.....Peux-tu me décrire ton itinéraire scolaire et professionnel ?
Je m’appelle v...., je suis de famille modeste. Mon père était ouvrier et ma mère..... J’ai suivi une scolarité dans l’enseignement catholique. Dès l’âge de quatre ans je suis rentré dans une école de frères, dans un établissement Lassallien, jusqu’en 6 ème, et là il s’est passé quelque chose par rapport au fait que j’étais dans cet établissement de frères, c’est que j’ai eu envie de partir en pension d’une part, mais dans un établissement de formation de frères. Donc je suis parti comme juvéniste à partir de la cinquième jusqu’en première.
A parti de ce moment-là, j’ai voulu prendre du recul et réfléchir à tout cela et je suis revenu dans ma famille et j’ai effectué ma terminale dans un lycée privé de N... J’ai passé le Bac série A, j’étais attiré par la philo, enfin j’aimais bien ça et comme je n’ai pas eu mon bac du premier coup, j’ai envisagé de travailler comme pion, comme surveillant dans l’établissement où j’avais été élève précédemment et en même tant de suivre mon bac par correspondance. Une fois que j’ai eu mon bac, il s’est présenté dans cet établissement un poste d’enseignement que j’ai pris, dans le domaine du français et de la musique et j’y suis depuis toujours. Dans un premier temps j’ai enseigné en quatrième et troisième de collège, surtout auprès des quatrièmes et troisièmes aménagées qui avaient besoin d’un rythme un petit peu plus adapté pour leurs apprentissages et cela ça a duré une petite dizaine d’années peut-être. Puis on m’a demandé de travailler en CPPN et là également une dizaine d’années auprès d’un public en plus grande difficulté. Entre temps, pendant cette période là, j’ai été amené à prendre la responsabilité de stages d’insertion sociale auprès des 16/18 ans, en 82/ 83 /84. Donc je me suis occupé de ces jeunes en très grandes difficultés.
Tout ce cheminement là a été un tremplin pour m’amener à me former. S’est présenté par le biais de l’institut des frères de Lassalle une formation PEI, nous étions dans les premiers à être formés dans le cadre de l’enseignement catholique et comme complément de formation professionnel et bien j’ai pris une année de congé formation à l’ISPEC pour passer la formation CAPSAIS qui est la formation pour être instituteur spécialisé. En même temps le diocèse de P... m’a demandé de mettre en place l’ouverture d’une S.E.S que nous appelons maintenant SEGPA. J’en assure pleinement la direction et j’enseigne pour cette année tout ce qui est du domaine vie sociale et professionnelle éducation des choix et éducation technologique et méthodologique aussi. Donc on travaille le PEI et aussi un petit peu la Gestion Mentale et nous avons mis en place avec mes collègues un projet pédagogique qui travaille à l’attention ’holistique’ de l’enfant qui prend en compte la globalité de l’enfant. Son cognitif mais aussi la dimension affective, relationnelle et sa dimension motrice.... Le tout de l’enfant. J’ai peut-être oublié de dire que depuis quelque temps j’ai été intéressé par d’autres formations. J’ai reçu une formation ARL, je fais la formation de DEUG de Communication.
Depuis que tu as fait la formation PEI.....
Oui tu as raison de le signaler parce-que je crois que ça a été vraiment le starter. Et là si je fais une relecture de ces dernières années, il est évident que.... Et les autres me renvoient cette image aussi...que je me suis modifié.... Dans la dynamique de Feuerstein, la modifiabilité, et également transformé dans mes modes de fonctionnement.... Cognitifs aussi. La représentation que j’ai de moi-même...de ma scolarité antérieure, était une scolarité ou j’avais des difficultés...j’étais en échec. Là je dirais aujourd’hui en échec scolaire... or si je regarde mes notes je n’étais peut-être pas systématiquement en échec, mais j’ai cette représentation là et ce n’est peut-être pas étranger au fait que je m’intéresse aux difficultés d’apprentissage chez les enfants... chez les jeunes. Il me fallait beaucoup de travail pour arriver à quelque chose... et c’est cette image-là que j’ai de moi-même. Et quand je regarde parfois les vieux carnets que j’avais en primaire, il y avait des éléments qui étaient réussis. Alors je ne sais pas ce qui s’est passé dans mon cursus d’apprentissage.
J’ai pas dit mais je pense que ça peut être un élément pertinent pour ton travail et pour moi c’est vrai que c’est important. Je suis de famille catholique. Le choix de mes parents de me mettre dans l’enseignement catholique privé est certainement un signe. Actuellement je suis marié, mon épouse est aussi enseignante aussi de famille catholique et nous avons trois filles.
Autrement, en dehors de ces activités scolaires et professionnelles est-ce que tu as des activités parallèles?
Oui, alors, activités parallèles, si je reprends encore l’histoire.... Le passage dans l’établissement de formation de frères à été certainement un élément qui a déclenché en moi tout un potentiel que j’avais et qui a permis de le mettre en oeuvre. Au bout d’un certain temps je n’appréciais pas cette dimension de formation d’internat, de cocon, un petit peu, dans lequel nous étions. Si je suis parti après ma première ce n’était peut-être pas étranger au fait que j’avais besoin d’oxygène. Cependant je dois reconnaître à la relecture que ça a été formateur pour moi, ça a mis à jour peut-être le charisme que j’avais au niveau de ces engagements. Ce qui fait que déjà sur place dans cet établissement j’étais perçu comme celui qui prenait des initiatives.... Dans le cadre de mouvements missionnaires.... Je rassemblais des jeunes pour réfléchir dans le cadre des MEJ, mouvement eucharistique des jeunes et ce tremplin là a permis de continuer sur N... au niveau de l’ACE l’action catholique de l’enfance et au niveau du secours catholique. Au niveau du lycée ou j’étais par rapport à des initiatives que je prenais, des opérations bol de riz.... Attentif à une dimension un peu universel de l’individu.... Et une fois marié ces engagements ont continué. Au niveau de la cité, j’ai été pendant douze ans conseiller municipal et adjoint au maire... dans des associations catéchétiques et pastorales. Des associations de parents d’élèves les APEL.. au niveau de l’établissement mais aussi à l’extérieur de l’établissement, parce que même si j’ai lâché pas mal de ces responsabilités aujourd’hui du fait des formations que j’ai entreprises, j’ai encore un pied dans le secours catholique ou j’ai un rôle de coordinateur.
Si on reprend la pratique du PEI dont tu dis qu’elle a été motrice de tes formations. Depuis combien de temps pratiques-tu?
Ma formation a eu lieu en 88 et j’ai commencé tout de suite après, ma première semaine de formation et auprès, d’une part, des CPPN et des quatrièmes où j’allais enseigner la musique. Actuellement, je pratique auprès de deux classes de SEGPA de sixième et cinquième. Je suis intervenu aussi auprès d’enfants volontaires du collège pour une troisième année de PEI. J’ai pratiqué aussi avec mes enfants. Puis avec l’extension des formations, puisque je suis allé me former à Jérusalem avec l’institut lassalle, ça m’a amené à proposer aussi d’autres missions, y compris actuellement des formations auprès des parents. J’ai mis en place sous couvert de l’Institut de Lassalle une formation de parents médiateurs pour que les transferts au niveau scolaire soient réels aussi au niveau des environnements modifiants, pour reprendre le concept de Feuerstein.
Quels sont à ton avis et compte tenu de ce qu’on a dit tout à l’heure, les éléments décisifs, les éléments moteurs, les étapes de ta vie personnelle et professionnelle qui pour toi viendraient expliquer cet engagement vers cette théorie et cette pratique.?
Quand tu me poses cette question, la première idée qui me vient à la tête et ça doit être certainement révélateur de quelque-chose si c’est celle là. C’est d’un point de vue professionnel les enfants dont je m’occupe et qui sont en difficultés et c’est vrai que quand je fais la lecture de mon cursus professionnel, j’ai quand même été très branché sur ce public-là. Alors comme on le disait tout-à-l’heure, est-ce que ça renvoyait, comme on le disait tout-à-l’heure à l’expérience scolaire que j’avais eu je ne sais pas et donc c’est la première idée qui me vient.
