Thème n° 3 : Médiation et Communion, Partage.

PEI FREINET GM
Médiation et Communion,Partage. 7/10 10/10 6/10 =23/30
Sous-Thèmes :
1.Le Désir de Liaison de Communion. 5/10 8/10 3/10 =16/30
2. La Reconnaissance Fraternelle. 3/10 9/10 5/10 =17/30
3. La Coopération. 3/10 10/10 2/10 =15/30
Fréquence d’expression globale du thème : 11 27 10

Médiation et Communion, Partage est une thématique qui est évoquée par 23 sur 30, (7/10 en PEI, 10/10 chez Freinet, 6/10 en Gestion Mentale). Elle se précise sous trois versants. Le premier sous-thème est celui du Désir de Liaison, de Communion, d’Unité qui est évoqué, toutes pédagogies confondues, par 16 enseignants . Le second sous-thème est celui de la Reconnaissance Fraternelle et de la Solidarité, par 17. Le troisième est celui de la Coopération, par 15. Observons d’emblée que l’insistance sur chacun des sous-thèmes est beaucoup plus prégnante en pédagogie Freinet (sous-thème n°1 : 8/10, sous-thème n°2 : 9/10, sous-thème n°3 : 10/10.).

  1. En premier lieu, les enseignants expriment un besoin de réunion. On souffre de l’isolement, on recherche le lien avec d’autres, on aime le partage. Prenons quelques exemples. En PEI, une enseignante en fait une raison importante de sa ré-orientation professionnelle : ‘je vivais assez mal l’isolement en tant qu’enseignante dans l’Education Nationale, je trouvais que ça manquait de liens entre les enseignants, ce que j’ai apprécié dans les conditions de travail qu’il y a ici, on ne se sent pas seul face à un stagiaire quand ça va mal.’.’ Une autre manifeste ce besoin de relation : ‘’j’ai besoin de faire partager cette expérience, bon peut-être que je n’ai pas raison, mais en même temps j’ai envie ne serait-ce que de pouvoir en discuter, ça ne veut pas dire que ce qu’on a à dire correspond à quelque chose de juste, mais j’ai ce besoin-là’ .’. Chez Freinet, on apprécie de trouver un relais, notamment pour mettre en commun ses difficultés : ‘on se réunissait pour se remonter le moral, quand on a un inspecteur qui vous dit c’est nul, on aurait tendance à le croire, et ça c’est important de trouver des relais’ .’ ; une autre avoue que ‘ça m’avait remonté le moral, parce que j’étais pas toute seule’ .’. On évoque ’l’isolement dans la classe’ et la possibilité ’de retrouver d’autres personnes qui cherchent dans leur travail, la pédagogie Freinet permet ça puisqu’il y a un groupe constitué.’. En Gestion Mentale, on se lamente sur l’indifférence, le mutisme ou la calomnie enseignante : ‘’On dit, tel élève, t’as vu comment il est !, on parle des mauvaises notes, jamais de techniques pédagogiques, on va jamais dans la classe les uns des autres, on parle pas, c’est presque un secret, on ferme la porte’ .’ ; or, on a perçu la vertu du partage, sa force créative : ‘’là on était capable de parler d’autre chose que des bulletins de notes, on s’enrichissait mutuellement, d’une façon incroyable, je pouvais partager quelque chose. Je me rappelle une collègue elle a préparé toute sa séquence, elle nous a montré comment elle a fait, et bien, ça m’éclaire encore aujourd’hui.’ .
    Ce sont l’idée et le souci du rassemblement, de l’harmonie, de la communion, de l’unité insécable. Par exemple, en pédagogie de la médiation, on dit : ‘on doit pouvoir rassembler les gens.’, ’l’amour c’est bien le phénomène de deux êtres, de plusieurs êtres qui sont en communion, en communion les uns avec les autres, d’amour..le fait d’être en relation est important pour moi.’ . On souligne que le PEI occasionne précisément la création des liens : ‘ce que j’y trouve d’intéressant, c’est que l’activité est prétexte à des relations qu’on ne créerait pas autrement.’, ’créer des liens avec les autres.’ . Chez Freinet, on insiste sur la notion de ’groupe’, de ’communauté’. En l’occurence, un enseignant vit en communauté ; un autre, avait, en un temps, acheté une maison en commun avec d’autres.
    On valorise l’idée de l’ensemble ; par exemple : ’quand ils font des peintures, les mettre toutes ensemble.’. Il s’agit ’d’apprendre à vivre ensemble.’. Certains ont fait l’expérience de ’vacances ensemble.’. On valorise l’inclusion dans l’ensemble : ’surtout pas faire des ghettos, la société actuelle va de plus en plus vers l’exclusion.’. Les liens sont précieux : ‘’on essaie de ne pas être coupé.’, ’je ne me sens jamais en rupture.’ . En Gestion Mentale, on désire l’unité : ‘Il m’avait semblé qu’il fallait dynamiser et rassembler tout le monde, on a créé un spectacle, étincelle d’humanité, c’est une façon de vivre différente’ .’. ‘Toute petite, je disais, on va pas rester comme ça, on va jouer ensemble, on va faire quelque chose’ .’. On évoque également la ’jonction’, le ’carrefour’, ’le réseaux’. Notons qu’un enseignant en PEI fait référence à l’’unicité de Dieu’, disant que : ’c’est un éclairage de ma foi catholique, chrétienne.’.

