CHAPITRE 7.
La notion de Personne.Les critères d’une pédagogie personnaliste.

Notre sentiment de départ fut que la notion de Personne était éclairante pour notre problématique de recherche, mais elle possède un statut particulier ; elle est à la fois recherchée mais interdite, au demeurant insaisissable. Elle peut être pensée, mais n’est pas scientifique69. Elle désigne, dans l’homme, ce qui échappe à toute connaissance objective. G. Lurol, auteur d’un ouvrage fondamental sur la genèse de la notion de Personne chez E. Mounier, indique que ’la thématique de la Personne (..) participe d’une dynamique compréhensive plus que d’une explication déductive 70 ; elle est un mystère, et ’le mystère n’est pas ce qu’on ne comprendra jamais, mais ce qu’on aura jamais fini de comprendre 71 .

Selon J. Lacroix72, l’idée de la personne n’est ni une philosophie au sens doctrinal du terme, ni une idéologie. Elle est la pensée de l’homme selon sa vocation d’être humain. Elle serait plutôt de l’ordre d’une inspiration, ’affirmant l’existence de personnes libres et créatrices, (elle) introduit (..) un principe d’imprévisibilité qui disloque toute volonté de systématisation définitive. 73 . Bien qu’historiquement ’d’origine évangélique. 74 , cette visée humaniste s’est développée dans des perspectives multiples, confessionnelles ou non. D’ailleurs, J. Lacroix reconnaissait en J.J. Rousseau (1712-1778), K. Marx (1818-1883) et E. Kant (1724-1804), des précursseurs non croyants. Initié à partir de Renouvier75 (1815-1903), c’est dans la première moitié du 20ème siècle que ce courant a pris son essor. Mais c’est l’oeuvre d’ E. Mounier (1905-1950) qui reste la plus étoffée et la plus marquante, tandis que ce mouvement verra un déclin sous l’influence des systèmes néo-positivistes. En 1957, Ch. Baudouin affirmait qu’’il est devenu banal de marquer la disproportion entre l’avancement extrême des sciences de la matière et de leurs techniques (..), et l’état rudimentaire de notre connaissance de l’esprit (..) et de la Personne humaine. 76 .

Notes
69.

A. Lachièze-Rey, La notion de personne, p. 18.

70.

G. Lurol, Mounier, Genèse de la Personne, p. 234.

71.

Ibid.,

72.

J. Lacroix, Le personnalisme comme anti-idéologie.

73.

E. Mounier, Le Personnalisme, p. 6.

74.

J.M. Grévillot, Les sources évangéliques du personnalisme, p. 172.

75.

Renouvier, Le personnalisme.

76.

Ch. Baudouin, Découverte de la Personne, p. 11.