Donc, comme je vous l’avais expliqué au téléphone, je travaille sur trois méthodes pédagogiques : la Gestion Mentale, le PEI et la méthode Freinet. Pour comprendre un peu le fondement de l’engagement dans ces méthodes.
Déjà à priori c’est pas une méthode.
Enfin c’est vrai je dis méthode, mais c’est une sensibilité..
Oui, en général on aime pas trop ’la méthode’, parce-que çà nous paraît un peu figé. On dit mouvement Freinet, pédagogie Freinet, qui montre une dynamique un peu plus, parce-que, entre ce que Freinet a mis au point à son époque et maintenant, çà a beaucoup évolué. Je pense à toutes les techniques qu’il avait utilisées comme l’imprimerie, qui maintenant est remplaçé par les ordinateurs, la télécopie.
En fait, tu pratiques depuis combien de temps la pédagogie Freinet ?
Depuis que je suis sorti, en fait, de formation, c’est-à-dire depuis neuf ans.
Et qu’est-ce-que tu as comme élève ?
Alors cette année CE1-CE2.
Est-ce-que tu te souviens de la première fois où tu as entendu parler de la pédagogie Freinet? Est-ce-que tu revois le moment et est-ce-que tu peux en parler?
Oui, oui, c’était en formation : en troisième année, en dernière année, un prof de psycho-pédagogie nous a proposé de travailler sur différentes méthodes pédagogiques, en particulier par rapport à Freinet. Ah ! Non, on travaillait plutôt sur la relation maître-élève et donc, il nous avait proposé différents ’champs’ et il nous avait parlé du mouvement Freinet que je ne connaissais pas et je l’ai découvert comme çà. On a présenté un dossier et moi, je l’ai découvert comme ça, et moi ça a été le... bon... ça a été le coup de foudre un peu. Autant avant, je ne m’étais pas du tout investi dans la formation, autant la dernière année, je me suis complètement investi, en allant voir les classes, je me suis complètement investi.
Dans la troisième année de la formation.
Dans la troisième année et à partir du moment où j’ai découvert çà, j’ai trouvé vraiment que c’était mon truc quoi, alors qu’avant, j’étais pas vraiment inspiré.
Tu l’ as découvert en faisant l’exposé où plutôt en allant dans les classes?
En allant dans les classes, absolument, oui, oui.
( pause magnéto.)
Tu disais qu’en fait, c’est lorsque tu as été visiter les classes ,que là, çà a été un peu le déclic finalement, est-ce que tu te rappelles ces moments où tu as visité les classes, ? Qu’est-ce-qui t’a accroché ?
Je dirais sans doute la prise en charge des enfants, de leur milieu quoi. Par exemple, on a été accueilli, alors qu’on avait en deux ans d’école normale, on avait fait des classes, mais là c’est la première fois par exemple qu’on était accueilli par les enfants qui nous ont présenté l’école, la classe etc, et puis on a pratiquement, bon en dehors de çà, ce qui m’a, on a vu beaucoup de relations d’aide, alors que je crois que j’avais très peu vu çà dans les autres classes..
Par exemple..
Relation d’aide entre enfants, des moments de travail individualisé par exemple où je me souviens, y’avait des enfants qui étaient apprentis, et y’avait un système d’apprenti, et d’un enfant qui aidait, par exemple dans les ateliers de lecture, par exemple y’avait un enfant qui aidait deux autres dans les moments de lecture. Donc y’avait une aide qui était instituée par des réseaux dans la classe, et puis y’avait une aide naturelle quoi un petit peu quoi, dès que quelqu’un était en panne, y’avait tout de suite une possibilité.
Au départ, qu’ils se prennent en charge ,et puis le fait qu’ils s’aident entre eux..
Oui y’avait çà.
Est-ce-ce-que tu revois d’autres situations..
Bon, les moments de prise de décision, bon on avait vu un moment de prise de décision du conseil, où donc des décisions avaient été prises dans la classe sur leur vie, et çà m’avait pas mal séduit parce-que c’était la première fois que je pouvais voir çà je pense..
Que les enfants puissent...
Prendre des décisions sur des activités dans leur classe, sur la vie dans la classe, puis des activités en projet, avec des projets d’activités qui s’étaient mis en place à ce moment là. Aussi au point de vue emploi du temps, plus figé comme on en avait vu quoi, donc avec un emploi du temps tout le temps, mais avec des plages certaines décidées au conseil et d’autres pouvant être remises en cause selon l’avis de la classe et çà me semblait intéressant.
D’accord..
C’était plus l’aspect figé rigide qu’on avait dans les autres classes quoi.
Donc çà c’est un petit peu en voyant les enfants et éventuellement en voyant le maître, tu l’as vu travailler?
Oui...oui.
Est-ce-que tu as le souvenir de choses qui t’avait...
A son niveau
Impressionnées
Oui, ba à son niveau, son rôle me plaisait bien quoi, un rôle plutôt de régulateur, d’animateur, d’aide aussi.
Donc finalement, c’est ce moment où tu as été dans les classes qui a été un... tu parlais de coup de foudre..
Je pense oui..
Et à partir de là..
Je pense çà et puis les idées que j’ai trouvées dans les bouquins en travaillant dessus quoi. Parce-que donc on est allé dans les classes, avant on avait commençé a travailler un petit peu dessus et on continuait à travailler en formation à partir de bouquins. Bon les idées, je me souviens cette année là, avoir lu beaucoup de bouquins de Freinet.
