CHAPITRE 4 : La FOI

Thème n° 1 : La Croyance et la Confiance , L’Ecoute et le Regard , la Reconnaissance et le Respect.

PEI FREINET GM.
Croyance, Conviction Confiance. 10/10 7/10 6/10 = 23/30
L’Ecoute, le Regard, La Reconnaissance, le Respect. 10/10 10/10 10/10 = 30/30
Sous-Thèmes
1. La Croyance, la Conviction. 9/10 2/10 2/10 = 13/30
2. La Confiance 10/10 7/10 6/10 = 23/30
3. L’Ecoute 1/10 7/10 7 /10 = 15/30
4. Le Regard 6/10 5/10 7/10 = 18/30
5. La Reconnaissance 4/10 9/10 7/10 = 20/30
6. Le Respect 3/10 9/10 6/10 = 18/30
Fréquence d’expression, globale du thème 35 39 33

Ce thème dévoile la prégnance de deux attitudes fondamentales qui sont, d’une part, la croyance, la conviction et la confiance, rapportées par 23 enseignants, et, d’autre part, l’écoute et le regard, la reconnaissance et le respect, développées par l’ensemble des 30. La fréquence du recours à ces thématiques est donc très forte et relativement homogène. Par ailleurs, et sur le plan qualitatif, elles se déclinent selon une terminologie précise et expressive. Il ne s’agit pas de thèmes que l’on aurait plus ou moins abstraits d’un langage ésotérique. C’est sans équivoque : ’Je crois, j’ai la conviction, faire confiance.’ ; ’Ecouter, regarder, reconnaitre, respecter.’. Il est cependant intéressant d’analyser les sous-thèmes séparément, pour mieux saisir leur vigueur intrinsèque et les nuances de leur expression. Nous allons nous y employer maintenant.

  1. La croyance se décline tel un credo : ’croire, cette croyance je la partage, j’ai l’audace de croire, c’est une croyance forte, j’y crois fermement, je souscris à l’idée, la croyance du gosse, la croyance qu’on a tous en nous quelque-chose qui nous permette de réussir.’. D’autres l’énoncent par l’apologie de la conviction, qui est intérieure : ’J’ai l’intime conviction, au niveau de mes ’tripes’, je suis tout à fait convaincu, je suis persuadée, c’est une éthique profonde, çà correspond à ce qu’on a en nous profondément, dans ma conviction de ma relation à Dieu.’ . Remarquons que c’est un assentiment fortement présent dans le cadre du PEI.

  2. En revanche, la confiance est plus largement et plus équitablement évoquée. Pour PEI c’est le ’pari de l’homme’, ’l’espérance en l’homme’, faire confiance à l’élève’ ; c’est la certitude du’progrès’, de la ’croissance’, de la ’modifiabilité’, de l’’évolution’ qui est sous-tendue par une attitude projetée et courageuse, ’se voir battant’ ; ’l’envie que ça marche’ ; ’optimiste’ ; ’possible’ ; ’positif’ ; ’confiance d’avenir’ ; ’perspective d’avenir’ ; ’c’est pas possible il va bien se passer quelque-chose çà donne un angle d’attaque plus fort.’. C’est une ’optique de vie’. Un enseignant l’assimile à ’une attitude religieuse.. C’est une conviction armée, inaltérable :’J’adhère tout à fait à ce que dit Feuerstein, à la vision optimiste du monde, mais réaliste, vous avez bien vu dans quel contexte je vis, dans la violence, dans l’horreur, on a fait sauter des voitures là, devant ma porte. Ce qui s’est passé il y a trois semaines avec le meurtre d’un de mes élèves, mais néanmoins je suis intimement persuadée de cela et je crois que c’est ce qui me donne la force au bout de vingt-cinq ans d’Education Nationale de résister à l’usure du temps. Je me sens encore très réaliste d’une part, et très engagée dans le potentiel individuel des jeunes.’. Chez Freinet, on proclame une ’confiance dans l’enfant, dans son avenir, l’école n’est pas le seul moyen de salut.’. C’est une attitude à transmettre : ’le mettre complètement en confiance’ ; ’qu’il ait confiance’ ; ’leur faire confiance’ ; ’redonner confiance.’.
    En Gestion Mentale, on a une conviction d’a-venir : ’L’espérance, toujours l’espérance, c’est un mot qui me fait vibrer l’espérance, y’a toujours un espoir.’ ; ’une possibilité de croissance, une perspective d’avenir.’. C’est une conviction de don : ’croire qu’on a tous en nous quelque chose qui nous permette de réussir.’. On défend également une attitude pédagogique de ’mise en confiance’, ’faire confiance à l’élève.’. On en fait une priorité : ’c’est cette écoute de l’être humain qui m’importe actuellement, écoute et confiance.’. Pour certains, c’est une visée pragmatique et réaliste - Il s’agit, en l’occurence, d’une référence confessionnelle : ’Je défend l’utopie parce que l’Evangile c’est pas simplement un rêve, on agit, on pratique, on transforme, donc c’est une utopie réaliste (...) ce n’est pas dénué de pragmatisme’.

