2. La vocation créative de l’élève.

Dans cette perspective de l’acte de la personne, de sa vocation intrinsèque, le personnalisme éducatif considère l’apport original de l’homme à l’universel, chacun étant porteur de talents qui lui permettent d’être utile à tous, que ce soit par des compétences modestes ou par de grandes capacités. Le handicapé est porteur de sens et signifie pour tous. Autrement dit, on définit l’unité de la personne dans sa dimension universelle.

Il y a donc, dans la vocation créative, l’idée d’une liberté comme possibilité de soi qui demeure, respectueuse de soi dans sa liberté profonde. Elle correspond à la liberté du sens de l’être personnel, à l’épanouissement de sens d’une unité propre. L’idée de la liberté inclut celle du choix ; c’est pourquoi elle implique l’homme, le responsabilise. Elle s’exprime par le témoignage incluant une autonomie de direction. D’une certaine manière, la personnalisation relève d’une ’auto-direction’ assistée par l’éducation, selon une permanence d’unité de vie. Elle est une liberté dirigée.

J. Lacroix définissait ainsi la dimension prophétique de l’éducation personnaliste, en tant qu’elle fait retentir un appel. Celle-ci offrira les conditions permettant la découverte et l’épanouissement de la vocation. En ce sens, E. Mounier déclarait que la société n’a pas pour but d’assumer le développement de la vocation, mais ’d’assurer, d’abord, la zone d’isolement, de protection, de jeu et de loisir, qui leur permettra de reconnaître en pleine liberté spirituelle cette vocation, de les aider sans contrainte, par une éducation suggestive, à se dégager des conformismes et des erreurs d’aiguillage (..) une aide discrète laissant au risque toute sa part (...), c’est la personne qui fait son destin : personne autre, ni homme ni collectivité, ne peut la remplacer. 176 . Ainsi, la vocation créative intègre le paradoxe intrinsèque à la formation de la liberté.

Notes
176.

E. Mounier, Qu’est-ce que le Personnalisme ?, Esprit, p. 358.