Il y en avait une autre, c’était quand même... au bout de quinze ans d’enseignement, une soif de, au bout de dix-huit ans besoin de quelque chose au niveau des formations. Donc il y avait quand même cet appétit-là qui a motivé aussi mon inscription à la formation. Depuis j’ai fait un travail dans le cadre de la formation CAPSAIS qui s’intitule ’de l’immédiat au média’ où je situe en introduction, un petit peu, je dis j’ai changé et je situe ça dans le fait que professionnellement parlant à l’époque, j’avais besoin d’un nouveau souffle. C’était une occasion qui a justifié la formation.
Une fois la formation entreprise et après, et maintenant à la relecture de cela, je dirais que ça ne devait pas être étranger avec le fait que j’ai bien accroché avec la dynamique de Feuerstein, c’est pas étranger à ce que je suis ce que je crois, la philosophie, les finalités de l’homme. Je rejoins bien la philosophie de Feuerstein, dans le fait que la construction de l’individu, la formation de l’individu passe par ces étapes là cognitives mais aussi dans le domaine de la relation éducative, il y a toute la démarche de la médiation derrière... donc je suis assez sensible à cela et certainement que c’est lié a-ce que je suis et ce que je crois.
Un peu plus loin quand je fais la lecture de cette formation là, il y avait une réflexion qui avait été faite par C...il situait les propositions de Feuerstein au niveau international et il disait que Feuerstein nous trouvait nous Européens occidentaux français, un peu tièdes dans nos convictions. On s’inscrivait bien dans les formations qui nous étaient proposées PEI etc... mais on y mettait le petit doigt. Ca avait fait ’tilt’, parce-que je ne me reconnaissais pas dans cette lecture que Feuerstein avait de nous, et je me dis qu’il n’y a pas de raison de ne pas faire savoir que nous aussi nous avons des tripes et que nous pouvons faire correspondre cela à une idéologie et à une éthique etc... et en même temps, il nous avait été dit que s’il y avait quatorze instruments que Feuerstein avait crées, y’en avait un quinzième qui s’attachait à l’instrument des relations familiales qui étaient basé sur la culture, la transmission culturelle juive, mais là qui n’aurait pas été diffusé au niveau international. Tous ces éléments-là mis en connexion et rejoignant mes convictions et la source chrétienne, sur le moment je me suis dit : ’mais pourquoi ne pas envisager aussi de travailler avec des enfants sur cette dimension là, la transmission culturelle à partir de la culture judéo-chrétienne et donc ça voulait certainement dire quelque chose pour moi... et c’est ce qui... bien sûr il a fallu que ça mature. Je ne sais pas si j’ai répondu à ta question ?
Si, oui.... D’ailleurs j’ai même perdu le fil de la question que je t’avais posée.... c’était quelles étaient les étapes décisives dans ta vie professionnelle et personnelle qui à ton avis ont marqué ton entrée en .formation avec le professeur Feuerstein et qui sont de nature à expliquer aussi cette adhésion à la méthode et le fait que tu trouves que c’est fructueux quoi.... Alors tu as commencé par dire, c’est peut-être une certaine conception de l’homme qui fait que tu te retrouves dans cette méthode.
Tout à fait, c’est vrai que pour résumer en amont je disais que le doigt dans l’engrenage à été les enfants en difficultés, le besoin pour moi d’un nouveau souffle et une fois dedans les connexions qui ont été faites par rapport à la proposition de Feuerstein qui rejoignait mes.....
Tu dis une fois dedans, donc ce n’est pas forcément ce qui à été moteur mais tu t’es bien reconnu en miroir dans cette formation.?
Oui tout à fait, c’est pas à l’origine, je ne crois pas que c’était à l’origine. C’était certainement un besoin de formation professionnelle vis à vis des enfants en difficultés et puis ce ronronnement que l’on a au bout de dix quinze ans.
Et pourtant d’après ton itinéraire il y a quand même tout un cursus qui correspond bien à l’esprit qu’il y a.....
Alors c’est cela, c’est liens là je les ai crées une fois dedans parce-que je me sens chrétien et lassallien. Et tout mon cursus est attaché à cette famille, souvent je dis les frères c’est ma deuxième famille....On a un collègue qui fait un mémoire sur les relations entre Feuerstein et J Baptiste De Lasalle. Dans le travail que nous menons sur ’arche’, on voit bien qu’il y a des éléments communs entre les propositions de Feuerstein et les intuitions de J. B de Lassalle par rapport à la construction de l’homme.
Donc tu dis qu’il y a une adhésion par rapport aux valeurs et une adhésion par rapport à la théorie de ce qu’est l’enfant en tant qu’apprenant. Alors ce sont ces deux éléments que j’aimerais bien creuser. A ton avis quelles sont dans la philosophie sous-jacente aux travaux du professeur Feuerstein les valeurs auxquelles tu te rattaches, justement tu parlais de croyance. Est-ce que tu pourrais les identifier?
Oui, sensible a la dimension spirituelle, spirituelle dans le sens de l’esprit insufflé par Feuerstein par rapport à la dimension de Foi. C’est vrai qu’on se différencie du fait qu’il se situe en temps que convaincu juif et je me situe comme convaincu Judéo-Chrétien. Donc les valeurs pour revenir un petit peu à ta question, y’a quelque chose derrière ce mot là, j’aime bien aussi le mot vertu. Des mots qui ont vieilli, on met beaucoup de choses derrière ces mots et le travail que nous faisons au niveau du programme ’arche’ travail à ce niveau là, parce-que... je suis persuadé que dans une transmission culturelle, il y a dans cette transmission des éléments qui sont du domaine de l’héritage, il y a un héritage des valeurs qui ont été véhiculées par la bible entre autre. Ces valeurs ne sont pas étrangères au dernier critère de médiation de Feuerstein qui est l’appartenance à l’humanité, à l’espèce humaine. Je crois qu’il y a des invariants dans le domaine de ces vertus de ces valeurs et qui sont véhiculés de générations en générations par le sentiment d’appartenance. Nous appartenons à des groupes, à des ensembles humains et nous construisons notre identité ce que nous sommes par cette appartenance à ces groupes. Chez Feuerstein il y a une valeur qui m’a bien rejoint, c’est le fait que rien n’est irrémédiable, la modifiabilité, c’est une valeur d’espérance en l’homme, en l’individu.Il a tout un potentiel en lui qu’il peut utiliser et faire fructifier.
Donc chez Feuerstein il y a le regard positif chez l’individu me rejoint bien. Ca correspond au dixième critère de médiation, l’alternative positive le côté actif modifiant et c’est vrai que ça ça correspond bien à mon optique de vie, ça correspond bien en même temps à ma personnalité. Les gens qui me renvoient un miroir, me renvoient dans ce domaine là, la lecture positive des choses et de la vie, des gens.Toutes ces valeurs là que j’ai trouvé chez Feuerstein et qui me rejoignent bien. C’est vrai au niveau de mes tripes et elles me rejoignent dans ma conviction de ma relation à Dieu.
Là, il faudrait que je parle de mon cursus d’étape de foi par rapport à cela. J’ai une conviction depuis mon adolescence qui s’est construite peu à peu au contact des frères, au contact des gens avec lesquels j’ai été engagé dans les différentes responsabilités dont j’ai parlé précédemment. Une conviction c’est que ce qui est le plus important pour moi dans la vie c’est l’amour et que ce postulat là, enfin cette réalité, cette conviction là posée, elle ne peut pas être étrangère, elle est complètement mélangée, je dirais intrinsèque au concept de Dieu. C’est à dire que pour moi le Dieu auquel je crois c’est ni plus ni moins que l’amour, qui s’exprime sous différentes modalités et ça c’est vrai que c’est quelque chose de très fort. Or le regard que Feuerstein a sur les gens au niveau de l’éducation mais de manière très générale, le regard qu’il a sur les enfants sur les gens rejoint bien cela. C’est-à- dire que quand on parle d’alternative positive c’est le regard d’amour que l’on a sur, toute la démarche de médiation est une modalité d’expression de l’amour que l’on peut avoir vis à vis des autres. Puisque si on est médiateur dans le cadre professionnel, éducatif vis à vis des enfants, de toute façon la formation que l’on reçoit à ce niveau là, fait que l’on est médiateur vis à vis des gens avec lesquels on vit, je le sens bien chez moi dans la relation que j’ai à mon épouse avec mes filles, dans la relation que j’ai avec mes collègues, les gens que j’ai devant moi dans le cadre d’une formation, dans le cadre de la vie de tous les jours. Ca c’est un élément très important.
