LA FOI.
1. La Croyance, La Confiance, L’Ecoute, Le Respect.
’J’ai confiance dans l’enfant..confiance dans l’enfant et dans son avenir..l’école n’est pas le seul moyen de salut et ça c’est quelque chose de très important...Il y a une foi dans l’homme..ça ne correspond pas du tout à une religion, j’emploie le mot foi, parce que j’ai quand même une petite formation religieuse, mais c’est une confiance en l’homme...une vision qu’on a qui est importante...le respect de l’enfant, de l’enfant comme personne..c’est très rare qu’on emploie le mot élève..toujours parler de l’enfant...on essaie de voir..de voir leur personnalité..l’enfant il arrive avec son vécu familial..ses problèmes..à prendre en compte...il doit pouvoir présenter un objet...dire pourquoi qu’il l’aime bien...parler à son correspondant de sa famile..on voit les choses de façon positive..on va positiver en notant le pourcentage de réussite..les qualités plus que les défauts...mieux vaut prendre son temps...on est jamais assez patient..il faudrait pouvoir attendre..le respect de l’enfant c’est lui donner des outils pour qu’il apprenne...le respect de l’enfant c’est la place de l’enseignant..c’est pas celui qui sait tout...ma conviction c’est ça, c’est lui donner un certain nombre de libertés...Le respect c’est le droit à la parole..qu’au moins sa parole soit entendue.. c’est permettre aux enfants de s’écouter entre eux..se respecter..se donner la parole.’
2. La Filiation Religieuse.
’J’ai une petite formation religieuse..j’ai eu une influence catholique je suis allé au caté..je suis allé aux louveteaux, il n’y a plus rien de métaphysique chez moi..j’ai rejeté les valeurs de sainteté, les notions de péché..y’a certainement des notions que je ne partage plus, mais la notion de quelque chose de divin, les notions de foi en l’homme bien ça, c’est sûr qu’on les partage...il y a quand même un certain nombre de valeurs qui sont des valeurs de type spirituel...ça c’est sûr...des valeurs humaines profondément humaines, des bases simples, la simple vision des choses, terre à terre..même si on a pas le missel Freinet..Je crois que la formation Judéo-Chrétienne m’a formé à l’homme et je ne regrette pas du tout une croyance en l’homme profonde..je crois que ça vient en partie de cette formation là...il y a des collègues qui rejette violemment la formation judéo-chrétienne, moi je pense qu’il ne faut pas la rejeter..ma mère était catholique, mon père je crois qu’il la suivait pour lui faire plaisir, j’avais un oncle agnostique et un oncle et une tante athée...j’ai été formé plutôt à un idéal de tolérance.. .on en parle pas beaucoup entre nous, mais j’ai des copains qui ont même été adhérants de l’Action Catholique Etudiante.’.
3. Le Péché, la Culpabilité.
’Est-ce qu’on a bien fait ? Est-ce qu’il aurait pas fallu laisser plus de temps ?..Des fois on fait des forçages on dit allez entraîne-toi là-dessus faut quand même que tu l’es acquis. Y’a des choses qu’on apprend par coeur, je me dis est-ce que ça sert ? Est-ce qu’il faut respecter le programme leur parler du subjonctif et du conditionnel en sachant qu’ils ne le maîtriseront pas ? C’est des questions que je me pose des questions qu’on se pose chaque fois..Un truc qui m’a beaucoup frappé..de voir le copain pousser un coup de gueule, se fâcher contre un enfant, même lui flanquer un coup de pied aux fesses qui commençait à le faire monter jusque-là, je me suis dit bien voilà, un instit Freinet c’est pas quelqu’un qui est comme ça...’.
4. Le Libre Engagement Responsable.
’On s’est bagarré contre notre inspecteur..qui a durée des années contre la hiérarchie...il m’avait descendu ma note...’.
’Je suis conseiller municipal..j’ai été dans plusieurs associations de quartiers..ma façon de m’impliquer, elle est quand même assez liée à la pédagogie Freinet...je suis entrain de mettre en place un conseil municipal d’enfant sur la commune, l’implication syndicale, les prises de responsabilités...J’ai été au service de L’ICEM pour faire les revues BTJ, ça veut dire que mes convictions étaient suffisamment établies pour pouvoir quand même passer beaucoup de temps sur la pédagogie Freinet...J’étais dans les groupes nationaux..je me suis beaucoup impliqué dans l’école, la Gestion du travail individualisé prend du temps..de la disponibilité..j’étais au centre social....../qu’il soit un futur démocrate qu’il respecte les autres sans forcément les aimer encore que le mot amour même Freinet le prononçait, qu’il travaille pour l’éducation à la paix..Y’avait des vieux militants Freinet qui regrettaient qu’àprès tel gamin qu’ils avaient formé, il soit allé travailler plus avec la paroisse qu’avec les syndicats. ’.