  2. Dans le second sous-thème, on favorise l’éducation à la Reconnaissance Fraternelle. Considérer l’autre comme un frère, proche, qui a quelque chose du soi-même, du même soi. En PEI, on dit : ’que tous les petits enfants du monde se ressemblent et tous les ados font les mêmes ’conneries’, et tous les adultes se ressemblent étrangement, et plus ça va plus j’ai l’intime conviction qu’on est très très proches les uns des autres.’. Chez Freinet, on parle de ’valeurs de fraternité.’ ;’la fraternité c’est un espoir utopique.’. On remarque que le terme de ’copain’ est utilisé sciemment par 4 enseignants distincts, ’une bande de copains’ ; ’faire avec les copains’ ; ’les copains se réunissent’ ; ’aider le copain.’. L’amitié, l’amour est quelque-chose d’important ; on en parle : ’on parle beaucoup d’amitié, d’amour.’, on le vit : ’Il y a eu des amitiés qui ce sont renforcées.’. On va valoriser le ’respect des autres’, la ’tolérance.’, l’acceptation.
    Dès lors, on invoque la responsabilité personnelle vis-à-vis de soi-même et d’autrui ; on va se sentir concerné, on va reconnaître l’intérêt pour chacun. Ainsi, chez Freinet, on dit : ’on s’intéresse à l’autre, personne n’est indifférent, l’indifférence n’existe pas, ça c’est vrai’. D’où le souci, imprimé chez l’élève, de la solidarité, de l’entraide. En PEI : ’on cherche chacun à s’aider, à s’entraider.’. On se souvient de la solidarité du groupe de praticiens Freinet : ’quand on avait un problème, le groupe nous aidait, on en discutait, on va t’aider, on va dans ta classe.’. L’éducation à l’entraide est alors une finalité majeure ; le concept même d’entraide est utilisé avec insistance 8 fois sur 10. C’est ’une pratique de l’entraide’ ; ’une pédagogie de l’entraide’ ; ’c’est çà que j’entends par solidarité, c’est l’entraide’. On apprend le secours réciproque, ’on savait qu’on était à égalité, qu’on était là pour s’entraider.’ ; ’un enfant qui n’y arrive pas, je dis il y a qu’à l’aider.’ ; ’il faut qu’ils s’aident entre eux.’ ; ’90% du temps de travail les enfants doivent s’aider entre eux.’ ; ’l’aide mutuel.’ ; ’un enfant qui aide les autres’ ; ’il vont travailler à plusieurs, y’a des situations d’entraide qui sont importantes.’ ; apprendre de l’autre, ’aider le copain, qu’on puisse s’aider se faire aider, je crois beaucoup à l’imitation, je pense qu’on peut apprendre en imitant.’. On est porté par une espérance ’utopique’ fondée par la croyance en une justice rétributive,’c’est l’espoir utopique , très utopiste d’une société plus égalitaire qui serait une société d’entraide, les pays du Tiers-Monde pourraient se développer où le pouvoir de l’argent ne serait pas dominateur, il y a tout un tas de convictions derrière.’.
    En Gestion Mentale, on pense que la vocation responsable est une raison d’existence : ’aider l’autre, sinon je ne suis pas très utile sur terre.’. A l’école, on prend le temps du service : ’il faut ménager des temps où il sont au service les uns des autres.’ ; celui-ci est parfois naturel : ’vous avez les maternels qui sont là, les uns qui aident les autres à s’habiller, à se costumer, on se donne des conseils mutuels, je trouve que c’est toujours très très bénéfique, c’est une façon de vivre différente.’.
    Au demeurant, c’est un partage d’unité ; faire attention à l’autre, c’est partager un peu de soi ; aider l’autre, c’est offrir une part de soi. En PEI, on dit : ’j’ai besoin de faire partager’. Chez Freinet on pense qu’il ’y’ a un esprit du partage.’ ; ’on a une conception de la pédagogie Freinet très basée sur le partage.’ ; ’on partage nos désillusions, nos joies et nos peines, il y a un partage, c’est quand même des sacrées valeurs’. A l’école, ’y’ en a un qui a oublié son goûter, on partage toujours son goûter.’. On apprécie la convivialité, pour la part offerte. En PEI, on parle ’du côté recherche conviviale’, chez Freinet : ’ce qui m’a plu c’était un côté convivial’ ;’c’était très convivial’. C’étaient en quelque-sorte des retrouvailles d’unité, ’on se retrouvait, on faisait une bonne ’bouffe’, on buvait une bonne bouteille, le partage de tout ,justement, le partage de son expérience et puis, après, le partage des recettes de cuisine ; chacun amenait son plat’. On souligne que c’étaient des groupes ’très affectifs, peut-être trop liés à l’affectif.’, on ’discute, chaleur, partage, en plus on rigole bien’. Mais le partage de soi est également une confession d’impuissance : ’on partage nos désillusions, nos joies, et nos peines, et nos tatônnements, ça c’est quelque-chose d’important.’. En Gestion Mentale, trois enseignants soulignent cette motivation du partage : ’je pouvais partager quelque chose’ ; ’le partage de la Gestion Mentale’ ; ’la vie est un partage, sinon je ne suis pas très utile sur terre.’.
    On notera pour finir que la reconnaissance fraternelle exclut la conception de l’autre comme rival, comme adversaire :’Il y avait pas d’esprit de compétitivité entre nous’ ; on se prémunit contre l’instinct destructeur : ‘un enfant qui aide les autres, parce qu’on a l’impression d’assister à une compétition, le mieux c’est de se marcher les uns sur les autres.’ ; ’pas écraser le voisin pour être plus sûr de réussir, parce que si on veut être le premier faut écraser l’autre’ .’.