L’amour est vraiment le noeud, le concept central de tout cela. Ce qui fait que par rapport au programme que nous mettons en place, puisqu’on veut aller dans un des objectifs, l’une des finalités, jusqu’à l’émergence des valeurs issues de la culture Judéo-Chrétienne. Nous voulons dénommer ces valeurs là. Nous avons réalisé un tableau, qui est issu en même temps de la lecture de Zuliger’la formation de la conscience morale chez l’enfant’ qui est issue de Maccio sur les valeurs d’aujourd’hui. C’est sûr que l’amour est central, en temps que valeur primordiale essentielle et que moi je réfère en Dieu qui a une incidence sur quatre domaines de la vie. C’est-à-dire, moi-même, les autres, l’universel et l’humanité, dans l’esprit. Puis sous deux valeurs qui sont situées ici, l’écoute le dialogue, la responsabilité, la liberté, la créativité, la paix et la justice. Et les cases qui sont autour correspondent donc à des trous où l’on peut mettre des valeurs que nous découvrons à travers la bible et qui sont toujours d’actualité aujourd’hui et qui nous renvoient à la possibilité de s’approprier cet héritage. Dans cette dénomination là on ne retrouve pas cela explicitement chez Feuerstein, mais on peut faire des liens des parallèles par rapport à cela.
Chez Feuerstein tu as surtout parlé de la notion de modifiabilité, du potentiel de l’individu, de l’alternative positive et puis de la médiation qui est une intéraction où est véhiculé justement le regard sur l’autre, qui est un regard baigné d’amour, finalement et à partir de ça tu as essayé de faire fructifier tout cela.
Tu re-formules bien en effet ce que j’ai dit. J’ai pas souvenance que Feuerstein utilisait le mot amour lui-même dans ses conférences que j’ai pu... dans l’atelier de travail à Jérusalem explicitement non mais sous-jacent je le sens présent totalement ou au moins ça me rejoint moi puisque je le dis.
Alors donc c’est l’adhésion par rapport à des valeurs ce que tu as identifié par rapport à trois choses là...... Et par rapport aux enfants, finalement, qu’est-ce-que tu veux promouvoir comme type d’individu par ton intervention.
Oui c’est vrai que c’est une question fondamentale aussi. Là on va nommer un certain nombre de valeurs qui sont déjà ici.Le fait d’être bien dans sa peau, c’est un élément qui est incontournable, parce- que c’est ce qui permet d’être moteur ensuite de toute sa vie. Moi j’ai ma petite formule: confiance et conscience sont les mamelles de l’apprentissage. Apprentissage vu dans un sens très général, apprentissage à la vie et la confiance, c’est être bien dans ses baskets. Tout le domaine de l’autonomie et de la responsabilité, ces concepts là, je les manipulais avant la formation au PEI. Ils étaient présents dans mon projet pédagogique même s’ils n’étaient pas écrits.
Donc l’autonomie qu’est-ce-que.....
L’autonomie de gérer sa vie, de conduire sa vie, c’est bien ce qui permet de réaliser l’individu, après il y a des indicateurs, y’a l’autonomie dans l’apprentissage, dans l’insertion sociale, l’insertion professionnelle.En opposition c’est la dépendance, c’est l’assistanat dans lequel la civilisation est baignée depuis quinze vingt ans. C’est vrai que l’après soixante-huit a contrebalancé totalement et on est passé dans un domaine où on a assisté pas mal, les parents, l’éducation et moi j’ai joué ce jeu là pendant quelques temps de ma vie professionnelle, baigné dans un contexte..... mais c’est vrai qu’à la lecture de tout cela... je disais tout à l’heure qu’ au bout d’un certain temps tu as besoin d’un nouveau souffle, d’oxygène, tu ne te retrouves plus dans ce que tu fais... ça ne m’allait pas...j’étais baigné dans cette mouvance là..et c’est vrai qu’à la relecture de tout cela, je ne cautionne pas ce laxisme un petit peu des adultes face aux enfants qui les conditionnent en l’absence de liberté puisqu’ils sont assistés.
Donc en même temps tu rejoins autonomie de liberté.
Oui tout à fait, c’est cela, ça va bien ensemble.
Donc ce que tu disais c’est que tu veux promouvoir un enfant qui soit bien dans sa peau c’est une condition pour réaliser sa vie ...pour lui-même... Est-ce que tu vois une condition pour autre chose?
Oui.. pour lui-même... qu’est-ce-que c’est qu’un soi-même si ce n’est qu’il y a aussi la dimension sociale la relation aux autres dans les besoins fondamentaux de l’individu qui est le besoin d’être aimé et le besoin d’être reconnu. Et bien se réaliser touche la dimension sociale ou l’autre peut lui renvoyer une image de lui même qui le construit qui l’épanouit, qui le réalise. Donc ça c’est la dimension des autres, on a abordé le soi et on a abordé les autres....
En fait, on était parti de la question, quel type de personne tu voulais promouvoir, quelqu’un bien dans sa peau pour qu’il réalise sa vie et puis deuxièmement une personne autonome et libre. Est-ce que tu pourrais développer d’autres aspects? Qu’est-ce-que tu cherches à transmettre aux enfants?
Oui maintenant d’un point de vue personnel par rapport aux enfants...Familial je dirais...avec mon épouse par rapport à nos propres enfants... j’ai trois filles... lorsque nous avons défini un projet de vie pour elle à l’occasion du baptème que nous avons voulu pour elle bébé.. et ça c’est la manière de le dire socialement parlant....La première chose que nous disions avec mon épouse pour nos filles et ça c’est transférable avec les enfants de milieu scolaire, c’est qu’ils sachent aimer... et ça nous l’ai écrit explicitement et ça, ça remonte à 74/75 . Donc ça c’est la première chose, je crois que pour être bien dans ses baskets, pour répondre à toutes les valeurs dont on parlait un petit peu tout à l’heure. Former l’enfant à l’amour, à ce qu’il sache aimer est la base de l’éducation pour nous. Education parentale, mais qui est transférable dans le milieu scolaire. C’est vrai que c’est pas une chose qu’on dit à l’école, mais c’est sous-jacent... alors on rejoint encore le domaine de l’amour central.Tu sais il y a la parole d’évangile, aime l’autre comme toi-même. Aimer l’autre comme soi-même nécessite un pré-requis, c’est comme soi-même, c’est-à-dire s’aimer soi-même...donc ça c’est soi dans mon schéma...ça c’est incontournable. Donc il faut donc être bien dans ses baskets, s’aimer soi-même, c’est la représentation que j’ai de moi-même qui fait que je suis bien avec moi et puis aimer l’autre, ça a un rapport avec cette dimension sociale.
Bon je pars un peu dans plusieurs endroits....
Non pas du tout, parce-que j’arrive à raccrocher les wagons dans le sens où si une finalité c’est qu’il sache aimer, c’est-à-dire qu’il soit un acteur dans la société, de diffusion de l’amour, il faut comme pré-requis qu’il soit aussi bien dans sa peau, qu’il s’aime lui-même, qu’il est une certaine autonomie. Mais qu’au fond il y a aussi d’après ce que tu disais...ou c’est moi qui interprète une finalité autre qui est justement de savoir aimé au service de...
Alors oui d’accord, tu n’induis pas, je pense que tu le déduis tout à fait puisque, me situant par rapport à ma conviction de foi dont je parlais tout à l’heure ça rejoint bien le Dieu que j’ai défini comme l’amour qui est la finalité des finalités. Moi ça me rejoint dans ma conviction. Pour moi le concept de Dieu n’est ni plus ni moins que le concept de l’amour. On pourrait supprimer le mot Dieu et mettre le mot amour à la place et ce qui guide la société ce qui guide l’homme l’individu dans son originalité, dans ce qu’il est. Donc c’est ce que je veux pour mes filles, mais professionnellement parlant, c’est ce que je veux pour les autres.....
Alors on va peut-être prendre un autre volant... En fait le premier volant c’était de se dire: quelles sont les valeurs auxquelles j’adhère et qui sont celles que je crois déceler à travers le message véhiculé dans les travaux du professeur Feuerstein, dans lesquelles je me retrouve et à partir de ces valeurs, finalement, et y adhérant, quel type d’individu je veux promouvoir.