Vous étiez peut- être plusieurs à aller dans ce sens..?
On était un groupe de trois-quatre, mais en fait, il s’est avéré qu’après, c’est surtout moi qui était investi dedans.. on a travaillé, on a mené au bout notre projet, mais une fois que.. donc on avait fait notre dossier exposé, moi j’ai continué a travaillé dessus, alors que mes collègues pas du tout. Donc, j’ai continué à aller voir régulièrement des classes.
Et par rapport au groupe Freinet au mouvement..
Alors je ne suis pas du tout rentré cette année là parce-que en fait on nous disait faîtes attention à votre première année, quand vous allez démarrer, si vous avez envie de faire des choses différentes et bien attendez, alors moi je pensais : ’j’ai pas démarré la première année mes contacts avec le mouvement Freinet, j’essaierai après quoi, si je..’. Donc je n’ai pas eu de contact avec le groupe départemental, mais c’est l’année suivante où j’ai commençé a travailler. J’ai eu un poste à l’année, et donc là j’ai démarré tout de suite, j’ai démarré pratiquement tout de suite en pédagogie Freinet, alors évidemment tout doucement, mais donc là, j’ai pris tout de suite contact avec le groupe Freinet, en plus, je me suis retrouvé dans un établissement spécialisé, avec un collègue qui travaillait aussi dans le groupe Freinet, qui démarrait. Donc j’ai participé dès la première année à un groupe de travail.
Le fait d’être deux dans l’établissement, çà vous a encouragé
Oui, complètement, oui çà m’a aussi lançé, je pense pour travailler avec un groupe de travail quoi, du mouvement.
Et par rapport à ce groupe, qu’est-ce-que tu y retrouvais comme bénéfice ?
Alors c’est un groupe de travail qui s’appelait ’vie coopérative’, très intéressant parce-qu’on était quelques nouveaux à démarrer et quelques anciens, très ouverts à nos approches quoi et donc on travaillait essentiellement sur l’organisation coopérative de la classe, donc c’est là-dessus et on échangeait... Alors ce qui m’a apporté en fait, c’est de dire un petit peu ce que j’essayais dans ma classe, d’échanger avec les autres pour voir s’ils le faisaient aussi, et puis à un certain moment de confronter des idées et puis de repartir avec des projets.. Par exemple on a travaillé une année sur le conseil, les moments de décision dans la classe et on a enregistré nos conseils, on a essayé de travailler là-dessus essayer de voir un petit peu plus comment çà se passait.
C’était en quelle année?
C’était la première année où j’ai travaillé, c’est-à-dire il y a neuf ans.
Et si tu avais à évoquer les... (?), pour toi, quelles sont les finalités, les valeurs éducatives qui sont promues à travers la méthode Freinet et auxquelles tu adhères.. ? Est-ce que tu pourrais mettre des mots là-dessous.. Qu’est-ce-que tu retiens spontanément?
Spontanément, il me viendrait la coopération, je crois que c’est l’idée qui m’a plût dès le départ d’ailleurs, ce qui revient. Je dirais l’expression libre, tout ce qui est expression de la part des enfants quoi, çà c’est quelque-chose qui me semble être un point fondamental, communication, ouverture vers l’extérieur, quelque-chose qui me semble intéressant et qui fait partie complètement d’un des axes de Freinet quoi. D’autres pratiques d’apprentissage, je pense aux apprentissages individualisés......
Si on reprend par exemple la coopération, est-ce que tu pourrais m’évoquer dans la classe des exemples concrets qui viennent illustrer la coopération?
Oui, et bien donc y’a l’entraide, toute la part de l’entraide qui existe dans la classe, c’est une des premières lois qui arrive dans la classe, c’est la loi d’entraide. J’aide celui qui ne sait pas, et je me fais aider dès que je suis en panne. Donc on a établi des réseaux, donc çà me semble faire partie complètement de la coopération. Y’a le moment de conseil qui est aussi un axe important de la coopération, un moment où on va pouvoir dire ce qu’on a envie de dire et échanger, essayer de mettre au point quelque-chose ensemble.
C’est une fois par jour?
Non, une fois par semaine, donc, oui, où se prennent des décisions collectives, où aussi y’a tout l’aspect un petit peu négatif des critiques qui apparaît. Arriver a partir d’une critique a quelque-chose de positif.
Est-ce-que tu penses par exemple à un exemple concret, par exemple aujourd’hui..
De coopération? Oui, je pense à, par exemple on est entrain de préparer une exposition à partir d’un de nos voyages chez les correspondants, certains groupes avaient fini, certains enfants avaient fini leurs panneaux, tout de suite, ils ont été voir les autres, est-ce-que tu as besoin d’un coup de main, est-ce-que vous avez besoin d’aide etc quoi.. tout de suite ils se sont remis directement dans un groupe...
D’accord
Un autre exemple de coopération, ce matin en travail individuel, un enfant était en panne, était complètement bloqué sur sa fiche de lecture, y’a un autre enfant qui s’est installé a côté de lui et ils ont travaillé pendant cinq minutes ensemble.
Je repense à ce que tu m’as dit, l’expression libre, donc ce serait comment concrètement dans la classe?
L’expression libre c’est l’expression écrite, le texte libre.
Tu leur demandes..
Ils écrivent quand ils veulent des textes, certains vont être corrigés parce-qu’ils ont un but, pour le journal, les correspondants etc.. certains resteront pour eux quoi.