LA RECHERCHE d’UNIVERSALITE et de SINGULARITE.
1. L’Aspiration au Sens et à l’Intelligence.
’Pour l’enfant c’est avoir du désir pour apprendre et ça c’est important...le côté recherche...L’enfant devrait avoir l’appétit d’apprendre..il y a des appétits qui se ferment c’est-à-dire que l’école coupe des désirs..c’est important d’avoir cette volonté..des camarades sont allés en coopération ils ont vu des enfants, ils disent les enfants sont assoifés d’apprendre..or nous, ils sont sursaturés d’informations qui leur arrive...nôtre rôle c’est de leur apprendre à analyser, à comprendre les choses..comprendre pourquoi..comprendre le monde...donc on a un rôle à la fois de garder cet appétit et de..réapprendre un appétit..redonner le désir d’apprendre.’.
2. La Conscience, la connaisance.
’Notre pédagogie va développer une intelligence qui n’est pas forcément une intelligence qui serait strictement raisonnée, mais qui peut être aussi de l’intuition qui peut-être une intelligence qui se base sur l’imitation, Freinet il en parlait beaucoup, de la création, on crée à partir de ce qu’on a imité, reprendre modèle sut tel copain..la création ça peut-être simplement créer un texte, créer quelque chose d’original pas seulement répéter...une intelligence qui permettrait la critique, le recul par rapport à soi-même, par rapport aux autres...On parle ensemble d’un certain nombre de lois qu’on a défini ensemble...C’est aussi le respect de l’enfant de lui faire connaître les lois...donc on va essayer d’expliciter les lois..’.
3. La Liberté.
’Les bases communes..la liberté et l’apprentissage de la responsabilité..des services..c’est une pédagogie de l’expression libre et pas de la non directivité.. cette même optique de l’autonomie de l’enfant..c’est avoir son espace de liberté..par exemple permettre à des handicapés dans le tiers- monde de créer leur propres prothèses..donner l’autonomie aux enfants pour ensuite pouvoir devenir des adultes responsables..où ils sauront prendre leur espace de liberté....à travers ces petites responsabilités c’est soi-même qu’on construit.’.
LA MEDIATION.
2. Médiation et Autorité créatrice.
’j’ai été formé au dialogue..parce que j’ai eu la chance de rencontrer je crois aussi un homme qui m’a beaucoup marqué, c’était le curé de la paroisse qui était un homme très ouvert qui accueillait les jeunes non pas pour faire des réunions avec la catéchèse parce que déjà on avait quinze dix-huit ans et personnellement je ne croyais plus en Dieu, je ne fréquentais plus du tout l’église, mais on discutait avec lui, c’était quelqu’un d’ouvert, on parlait des problèmes d’économie mondiale, il nous faisait voir des revues bien sûr d’inspiration Chrétienne je me rappelle à ce moment-là de croissance et jeunes nations, les revues tiers-mondistes. Lui, il se situait dans la lignée de Vatican II, et c’était un homme qui nous a permis de beaucoup dialoguer, de beaucoup discuter..c’était des moments qui nous permettaient nous-mêmes de pouvoir parler....par rapport aux jeunes, j’ai fait moniteur de colonnies de vacances.. c’est vrai que c’est une formation qui m’a marquée et je pense que c’est ce qui a fait que j’ai été attaché à un certain nombre de valeurs, de liberté, de choix, d’ouverture, de parole..l’importance de la parole de la libération de la parole...de tolérance..le monsieur qui l’aidait à la paroisse c’était un vieux du PC, un militant avec clairon et tout, mais ils s’entendaient tous les deux très bien...ils faisaient venir des jeunes qui n’étaient même pas baptisés mais qu’ils aidaient sans du tout faire de prosélytisme, mais c’est vrai que, certainement voilà, y’a un attachement aux personnes, ça c’est sûr.
