LA FOI
1. La Croyance, la Confiance. L’Ecoute, le Respect.
’Cette croyance du gosse, l’amour du gosse..nos élèves ne sont pas débiles, c’est absolument pas rigide, c’est pas fixe, c’est pas vrai.. un enfant débile ça peut atteindre l’abstraction, mais il y a encore aujourd’hui en 1995 des inspecteurs qui pense que ça ne marche pas, qui viennent voir une leçon de PEI qui disent : ’c’est bien votre truc, mais vous auriez dû leur faire prendre des ciseaux et du papier, et bien non justement ! pas de ciseaux, pas de papier, on fait dans la tête, et ça marche très bien... qu’on pouvait leur donner un vocabulaire même compliqué qu’ils pouvaient complètement assimiler et ça c’est très libératoire.. l’envie que ça marche, l’envie d’en sortir le maximum.. que l’homme est modifiable, qu’il ne faut jamais désepérer de l’être humain, qu’il faut toujours essayer de faire quelque chose pour lui, ça correspondait à ce qu’on avait en nous profondément. Malheureusement il y a encore beaucoup de professeur qui ne croient pas dans le potentiel des élèves et ça c’est dramatique..ils viennent ’la gueule aux pieds’, leur cartable à la main et ils ont l’impression d’aller à l’abattoir, ça me paraît essentiel, comment peut-on faire ce métier si on aime pas les gosses, si on ne croit pas qu’on peut les modifier.’.
2. La Filiation Religieuse.
’C’est une spiritualité que j’ai dans les gènes, forcément ça me parle..ça faisait écho en moi, à toute une éducation, qui est bien connue de tout le monde, la mère juive qui dit à son fils tu es le plus beau mon fils et tu vas réussir, tu es le plus intelligent et c’est vrai que ça aide quoi, dans la vie. Quand je dis spiritualité, c’est.. c’est la croyance en l’homme, quoi. Il n’y a pas de Dieu dans la spiritualité dont je parle, c’est croire en l’homme, croire qu’on peut le tirer de sa médiocrité, qu’on peut en tirer quelqu’un qui va avoir une vie avec une image de soi où il va se supporter. J’ai toujours été en questionnement vis-à-vis de la religion, je sais toujours pas si je suis croyante ou pas. Je suis toujours à la recherche de quelque chose et je crois que finalement aujourd’hui, je crois surtout en l’homme, plus qu’en un Dieu.’
3. Le Péché, la Culpabilité.
’Ca me rend malade, c’est insupportable, comment peut-on encore voir des professeurs crier à une classe vous êtes nuls ? J’entends ça très souvent dans mon collège. Mon collège il est le reflet du collège en général. C’est insupportable d’être un enfant qu’on aime pas.. d’être un enfant qui rate tout.. d’être un enfant qui est nul, d’être un enfant mongol au sein de l’école et puis chez lui d’être un enfant rejeté. Comment voulez-vous que l’enfant puisse être à l’aise dans sa peau ? C’est insupportable.’
4. Les Blessures, les Souffrances.
’Une mère rejetante qui ne s’occupe pas de vous, ça c’est une blessure physique, elle est morte folle dépressive..donc cette blessure a fait certainement que j’ai été portée vers des enfants qui me semblaient dans un vide affectif, ça c’est certain. ..on dit, on l’a sorti de sa blessure, il se sent une personne humaine, entière complète et reconnue, ça guérit soi-même, ça renvoie à sa propre blessure.
5. La Révélation.
On a été fascinée.. c’est parce qu’on avait ça en nous, c’est vrai qu’on a adhéré, on s’est accroché à ça comme à une ancre.. ça m’a conforté dans ma façon de faire, c’est bien ce que je fais, je suis dans la bonne voie..c’est très rassurant.. mais ça nous a donné une impulsion peut-être. Mais c’est vrai que les déficiences cognitives ça a été une découverte..ça m’a ouvert des horizons. C’est vrai que notre façon d’enseigner à complètement changée. Pour moi c’est une libération..certains ont vécu ça comme un complet embrigadement, un entraînement rigide, j’y suis imperméable.
6. Le Libre Engagement Responsable.
’Capable de s’opposer aux idées reçues.. je disais non, je défendais que c’est un gosse qui a fait des progrès..et qui maintenant peu retourner dans le cycle normal. Mais c’était très mal vu..on me disait, si l’orientation avait été bonne.. Mais j’avais des doutes.. j’étais capable de faire progresser un gosse qui normalement n’aurait pas du progresser. Donc c’est très difficile à défendre comme opinion...bon moi j’étais contente qu’on sorte le gosse..on peut le retrouver à seize ans apprenti..Il faut beaucoup d’énergie pour faire la classe, beaucoup d’énergie.. ça ne peut pas être une motivation financière...Ces gosses on avait envie de les sortir de là, de ne pas les laisser dans leur ignorance.’.