Oui c’est ça
Je voudrais que tu essaies de décrypter dans cette théorie que tu connais bien, pas au sens spirituel ni éthique, mais au sens conceptuel, quels sont les grands éléments qui rejoignent ta conception de ce qu’est par exemple l’apprentissage, le service de l’aspect ’holistique’ de l’enfant.
Donc alors là j’ai le sentiment d’y avoir répondu un petit peu tout à l’heure. Je dirais, le premier concept qui me vient c’est le domaine du médiateur. Cette médiation s’opère par les critères, j’en ai est cité quelques uns entre autres les deux derniers: alternative positive et appartenance à l’espèce humaine qui rejoint bien en effet tout ce dont j’ai parlé tout à l’heure. On pourrait en reprendre d’autres, et on peut pas y échapper, par exemple les trois-premiers critères de Feuerstein qui sont les critères de modifiabilité sont incontournables y compris dans le travail que nous faisons sur ’arche’, au niveau de l’intentionnalité. Puisque l’intentionnalité n’a pas de valeur s’il n’y a pas réciprocité, qu’est-ce-qu’on veut c’est bien que l’enfant puisse se prendre en charge se construire sa vie, et donc au niveau des valeurs.
Donc mon rôle d’éducateur, c’est d’exprimer ..... Le médiateur ne peut pas être neutre, donc il a besoin d’exprimer. C’est-à-dire que mon intention devient l’intentionnalité, donc qu’elle soit explicite. Intentionnalité dans quelle finalité, dans quel but, dans quel objectif plutôt, dans l’objectif que l’enfant m’entende et qu’il s’approprie le message, la formation, l’apprentissage. Et les deux autres critères de modifiabilité sont dépendants de cette intentionnalité parce-que, la transcendance comme la signification.... c’est de mon intentionnalité qu’il y est ces deux critères qui soient mis en oeuvre auprès de l’enfant. Donc transcendance, c’est vrai on a transcendé le mot transcendance tout à l’heure dans ma conviction de foi, mais si on ne veut pas aller jusque là, on va jusque là et je vais jusque là mais je veux dire dans la définition du concept selon Feuerstein,c’est le fait de pouvoir créer des liens entre tout un domaine du vécu passé des pré-requis.
Alors moi je vais plus loin, parce-que je dis aussi de mes groupes d’appartenance, des véhicules qui ont servi dans le passé, je parlais des invariants tout à l’heure, les valeurs qui sont transmises dans ces groupes d’appartenance sont encore d’actualité aujourd’hui et ça c’est de la transcendance c’est à dire, je peux me les approprier et je peux inviter les enfants à récupérer cet héritage là, à en profiter. Quand je parle d’héritage, l’héritage fait parti de la transcendance pour moi. Quand je reçois un héritage de ma grand-mère ou d’un cousin, qu’est-ce-qui se passe, je reçois cet héritage là, je le reçois, je l’ai, donc il faut bien que j’en prenne conscience... donc il y a une transmission culturelle là, la transmission culturelle est du domaine de l’héritage. Maintenant dans l’héritage de ma grand- mère il y a telle chose qui me plaît pas, que je vais bazarder, par contre y a telle chose qui me plaît bien, je vais le prendre. Et là j’accède à la liberté dont on parlait tout à l’heure. La liberté c’est, une fois que je sais quel est mon héritage et bien c’est de dire oui ou non, donc c’est là que je situe bien la foi, la foi c’est une adhésion ou un refus à certaines valeurs.
Donc transcendance c’est tout çà, c’est tout l’image de l’arc chez Feuerstein, qui est la métaphore chez nous du programme ’arche’, le concept d’arche est un concept de transcendance, il est véhiculé dans la bible d’ailleurs, y’a l’arche de Noë, souvent imagé par l’arc-en-ciel après le déluge. L’alliance c’est une dynamique de transcendance. Tu as dans le nouveau testament ’eche homo’ c’est l’arche concrète auprès de laquelle Pilate avec sa fragilité, j’aime bien cette fragilité çà rejoint la fragilité de l’individu, qui a permis à cet homme nommé Jésus de faire un passage entre l’ancien testament et l’histoire des chrétiens d’aujourd’hui, entre l’histoire de la bible et l’histoire du nouveau testament, par le fait qu’il a vécu pleinement l’humanité, voici l’homme ’eche homo’, par le fait que son message a été... c’est un passage, moi j’appelle ça un passage....que la culture Judéo- Chrétienne chrétienne, c’est à cette époque là à l’époque de Jésus-Christ que c’est fait ce lien.
Transcendance et puis signification, donc donner un sens, une valeur à tout cela fait partie des trois critères. Donc j’’en ai parlé déjà, la valeur que j’attribue à tout ce dont je parle, par le fait de ma foi dans l’amour et çà c’est communicable à l’enfant. Donc Feuerstein dit que ces trois critères là sont incontournables dans le cadre d’une médiation, puisque ces indicateurs de médiation permettent à l’enfant, à l’individu disons de se transformer, de se modifier. La modifiabilité au point de vue cognitif, puisque ça atteint le cognitif ici, selon la démarche de Feuerstein. Donc se modifier, moi je vais plus loin aussi, de se transformer dans ce qu’il est. La modifiabilité toucherait le cognitif, la transformation toucherait à l’être dans son ’holistique’, le côté ’holistique’ dont on parlait tout à l’heure.... Oui ça va oui bon.....donc voilà.
Donc la racine, c’est la médiation, ça rejoint tout ce que....Bon euh alors après le PEI, il est secondaire malgré tout, parce-que c’est le support, ça va être le prétexte qui va permettre de mettre çà en oeuvre pédagogiquement parlant, ’relationnellement’ parlant dans la relation éducative, mais la médiation est utilisable ailleurs y’a des transferts... médiateur ailleurs que pendant mes séquences de PEI. Concept fondamental de Feuerstein,la médiation. Bon euh... un autre concept qui me... parce-que je suis dans la mouvance actuellement c’est le travail au niveau des environnements modifiants, ça ça me rejoint bien, surtout en ce moment puisqu’on va parler de la formation de parents que j’avais mis en place, prendre en compte la dimension globale de l’enfant, c’est pris en compte aussi les autres lieux de vie qu’il a c’est pas simplement l’école ou la séquence PEI ou la séquence scolaire. C’est prendre en compte aussi et bien qu’il y a d’autres acteurs qui construisent sa personne et qu’il est important d’agir auprès de ces acteurs là, d’exprimer une intentionnalité là aussi pour que ces acteurs aient une réciprocité vis-à-vis de l’enfant, c’est-à-dire agissent dans ce sens quoi. Environnement modifiant, la formation de parents en fait partie.
Pédagogie de la Médiation (suite)
Je te remercie de prendre du temps parce que...
Ca a du sens, oui. Donner du sens à l’enseignement aujourd’hui, c’est fantastique !
Je ne sais pas moi même quels éléments je pourrais ajouter comme ça spontanément, ça va venir à l’explication je suppose.
Oui, d’accord. Donc on s’est vu en juin 1992 et puis donc là on se revoit en janvier 1996. Donc pratiquement quatre ans après ?
Oui.
On va prendre ça, peu importe l’ordre, il y a un point que je voulais creuser, bon à savoir que ma question problématique c’est bien comment comprendre l’engagement persévèrant dans la pratique d’une pédagogie innovante. Tu as été choisis parce que tu as été praticien. Tu l’es encore là, ou ?
Oui, oui.
....
Le fait de m’être senti en difficultés pendant ma période scolaire a du motiver mon engagement professionnel auprès d’enfants en difficultés.
Mais il y a un phénomène de routine qui se met en place quand tu enseignes. Tu veux faire ton cours puis tes cours sont préparés aussi d’une fois à l’autre parfois, tu n’es pas satisfait de toi en fait et tu te dis bien ça va pas, ça déconne quelque-part et à ce moment-là tu vas à la quête de ce que. Je ne sais pas si je me suis posé la question de la formation vraiment à ce moment-là, je me permets de me poser la question de changer de voie, d’envisager d’autres pistes professionnelles et je me rappelle être allé... de rencontrer un directeur de l’institut éducatif, je discutais avec lui, et ceci étant, la rencontre s’est faite avec un des responsables des frères des écoles chrétiennes qui lors d’une journée pédagogique a parlé de cette formation. Vraiment, je m’en souviens très bien, j’ai sauté là-dessus. Je me suis inscrit le premier !