Y’a pas une heure de fixe, quand ils veulent ils ... ?
Ils ont des temps en fait, on a des temps individuels qui sont assez importants et c’est dans ces temps là qu’ils écrivent, rien ne nous empêche de la faire à d’autres moments d’ailleurs, à la récréation.
On ne les oblige pas à écrire un texte ?
Voilà, il peut y avoir par contre un contrat. Parce-que dans notre travail individualisé par exemple, moi j’exige des choses de leur part, par contre, y’ a toute leur part, y’a deux choses en fait, y’a un espèce de contrat entre moi et chaque enfant. Donc j’exige certaines activités pour untel ou untel selon les difficultés de chacun, desfois dans le contrat apparait le texte libre qui est, parce-que cet enfant n’écrit pas assez, ou a besoin d’écrire, donc je lui demande de faire un texte dans la semaine par exemple. Bon c’est pas maintenant tu fais un texte, c’est dans la semaine, alors après, sur son plan de travail il organise son travail et il prévoit un texte libre dans la semaine. L’expression libre c’est aussi l’expression orale, on a un moment par exemple le matin, le ’quoi de neuf’ où on peut dire ce que l’on veut à partir de là, çà amène des sujets de travail justement, y’a l’expression poétique, bon c’est un peu l’expression écrite aussi un peu, on a fait récemment un recueil de poésies, y’a l’expression artistique, l’expression manuelle, c’est tout çà.
Et le but, outre d’habituer l’enfant à écrire, est-ce-qu’il y a un but général par rapport au développement de l’enfant?
Y’a un but d’apprentissage scolaire tout simplement, et à partir du moment où l’expression est débloquée où pleins de choses se disent s’expriment, on va pouvoir travailler sur quelque-chose de fourni quoi, d’étoffé. Donc à partir de là on va retravailler sur l’orthographe, la grammaire, et puis on pense que c’est effectivement par là que l’enfant va prendre sa place, s’épanouir etc... va trouver un petit peu ses modalités de fonctionnement quoi, alors certains vont s’exprimer par écrit, d’autres plus par oral, d’autres plus par les arts, donc chacun va pouvoir un petit peu trouver son cheminement..
Tu dis :’chacun peut trouver son cheminement.’ Qu’est-ce-que tu entends par son cheminement ?...Propre, individuel?
Oui,.....Non je crois que c’est aller un petit peu au bout de son potentiel.. On a l’impression que dans les circuits traditionnels y’a beaucoup de choses qui sont bloquées, même là par exemple en CE1, y’a déjà pleins de choses de bloquées au niveau de la lecture, au niveau de l’écrit, donc c’est dans un premier temps un déblocage de ces situations là, pour découvrir un peu toute la palette des moyens d’expression et puis ensuite effectivement d’aller à partir du moment où on a découvert un petit peu tout, peut-être aller plus au bout dans des domaines qui nous plaisent et au moins avoir la possibilité de tout découvrir.
Est-ce-que çà veut dire développer son potentiel, qui lui est propre a lui?
Qui lui est propre oui
Est-ce que c’est çà que tu veux dire, développer sa spécificité, son individualité ?
Oui, complètement, oui, oui, sa personnalité, son.. et puis c’est lié quand même à la coopération, par le biais des autres on va pouvoir découvrir son cheminement, c’est pas seulement le cheminement individuel qu’on pourrait faire tout seul avec quelqu’un, avec un tuteur par exemple, c’est aussi avec l’apport des autres, découvrir qu’on peut faire des choses différentes grâce aux autres, découvrir un certain potentiel.
Qu’est-ce-que tu pourrais mettre comme synonyme à coopération?
Coopération, entraide, aide mutuelle, faire avec les autres, agir avec, vivre avec les autres...
Donc l’expression libre, çà a un but scolaire, mais aussi plus large de développement de l’enfant...
Oui, complètement.
Et autrement tu as parlé d’une autre valeur éducative : Communication, ouverture vers l’extérieur, alors concrètement, qu’est-ce-que vous faites, ? Tu disais des échanges avec des classes ?
Oui..
Tu aurais des exemples a donner?
Oui, communication pour éviter de rester dans son vase clos qui est la classe. D’une part ouverture à la vie, donc essayer de voir tout ce qui nous entoure et qu’on ne connait pas, alors c’est tout le travail d’éveil qui se fait beaucoup sur l’extérieur en essayant au maximun d’aller voir les ressources locales et puis toute la communication avec d’autres classes, d’autres enfants, d’autres personnes, çà peut être des correspondances au niveau de la France, au niveau international.
Comme exemple concret..
Par exemple, on a une classe de correspondants, on est allé faire un voyage d’échange avec eux, ils sont venus découvrir aussi notre région. Bon çà c’est la partie correspondance. On a des correspondances ponctuelles avec l’angleterre, avec la pologne, bon là c’est moins régulier parce-que ce n’est pas de classe à classe. La correspondance est collective, mais aussi individuelle, d’enfant à enfant, un enfant pouvant correspondre pas toujours avec le même toute l’année. Bon toutes les techniques comme le journal qui permettent avec des enquêtes sur l’extérieur qui permettent de faire le journal et de renvoyer aussi sur l’extérieur.
En fait pourquoi cette finalité qui est importante pour toi, çà sert à quoi?