LA RECHERCHE d’UNIVERSALITE et de SINGULARITE.
1. L’Aspiration au Sens et à l’Intelligence.
’C’est vrai que la recherche d’un père, la recherche d’un Dieu, la recherche d’un être, je l’ai profondément en moi..je suis toujours en questionnement. Je suis toujours à la recherche de quelque chose. J’étais très intéressée par la psychologie, une attirance pour tout ce qui est étude des comportements humains, en philosophie Freud m’avait attirée, je me suis penchée sur la psychanalyse. Avec les élèves on dépiaute les choses, où suis-je?, Ou vais-je?, Qu’est-ce-que je cherche? On ne peut plus leur faire faire n’importe quoi..ils ont une pertinence dans leurs questions, ils deviennent drôlement exigeants parce qu’ils vous disent : Pourquoi ?, ça va me servir à quoi? Pourquoi on me fait faire ça ? Quel est l’objectif ? A quoi ça va me servir ? Pourquoi on fait la recherche de la circonférence du cercle?’
2. La Conscience, la Connaissance.
’Ca a complètement changé notre façon de faire, on avait évidemment pas la même attitude, ce qui était important, c’est de faire ce qu’on appelle le’ bridging’, le pont, on a beaucoup travaillé là-dessus. Les feuilles de PEI sont bien faites, l’élève, il faut qu’il voit sa progression, le résultat de ses efforts, c’est complètement lucide, il le sent, il y arrive, il le voit, il voit le résultat de ses efforts.
4. La Différence.
’On se retrouve avec des gosses qui ont un passé scolaire et personnel très lourd et on travaille beaucoup sur l’acceptation des différences..l’acceptation de l’autre qui n’est pas uniquement la couleur de la peau.. on travaille beaucoup sur l’acceptation de la différence intellectuelle.’.
LA MEDIATION.
2. Médiation et Autorité Créatrice, Rencontre.
’ C’est une notion que l’on a complètement perdue dans l’Education Nationale cette notion de modèle. Dans cette médiation on devient tout à coup un modèle pour l’enfant..Si en face d’eux, ils n’ont pas quelqu’un de dynamique, de fort, de souriant, une énergie.. bien dans ses basquettes, qui est passionné, qui croit en eux et qui leur dit, comment voulez-vous que l’enfant s’identifie ? Qu’il trouve l’énergie ? Le modèle identificatoire il est où ? Il est à l’école. Mais je suis tout-à-fait contre cette image du maître qui est infaillible et qui serait le maître absolu parce qu’image idéale..Ils ont besoin de voir en face d’eux quelqu’un qui a aussi des déficiences : là je me suis mise en colère.. je ne sais pas nous allons chercher..là je me suis trompée mais c’est une erreur rattrapable..bien voilà aujourd’hui j’ai appris, voyez faut encore apprendre... ça c’est une médiation très importante. Ca c’est vraiment très Feuerstein, y’à tout un renvoi vers une image positive parce qu’un peu semblable. C’est vrai qu’on nous a dit c’est votre personnalité, vous les tirez vers vous, vous leur implusé une énergie, vous croyez en eux, vous les aimez, donc de toute façon, c’est pas votre instrument qui fait que, c’est vous..on ne peut plus nous séparer de l’instrument. Que l’instrument nous a peut-être aussi transformées....On a adhéré comme a une espèce de secte..on a été fascinées par cet espèce de gourou..Il fait partie de mon ensemble de maître à penser, il a une spiritualité qui transpire par tous les pores de sa peau, c’est très attirant pour moi. C’est tellement lumineux, un sourire, son petit béret sur le côté, ce petit bonhomme à barbe blanche, il a tout l’amour...avec une douceur, une tendresse, avec des gestes complètement paternels. C’est complètement religieux, c’est complètement spirituel ce que je dis, mais ça fait partie de cette rencontre..La théorie de la modifiabilité, je m’en fou un peu. Je veux dire j’y crois, je lis en moi, je la pratique...toutes ces méthodes, c’est d’abord un personnage, une forte personnalité, quelqu’un de passionné.’
3. Médiation et Communion, Partage, Soutien.
’On travaille beaucoup sur l’acceptation de la différence intellectuelle. C’est-à-dire qu’on ne ricane pas sur quelqu’un qui rate un exercice, on l’aide à trouver pourquoi il a raté quelque chose. On cherche chacun à s’aider à s’entraider.’.
4. Médiation et Interpellation, Dialogue.
’On dépiaute les choses : Qu’est-ce que je cherche? Ou suis-je ? Ou vais-je ? Pourquoi ?, comment ? les élèves qui deviennent drôlement exigeants.. On ne peut plus leur raconter n’importe quoi. Pourquoi on me fait faire ça ? Quel est l’objectif ? A quoi ça va me servir ? On arrive moins à les manipuler puisqu’on leur donne les clés..’.