LA FOI.
1. La Croyance, la Confiance, l’Ecoute, le Respect.
’Une chose qui m’a énormément frappée, c’était l’impatience devant un enfant qui ne comprend pas, elle me sort le cahier : ’mais tu te rends compte, elle m’a fait ça’, ça déclenchait des colères contre l’enfant par ressentiment, vraiment une animosité à laquelle j’étais étrangère, j’ai vu des situations, une façon de parler d’un enfant, c’était vraiment impressionant, y’avait pas de compréhension. Au lieu de se heurter, je te reconnais, je prends ta force, c’est énormément une mise en confiance. C’est l’angoisse du programme ça paraît démultiplié tel que c’est présenté, c’est une illusion, y’a pas tant de choses que ça si on relie les choses les unes aux autres ; prendre le temps de faire les choses tranquillement, s’en s’affoler en disant tant pis pour le reste, si je redonne cette sécurité-là à l’enfant, le reste se redonne j’ai pas à m’en occuper, ça trouve sa place et ça c’est vraiment étonnant et j’ai vu des enfants faire des progrès, des ’bonds’, là où il y avait des lacunes, des choses vraiment difficiles, ça oblige à se dégager des logiques d’angoisses, de rapidité, de consommation.
J’essaie vraiment d’être à l’écoute de l’enfant, mais je ne fais pas que suivre sa pente, ça m’est arrivé de les secouer et qu’ils partent heureux. Cette idée de perspective d’avenir d’évolution me touchait émotionnellement, derrière une souffrance, il y a une possibilité de croissance. Mais c’est pas de dire l’élève est un être merveilleux, ça aboutit à de la naïveté parce que quand une difficulté vraiment se présente et que je ne m’attends pas à quelque chose, bien voilà, les bras m’en tombent, je ne sais plus quoi faire, je me décourage. Je préfère vraiment une philosophie de la lucidité, le but c’est d’aider la personne à évoluer, c’est le plus important, c’est pas naïf. ’.
2. La Filiation Religieuse.
’Je suis de bonne famille catholique, famille très croyante et pratiquante, chercher du sens à ce qu’on vit, j’étais dans un milieu qui portait à ça. La religion judéo-Chrétienne, je crois qu’elle a ses valeurs vraiment, mais moi je ne m’y retrouve pas, dans le sens où je ne trouve pas d’enseignement, ça a dû tellement dégénérer, le christianisme à son origine j’y crois, mais j’ai pas confiance en un prêtre pour m’aider à vivre à y voir clair. La spiritualité pour moi est une expérience, c’est pas un dogme, je suis gênée par le dogme. Des expériences spirituelles fortes, l’impression par moments très forts d’avoir un calme, une tranquillité intérieure qui est bien au-delà, alors que j’étais dans une souffrance et une agitation extérieure intense.’.
’J’ai cherché un petit peu du côté catholique, chrétien, puis j’ai pas trouvé ce que je voulais, c’est une question de chercher ce qui me nourrit et de faire confiance à des rencontres, ça peut m’aider, ça peut alimenter. Y’a des rencontres, il y a des livres, des gens, il y a tout un cheminement. Il y a des livres, c’est chrétien : ’une naissance intérieure’, une révélation intérieure, ce livre est une grosse référence pour moi. ’Enfant j’étais attirée par des enfants de milieux différents qui n’étaient pas du tout bons élèves, ils me paraissaient plus forts, plus individualisants, en montrant qu’ils étaient eux, c’est ça qui m’attirait.’.
3. Le Péché, la Culpabilité.
’J’avais toujours eu en tête d’aider les enfants en difficultés scolaires, me disant, on peut faire quelque chose, j’avais le projet de monter une étude ou une association qui ferait travailler les enfants le soir. Ce qui m’horrifie dans l’école, je mesure l’état horrible de passivité, ils subissent et c’est ça qui me fait le plus mal. Toujours je continuerai à me questionner sur les enfants que je recevrai.’.
