2. C. Freinet et la permanence humaine.

En quoi la dignité et l’unité de la personne constitue-t-elle un fondement personnaliste de l’école moderne ?

C. Freinet entrevoit l’héritage d’une ’permanence humaine 196’ qui établit une continuité, reflet d’un ’complexe profond (..), qui vous accroche (..) à un passé à une race. 197 . Il défend un respect de subsistance et dénonce la malignité d’une école qui viole cette unité, ’l’école rompt brutalement cette paix et cette harmonie, et cela me fait souffrir comme un sacrilège. 198 . La reconnaissance des ’droits imprescriptibles de la dignité humaine. 199 , est liée à une conviction de puissance personnelle de découverte et de création, tandis que C. Freinet dénonce les mises en échec, ’les observations ne laissent que très rarement à l’enfant le réconfort d’une réussite (..) la sanction est toujours considérée comme une atteinte à la dignité, surtout lorsqu’elle s’exerce en public. 200 . Le but n’est pas de sanctionner les erreurs, mais d’aider à les dépasser. Il préconise une proximité d’attitude, ’abolissez l’estrade’ dit-il, ’vous serez du coup au niveau des enfants. Vous les verrez avec des yeux non de pédagogue et de chefs, mais avec des yeux d’hommes et d’enfants 201 .’. Il propose la fraternité du regard, ’On a tendance à considérer sans humanité que l’enfant qui travaille mal (..) le fait intentionnellement et par malignité (...) vous -même travaillez avec déficience quand vous avez mal à la tête (...) les enfants sont tout simplement comme vous 202 . Il enseigne la charité éducative, selon les paroles évangéliques auxquelles il se réfère fréquemment, ’Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’ils vous fassent. Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent. 203 .

L’éducation doit être formatrice de dignité ’nous apprendrons aux enfants à être eux-mêmes, intégrés au processus social certes, mais dominés par l’éminente dignité de celui qui sait comprendre, sentir et diriger l’activité essentielle de sa vie.204’, et révélatrice de personnalité, tel ’l’instituteur qui (..) sait écarter le factice, l’accidentel, le clinquant (...), pour sentir les velléités d’une personnalité et d’un caractère..205’. C. Freinet aspirait à une ’cité de justice, où chacun aura enfin sa place 206’, selon une reconnaissance de valeur propre.

Notes
196.

C. Freinet, Oeuvres pédagogiques, p. 39

197.

Ibid., p. 71.

198.

Ibid., p. 84.

199.

Ibid., p. 52.

200.

Ibid., p. 133.

201.

C. Freinet, Les dits de Mathieu, p. 140.

202.

Ibid., p. 142.

203.

C. Freinet, Pour l’école du peuple, p. 138.

204.

Ibid., p. 319.

205.

C. Freinet, Oeuvres pédagogiques, p. 59 ?

206.

Ibid.,p. 129.