B. Méthode d’analyse des entretiens.

Nous étions donc portée par cette intuition de la personne, qui nous semblait posséder un pouvoir éclairant pour notre problématique, cette dernière s’étant forgée à l’orée d’un questionnement implicite qui relevait également d’une interrogation devant la discordance apparente entre des doctrines pédagogiques, tandis que nous en pressentions pourtant l’unité. Il nous semblait même que c’était cette unité de fond, plutôt que la forme raisonnable, qui était l’enjeu de l’engagement persévérant de l’enseignant. Finalement, nous supposions que le mobile dépassait le choix rationnel, qui devenait, d’une certaine façon, prétexte. Mais nous n’étions pas remplie de certitudes ; nous avancions vers l’inconnu avec ce pressentiment tacite.

C’est au coeur d’une investigation dialectique, au croisement d’une démarche à la fois inductive et déductive, c’est-à-dire dans cet aller et retour entre un recueil de données, et l’idée ’théorique’ de la personne, que s’est dévoilée cette forme d’harmonie, qui devenait ainsi le prisme éclairant le fondement d’une pratique pédagogique peu conforme.

C’est dire qu’ à partir du recueil des données, un ’tableau’, une ’grille d’analyse’, un ’ensemble de critères ou de signes’, dont la prègnance et la fréquence communes semblaient avoir du sens, s’est peu à peu dessiné. Nous avons compris progressivement l’harmonie de cet ensemble avec l’idée de la personne, en même temps que, et réciproquement, cette idée nous a quelquefois aidée à lire les entretiens. Il y a un double mouvement d’analyse qui a été révélateur d’une coïncidence : d’un côté, une conceptualisation issue d’un mouvement analytique ascendant, c’est-à-dire qui se forme à partir de l’analyse des entretiens ; de l’autre, une conceptualisation issue d’un mouvement analytique descendant, qui s’impose à partir de la recherche livresque, philosophique. C’est pourquoi il y a eu une sorte de synchronie. Nous maintenions également notre interrogation quant au choix électif de telle ou telle pédagogie, mais nous avons découvert, au fur et à mesure, sa contingence relative.

Nous avons donc constitué un tableau tryptique selon trois grandes thématiques, qui rendent compte de l’analyse de contenu:

Chacune comporte un sous-ensemble de thèmes rapportés dans le tableau ci-après, qui relate donc les grands thèmes récurrents que l’analyse de contenu a permis d’extraire. C’est à partir de ce tableau que le recueil des données s’est trouvé régulièrement analysé. L’analyse de détail mettra également en évidence, pour chacun des thèmes, des sous-thèmes.

Nous allons maintenant expliquer notre méthodologie d’analyse. A cet effet, nous exposerons tout d’abord le contenu des thèmes trouvés, qui constituent les repères permettant de lire les unités de sens au fil de l’entretien. A partir de cet exposé nous pourrons définir, pour chaque thème, les sous-thèmes. Nous prendrons ensuite un exemple d’entretien littéral, que nous dépouillerons et coterons. Cela nous conduira à proposer plus largement le compte rendu de l’analyse quantitative et qualitative des trente entretiens.