Cà contribue à donner une image un petit peu différente de l’école, qui n’est pas forcément un endroit où on va travailler. Dans ce lieu là, on peut découvrir tout ce qui se passe à l’extérieur...Y’a çà.. et puis y’a une idée de tolérance, je trouve, parce-que à partir du moment où on travaille avec des gens et des enfants différents, je pense qu’il y a une idée de tolérance, de respect, bon le droit à la différence aussi. En fait, on retrouve çà dans la pédagogie Freinet.
On pourrait rajouter çà dans ce que tu as évoqué au départ?
Oui,... où il va dans tout, on a l’impression que c’est...
On retrouve çà dans l’entraide des élèves
Ba oui, parce-que on ne peut pas s’entraider si on ne se respecte pas, ce sont les premières lois qui viennent dans la classe, les lois de respect, de tolérance.
Autrement tu as parlé d’apprentissage individualisé, on en a un peu parlé quand on a parlé d’expression libre, le mot individualisé çà voudrait dire ,dans ton image,que l’enfant est individuel, il est unique ou je ne sais pas, j’interprète peut-être?
Alors si, si y’a cette idée de droit à la différence et de rythme de chacun, rythme personnel de travail, donc les apprentissages individualisés permettent çà. Permettent à chacun d’avancer à son rythme, permettent à chacun d’effectuer des activités qu’il a envie de faire, de mener donc des projets individuels, mais de mener aussi des projets. C’est pas le travail individuel dans les apprentissages individualisés, parce-qu’il y a à ce moment là tout un tas de relations avec les autres, des projets à deux à trois et bon y’a tout ces réseaux d’entraide, c’est un moment où il y a beaucoup d’interactions et où chacun a son cheminement : organise son travail, prévoit son travail, l’organise sur une semaine ou quinze jours et évalue son travail au bout du compte quoi, y’a la part d’auto-évaluation qui est importante, un travail de présentation aux autres aussi. C’est individuel, mais dans le groupe quoi. On les appelle apprentissages individualisés et personnalisés.
Tu peux donner un ou deux exemples concrets
D’apprentissages individualisés?
Oui
Et bien, euh oui, ce matin il y a Jérémy qui a travaillé sur l’orthographe, une difficulté qu’il avait eu à partir d’un texte. A partir des textes qu’ils écrivent on ressort les difficultés d’orthographe qui apparaissent. Là c’est un travail sur fiche, donc il a pris une fiche d’orthographe qui correspond à sa difficulté.
Donc là tu l’as guidé par..
Il était déjà guidé, parce-qu’en fait, quand ils écrivent leurs textes, on les corrige. Après, moi j’indique des fiches qui correspondent aux difficultés qu’ils ont eu. Donc tout de suite, il savait le chemin qu’il fallait faire pour résoudre sa difficulté. Là, c’est individualisé parce-qu’il travaille sur sa difficulté en orthographe.
Alors on peut trouver un autre exemple, c’est Jean-Charles qui a des difficultés un petit peu en lecture. Il a travaillé ce matin dans le coin lecture, il a lu un livre pour le présenter aux autres en fin de semaine. Donc là c’est un travail de préparation, pour raconter un livre qu’il va présenter aux autres.... Et puis par exemple, j’ai travaillé avec un groupe sur des notions, sur une notion surtout qu’il n’avait pas acquise, ce groupe là, il s’est inscrit là au tableau, bon certains avaient besoin de travailler sur des sons, d’autres en lecture rapide.
Donc en même temps y’a une évaluation de leur difficulté et y’a une demande.
Donc là y’a eu une demande de leur part.
Si on fait un peu la synthèse de ce qu’on a dit, donc on était parti de la question : ’Quelles sont les finalités les valeurs éducatives qui sont promues à travers la pédagogie Freinet et auxquelles tu adhères ? Comme tu disais la coopération, l’entraide, l’expression libre, la communication ouverture sur l’extérieur, l’apprentissage individualisé, tout çà dans un esprit de tolérence, de respect de la différence.
Autre chose là qui me revient, mais ça fait un peu partie de tout aussi, c’est la responsabilisation et puis l’apprentissage de l’autonomie, c’est vrai qu’on retrouve çà dans un petit peu tout quoi.
Oui ,Est-ce que tu as un exemple concret..?
Oui par exemple, viennent vite dans la classe des responsabilités parce-qu’ on a effectivement pleins de choses à s’occuper et à partir du moment où ce milieu qu’est la classe est géré maintenant par les enfants et l’instit qui est là, y’a tout un tas de responsabilités qui sont à partager, donc beaucoup d’enfants ont des responsabilités qui sont affichées, mais pas tous, mais c’est pas parce-qu’on a pas une responsabilité au tableau qu’on est pas capable de prendre des responsabilités à un certain moment, parce-qu’il y a toutes les responsabilités établies et instituées au conseil et puis il y a toutes les responsabilités dont on a besoin de prendre au fil du temps.
Et chacun prend un peu les responsabilités qu’il veut ?
Oui, et peut en être déchargé quand il y a une responsabilité qui n’est pas effectuée, bon y’a souvent une critique au conseil et puis on peut la perdre donc...
Tu sollicites ceux qui ne prennent pas de responsabilités?
En fait, je me rends compte que pas tellement...
Parce-que d’eux-même.?
Non, si on regarde, y’a cinq enfants qui n’ont pas de responsabilités.
Et tu ne les sollicites pas ?
En fait, en début d’année ils ont tous une responsabilité, parce-qu’ils ont tous envie d’en avoir une et puis après, çà stagne, y’en a qui en ont quatre, cinq et puis d’autres pas.