On se rattache à un nom et le rôle du maître est très important en pédagogie Freinet, il faut le reconnaître et ce personnage à sans doute joué..il pouvait nous mettre en lien...Ce qui m’avait frappé c’était la personnalité de l’instit et puis sa douceur quand il parlait, quand il s’exprimait, sa profonde conviction..Il était très calme..une originalité dans son être lui-même, il avait l’air vraiment d’y croire et d’être persuadé de ce qu’il faisait, c’était un peu un mythe sa conviction..l’ensemble des collègues avaient trouvé ça extraordinaire, en se disant comment je pourrais faire ?...ça m’avait frappé l’utilisation de tous les recoins..une multiplicité d’activités ..où les enfants travaillaient en activité assez libres...une fourmilière et sans pagaille..ça m’avait frappé...c’était très organisé...Ce personnage, il semblait tellement mythique, tellement plein de douceur, tellement empreint de sa conviction et tout semblait aller tellement de soi dans sa classe et être d’un niveau déjà d’obligation tellement merveilleux, tout le monde est ressortit admiratif en disant ce sera impossible à faire. Comment il peut faire cela avec une classe chargée des locaux pas terribles, il laisse les enfants sans surveillance?
J’ai ressenti ce qui me marquera beaucoup plus tard, le mythe de l’enseignant Freinet, un homme extraordinaire, l’impression aussi qu’il consacrait sa vie totalement à sa classe, à son école, qu’il baignait dedans qu’il y était..le jeudi il emmenait les enfants en sortie en plus, c’était tout le côté de la conviction laïque..il était totalement pris dans la pédagogie..nous on avait vingt ans, c’était pas forcément un boulot pour lequel on avait tous des vocations.....ça m’avait vraiment semblé intéressant je ne pensais pas que c’était quelque chose d’aussi passionnant que ça, donc j’avais ressenti sa passion avec à la fois une répulsion..il était tellement convaincu..j’ai appris plus tard qu’il était acétique, il faisait même un jour de jeune par semaine, je ne sais pas s’il avait été avec Freinet en milieu national, mais c’était un de ceux qui croyait au végétarisme au naturisme..personnellement le côté pastoral de la pédagogie Freinet, j’ai un peu laissé..avec peut-être une profonde conviction humanitaire, humaniste..l’impression qui ressortait c’était qu’on entrait en pédagogie Freinet comme on entrait en religion....
C’est au coup de foudre des personnalités qui m’ont beaucoup frappé (un inspecteur, une copine..deux gars.)...C’est la parole vraie de ces gars-là qui m’a frappé, ils parlaient sans se cacher, ils disaient leurs craintes, ils disaient pas nous ont va être les meilleurs, ils avaient un langage de vérité, c’est vrai qu’il y avait des atomes crochus, parce que y’en a un c’est encore mon meilleur ami...pendant longtemps je pouvais dire j’avais un ami. J’emploie difficilement le mot ami. Comment définir le mot ami ? Pourquoi on s’attache à quelqu’un c’est très complexe ! Je dirais on est un peu l’animateur de la classe ; des fois on utiliserait bien médiateur, mais je ne saurais pas la définition du médiateur, je trouve que c’est un mot qu’on utilise plus dans les relations peut-être plus individuelles.
3. Médiation et Communion, Partage.
On a une conception de la pédagogie Freinet très coopérative, très basée sur les équipes, sur le partage, sur les réseaux, sur le groupe, et je pense que c’est très important..j’ai eu la chance de rencontrer des personnalités qui ont permis la liberté..il y a un travail d’équipe important qui continue à se faire...C’est l’idée que quand on sait bien on aide celui qui ne sait pas. Pas pour tout, y’a des moments je leur demande des contrôles individuels... mais on va privilégier le travail de groupe..aider le copain, qu’on puisse s’aider..se faire aider, il y a pleins de choses comme ça...Quand ils travaillent sur un projet, ils vont travailler à plusieurs, c’est là qu’il y a des situations d’entraide qui sont importantes...la correspondance avec le Burkina-Fasso, prendre contact avec le Tiers- monde...je crois beaucoup à l’imitation, moi je pense qu’on peut apprendre en imitant. la coopération...La fraternité c’est l’espoir utopique, très utopiste d’une société plus égalitaire qui serait une société de coopération d’entraide..les pays du Tiers-monde pourraient se développer où le pouvoir de l’argent ne serait pas dominateur, il y a tout un tas de convictions derrière....On est en réseaux, on est pas isolé, on peut discuter ça c’est important...
4. Médiation et Interpellation Dialogue.
’J’ai développé plus le côté parole dans les pédagogie Freinet, les moments d’échange, il y a ça qui est très en place..je laisse beaucoup la parole aux enfants..l’expression écrite autour de la correspondance, autour des textes libres....On apprend à donner la parole..il y a des petites choses très simples qui apprennent aux enfants à se sentir plus à l’aise, à s’exprimer....C’est vrai que je pense que la pédagogie Freinet ça m’a intéressé parce que c’est vrai qu’il donne la parole et que je pense que c’est important d’avoir la parole qu’on l’exprime après par écrit, par oral, par les créations..l’expression corporelle ou le côté sportif.’.