Thème n° 4 : Médiation et Dialogue, Interpellation.

PEI FREINET GM
Médiation et Dialogue, Interpellation. 6/10 9/10 7/10 = 22/30
Sous-Thèmes :
Dialogue, échange, communication. 4/10 9/10 5/10 = 18/30
Interpellation, Questionnement. 3/10 2/10 4/10 = 9/30
Fréquence d’expression globale du thème : 7 11 9

Ce thème révèle l’importance accordée par les enseignants, sous l’aval de telle ou telle pédagogie, à l’éducation au Dialogue. On valorise la parole, l’échange, la discussion, la communication.( 6/10 pour le PEI, 9/10 chez Freinet, 7/10 en Gestion Mentale). Soulignons qu’on utilise un peu plus fréquemment le concept de communication en pédagogie Freinet. Ajoutons que, pour une minorité de 9, le dialogue tient lieu également d’interpellation et de questionnement.

  1. Tout d’abord, certains affirment que le dialogue est un besoin profond. L’enseignant a besoin d’échanger, l’élève a besoin de parler. C’est un désir d’expression, pouvant prendre des formes variées dans une perspective de relation avec autrui. Autrement dit, c’est un besoin ’de parler’ dans le cadre d’une liaison. Une enseignante en PEI avoue avoir ’ besoin de partager cette expérience, j’ai envie ne serait-ce que de pouvoir en discuter, ça ne veut pas dire que ce qu’on a à dire correspond à quelque chose de juste, mais j’ai ce besoin-là.’. Une autre ’vivait assez mal l’isolement dans l’Education Nationale, je trouvais que ça manquait de liens entre les enseignants, ici.. on peut en discuter avec la psy.’. Chez Freinet on exprime également ce besoin : ’on a besoin de communiquer, de rencontrer d’autres gens, toutes ces liaisons, je reçois, j’aide, c’est fondamental.’. Un autre défend cette utopie : Je suis idéaliste, j’aimerais qu’il y ait plus de communication entre les gens, les gens ne se parlent pas, ne se connaissent pas..il y en a un qui est venu vous parler, il ne vous connaissait pas, il n’y a pas eu de crainte, ça c’est un élève Freinet, dans la classe traditionnelle, les enfants ne parlent pas aux grandes personnes quand ils en parlent c’est pour des trucs bien précis, se plaindre du copain, demander l’autorisation d’aller faire pipi, c’est à quelle page l’exercice, c’est à peu près le genre de relation qu’on peut avoir avec cet enseignant. On parle beaucoup avec les élèves, on se parle et on parle beaucoup. C’est vrai que je pense que la pédagogie Freinet ça m’a interessé par-ce que c’est vrai qu’il donne la parole et que je pense que c’est important d’avoir la parole qu’on l’exprime après par écrit, par oral, par les créations..l’expression corporelle.’. On lui demande d’exprimer son intérêt : ’Lui donner la parole, on commence par l’entretien du matin.’. On recherche l’interaction dans le groupe de professeurs ’Freinet’ : ’C’était une manière de parler avec d’autres, de retrouver d’autres personnes qui cherchent dans leur travail.’ ; ’L’ambiance de communication dans le groupe, d’accueil et de communication, c’est toujours des groupes très affectifs.’. En Gestion Mentale, on pense que l’enseignant est avant tout ’un être de dialogue, on n’ est pas seulement enseignant.’. Une enseignante reconnaît un nouveau désir d’échange : ’c’est vrai que j’ai plus envie de discuter avec eux qu’avant.’.
    Dès lors, on va volontairement chercher des moments où l’élève puisse exprimer sa liberté :’J’ai développé plus le côté parole dans la pédagogie Freinet, les moments d’échange, il y a ça qui est très en place..je laisse beaucoup la parole aux enfants...On apprend à donner la parole...il ya des petites choses très simples qui apprennent aux enfants à se sentir plus à l’aise, à s’exprimer, l’expression écrite autour de la correspondance, autour des textes libres.’. On institue le moment du conseil : ’Il y a le conseil qui a lieu, on discute de tous les problèmes, quand il y a des conflits entre enfants, j’essaie de faire en sorte d’abord qu’ils en discutent, au moins essayer de discuter.’. En Gestion Mentale une enseignante a organisé un lieu de rencontre, d’échange, entre élève et professeur :’On a créé un conseil chaque élève peut parler de lui et chaque professeur peut parler de lui.’. Une autre a dégagé un moment pour le dialogue : ’avec les quatrièmes, on a mis un temps de communication de rencontre, d’écoute, de prise de parole ; on a parlé du sentiment amoureux, de l’homosexualité.’.
    On explique que cette finalité éducative s’incarne avant tout dans une attitude. C’est tout d’abord une disposition d’ouverture, une manière d’être à l’écoute, d’être présent, d’essayer de comprendre. En PEI, on dit : ’je crois que c’est une certaine qualité d’écoute et de dialogue.’. Une autre évoque sa liaison, son rapprochement privilégié avec ses élèves : ’j’ai toujours eu la chance d’avoir le contact avec les enfants. J’ai d’autres rapports avec les enfants, j’ai jamais voulu faire la classe pour la classe.’.
    Chez Freinet, on s’implique et on sollicite une relation d’échange avec les parents : ’que les parents pouvaient venir nous voir, qu’on était fait pour dialoguer, on allait vers eux, on frappait aux portes, quand on les voyait pas assez on faisait des réunions, un souci de dire, je ne suis pas le maître, je suis prêt à vous écouter.’. On institue un cahier de liaison, de mémoire avec les parents : ’comme l’enfant ne sait pas écrire, j’écris ce qu’il a envie de me dire ce cahier repart chez les parents, les parents écrivent et il revient, donc on cherche toujours une communication très grande. Freinet ce qu’il dégageait beaucoup c’était la communication, le passage entre l’école et l’extérieur, ça on y tient.’.
    En Gestion Mentale : ’on s’intéresse à lui, il y a l’écoute, la présence.’ ; ’je leur mets au bas de la feuille allez bon courage, vous allez y arriver.’. Cette bienveillance est médiatrice ; c’est un moyen de rejoindre l’élève, de le connaître : ’connaître l’enfant par le dialogue, établir vraiment un dialogue, pas simplement le dialogue scolaire. Quelqu’un qui est là dans la classe sur qui on peut compter, c’est le médiateur.’. Un autre a perçu la Gestion Mentale comme un tremplin de liaison : ’j’avais l’impression que c’était un moyen de communiquer pédagogiquement avec les élèves.’. Une enseignante avoue être moins intransigeante : ’un élève me dit je ne comprends rien. Combien de fois je lui ai dit travaillez et puis vous comprendrez ! Maintenant je dis vous voulez préciser ce que vous ne comprenez pas Ce n’est plus vous êtes un imbécile parce que vous ne pouvez pas comprendre.’. L’authenticité est porteuse de sens : ’c’est porteur de sens parce que l’enfant découvre l’enseignant sous un autre jour et ça oblige l’enseignant à vivre autrement sa classe, si bien que ça a des répercussions au plan individuel et au plan collectif.’. C’est une interpellation de la personne : ’Je me dis que si on ne s’adresse pas à la personne, on ne peut pas faire avancer, on ne peut rien faire, moi je revendique le prof éducateur.’.