Donc il y avait un malaise un petit peu, mais c’était dû à quoi, c’était le fait que tu trouvais que tu n’arrivais pas à faire évoluer les enfants ou que tu recherchais pour toi-même autre chose, une autre évolution, ou qu’est-ce qu’il se passait pour que quand même ça t’es impulsé à agir vers cette nouvelle voie ?
C’est pas vis-à-vis des enfants, parce que je me souviens que ça se passait très bien au milieu des enfants. Non. Et le regard des parents, des collègues, des enfants eux-mêmes, je me souviens bien, ils se sentaient bien, j’ai des images. Il y a la maman de Véronique qui vient me voir à cette époque-là en me disant, mais je ne comprends pas ce que vous faites avec Véronique, mais le matin, elle vient à l’école sans pleurer alors que précédemment elle venait toujours en classe ou quelque chose comme ça. Donc, c’est pas vis-à-vis des enfants, j’ai pas le sentiment de ça, c’est vis-à-vis de moi-même tout simplement. Certainement pour un mieux pédagogique, sans d’autre chose. C’est difficile de dire ça comme ça. Certainement, j’étais pas satisfait de ce que je faisais spécialement en pédagogie, je n’avais pas tellement de lecture là-dessus. On n’avait pas l’habitude du moins, que de la répétition de ce que je faisais et ça...
Tu voyais dans cette orientation, la possibilité pour toi... Alors qu’est-ce que tu voyais ? Est-ce que tu peux parler de ça ?
Ah oui, ne serait-ce que ce que je fais actuellement, déjà dès les premières fois, au niveau des formations, je me souviens très bien, la première semaine de PEI ou un petit peu avant, d’avoir proposé au fameux frère qu’était venu faire la journée pédagogique, qui est un des responsable des frères, frère N il s’appelle, lui avoir proposé de pouvoir former, faire des formations de gens, tu vois, et puis il m’avait demandé quelles étaient mes compétences. A ce moment-là j’avais entamé pour mon compte personnel, des formations, une sorte de liaison d’équipes de recherche qui proposaient des formations en relations humaines et qui m’ont ouvert à éducateur ou conseiller conjugal. J’ai entrepris ça et je me sentais des compétences dans ce domaine-là.
Oui, d’accord.
Oui, c’est ça, la communication, l’écoute, les attitudes inter-relationnelles ou ces choses-là. Et en fait, actuellement, dans les formations, je touche à ça c’est normal, mais la porte d’entrée a été différente de celle à laquelle j’ai pensé au départ, puisque la porte d’entrée ça été la formation PEI. Je suis formel. Déjà en PEI et peu à peu par cette formation là, eh bien j’ai ajouté les autres compétences.
Est-ce qu’on peut revenir sur le fondement de ton engagement.
Oui, comme nous l’avons déjà évoqué, on pourrait dire que le fondement c’est cette foi. Mon intention dans cette personne-là c’est la formulation de ’toute la pédagogie’ dans l’autre. C’est de pouvoir faire émerger toute cette richesse de la personne, ce qu’il a en lui, c’est ça la foi de l’individu en fait, ce potentiel et alors donc là un argument de tout à l’heure, c’est que je rattache ça très fort à ce qui est le plus important pour moi, qui est la valeur de l’amour. L’amour c’est bien le phénomène de deux êtres, de plusieurs êtres qui sont en communion. Dans mon itinéraire personnel ou dans mes convictions personnelles, je fais une lecture...vraiment pour moi un éclairage de la foi catholique, de la foi chrétienne, je situe Dieu dans l’amour.
De ta foi catholique, donc de ta foi chrétienne. Tu dis...
Oh, Dieu est amour. Et je découvre Dieu dans l’autre, puisque c’est dans la relation à l’autre que je fais émerger.
C’est ça. Donc ça, c’est le moteur, le soubassement de ton action.
Je pense que c’est l’essentiel.
Qui est essentiel, mais une foi qui est reliée à une croyance en Dieu.
C’est ça, tout à fait. Oui, dans un Dieu qui n’est pas le Dieu. Quand on utilise le mot Dieu, il y a toujours ce nébuleux... pour moi, c’est quelque chose de très humain enfin, si on veut, qui est l’amour qui est dans l’autre, qui est l’amour qui est en moi, c’est cette force, cet esprit d’amour là, pour moi, c’est ça Dieu et c’est ça qui me fait vivre, et c’est ça qui me fait agir, qui me fait travailler.
C’est ça. Alors en fait, c’est juste une petite parenthèse, mais par rapport à cette croyance en Dieu, ça veut dire que pour toi, il y a eu aussi, personnellement, toute une démarche de recherches, de connaissances par rapport à ça.
Je ne me rappelle plus si je t’en ai parlé, de ça, mais là quand je fais mon chemin vie, ça s’est déclenché adolescent, ça pour moi, cette prise de conscience-là, de cette foi qui a été la mienne, qui n’est plus celle de l’enfance, de ses parents, de celle de l’éducation que l’on a reçue. Le point de départ, tu sais je l’avais dis je crois, j’étais chez les frères et on nous proposait des retraites régulièrement, de réflexions avec des camarades et avec un conférencier et je me souviens bien, j’étais dans ma chambre et ça c’est révélé à moi, cette force de l’amour comme étant la chose importante dans la vie. J’ai dis ça peut être que ça Dieu, et ça, ça reste un phénomène .... et ça me fait agir.
C’est ça.
Mais c’est Dieu amour, c’est Amour. Je traiterai le mot Amour. Oui, c’est pour donner la force si tu veux, c’est pas une transcendance nébuleuse.
Alors je dirais cette finalité, elle transparait bien aussi dans le premier entretien qu’on a eu. La question que je me pose, c’est justement par rapport à cette démarche du PEI et de la médiation, il semble que ce soit cet élément-là qui ait été moteur de ton adhésion et de ton engagement. Est-ce que c’est bien ainsi ? Parce qu’au fond, le PEI quand on regarde ça de l’extérieur, c’est quand même une théorie du développement de l’intelligence avec des choses bien précises en terme de fonctions cognitives, de cartes cognitives, de critères de médiation. C’est une technique et c’est aussi une philosophie.
C’est bien de le vivre en tant que tel. Quand je revois ça, mes 4 semaines de formation, à l’époque, sur la médiation, il n’y a pas eu... on était pas armé au bout de 4 semaines pour avoir une connaissance théorique et pragmatique de la médiation. Je l’ai construite après Jérusalem avec l’atelier de travail et par le travail personnel de mon mémoire. Alors je crois que dans le PEI lui-même, je ne suis pas sûr qu’on pourra retrouver tout ce dont j’ai parlé de ce qui me pousse dans le PEI lui-même, dans la pratique du PEI, l’orthodoxie du PEI, tu comprends ?
Oui.
Le déroulement d’une séquence, la tâche et tout ça. Je crois que c’est dans ce que ça permet, le PEI permet de faire en fait par derrière qui en fait permet de développer cette force et cette puissance humaine chez l’enfant qui est essentiel qui est en lui, qui permet de jaillir. Dans la lecture, ça me parait beaucoup plus évident. La foi que j’ai dans l’autre, la foi que j’ai dans l’enfant, dans l’homme par ce fait qu’il puisse grandir, qu’il puisse être épanoui lui-même, ne pouvait que trouver une... être satisfaite dans une pratique qui permettait cela.
Alors, par rapport à la démarche même ?
Quand je fais une séquence de PEI, je respecte la démarche. C’est ça, faire l’analyse de la tâche, chercher les transpositions. Un travail de méta cognition, c’est-à-dire qu’est-ce que je fais, une synthèse conceptuelle, donc toutes ces étapes-là sont présentes et je les respecte. Si je prends des ARL, c’est pas pareil, ça ne touche pas la même chose. Le PEI est plus fonctionnaliste, il permet de faire fonctionner, les ARL sont quand même plus constructivistes. Donc je pense qu’on travaille... on est dans la même rubrique, mais on travaille quand même autre chose, donc il y a besoin à mon avis, des deux. Il m’apparaît intéressant de travailler la stratégie cognitive au départ, mais là ou je dirais que ça ne suffit peut-être pas, il y a besoin d’un entraînement et que le PEI apporte cet entraînement, c’est à dire par 540 pages. Moi, je dis que c’est comme le sportif, le sportif, c’est pas en faisant un truc une fois que ça ce... Alors je fais le mariage des deux.