4. La Révélation.
Je tombe sur un article, c’était mystérieux ; et la première journée de stage c’était vraiment très très clair. Ca a pris une forme rigolote, je me disais, je serai là à cet endroit et je ferai des formations et se sera mon métier, c’était vraiment très très clair, c’était vraiment ce que je cherchais. Ca répondait exactement à une difficulté que j’avais ressentie quand j’étais institutrice, que je ne pouvais pas me formuler aussi précisément. Je crois que ce sont les choses les plus intelligentes que j’ai entendues sur la pédagogie.’
5. Les Blessures, les Souffrances.
’Des expériences de souffrances, d’incertitudes, de choses lancinantes et difficiles, de me rendre compte après coup que heureusement que je suis passée par là, ça m’a fait voir des choses, ça fait grandir, ça fait évoluer, ça m’a permis d’aller profondément à ce que je suis, beaucoup plus que si j’avais eu la petite satisfaction que je voulais à l’époque et j’ai l’impression que mine de rien, il y a un fil qui dessine ma vie et qui l’unifie.’.
LA RECHERCHE d’UNIVERSALITE et de SINGULARITE.
1. L’Aspiration au Sens et à l’Intelligence.
’La recherche intérieure, la recherche du sens de la vie. Je suis dans une recherche, une démarche d’évolution spirituelle, je fais de l’esprit de recherche une éthique, un désir d’évolution pour moi et pour les autres par rapport à l’idée d’ascension et de progrès et la Gestion Mentale m’a fait énormément progresser dans ma vie personnelle. Inscrire ma vie, mon quotidien, dans quelque chose qui a du sens pour moi. La question du sens c’est le noeud, l’essentiel, l’aspect le plus important, il n’est pas derrière, il peut être devant, il va me révéler à moi-même, c’est ce que je retrouve dans la Gestion Mentale. Le sens dénoue, unifie, calme au lieu de disperser. J’ai une conviction très forte que plus les choses sont rassemblées autour d’un axe, plus on est disponible. Je trouve l’école coupée du bon sens, il faut inscrire l’enfant dans une perspective, alors qu’ils sont dans une contrainte dont ils ne voient pas l’issue. Donner du sens à pourquoi on étudie la biologie en quoi ça me concerne. Je vois une gamine qui me ramène son chapitre sur l’industrie Américaine, elle commence à l’apprendre par coeur, je dis c’est quoi l’industrie Américaine, ils ne savent pas.
Par exemple : la notion de projet, ne pas se dire je dois tout comprendre du cours de Maths, mais je décide une chose qui me convient qui correspond à mon fonctionnement, à la fin du cours, il faut que je parte avec ça, même si c’est peu de chose, c’est ça que j’aime beaucoup, c’est un paradoxe, c’est que si je fais précisément et bien quelque chose, paradoxalement tout le reste va se resituer par rapport à cette chose que j’ai fait pour le mieux, qui me sert de point de repère.’.
’Je n’aurais jamais pu tirer tout ce que j’aurais tiré de la Gestion Mentale si j’avais pas eu cette démarche de m’intéresser à la personne, d’accepter le doute. La gestion Mentale est un outil qui sert de révélateur à toute la structure de vie qu’on a, à toute la recherche par ailleurs.’.
2. La Conscience, la Connaissance.
Bien se connaître c’est ma référence. Chercher ce qui est vrai dans les faits de l’expérience, trouver du sens, celui-ci va me révéler à moi-même. La connaissance par soi-même, je ne me fie qu’a l’expérience, j’écoute de plus en plus, j’arrive vraiment beaucoup plus à écouter cette intuition. Les philosophies orientales ont beaucoup travaillé là-dessus, le Soufisme, faire soi-même l’expérience des choses, rechercher ce qui est vrai, authentique dans les faits de l’expérience. Cette recherche spirituelle pour moi, elle se dirige vers le fait de faire l’expérience. C’est une approche au service de quelque chose de plus grand, de plus vaste, d’aider la personne à se trouver, parce que je crois que quelqu’un est utile là où il est bien.’.