  3. L’ecoute est par ailleurs très plébiscitée, mais principalement chez Freinet et en Gestion Mentale :’être à l’écoute, ’être attentif’ ’ ; ’écouter l’enfant’ ; ’une grande écoute’ ; ’une meilleur écoute’ ; ’une qualité d’écoute’ ; ’une autre façon d’écouter.’. Pour certains, elle est une disposition recueillie :’se taire’ ;’une écoute silencieuse’ ; ’un temps de silence.’. Pour quelque uns, elle traduit un véritable basculement d’attitude :’c’est cette écoute de l’être humain qui m’importe actuellement, je ne crois pas qu’avant j’avais mis les êtres humains en priorité.’. Mais cette écoute est elle-même sous-tendue par une ’autre approche des élèves’ ;’une empathie’ ; un’accueil différent’, qui se traduit par une disposition de proximité : ’être plus proche’ ; ’être près, très près de lui’ ; ’être plus proche de la vie des élèves’. Certains qualifient cette liaison ’d’approche humaine’ ; ’de sympathie’, d’’attitude humaniste’ ; ’fraternelle’ ; ’religieuse’.

  4. Au demeurant, se relier dans une proximité fraternelle procède d’un ’regard’ singulier, d’une certaine ’vision’, d’ un certain ’angle’, d’ une certaine ’dimension. On sera là encore relativement surpris de la fréquence du recours à cette idée du regard, toutes pédagogies confondues, et c’est relativement homogène : ’regarder l’être humain’ ;’voir d’abord l’être humain, l’enfant’ ; ’un regard d’amour’ ; ’un regard accueillant’ ; ’essayer de voir, de comprendre’ ; ’le regard sur l’autre’ ; ’je le regarde comme si je le voyais un peu de l’intérieur, c’est un peu l’introspection dans l’être humain.’ ; ’essayer de voir dans chaque être humain le reflet du Christ’. Très souvent, il s’agit, pour l’enseignant, d’une réorientation : ’ne plus poser le même regard’ ; ’j’ai changé mon regard sur les enfants.’ ; ’un changement de regard’ ; ’un regard différent’.

  5. Ce regard fraternel est de l’ordre de la reconnaissance. C’est une thématique très prégnante chez Freinet, mais également identifiable en PEI et en Gestion Mentale : ’une reconnaissance de l’autre’ ; ’je te reconnais’ ; ’le besoin de savoir qu’ils sont reconnus’. Elle procède, en quelque-sorte, de l’aveu d’une raison d’existence à travers la reconnaissance d’humanité, par la confession des faiblesses : ’reconnaître qu’ils ont le droit à l’erreur’ ; ’le droit de se tromper’ ;’qu’ils voient que moi aussi je peux me tromper’ ; ’le droit d’exister, d’être comme ils sont’ , et le discernement des forces :’reconnaître dans tout être humain quelque chose’ ; ’reconnaître ses possibilités’ ; ’il existe’ ; ’des personnes propres’ . Ils sont reconnus comme détenteurs d’une parole, témoins de liberté :’laisser la parole’ ;’leur parole existe’ ; ’ une parole entendue’ ; ’l’expression libre’. Dès lors, le maître est attaché à une ’présence bienveillante’ ; il est orienté à discerner et à encourager les expressions personnelles : ’tenir compte de ce que l’enfant a en lui’ ; ’tenir compte de ce que l’enfant apporte’ ; ’partir de leur vécu proche’ ; et à reconnaître l’enfant comme une personne intéressée : ’tenir compte... de son affectif, de sa préoccupation’ ; ’intégrer les intérêts des enfants.’.
    Cette reconnaissance de l’autre introduit une co-naissance qui est de l’ordre d’une restitution de don : ’le rendre à lui-même’ ; ’redonner une image de soi’ ; ’rendre une dignité humaine’, c’est en même temps une offrande de rassemblement, de recollection : ’je redonne cette sécurité’. Tel qualifiera cette attitude de généreuse :’une générosité vis-à-vis des enfants qui m’a paru extrêmement importante.’, cette attention aux exclus témoigne, entres autres, d’une démarche chrétienne,’Une espèce de générosité vis-à-vis du plus pauvre, çà correspond à la démarche du Christ.’.

  6. On comprendra dès lors que la position de respect et de tolérance soit ouvertement défendue, puisque la personne humaine possède une valeur et une condition propres. Là encore, c’est très significatif chez Freinet, mais également repérable en PEI et en Gestion Mentale : ’Il y a un profond respect de l’homme derrière’ ; ’le respect de l’autre’ ; ’le respect de la personne’ ; ’le respect de la personne dans les rapports humains’ ; ’ être très respectueux’ ; ’le respect de l’individu’ ; ’le respect de l’élève’ ; ’respecter ce qu’ils pensent’ ; ’une personne respectée’ ; ’le respect d’autrui’ ; ’le respect de l’enfant’ ; ’le respect de la vie des enfants’. Transmettre à l’élève cette attitude respectueuse :’transmettre le respect’ ; ’qu’il respecte et qu’il aide les autres.’ ; et la tolérance : ’les premières lois qui viennent dans la classe ce sont les lois de respect et de tolérance’ ; ’le respect de son rythme’ ; ’la tolérance’. Aussi certains louent-ils la patience : ’on n’est jamais assez patient’ ; ils invoquent la confiance dans le temps qui fait son oeuvre : ’laisser le temps’ ;’laisser le temps d’agir’ ;’prendre son temps’, ils préconisent la retenue d’un jugement trop hâtif : ’laisser le temps du jugement’.

En conclusion, on repère une attitude de fond, commune, balisée par une terminologie typée, qui colore une certaine visée de l’enfant. Serait-ce celle de la personne à promouvoir ?