2. Le sens de la puissance en pédagogie Freinet.

En quoi la pédagogie Freinet est-elle finalisée par le service de la vocation créative de l’enfant ?

C. Freinet définit la raison humaine par l’aspiration profonde à la création et à la puissance, à la formation et à la reconnaissance,’Réaliser sa destinée, tout est là, toujours. Et l’homme, même dans le tourbillon de la vie mécanique, le sent bien.325’.

La direction humaine est le processus fondamental de la vie. Elle ressort, chez C. Freinet, d’une continuation d’être, d’une inscription dans le sens propre. S’il y a une intelligence commune à tous les hommes, une universalité de sens, selon des ’lois universelles’, les voies de ’bon sens’, comme il aimait à le formuler, sont autant d’expressions de variétés de nature, ’Chacun élève sa propre construction selon les mêmes lois générales et profondes, qui sont les lois de la vie, (..)326’ , la même harmonie s’exprime diversement, ’cette diversité est indispensable à l’harmonie sociale et cosmique comme la diversité des voix du choeur en fonction de la perfection dans l’hymne commun.327’.

C’est pourquoi il y a une pédagogie du respect de l’être, de sa reconnaissance, selon ses tendances et ses inflexions personnelles et profondes. D’où l’accointance évoquée précedemment, chère à l’auteur, entre sens et expérience ;’c’est dans la mesure où il a pu poursuivre lentement ses expériences qu’il gardera équilibre et bon sens328’.

Dès lors, la vocation créative est bien un épanouissement de sens d’une unité propre. Ainsi, le dispositif scolaire doit permettre une richesse d’activités fonctionnelles et une organisation du travail scolaire adapté à la diversité des natures et des besoins, ’ Que cette diversité ne vous épouvante point. Elle est tout simplement la loi de la vie. (..) Il faut de tout pour faire un monde (...) il suffit d’éviter la fausse, dangereuse et prématurée spécialisation qui n’est que limitation et rétrécissement329.’

L’important est qu’en rencontrant le sens de la culture il puisse assimiler les chemins de puissance, ’L’un avancera ainsi sa construction par le biais de la littérature, tel autre par celui des sciences, tels autres encore par celui de l’histoire, de la géographie ou de l’art. L’essentiel est qu’ils parviennent au sommet de la construction, qu’ils y trouvent sécurité et puissance, qu’ils incorporent à leurs réactions fonctionnelles vitales le processus de montée qui les a fait accéder aux étages supérieurs où réside la culture, qu’ils s’assimilent non pas la forme, ni les tabous et les idoles de cette culture, mais ce qu’elle porte en elle, ce qu’elle doit porter de vivifiant dans son idéal d’humanité.330’.

L’éducation procèderait, chez Freinet, d’une auto-création de soi. La pédagogie permettrait un épanouissement de sens de personnalité, ’Les uns et les autres découvriront ainsi les vraies voies qui mènent vers les sommets ; ils seront des maîtres ; ils domineront leur vie ; ils auront accédé au deuxième ou au troisième étage, mais leurs pieds seront solidement ancrés 331 .’. Freinet assurait que la fin de l’éducation est de mener l’enfant vers ’l’ équilibre, la puissance et le bonheur.’. Il y a pour chacun un ’chemin de vie 332 .’, déclarait-il ’que peut-être la puissance sans l’équilibre ? 333 . Il partageait la conception du ’destin de la personnalité. 334 .

Notes
325.

C. Freinet, Oeuvres pédagogiques,p. 561.

326.

Ibid., p. 583.

327.

Ibid.,

328.

Ibid., p. 562.

329.

Ibid., p. 583.

330.

Ibid.,

331.

Ibid., p. 584.

332.

Ibid., p. 588.

333.

Ibid., p. 564.

334.

Ibid., p. 567.