Donc, en fait ça veut dire que tu est ouvert, en fait, à d’autres méthodes, d’autres systèmes.
C’est une soif. Le PEI, on a dit tout à l’heure que j’avais besoin de formation, mais le doigt dans l’engrenage du PEI a amené une soif de formations complémentaires. La preuve, c’est que j’ai fait le CAPSAIS, la preuve, c’est que je me suis inscrit au DEUG, que j’ai fait toutes les formations dont on a parlé, PEI, ARL etc. Oui, mais est-ce qu’un programme suffit, suffirait pour développer le potentiel complet de tous les... d’un individu ? J’en suis pas persuadé ! Je crois qu’il est important d’avoir des éclairages divers, et puis en plus ça c’est encore le PEI qui m’a dynamisé. Le PEI est bien le moteur, mais on peut apporter d’autres éclairages complémentaires.
Tu avais envie de faire un formation d’adultes pour toi-même, le sens est aussi éducatif pour une meilleure pédagogie auprès des enfants, un sens peut-être pour toi-même, je sais pas comment ? Est-ce que tu pourrais éclairer ça ? Donc il y a eu quand même beaucoup de formations ? Et comment tu expliquerais, au fond pour répondre simplement à une question, qu’est-ce que tu cherches en fait, qu’est-ce que tu recherches à travers ça ?
Certainement, je cherche à me réaliser en même temps. C’est-à-dire que par ce que je fais, je cherche à réaliser l’enfant qui est en face de moi, les enfants qui sont en face de moi, les adultes ou les enfants... mais que c’est pas étranger non plus à son besoin personnel de faire émerger son potentiel dans la totalité, quoi. Non, je suis bien dans mes baskets, dans ma peau de ce que je fais, je sens bien que je me réalise comme cela.
Avant, je disais... j’étais pas satisfait de moi. Je sens bien cet écart, je vois bien le chemin qui s’est fait en l’espace de sept, huit ans et si, si, je réalise davantage.
Et par rapport à ta foi, est-ce que tu relies ça quelque part par rapport à ta recherche spirituelle, est-ce qu’il y a un lien, là ou pas ?
D’une part il y a un double lien par le fait que je dis que l’essentiel pour moi simplement c’est l’amour et que c’est ce que je veux faire chez l’autre, mais c’est par amour que je fais ça vis-à-vis de lui. C’est l’amour qui est chez lui que je veux qui émerge en même temps, c’es-à-dire que s’il est bien dans ses baskets, dans sa peau, dans sa tête, dans son coeur, il ne peut que découvrir l’amour et être pleinement heureux.
Donc ça c’est un élément. L’autre élément, c’est la lecture dans les faits de la foi. J’ai lu un texte que j’aime beaucoup dans l’Evangile, c’est le texte d’Emmaüs. La rencontre de Jésus avec Emmaüs qui me fait dire que nous sommes, ces disciples-là, ces gens-là qui se promènent, enfin, qui ... dans la vie et que il y a trois choses qui nous parlent, c’est un : c’est l’événement, les événements de la vie sont un langage de Dieu. Alors les événements, moi, dans ma pratique, c’étaient cette profession que j’avais et cette routine aussi que j’avais aussi dans cette profession. Deuxième élément, bon, c’est la rencontre de quelqu’un, la rencontre d’une personne qui... dans la lecture un disciple à la rencontre de Jésus, la rencontre de ce frère Nicolas qui nous a proposé cela, la rencontre des gens avec lesquels je me suis formé, en amont toute ma vie personnelle, tout ça, ça compte et puis le troisième élément qui nous parle, c’est lui, il dit reprenons nos écritures il leur explique....
Donc, je crois aussi dans le sens que je peux donner quand je vais chercher dans les écritures quelque chose qui a rapport avec ce que je vis. Donner du sens, c’est-à-dire que ce que je vis... est un langage, un langage de Dieu, pour moi, dans les événements que je vis, il veut nous dire quelque chose, dans les relations ça se conçoit ensemble si tu veux à la limite, simplement ça veut dire quelque chose que je ..... en même temps, mais le fait de me faire parler de tout ça, va me révéler quelque chose de moi-même donc, ça c’est le langage de Dieu et puis dans la source des écritures, si tu veux pour découvrir le sens que ça a, le lien que ça a.
Et dans ces écritures, tu dis en fait ça te renforce aussi dans cette pensée et ça te fait découvrir et ça renforce dans tes convictions.
La preuve en est, tout à fait. Oui, tu reformules bien. La preuve en est c’est que je viens de te faire une référence, d’écriture pour expliquer ce que tu demandes, tu comprends ?
Oui. On peut dire que tu es quelqu’un...
De Foi.
On peut dire que tu es engagé spirituellement et tu es engagé dans ta pédagogie aussi, par rapport à cette foi, tu es engagé, c’est-à-dire que tu es actif, je veux dire.
C’est ça oui, mais c’est pas simplement... c’est toute ma vie. Oui, toute ta vie, mais bon, ça renvoie à quelque chose de...
C’est ça, oui, parce qu’en fait dans le premier entretien, on voyait à quel point tu avais fait aussi beaucoup d’activités parallèles d’engagement par rapport au collectif ?
Tout à fait. C’est un signe aussi.... Le concepteur du PEI, c’est évident, il transpire de cette foi-là, de la foi dans l’homme. C’est un humaniste, en plus cet humaniste là, il est éclairé de la vie humaine, il va puiser dans ses racine juives, donc à ces ancêtres juifs, et c’est vrai que je me reconnais bien dans ce qu’il dit, là. Le fait de me reconnaître dans quelque chose qui était affirmé qui me rejoignait dans mon identité.
Dans ton identité. De te reconnaître dans quelque chose qui te rejoignes dans ton identité, tu as parlé de l’homme aussi. Est-ce que tu pourrais un petit peu développer ça aussi, j’aurais aimé que tu en parles... de te reconnaître dans un homme, l’homme en tant que le professeur Feueurstein, en tant de ce qu’il est, en tant que personne, de ce que tu peux connaître de lui, je sais pas... Quel impact il a eu sur toi, quand tu disais t’as rencontré le frère C., le professeur Feuerstein en tant que personne, qu’est-ce qu’il s’est passé là ?
Oui, mais la première image que j’ai de Feuerstein, la première fois que je l’ai vu, c’est à l’atelier de Jérusalem, quand j’étais à l’atelier de travail, où à la conférence de traduction il est entré après tout le monde et il était... on a pas repéré qu’il était rentré, si vous voulez, on remarquait qu’il était là, on le connaissait bien, mais c’était pas le grand tambour et trompette et tout ça, c’était déjà une simplicité, qui va dire bonjour aux uns et aux autres et qui se mêle à... Déjà une relation de simplicité.
Tu avais bien aimé ça ?
Ah oui, oui, moi, ça m’a frappé parce que j’y repense encore sept ans après ! Donc c’est... Et puis bon, indépendamment de sa transmission dans l’information et de son message et de tout ce qu’il vit et ce qu’il croit, j’ai eu des contacts plus personnels avec lui dans cette formation-là, enfin un des contacts les plus personnels, ça été un petit déjeuner. Là, il m’a parlé à moi en tant que moi, tu vois, il ne parlait pas simplement au groupe et c’était le lendemain de la veillée qu’il y avait eu sur la remise des diplômes aux enfants trisomiques qui avaient reçu une formation, qui m’avait fortement impressionné. Les progrès de ces enfantslà, comme tout le monde, je le dis dans mon mémoire... Ce délégué d’enfants là, qui était sur le podium avec tous ces .... là et qui s’exprimait tout simplement comme tout un chacun, mieux que je ne l’aurais fait, ça m’avait impressionné et donc au petit déjeuner, le lendemain matin, on se servait donc des fruits et de tout ce qui nous était proposé là, et il m’a dit alors, hier... qu’est-ce que vous en pensez ?... Comment vous avez vécu cela, et tout ça ? ... Et c’est là que je lui ai dit ce que je dis par rapport à ... cet émerveillement que j’avais eu, cette surprise que j’avais de ces enfants qui avaient une formation comme cela, comme tout un chacun. Pour quoi est-ce une image qui m’a marqué de ce petit entretien rapide autour du QI et puis on s’est revu à d’autres occasions dans la formation, pas dans des discussions comme ça à deux, mais on s’est salué comme ça, et quand je suis revenu en France, on a été plusieurs années sans se voir et j’allais de temps en temps à des conférences, et à une conférence il se trouvait... là je rentre dans un circuit plus intime à lui, mais j’étais assis au bord de l’allée et lui parlait et quand il termine son discours... il sortait, il passe à côté de moi et il m’a reconnu ! Cette reconnaissance m’a marqué ! Parce que tu vois, dans l’allée, j’étais tout dans le fond, sur le bord de l’allée, du podium jusqu’à ce qu’il arrive à ma hauteur, il a marché tout en disant bonjour aux uns et aux autres, moi, il s’est déplacé, il est venu me serrer la main. Il y a avait une reconnaissance. C’est vrai que dans ce message, il y a toujours un message qui renvoie aux enfants, au sentiment compétent. En même temps ce défi pour essayer de creuser les choses Essayer de creuser les choses. On sent qu’il vit ce qu’il dit, quoi ! Et qu’on est reconnu dans le regard qu’il porte.
