Thème n° 4 : L’Unicité, La Différence.

PEI FREINET GM
L’Unicité la Différence. 8/10 8/10 9/10 = 25/30
Sous-Thèmes :
L’ Unicité 3/10 5/10 8/10 = 16/30
La Différence 6/10 5/10 9/10 = 20/30
Fréquence d’expression globale du thème : 9 10 17

Ce thème traduit unanimement un souci à l’égard de la personne dans sa différence ; on insiste sur l’idée de différenciation pas moins de 25 fois sur 30. C’est très significatif et homogène ; 8 fois sur 10 en PEI, 8 fois sur 10 chez Freinet, 9 fois sur 10 en Gestion Mentale. Pour la grande majorité, l’éducation à la diversité est une finalité éducative prioritaire. Chacun l’associe à la pédagogie choisie. Ainsi, pour le PEI : ‘’la différence, c’est très lié à Feuerstein.’ ; chez Freinet : ’Ce qui me plaisait c’était la variété, toute la richesse...Le respect chez Freinet c’est..accepter que l’autre soi différent de soi.’ ; en Gestion Mentale : ’J’ai trouvé dans la Gestion Mentale cette approche de la différence, l’approche de la diversité, montrer que la richesse est dans la différence.’ .

On s’accorde à estimer que la diversité humaine est une ’capitale florissante’. En PEI on ’pense que la richesse naît de la diversité.’ ; Chez Freinet : ’Ce qui me plaisait c’était la variété, toute la richesse...tout enfant porte en soi une certaine richesse.’, en Gestion Mentale : ’Montrer que la richesse est dans la différence..j’ai devant moi des élèves tous originaux et riches...on s’enrichit de ces différences.’. Or, selon un praticien Freinet, l’école sert le culte de l’uniformisation : ’moi, ce qui me choque beaucoup dans certaines écoles, c’est qu’il faut absolument que tout le monde soit presque pareil.’. En PEI, on pense que la différence est ’positive’ ; en Gestion Mentale, on considère que c’est ’optimiste’, que c’est ’une ouverture’, c’est ’une vision non réductrice’, c’est ’énorme comme philosophie, comme apport’. L’un y voit une source de détente pour l’enseignant, crispé à la référence normale : ’Dans ma vie, je n’ai plus les mêmes rigueurs ou raideurs, je crois qu’on peut dire qu’il y a plus d’acceptation de la différence’. Dès lors, ’ça crée un autre climat dans la classe d’ouverture et de tolérance’. A cet égard, un enseignant s’en trouve plus circonspect : ’Je me suis rendu compte qu’à force de faire de la Gestion Mentale et d’essayer d’approcher l’autre, de mettre moins de jugement sur autrui, qu’a force d’essayer de comprendre, j’avais changé toute ma façon de...ça m’a permis d’être plus tolérante, je me permets moins de juger.’.

Dans tous les cas, on défend une attitude pédagogique qui, dans le groupe-classe, reconnaît la diversité des élèves. C’est une réelle préoccupation. Elle procède d’une ’approche’, d’une ’écoute’, d’une ’attention’ particulière ; ce peut-être au ’rythme’ de travail de l’élève, ou à son ’opinion’ personnelle. Bien souvent, particulièrement en PEI et en Gestion Mentale, on se soucie des formes variées de réflexion. Par exemple, en PEI : ’Il faut que je sois attentif à la diversité des enfants qui sont à côté de moi ; des manières de penser ; des manières d’évoquer.’ ; en Gestion Mentale : ’Les enfants fonctionnent d’une manière différente, donc je dois prendre le problème d’une manière différenciée.’. En quelque sorte, on apprend la soumission face à la différence ; ainsi, en PEI : ’on travaille beaucoup sur l’acceptation des différences’ ; en Gestion Mentale :’il y a plus d’acceptation de la différence...l’acceptation des autres...ça vous fait accepter les différences.’.

Chacun à sa demeure, ’La pédagogie Freinet telle qu’elle est, c’est chacun à sa place’ ; en PEI : ’L’aspiration à devenir un individu à part entière, trouver sa place dans la communauté sans se diluer.’. Alors que, communément, on est en lutte de territoire et en conquête d’anéantissement : ’on recherche toujours à être plus fort que l’autre, ils disent toujours et moi, et moi, et moi, parce qu’il y a toujours un peu d’élitisme.’. En Gestion mentale, on s’affirme différent, ’mais d’égale dignité’ ; en PEI on montre qu’on est différent mais ’qu’on a des choses semblables’. On affirme ainsi l’unicité, mais on reconnaît la ’vocation personnelle’. En PEI, on souhaite que l’élève s’accorde à ’ce pour quoi il est fait de par ce monde..c’est aider une personne à trouver sa place dans ce monde, sa vocation.’ ; en Gestion Mentale, on pense qu’’on a tous à faire quelque chose sur cette terre.’. D’ailleurs, une enseignante pense qu’on ne les écoute pas assez quand il s’agit de l’orientation : ’souvent on ne les écoute pas assez en leur donnant telle ou telle orientation, je fais passer l’élève avant l’effectif.’. Dans le même ordre d’idées, on pense qu’il faut aider l’élève à défricher sa route ; ainsi, chez Freinet : ’on va pouvoir découvrir son cheminement’, en PEI : ’on va aider le stagiaire à trouver son chemin...l’intuition que j’ai eu à travers cette méthode, ce que j’ai cru percevoir, c’était que là j’avais des outils pour justement mieux aider chacun à poursuivre son propre cheminement.’. Un enseignant en PEI, croyant, pense que l’Esprit souffle la voie, ’Dieu guide l’homme l’individu dans son originalité, dans ce qu’il est, si je veux être médiateur, il faut que je sois attentif à la diversité des enfants qui sont à côté de moi.’.

