle de l’Etat et des établissements privés.

Si ces enquêtes ont nécessairement leur utilité parce qu’elles doivent fournir des indicateurs d’évaluation des formations et d’éclairer la décision publique. Elles sont cependant, conçues selon une approche statistique et à court terme, ce qui ne permet pas de suivre à moyen et à long termes les cheminements professionnels des lauréats.

En effet, et que le soulignaient M. Mansuy et P. Méhaut « ‘La demande d’évaluation externe des formations initiales (par le marché du travail)s’inscrit désormais dans une logique de marché. Où les différentes catégories de débutants se trouvent, dans l’accès aux emplois, en compétition entre elles et avec les autres groupes d’actifs (chômeurs, nouveaux actifs, occupés à la recherche de mobilité). Cette conception nouvelle conduit à utiliser des instruments et des indicateurs plus complexes, prenant en compte la dynamique’  » ¹³⁰

En effet, les enquêtes d’insertion diffèrent des enquêtes du cheminement qui couvrent l’ensemble du système éducatif d’un pays sur un cycle de trois ans. Les enquêtes d’insertion décrivent la situation d’un jeune lauréat neuf mois après sa sortie de l’école.