Et en fait j’ai l’impression que je n’ai pas trop envie de leur imposer une responsabilité, par contre, ils sont dans un bain de responsabilisation tout le temps quoi, par rapport à leur travail, çà par contre, je suis exigeant là-dessus.
En fait, dans ce que tu as exprimé, ce sont pas mal de finalités qui recouvrent le développement de l’élève dans sa personne, dans sa personnalité, au-delà des apprentissages purement scolaire.
Oui, oui, avec le groupe.. oui voilà, je pense que c’est indissoluble, çà va de pair, si on essaie pas de former une personne, enfin c’est vrai que c’est complètement dans les finalités, si on essaie pas de former une personne, on aura du mal a avoir un enfant qui scolairement va réussir quoi, c’est vrai qu’on met dans la notion de réussite la réussite scolaire mais aussi de l’individu. On part beaucoup de ce qu’est l’individu et le mettre complètement en confiance en réussite pour après effectivement que les apprentissages en découlent. D’ailleurs je pense à autre chose, parce-que j’ai assez souvent des coups de téléphone de gens qui m’appellent pour un enfant en difficulté, de parents qui veulent mettre leur enfant dans une école différente et il est assez souvent en difficulté cet enfant. Donc, c’est la première approche qu’ils ont en fait, c’est l’envoyer dans une classe Freinet. C’est un peu l’image que le mouvement Freinet a, peut-être, je ne sais pas parce-qu’en fait c’est souvent, ou alors parce-que c’est peut-être des gens qui se posent des questions par rapport au circuit normal.
Et quand tu vois cet enfant grandir, quelle idée tu te fais un peu de ce que tu penses avoir contribué a lui apporter ? Un petit peu l’idéal là, même si c’est difficile, de, sans qu’il y ait vraiment un idéal mais...
Oui, l’idéal d’un enfant autonome responsable, capable de prendre en charge son travail, ces activités sa vie quoi, oui voilà l’idéal, et capable de prendre sa place dans un groupe, oui, de s’adapter à n’importe quel groupe.
D’accord.....Autrement est-ce-que la découverte de cette méthode, tu disais que tu l’avais découverte en troisième année, que tu avais beaucoup lu etc, après l’adhésion au mouvement, est-ce-que l’engagement dans cette sensibilité Freinet a eu une incidence sur toi-même, ? Quels ont été les effets de cet engagement dans cette sensibilité.
C’est difficile çà....
Oui ,c’est pas évident
C’est difficile, mais je pense qu’il y en a eu c’est clair...
Ce qui te vient à l’esprit sans y avoir réfléchi beaucoup avant
C’est clair, je dirais le travail en équipe, le travail avec d’autres, je pense que ça, ça m’a....
L’apprentissage du travail avec d’autres.
Oui, oui, de se faire remettre en cause, parce-que j’avais beaucoup travaillé quand même avant, bon j’ai encadré des centres de vacances et tout, donc j’avais travaillé avec d’autres, mais là c’était vraiment se remettre en cause perpétuellement, essayer des choses, un souci d’expérimentation, je crois, qui était important. On expérimente, on échange, on confronte et puis des fois on est pas d’accord, on se remet en cause, on essaie autre chose, toute une démarche expérimentale.
L’apprentissage de l’expérimentation et de l’échange.
Du tâtonnement quoi, bon j’ai pas parlé du tatonnement expérimental, mais çà fait partie d’une base d’un axe important de la pédagogie Freinet, mais c’est vrai l’histoire de tâtonner, de ne pas avoir tout de suite, en début d’année un produit parfait avec une classe qui tourne et tout, c’est pas du tout çà quoi, c’est une classe qui va se mettre en place et au niveau de l’individu, c’est un petit peu pareil quoi. On tâtonne, on essaie des choses, on confronte et puis on essaie d’améliorer, c’est vrai que ce que je fais maintenant, çà plus rien à voir avec ce que je faisais. Il y’a neuf ans quoi, c’est un cheminement. On retrouve là l’idée de coopération, je pense que çà m’a donné une autre vue de l’école, une autre vision de l’école que celle que je pouvais avoir avant.
De quelle nature?
Moi, l’image que j’avais de l’école, c’était l’image d’une école rigide, ennuyante etc etc... tout ce qu’on peut mettre derrière l’école traditionnelle, où était négligé l’enfant, donc là j’ai vraiment découvert une école très différente.... Ba une autre image de l’enfant aussi....
Une vision..
Une vision... d’un enfant qui a plein de potentiel en fait et qui est souvent négligé quoi, donc oui le fait de découvrir que l’enfant était capable d’un petit retournement de situation, c’est-à-dire pas seulement d’écouter, d’apprendre etc, mais aussi d’apprendre aux autres et de nous apprendre à nous quoi... L’écoute je crois, une grande écoute, une meilleur écoute des enfants je crois...
Et par rapport au... ?
Par contre.. c’est bizarre, quelque-chose qui me revient aussi, j’aurais moins de tolérance maintenant, c’est assez étonnant parce-que c’est quelque-chose qui pourtant est, mais je me trouve beaucoup moins tolérant qu’avant par rapport à des collègues, par exemple à des collègues qui travaillent d’une façon très rigide, à des parents qui ont du mal a comprendre etc....
Et c’est quel genre d’intolérance, c’est un petit peu une révolte, un rejet..?