Donc, tu sens que sa personne a été importante pour toi en même temps par rapport à l’adhésion à la pédagogie aussi ?
Oui. Même s’il ne m’avait pas parlé personnellement, je pense que j’aurais agi dans le PEI et tout ça. Mais c’est vrai que le regard de foi que l’autre porte sur toi et à cette occasion la reconnaissance, le poids d’une main... ne peut être que dynamique pour continuer d’agir, continuer de pratiquer, continuer.... je disais que je me souvenais aussi quand j’étais à l’atelier de Jérusalem, quand j’avais la barbe et les cheveux un petit peu longs, tu vois, un petit peu le style juif, et ça je me souviens qu’il l’avait signalé à un moment donné. Mais aussi le fait qu’il m’ai reconnu, qu’il... il y a là aussi une appartenance qui serait... qui ait crée le fait d’une reconnaissance.... ça, ça m’a marqué un peu, la preuve je t’en parle...je crois que c’est un confort, j’ai été conforté, je me sens rejoint, tu comprends ?
Donc, c’est pas simplement le domaine de la pédagogie. Il y a autre chose, il y a ce que nous sommes nous par rapport à cette pédagogie-là, il y a toute notre histoire, il y a toute notre expérience, il y a toute notre foi dans l’autre...Avant la pédagogie, c’est la relation qui est importante en fait, la relation à l’autre, c’est l’amour. On rejoint en fait, on fait le tour.
Depuis la dernière fois qu’on s’est vu, tu dis, j’ai changé...
J’ai pris conscience des qualités, du charisme que j’avais, dans ce potentiel- là, de la cognition, de la conscience de ce que j’étais. Avant je ne me posais pas de questions si tu veux, maintenant je fais et je sais que je fais ! Oui, c’est ça, je me suis découvert moi-même, comme j’étais avec toute la force, la puissance que j’avais en moi. C’est à dire qu’à partir du moment où tu prends conscience, tu optimise. C’est-à-dire que tu le mets en oeuvre beaucoup plus parce que le fait de prendre conscience, te donne confiance en toi. Il y a un lien entre conscience et confiance. Et en ayant confiance en toi évidemment, tu es plus énergisé tu t’investis plus, ça te motive encore.
Ca veut dire au fond, que la rencontre d’une personne, la rencontre d’une pédagogie, d’une méthode t’a ouvert vers d’autres champs et tout ça, dans la voie d’une découverte aussi de toi-même en fait ?
C’est vrai. T’as raison de poser la question là, parce que pour moi-même c’est un élément de ma modifiabilité, prise de conscience de ce phénomène qui automatiquement grandit encore plus ce potentiel là.
Ca rejoint ce que tu disais tout à l’heure au sujet de... moi je parlais de crise, de situation, d’expérience, en fait, toi tu parlais de lecture des livres d’Emmaüs, de rencontre, de situation, etc. Donc, là on retrouve cette idée de...
Ah tout à fait, oui, oui. T’as raison de remettre ça en connexion avec ce que j’ai dit tout à l’heure, par la rencontre, par les dénouements de la situation, etc. Et puis certainement aussi dans la lecture... les lectures..on se découvre soi-même, on prend conscience de soi. !
D’accord.
Certainement qu’il y a eu d’autres choses, d’autres personnes, c’est pas une personne seulement qui... Ce qui est sûr, ce qui a été le starter au départ de ce cheminement-là, est la formation PEI, le fait d’avoir entamé une formation PEI. Je ne dis pas que c’est la formation qui m’a transformé... enfin quand même ! Mais c’est que pour moi, ça été le point de départ.
Comment tu te qualifierais en terme de nature, maintenant, cet engagement PEI, cette adhésion, comment tu la qualifierais ?
Je dirais que c’est purement dynamique.
Dynamique, oui. Une adhésion...Ca te fait grandir, ça te fait tout découvrir, ça te fait vivre avec l’autre, comme on disait tout-à-l’heure, ça fait émerger chez lui toute sa sagesse.
Alors on a parlé beaucoup de choses par rapport à l’aspect dynamique, l’aspect positif. Est-ce que dans ta pratique du PEI ou encore maintenant, est-ce qu’il y a des moments ou je dirais plutôt des difficultés, des doutes par rapport à cet engagement, par rapport à cette méthode, tu vois, tout le versant plus de...
Non, c’est peut-être dommageable mais j’ai pas de doute. Par contre je pense que je n’ai pas tout fini de découvrir... la satisfaction est dans le fait que je sens bien que c’est un chemin et puis qu’il y a pleins de chemins complémentaires à... l’ARL, la vie affective avec la motivation ’you can do it’ ou quelque chose comme ça. Même si je ne m’enferme pas dans ’you can do it’ au-delà du PEI je dirais il y a tout cet aspect affectif qui est en jeu... Dans toutes ces formations complémentaires... me montrent aussi qu’il y en bien d’autres encore à trouver le potentiel humain est tellement vaste que ça...là, je reste encore en consommation d’insatisfaction si tu veux.
Tu as envie de découvrir encore.
Oui, c’est pas fini quoi, mais par contre par rapport à ce que je fais et à ce que j’ai fait, je ne suis pas dans le doute.
D’accord. En fait, le désir, de quête, d’aller plus loin, on le sent à travers tout ce que tu as pu dire et là tu réexprimes... c’est un désir qui est un petit peu sans fin finalement.
Oui, c’est ça, absolument, c’est sans fin. Nous sommes des êtres inachevés, nous ne sommes pas finis.
Qu’est-ce que c’est que cette recherche, comment tu la qualifierais, tu désires quoi, qu’est-ce que tu...?
C’est l’épanouissement de l’homme dans sa globalité je parlais d’un projet pédagogique de la dimension holisyique de l’individu, c’est cette globalité-là, c’est tous les aspects de l’individu qui sont mis en jeu. La globalité de l’homme ! La finition de l’homme. L’homme fini, qui n’arrivera jamais à être fini.
Donc c’est au fond une recherche presque... du dis... tu n’arriveras jamais à être fini. C’est une recherche de Dieu.
Tout à fait.
Enfin c’est moi qui...
Non, c’est tout-à-fait ce que j’avais dans la tête tout à l’heure. C’est-à-dire que bon, est-ce que nous serons fini un jour ? Je ne sais pas, on ne sait pas comment on peut vivre après la mort mais il est certain que le modèle que nous avons de la perfection, de l’achèvement total, c’est dans l’unicité de Dieu. La perfection, qui veut dire qu’il n’y a rien qui ne lui échappe, il est le tout. C’est bien vers ça qu’on tend là. Et alors, cette perfection là, qui n’est pas simplement bonne foi nébuleuse pour moi, c’est le fait que nous soyons nous mêmes une expression d’amour, complètement. En communion les uns avec les autres d’amour Toutes les valeurs qui sont autour, ça me rejoint.
D’accord. Donc tu disais.. pas de doute par rapport à...
Non, non. J’ai pas de doute par rapport au PEI, non, non, C’est des compléments qui ont été apportés au PEI, et qui m’ont permis d’avancer, qui me laissent penser que je n’ai pas fini. C’est ça. Si tu veux, si je reprenais au départ ma formation maintenant, si je reprenais le PEI sachant ce que j’ai vécu depuis, je mettrais un doute sur la fonction PEI en disant qu’ il y a d’autres choses.