Ca surpasse ce qu’il y a dans la tête, c’est : qu’est-ce qui te vient à l’esprit quand tu lis ça ? Laisser venir. Est-ce que c’est un sentiment : tu as envie de dire oui ? De dire non ? T’es d’accord ? Pas d’accord ? Tu vois tout de suite ce que tu vas dire ? Tu sais pas quoi dire ? On fait émerger tout ça. Parce que je vois vraiment une dérive possible dans la gestion Mentale, quand on dit voilà comment tu dois t’y prendre pour disserter ; quand on fait ça, je trouve que la Gestion Mentale se mécanise. Il y a une technique que je ne nie pas, il n’y a pas que l’intuition, il faut beaucoup de rigueur, c’est du boulot. C’est être exigeante, ne pas aller dans la passivité.
Si j’essaie dans une voie ça ne donne rien, il faut se dégager, prendre du recul, solliciter l’imaginaire, une espèce de flexibilité, la gestion mentale me ramène à la volonté, à la souplesse, à l’intelligence. Etre créatif quoi, pour produire quelque chose de personnel et intensément créatif.
4. La Différence.
’C’est une croyance, une conviction que la vie est un moyen de se révéler à soi-même, de découvrir qui on est et de le développer, pour moi, la pédagogie c’était ça. Réveiller les élèves à eux-mêmes, révéler l’enfant à lui-même. Il y a quelque chose de très propre à la personne qu’il faut qu’elle rejoigne et que c’est toujours difficile de se détacher de ce qui est collectif, parce que ça demande beaucoup de courage de rejoindre son propre chemin et de se désidentifier à des valeurs collectives, ça demande beaucoup de courage. Il y a une unité de la personne, une logique interne, on va essayer de découvrir ce qu’elle est pour l’aider à aller vers cette logique, vers quelque chose qui lui correspond à elle, l’idée d’individuation, c’est de rejoindre au prix de quelque chose de difficile ce en quoi on est muni. J’essaie de m’y prendre adroitement pour amener l’élève à découvrir son projet. C’est une dimension spirituelle, une valeur spirituelle à laquelle j’adhère, qui est forte, ça donne réponse pour moi au sens de la vie, trouver profondément ce pour quoi je suis fait, ce à quoi je suis appelé, ça s’attache pas spécifiquement à une religion. Il y a une phrase que j’aime beaucoup d’A. de La Garanderie, je trouve que ça résume, pour moi, ça a été une découverte, ’Les élèves mémorisent ce que le prof a compris, mais eux n’ont rien compris.’, comprendre par soi-même.’.
LA MEDIATION.
2. Médiation et Autorité créatrice.
’ Dans cet article, on présentait A. de La Garanderie comme sympathique, prof de philo, sorti des sentiers battus, concret, avec de l’humour, qui ne jouait pas au gourou, Y’avait quelque chose d’humain derrière, c’est ça que j’avais senti, ça a déclenché une curiosité, l’envie d’aller voir. ’. Ca rejoignait de très près ce que je ressentais, c’est qu’il respectait vraiment la façon de penser d’un élève, il reconnaissait à ses élèves la capacité d’avoir une sensibilité intellectuelle, ça c’est extraordinaire, ça a fait écho. Essayer de comprendre ce que la personne voulait dire, il essayait de passer dans la dynamique de la personne, je voyais les gens se détendre, s’épanouir. Je l’admire beaucoup, j’ai beaucoup de respect, je trouve qu’il a une intelligence, je le trouve extraordinaire.’.’L’enfant sait profondément, mais encore faut-il que quelqu’un l’aide à se révéler.’.
3. Médiation et Interpellation, Dialogue.
C’est à l’enseignant de mettre l’élève en situation pour qu’il arrive à se poser la question, si on plaque des réponses sur une question qui ne se pose pas, il ne se passera rien, l’élève est le maître. On les amène à s’interroger.