2. A. de La Garanderie et la doctrine Chrétienne.

Dès son enfance, A. De La Garanderie témoigne d’une fidélité à la messe dominicale : ’(...) mon coeur frappait très fort ma poitrine, car je ne voulais pas manquer le ’Per omnia saecula saeculorum’ ou la fin de l’’orate frates.10’. En réalité, on perçoit et on comprend la foi chrétienne qui anime et sous-tend la pensée pédagogique de l’auteur, notamment dans son attention aux signes de liberté qui révèlent la différence : ’‘la liberté est la valeur par excellence de l’homme. Elle doit donc être universellement admise. Il n’en résulte pas qu’elle n’ait pas à être éduquée.’ 11’. L’éducation de la liberté doit être ainsi comprise de manières différentes, puisque chacun y accède selon une modalité qui lui est propre.

Cette libre différence est intelligence, qui est conscience évoquée de l’intuition du sens, promu par une foi aspirante et espérante. Ainsi, la conscience qui est ’âtre de connaissance’,

‘’ doit alimenter sa foi au coeur de l’espérance, qui ne trouve son sens qu’au sein de l’inespérable, qui ne se trouvera pas dans le ’quelque-chose’ puisque l’inespérable est inexplorable (sans profondeur d’espace) et sans voie d’accès ( sans au-delà de temps) (..). De cette foi en l’intelligence, de cette espérance en l’inespérable, de cet appui sur l’Eternel, la conscience tire des formidables capacités d’intuition de sens de ce ’quelque chose’ que le monde lui offre. Grâce à cette foi en l’intelligence, elle va avoir conscience des êtres et des choses de ce monde comme toujours plus intelligents et plus intelligibles.12’’

Ainsi, le connaissable advient dans l’intuition du sens de l’Etre, sans le confondre. En cela, Dieu est la source du sens, la lumière de l’intelligence, et non son objet : ‘’Dieu est non le monde, mais son donateur ; non pas le sens, mais sa source. Comme l’a écrit Simone Weil,13 ’l’objet de la recherche ne doit pas être le surnaturel, mais le monde. Le surnaturel est la lumière : si on en fait un objet, on l’abaisse.’ 14 ’.

La foi rayonne dans l’autorité charitable du maître qui ’se doit de parier sur les ressources de l’élève (..) son devoir est de l’aider à les détecter pour qu’il puisse s’en servir.15’ Car, selon l’auteur, ’(..) Il y a infiniment plus de ressources dans l’être humain que le principe de la concurrence n’en fait émerger (..) Je pense que la charité fait oeuvre de justice lorsqu’elle aide l’homme à se révéler les ressources qu’il porte en lui et dont il ne s’avisait pas.16’. Convoquant les propos du pape Paul VI, il défend que l’autorité est un service de charité, et rien de plus. Dès lors, l’attitude missionnaire et engagée procède de la foi. Elle rayonne chez ’celui qui veut bien accueillir un amour qui le dérange dans ses projets et ses idées, pour s’engager lui-même, en toute pauvreté et humilité, sur les chemins de l’amour et du don.17’.

Notes
10.

A. de La Garanderie, Les profils pédagogiques, p.12.

11.

A. de La Garanderie, Une pédagogie de l’entraide, p. 96.

12.

A. de La Garanderie, L’intuition, p. 102.

13.

S. Weil, La pesanteur et la grâce.

14.

A. de la Garanderie, L’intuition, p. 102.

15.

Ibid.,

16.

A. de la Garanderie, Pour une pédagogie de l’entraide, pp. 100-102.

17.

Ibid.