Non, c’est plus une révolte contre ... et puis de sans arrêt être en train de justifier ce qu’on fait de ne pas être compris, parce-qu’en fait, quand on travaille comme çà, on a toujours à se justifier, à argumenter etc... et puis, en fait, au bout du compte après pas forcément être compris.
Un peu une irritation à force de?
Oui, complètement,
D’accord
Si l’on revient sur les valeurs qui, de ton point de vue, sont promues à travers la pédagogie Freinet et auxquelles tu adhères, est-ce que cette découverte à été de nature à participer de ton développement personnel ?
Oui, mais bon, je crois que je l’avais déjà, mais çà a appuyé bien-sûr, mais si j’ai choisi çà en fait, si j’ai choisi cette pratique, c’est pour, à mon avis continuer dans le même idéal, dans ce que moi j’avais pensé déjà, je pense un peu de la vie et de mon travail, parce-que je pense que j’aurais fait un autre travail, j’aurais été dans le même sens donc çà a appuyé les choses que je pensais déjà.
C’est un petit peu un reflet ? Tu t’es bien reconnu dans cette méthode par rapport a..?
Oui, oui, y’a un souci d’innovation que j’avais déjà avant et c’est peut-être pour çà que j’ai choisi çà. Dans ce que j’ai fait avant d’être instit j’avais toujours essayé d’innover, de faire des choses différentes, donc il y a sûrement çà aussi il y a un lien.
D’accord.. Alors si on reprend un petit peu ton histoire, le fait que çà corresponde bien à ce que tu penses, les effets que çà a eu sur toi. Si on prend un peu ton passé eventuellement scolaire et personnel, tu disais, : ’J’avais l’idée d’une école rigide ennuyante’, est-ce-que c’est l’idée parce-que tu voyais l’école comme çà ou est-ce-qu’en même toi tu avais vécu une école....
Ah oui je l’avais vécue comme çà.
Tu l’avais vécue comme çà et c’était au point de te dire : ’j’aurais aimé une école différente ’ ou... ?
Non, alors non, non, c’était vraiment un rejet de l’école quoi, une révolte contre l’école quoi et puis ba j’ai passé quand même le concours mais bon c’était pas ce qui me motivait le plus...
C’était en quelle classe ?
C’était après la terminale : J’ai fait un an de fac que j’ai repris, d’ailleurs depuis, mais c’est en sortant du bac et puis en plus révolte contre l’école cet esprit de non tolérance et puis, en fait, je dirais de non-savoir, parce-qu’en fait, j’ai eu l’impression d’avoir appris beaucoup de choses après parce-que j’étais motivé, parce-que j’avais envie de savoir certaines choses et j’ai très peu de souvenir de connaissance de l’école. Il me manque maintenant beaucoup de savoir parce-que à l’école, je m’ennuyais, voilà, donc j’avais une image très négative.
Et dans cette image négative, est-ce-que tu revois des épisodes particuliers, des profs qui t’ont déplus par leur intolérance..?t
Oui, tous les profs qui marchaient au châtiment corporel.
Cà ! T’as vu des choses comme ça ?!
Oui, oui, j’ai vu ça.
En quelle classe?
En primaire, CM1, donc çà, plus tard au lycée, j’étais dans un super lycée privée de N... là, non tolérance terrible, c’était un milieu bourgeois, je ne sais pas ce que je faisais là, donc intolérance complète de la personne, de la part des élèves et de la part des profs.
Est-ce-que tu revois une situation, un exemple concret pour illustrer çà? Un évènement marquant...
Là, au lycée?
Oui ou ailleurs
Et bien là le coup du châtiment corporel, je me souviens encore avec les mains et avec les coups de règles dessus par exemple où l’instit amenait l’enfant et lui tapait dessus quoi, çà çà me revient.
Quelles images encore? J’ai beaucoup d’images de, je faisais des activités très différentes pendant les moments de classe, je jouais à pleins de choses, à pleins de jeux, donc y’a ces images qui reviennent tout le temps oui des jeux avec un voisin qui n’avaient rien à voir avec ce qui se passait en classe.
Alors comme tu disais ?
Des situations de ridicule aussi, des situations de ridicule, d’être amené devant les autres et d’être ridiculisé par exemple, çà oui, j’ai quelques images...
Oui alors tu disais orientation vers la pédagogie ?
Une image aussi, des histoires de compétition entre enfants.
Oui, en quelle classe?
Je dirais surtout en primaire en fait.
Tu revois quoi comme image?
Et bien, dès qu’on avait les résultas de contrôle et bien tu as eu combien, tu as eu combien, tu es à quelle place ? etc, alors pourtant, j’étais dans les premières places.
Tu étais bon élève ?
Oui, enfin bon élève jusqu’au lycée où là, je me suis orienté en fait, volontairement vers une seconde A, les profs me voyaient en C et puis moi je voulais être journaliste et donc et puis j’ai compris mon malheur dès la seconde, mais çà, c’est quelque-chose que je ne m’imaginais pas, en plus, j’étais dans un lycée privée assez bourgeois, je me trouvais dans une seconde A dépotoir quoi. Donc toute ma seconde, première, terminale, j’ai été plus du tout investi dans l’enseignement et puis en plus là, je n’étais plus bon alors que çà c’était très bien passé avant, d’ailleurs j’ai loupé mon Bac.
Et tu disais donc l’engagement dans cette pédagogie Freinet correspondait pour toi un peu à un idéal que tu reconnaissais bien par rapport à ton idéal de vie et est-ce-que on peut le mettre un peu en relation avec cette histoire scolaire où au fond il y avait un rejet de... ??