Dès lors, la personne est estimée et honorée, sa différence est respectée, c’est ’le respect de chacun d’eux’ chez Freinet ; en PEI et en Gestion Mentale, c’est ’le respect de la différence’. Chez Freinet ’l’enfant est une personne’, à reconnaître : ’la reconnaissance de l’enfant comme personne.’, ’que chacun puisse être reconnu.’. En PEI, on s’y abandonne : ’je leur laisse leur personnalité’ ; chez Freinet on veut que l’enfant se l’approprie : ’qu’il ait sa propre personnalité’, on est attentif à sa fragilité : ’Y’a quand même des choses auxquelles on doit quand même se soumettre, mais sans pour cela briser la personnalité de l’enfant’.

Plus encore, on veut la ’renforcer’. D’où, comme le note un enseignant Freinet, un choix éducatif qui va ’privilégier l’avancée de l’enfant par rapport à lui-même, plus que par rapport à des normes.’. Au demeurant, on encourage l’élève à l’exprimer dans l’interaction sociale ; c’est pourquoi il faut qu’il ose une parole pour mieux prendre sa mesure. Par exemple, en PEI : ‘’t’ as certainement quelque chose à dire, alors quand l’élève me dit c’est comme mon voisin, je lui dis non, t’as certainement écrit autrement, lis-moi ce que tu as écrit, le groupe en fait, à toutes ces richesses qu’ils vont communiquer.’ . Chez Freinet : ‘c’est amener les enfants à parler suffisamment pour accepter que l’autre soit différent de soi. Les copains ils découvrent que l’autre il ne pense pas pareil, que peut-être il faut faire des concessions par rapport à ça.’ ; on va donc ‘’développer sa personnalité par le biais des autres’ .’. C’est un moyen pour que les enfants ‘apprennent à se tolérer les uns les autres, plus ou moins bien, plus ou moins facilement.’ .

Chez Freinet, particulièrement, on sensibilise à l’ouverture culturelle ; l’un organise un voyage à San Fransisco avec ses élèves, un second pense ‘’qu’à connaître des gens noirs ou de Russie ou des Américains, on comprend mieux certaines choses, penser que c’est tellement ’c’ de faire la guerre, qu’on pourrait vivre ensemble facilement si on est prêt à se rencontrer’ .’. Un troisième ‘fait partie d’une association culturelle pour que les cultures arabe et française essaient de se comprendre, quelque chose qui est plus sur le respect de chaque peuple’ .

Dans ce contexte, on défend une pédagogie personnalisante accueillant les singularités, que l’on considère comme un atout pour l’apprentissage. En PEI, on pense qu’elle va faciliter l’appropriation, ‘L’intérêt de personnaliser un maximun et de faire en sorte que chacun puisse trouver quelque chose de propre là-dedans’ .’. Pour certains, comme chez Freinet, elle s’avère un véritable fondement d’adhésion : ‘Ce qui m’avait accroché le plus, c’était que l’enseignant s’attachait à travailler avec un travail personnalisé.’ ; ’Ce qui m’avait intéressé c’était de s’intéresser à l’enfant individuellement, le travail individualisé, la pédagogie individualisée et surtout écouter les enfants’ .’. Un autre pense que ’le travail individualisé répond à la différence.’, notamment par le souci du ’rythme’ et l’attention aux ’intérêts’ . En l’occurence, ils sont cinq, en pédagogie Freinet, à emprunter la notion d’apprentissages ’individualisés et personnalisés.’.

En revanche, une conception de la différenciation des mondes mentaux semble propre à la Gestion Mentale : ’elle va s’apprendre à lire dans son monde à elle’. C’est pourquoi, eu égard au ’respect’ de la personne -comme levain d’épanouissement-, la finalité visée est de ’lui apprendre à se découvrir’ en le mettant ’en contact avec ses propres stratégies’ et c’est, somme toute, une réelle volonté éducative : ’La préoccupation de la Gestion Mentale c’est de faire découvrir les habitudes personnelles qui sont très différentes d’un sujet à l’autre.’. En filigrane on notera cependant que cette visée est pleinement épousée par un enseignant PEI : ’Il faut que je sois attentif à la diversité des enfants qui sont à côté de moi ; des manières de penser ; des manières d’évoquer.’. Il faut ajouter que cinq enseignants insistent sur le fait que la Gestion Mentale a engendré chez eux une conscience de la différence ayant valeur et force de proposition pédagogique : ‘L’individu que tu as devant toi, il est différent de toi, et ça c’est une découverte importante quand même.’ ; ’Qu’il fallait prendre en compte les différentes stratégies, laisser ouverte la possibilité, avant je l’aurais jamais imaginé, jamais, jamais’ ; ’Je pense que la Gestion Mentale m’a aidée à m’ouvrir là-dessus, mais ça je le dis après’ ; ’Je crois que ma première découverte ça a été la différence, j’en ai jamais pris autant conscience qu’à partir de la Gestion Mentale’ ;’La découverte de la différence, ça c’était le plus important pour moi’ .’ .

On pense que la richesse est dans l’unicité, que la particularité de chaque enfant est à entendre, à respecter, voire à valoriser. Dès lors, l’éducation vise à développer une personnalité, à nourrir une vocation propre. On défend donc l’idée d’une éducation différenciée selon une vision de la pluralité. En même temps, on souhaite que les élèves eux-mêmes soient respectueux de la différence. Dans tous les cas, il y a une pédagogie de l’unicité et de la différence. Somme toute, ne serait-ce pas une pédagogie de la personne ?