  2. Outre cette disposition à se laisser interroger par l’élève, une minorité de neuf enseignants défend une pédagogie de l’interpellation et du questionnement. On apprend à l’élève à interroger le sens, au demeurant à se questionner, à réflechir ; somme toute, on éduque son intelligence. En PEI, on parle ‘’d’une démarche nouvelle qui est de réfléchir sur comment on s’y prend ? Quelle démarche ? , Quelle stratégie ?’ ; ’Qu’est-ce que je cherche ? Ou suis-je , ou vais-je ? Pourquoi ? Comment ?’. On pense que ’le mode de questionnement, le style de questionnement est essentiel,.je crois que le PEI incite beaucoup à ça. On considère toujours que le questionnement est intuitif, va de soi, je suis de plus en plus persuadée que du type de questionnement que vous avez, vous pouvez induire beaucoup de choses chez l’élève, et donc ça paraît essentiel ça’ .’. Chez Freinet : ‘’Qu’est-ce que ? Pourquoi ? Qui dit ça ? Ou est-ce qu’on va pouvoir aller chercher ’ ?’. En Gestion Mentale : ‘C’est à l’enseignant de mettre l’élève en situation pour qu’il arrive à se poser la question, si on plaque des réponses sur une question qu’il ne se pose pas, il ne passera pas.’ ; ’maintenant c’est un questionnement : comment tu t’y prends qu’est-ce-que tu aimes bien faire ? En quoi tu te sens bien doué ? au lieu de dire faut faire comme ça, lui dire comment tu fais’ ; ’Tu n’as pas lu tu vas recommencer, est-ce que c’est l’aider véritablement. On va lui dire qu’est-ce que tu as fait ?’ .
    On défend communément que le dialogue, l’interpellation, la communication, le questionnement correspondraient globalement à une sensibilité naturelle et à un besoin profond qui est à considérer et à éduquer. Quelle est l’idée implicite de l’homme et de sa vocation, sous-jacente à cette visée ?
    Notre hypothèse postule que, en dépit des différences entre les pédagogies Freinet, Gestion Mentale ou PEI, ceux qui les pratiquent partagent une conviction éducative personnaliste commune, qui constitue en réalité le fondement authentique de leur adhésion et de leur investissement. C’est pourquoi, il y aurait une certaine fortuité de l’option entre elles trois.
    Plus précisément, si l’idée de la Personne relie les praticiens engagés dans une réflexion pédagogique qui, en l’occurence, les a introduits à une perspective de travail originale, alors, en dépit des cloisonnements de surface propres aux pédagogies innovantes, on devrait entrevoir une figure commune qui, loin d’être une esquisse, possèderait une forme suffisamment perceptible et une transversalité suffisamment permanente pour autoriser une forte interrogation et inviter résolument, au coeur du respect des différentes cultures pédagogiques à concevoir leur sens universel.

Nous avons observé que les propos rationalisant l’engagement fidèle et déterminé dans la pratique de telle ou telle pédagogie s’accordent foncièrement et unitéralement dans cette assonance ternaire qu’articule la Foi, la Recherche d’Universalité et de Singularité, et la Médiation. Ils traduisent une certaine cohérence d’inflexion, d’attitude. Comment comprendre le sens de ces témoignages ? Serait-ce l’idée de la personne ? Pour le savoir, il nous faut faire une recherche sur cette notion et déceler, à partir de là, les critères d’une pédagogie personnaliste.