Ah oui, complètement, je pense que oui, oui, y’a eu d’abord la période rejet, révolte à propos de l’école ou scolaire et puis après quand j’ai commencé à faire des choses, vers dix-sept, dix-huit ans, beaucoup dans l’animation sportive et socio-culturelle, alors là cette révolte elle a été un petit peu mise de côté, elle était toujours présente, mais j’ai commencé là à dire, il est possible de faire des choses différentes ’quoi en essayant de promouvoir déjà quelque-chose de différent. Dans tout, quand j’ai travaillé dans le sport, je pratiquais des choses très différentes de ce qui se pratiquait habituellement, j’avais le même rejet par rapport au sport, qui était quelque-chose de très rigide et moi j’ai travaillé dans un sens complètement différent et puis après dans le milieu socio-culturel, centre de loisir etc... c’était pareil.
L’intention d’innover.
D’innover, oui, oui.
Y’avait déjà un rôle d’animateur éducateur quoi, mais dans un sens très différent de ce que je voyais de l’image que j’avais de l’école quoi, et je pense que c’était à cause de çà justement que j’avais envie de promouvoir quelque-chose de différent.
Ce passé scolaire, çà a joué
Ah oui, complètement, je pense oui, de donner une autre image par rapport aux enfants dont je m’occupais, aux jeunes dont je m’occupais, par rapport aux autres aussi.
Mais à l’époque où tu étais à l’école tu te disais déjà que tu n’aimais pas le système dans lequel tu étais ou c’est venu après ?
Non, c’était difficile, je pense que je n’ai pas analysé çà sur le moment, c’est après. Je subissais complètement le système.
Autrement, alors çà c’est un petit peu le passé scolaire, est-ce-qu’il y a dans ton histoire là, plus personnelle, est-ce-que spontanément tu peux évoquer si tu en as ou pas, des évènements marquants à mettre en lien avec ton entrée dans le mouvement Freinet.
Des évènements marquants...Oui, il y a l’enseignant qui nous avait accueilli dans la première classe Freinet, un enseignant du mouvement Freinet qui travaillait au niveau national avec qui je travaille toujours d’ailleurs, lui c’est vrai que c’est un fait marquant, enfin pour moi ça reste présent.
Chez cette personne ,qu’est-ce-que tu trouvais de bien ?
Son rôle, en fait, son rôle parce-qu’à ce moment là je n’ai pas connu la personne en elle-même, son rôle dans la classe. Son rôle et puis aussi une espèce de pouvoir qu’il avait, qui était important. Bon c’est quelqu’un qui avait fait une thèse en Science de l’Education déjà, donc c’était quelqu’un d’impressionnant, il avait sa thèse sur sa table. Bon une certaine impression quoi, quelque-chose de..
Et tu penses que c’est quelque-chose qui t’a marqué, cette rencontre avec cette personne
Et je suis à me demander si c’est pas lui qui m’a aussi amené a reprendre la fac après, je crois aussi
Donc il avait un rôle dynamisant pour toi ?
Oui, alors qu’ on se voyait de temps en temps, mais pas beaucoup, mais c’est vrai que je l’ai certainement idéalisé a un moment cette personne, parce-que je suis rentré dans un mouvement, je pense avec ce déclic là, et puis à la fac, je pense après aussi.. le fait de me retrouver un peu dans sa situation..
Un peu le déclic qui t’a permis d’aller plus loin
Alors que j’étais complètement en barrière avec les savoirs, quoi scolaire, donc reprendre la fac à l’époque c’était pas question de reprendre les études.
Tu as fait quelle fac ?
Et bien, je suis en fac de sciences de l’éducation, j’avais repris une licence voilà quatre, cinq ans, javais travaillé quatre ans avant de reprendre cette licence.
Donc c’est un peu cette personne qui t’a encouragée à reprendre des études.
Oui... et peut-être aussi une autre personne du groupe là, de mes débuts avec qui je travaille tout le temps aussi qui est une personne très différente, parce-que là y’avait pas justement l’impression de cette personne là la première, quelqu’un qui avait travaillé en fac qui s’occupait des enfants du voyage, quelqu’un de très particulier. Alors que la personne dont je parle maintenant quelqu’un de très modeste justement, de très.. une énorme faculté d’écoute..je crois que çà m’a beaucoup aidé à continuer après, c’est la personne qui m’a vraiment donné des moyens de continuer... C’est surtout des personnes, je ne vois pas de faits marquants autres.....
Est-ce-que tu as des engagements exta-professionnels ? Tu parlais tout à l’heure du sport...
J’ai eu beaucoup d’engagements que je n’ai plus beaucoup en fait.
Tu veux savoir mes engagements?
Oui...
Alors moi, çà a démarré, j’ai commencé a m’occuper d’enfants, en fait, au moment du lycée là, donc c’était un mouvement de jeunesse, un mouvement catholique de jeunesse, l’ACE JOC.
Donc çà çà a duré quelques années, et puis après j’ai quand même coupé beaucoup avec la religion catholique donc j’ai arrêté avec çà, mais en fait j’ai continué un petit peu dans le même milieu parce-que j’ai fait mes formations d’animateur, donc j’ai encadré des enfants en camps de vacances, en centre de loisir, des camps à l’étranger etc... d’adolescents et j’ai passé ensuite mon diplôme de directeur.
Cà prenait quel temps ?