  3. Le troisième sous-thème est celui de la coopération, pas simplement dans le sens de l’aide, précitée, mais de l’engagement dans un projet commun, qui va nécessiter d’échanger et de collaborer. Si cette finalité éducative transparaît dans les trois pédagogies, elle est cependant beaucoup plus prégnante chez Freinet, puisqu’elle se repère à une fréquence de 10/10, alors qu’elle n’est que de 3/10 en PEI et est quasiment absente en Gestion Mentale. En PEI, on suggère le critère de médiation de la coopération défini par R. Feuerstein, notamment dans le ’co-engagement’ qui allie les partenaires sur une voie, ’on va pouvoir faire un bout de chemin ensemble.’. On est requis par cette orientation éducative : ‘c’est quelque chose qui me parlait fort, ça me plaisait bien cet espèce de pari, ce contrat de départ qui est clair, moi si je suis motivé et que lui est aussi motivé, on va pouvoir faire un bout de chemin ensemble’ .’. On croit en la coopération, l’idée du co-ouvrage : ‘Je vivais assez mal l’isolement en tant qu’enseignante dans l’Education Nationale, j’ai toujours essayé de travailler en collaboration.. j’ai découvert le travail en équipe.’ .
    Chez Freinet on valorise un ’esprit de coopérative’, ’une vie coopérative’, ’certains voient peut-être ça comme une secte, c’est pas du tout une secte, c’est l’idée de la coopération.’. Le concept même de coopération est utilisé avec insistance 6 fois sur 10. C’est l’idée de ’faire avec les autres, agir avec, vivre avec les autres’, ’à plusieurs on y arrive mieux.’ ;’il est dans une démarche avec les autres’ ;’chacun apprend à vivre avec l’autre et ça je pense que c’est terriblement formateur.’ ;’c’est une conception très coopérative, basée sur les équipes, sur le groupe, on est pas isolé, c’est très important.’ ; ’vivre en groupe pas individualisé, c’est très important.’ ; ’on demande toujours une participation collective.’ ; ’on est dans un projet mais avec un groupe.’ ; ’quand ils travaillent sur un projet, ils vont travailler à plusieurs.’ ; ’j’attache beaucoup d’importance à l’organisation sociale du groupe, j’essaie de mettre en place des règles de vie d’instruction civique.’. L’instauration du conseil de classe d’élèves veut favoriser la considération du collectif : ’Le moment du conseil est un axe important de la coopération, où on va pouvoir mettre au point quelque chose ensemble.’. C’est une raison éducative pour le futur adulte : ’Dans la vie professionnelle on travaille jamais seul dans son coin. Les enseignants du secondaire, ou à la fac s’étonnent que les étudiants ne sachent pas travailler avec les autres, ou les employeurs en ce qui concerne les employés et c’est vrai que ça ne s’apprend pas du jour au lendemain si on ne l’a pas vécu à l’école.’. On valorise un modèle de corps enseignant coopérant, ’c’étaient des aides de coopération pédagogique.’.

Ce thème valorise l’éducation à la reconnaissance fraternelle, au partage et à la coopération. Quelle est l’idée de la finalité éducative sous-jacente à cette visée ? Là encore, ne serait-ce pas celle de la personne ?