L’été, pendant les vacances, le mercredi. Là je me suis beaucoup occupé du milieu associatif et dans mon quartier, je m’occupais du centre social dans la municipalité dans laquelle je travaillais, je m’occupais aussi du service jeunesse. Je me suis occupé d’une ludothèque aussi dans la même commune.
Ton rôle par exemple dans le centre social c’était ?
J’ai dirigé le centre de loisirs, sinon je participais à des activités d’animation le soir etc.. dans un rôle d’animateur. Avec l’office de jeunesse de la municipalité, c’était un rôle d’administrateur et d’animateur et puis après qu’est-ce-que j’ai fait ? Si, parallèlement, je m’occupais d’équipes au niveau du sport, de foot, donc là j’ai démarré assez tôt aussi. J’ai passé des diplômes d’entraineur et puis j’ai arrêté voilà deux ans en fait, mais sur la fin j’entrainais des adultes.
Et actuellement ?
Alors j’ai donc laissé le sport, je suis délégué départemental du mouvement Freinet de P.. Depuis que j’ai cette responsabilité là, en fait, j’ai laissé beaucoup d’autres choses, je m’occupais de la bibliothèque aussi à M.., çà j’ai laissé... J’avais beaucoup d’activités diversifiées et en fait j’ai beaucoup, maintenant, centré sur l’animation du mouvement Freinet et puis ma famille en fait, et puis, si, les études.
Est-ce-que tu as fait d’autres formations autrement ? Donc tu as fait le cycle sciences de l’éducation, tu prépares...?
Une maîtrise.. à part la formation continue qu’on avait, j’ai fait pas mal de stages, alors si, ma formation a été au niveau du mouvement Freinet, là, dernièrement, on a organisé des stages dans la région.
Tout à l’heure tu disais que tu t’étais engagé dans un mouvement catholique, avec une rupture par rapport à la religion, donc au départ çà s’inscrivait dans des croyances religieuses.
Pas du tout.
Ou un passé familial
Voilà.. j’ai eu une éducation religieuse et puis j’ai toujours été dans le privé du début de la maternelle au lycée, et puis, c’est pour çà que sans trop réfléchir, je me suis mis dans ce mouvement en fait... Puis j’ai eu une certaine révolte, au moment où j’étais révolté contre le système scolaire, j’étais révolté aussi contre le privé quoi, c’était en plus dans le privé en plus quoi, j’aurais peut-être été révolté contre l’autre école si, mais j’étais d’autant plus révolté par l’école privée.
Autrement est-ce qu’il ya des moments où, par rapport à ces idées qui sont véhiculées qui portent ton travail, est-ce qu’il y a des moments où tu es quelquefois dans ta classe en contradiction avec ces idées ?
Bien sûr oui, et bien oui, les moments de contradiction çà arrive quand on a une pression trop importante, pression des parents ou de l’inspecteur etc, donc là on a parfois une certaine pression qui fait qu’on arrive a s’énerver dans la classe.
La non tolérance dont tu parlais tout à l’heure.
Oui, le non respect du rythme, on arrive a plus respecter ça à certains moments tellement on est pressé, en plus on a eu quelques problèmes bon à l’école, en particulier avec ma façon de travailler, ça génère automatiquement à certains moments des espèce de qui-vive.
Tu penses que ces pressions sont de nature à
à mettre en contradiction à un certain moment et puis a beaucoup se demander si on est dans le vrai ou pas.
Il reste toujours une remise en cause
Toujours... ah oui çà perpétuelle, parce que comme on a pas en fait d’appui, très peu d’appui, à part nos groupes de travail qui fonctionnent en circuit fermé, on a pas d’appuis autres, on a plutôt sans arrêt des critiques, donc on est sans arrêt remis en cause.
C’est une remise en cause des finalités
Non, non pas du tout.
C’est une remise en cause par rapport à la pression institutionnelle ?
A la pression institutionnelle.
Te demandes -tu a certains moments si c’est bien ce que tu fais ?
Oui, parce que je crois qu’à partir du moment où on a que des renvois négatifs sur ce qu’on fait, on se pose des questions effectivement, si on est bien dans le vrai au niveau de l’école quoi, si ce qu’on véhicule dans notre façon de travailler, ne provoque pas des échecs au niveau des enfants etc, donc si on est bien dans le.. pour une réussite quoi. Donc il y a souvent des mises au point, une remise en cause dès fois de certains domaines, mais jamais jusqu’à aller contre les finalités que j’ai nommées là.
Donc là il y a une adhésion aux idées ?
Ah oui, complètement, oui puis une remise en cause individuelle par rapport aux critiques qu’on peut avoir.
D’accord.
Une question que j’ai oubliée, que j’aurais du te poser avant, si tu avais à parler de ce que cette pédagogie n’est pas selon toi ?
Ce qu’elle n’est pas ? on en n’a parlé
Oui on en a parlé à travers..?
Elle n’est pas tout ce qu’on met derrière la méthode traditionnelle, donc rigidité, non reconnaissance des individus, structure figée... dynamique, mouvement quoi... intolérance quoi, non respect des individus... savoirs scolaires sans rapport...comment dire non motivé, complètement abstrait quoi, tellement abstrait qu’on passe à côté.
Tout à l’heure tu disais, justement, j’ai pas repris, tu disais donner l’envie de faire. ?
Bien sûr, la motivation... il y a l’histoire effectivement de réinstaurer le désir quoi, le non désir dans la passivité.