Oui, d’accord, oui, oui.
Alors qu’au départ le PEI, c’est vrai que c’est devenu comme un tout en soi et ça nous était présenté comme ça d’ailleurs. Bon c’est vrai qu’on relativise les choses et qu’on apporte d’autres apports. C’est une adhésion. Donc, je ne veux pas dire que c’est là, la solution... à soi.
En soi par rapport à la démarche. Donc tu disais que c’était ouvrir à d’autres méthodes et je pense par exemple aussi à la Gestion Mentale. T’en parles très rapidement dans ton texte-là, comment tu te situes par rapport à la pédagogie de la Gestion mentale ?
Je ne sais pas, je réfléchissais il y a quelque temps. Je dois avoir une dizaine de jours de formation en Gestion Mentale. Bon, cette pratique-là, elle s’inscrit dans une démarche incontournable de l’application. C’est-à-dire que si je veux être médiateur... il faut que je sois attentif à cet aspect-là, à cet éclairage-là. C’est ce qu’apportait A. de la Garanderie. Dans le fait de la diversité des gens qui sont à côté de moi, des enfants qui sont à côté de moi. Des manières de penser, des manières d’évoquer. Le médiateur est celui qui prend en force là, donc c’est cet aspect-là qui renforce, mais je n’ai peut-être pas assez de formation à la Gestion Mentale pour exprimer une foi identique, que je peux avoir par rapport à ce que j’ai fait dans les formations autres.
Et si par exemple tu avais rencontré la Gestion mentale en premier je dirais, alors supposons alors la théorie avec une personne d’un certain charisme, est-ce que tu penses que ça aurait pu être ta ?
Je ne peux pas dire, je ne l’ai pas fait. Je ne sais pas. Si c’était quelqu’un qui avait le charisme de Feuerstein, parce que c’est vrai que Feuerstein il m’a marqué, c’est vrai qu’il m’a marqué, qu’il me marque. Oui, certainement, j’aurais été...Je ne me sens pas assez formé.
Donc ce que tu as reçu au départ, c’est surtout la diversité des... enfants.
Oui, justement, je sais qu’il n’y a pas que ça. Il y a plein de phénomènes qui m’échappent là-dedans, parce que c’est vrai que la Gestion Mentale n’est pas que de visuels et d’auditifs. Il y a une pédagogie de projet derrière, il y a... surtout la notion de différence. Et c’est un tout petit bout de la Gestion Mentale justement, et c’est certainement ça que je mets en pratique. Mais on ne peut pas parler que je trahis la Gestion Mentale.
Tu dis : je connais pas assez.
Non, je le sais bien, je le sens bien et j’ai lu, donc je sais bien qu’il y a autre chose aussi à côté, hein. La lecture ne suffit pas pour être formé !
Tu veux dire que tu as lu certains livres, des bouquins.
Oui, c’est ça, j’en ai plusieurs à la maison...
T’en a lu plusieurs et tu as eu quand même dix jours de formation !
Oui, tu vois, vraiment, ça ne me suffit pas ! vraiment, je ne sais pas s’ils servent, je ne sais pas si ça a une fonction, je me suis interrogé, mais tu vois ce qui m’intéresserait beaucoup, c’est le profil pédagogique eh bien, je suis incompétent pour faire un profil pédagogique j’aurais besoin d’être formé si je voulais un petit peu travailler dans ce registre.
Alors justement, tu... es intéressé par le profil pédagogique donc, c’est quelque chose d’un petit peu cadré... J’ai oublié de te le demander tout à l’heure, est-ce que le fait que la méthode... la pédagogie de la médiation soit cadré, c’est à dire avec une technique, avec... est-ce que pour toi ça été un aspect qui t’a intéressé, sécurisant, parce que tu avais un cadre, est-ce que ça a joué pour toi ?
Oui, certainement !
Est-ce que ce côté technique t’a intéressé ?
Oui, je crois que je suis sensible en effet à un pragmatisme, un protocole tu vois, il y a des termes qui sont révélateurs ! Je crois que mettre ça dans un cadre en effet, le cadre c’est bien un repère qui est structurant et stabilisant ; je le pense en tout cas. Bon je pense à une petite idée par rapport à la Gestion Mentale, on parlait du charisme des personnes aussi, c’est certainement le charisme des formateurs... y sont pour beaucoup aussi, ici et j’ai pas un bon souvenir de toutes les formations que j’ai faites sur la Gestion mentale par rapport au charisme des personnes....
La filiation est un élément très fort pour moi. Quand il utilise le mot filiation pour moi, c’est le sentiment d’appartenance, qu’il y a derrière. Question d’héritage et tout ça.
Parce que j’en suis conscient, dans les formations que j’ai eues, et ça m’aide cela dans l’attention que j’ai par rapport aux autres, quand je suis en situation de maître et quand je suis en situation de formateur, parce que je sais que ça joue.
Oui, d’accord. Ca c’est une grille d’analyse un peu pour toi !.... Qu’est-ce qu’on dit de toi, ou comment tu te situes ? Justement, est-ce que tu aurais dans ta personnalité, des caractéristiques particulières qui font que tu es un innovateur, puisque tu t’engages dans de... ? Mais, c’est vrai que c’est un peu flou comme question ?
L’image qui est renvoyée, c’est vrai que c’est une image...Alors, avant ma formation, l’image qui m’était renvoyée, qui me colle encore à la peau, toujours, c’est... j’étais un utopique, j’étais un peu rêveur un petit peu, je me souviens très bien dans les années d’enseignement et tout ça... Aujourd’hui, l’image c’est encore dès fois ça, mais maintenant, je défends l’utopie en fait parce que l’évangile, Jésus-Christ comme c’est un modèle pour moi, je le défends dans le fait que cette utopie est réaliste, c’est-à-dire que si en même temps, on rêve d’un monde meilleur où l’individu grandit, vit.... En même temps c’est pas simplement un rêve, c’est qu’on agit en pratique, on transforme, on pratique, donc c’est une utopie réaliste.
Alors aujourd’hui les gens disent moins ça ou le dise pas pareil. Et qu’en connaissance de ce que je suis, je suis bien. Je suis un positif ! Je me sens reconnu. Peut être qu’avec les autres aussi, je ne me sentais pas reconnu avant. Tout à fait, justement, le rêveur. Je pense que les gens reconnaissent ça, ils savent... on le voit bien parce que je produis des écrits, des mémoires, c’est pas simplement du rêve, et ils voient bien ce que je fais en pédagogie, ils voient bien la responsabilité que j’ai au sein du collège avec mes élèves, etc. Je pense que ça, c’est pas ce qui... Je me rappelle la dernière... avant Noël, on a eu une journée pédagogique, avec les collègues du SEGPA et avec une autre SEGPA, à un moment donné on parlait de l’image qui est véhiculée dans l’enseignement, des enfants en disant, c’est pas possible, de toute façon, ils ne trouveront jamais de travail, surtout ceux-là ! Je dis c’est pas possible, c’est pas ça je crois qu’ils vont s’insérer dans la société autrement, je ne peux pas travailler, j’ai la foi et puis après, j’ai dit c’est pas simplement ça, mais regardez, nous avons nos référentiels qu’on a construit. Ca fait des pages et des pages que nous avons dessus et qu’on met en pratique, c’est pas simplement une foi qui est démunie de pragmatisme.
Oui, oui, d’accord. Alors là, je voudrais revenir à quelque chose...tu parlais d’utopie, donc tu as bien un idéal quand tu vois par rapport à ta pratique pédagogique auprès des enfants, quel est l’idéal d’enfant qui serait à promouvoir dans le système d’éducation ?
C’est l’idéal d’enfant ou l’idéal d’humain. En fait l’idéal d’enfant, il est fort.
Bien oui, parce que l’enfant n’est qu’un potentiel d’homme à devenir, d’adulte, donc c’est bien vers là qu’on travaille.
Si on met le lien avec ce que j’ai dit précédemment, l’idéal d’homme c’est un homme qui aime et qui se sent aimé et donc tu vois on revient à l’amour. Alors ça, c’est pas... je dirais que c’est pas spécialement les formations qui me font dire ça, parce que avec mon épouse, je me souviens du baptème de mes filles, des faire-parts et qu’ on avait écrit justement qu’est-ce que vous souhaitez de mieux pour vos filles. S’il y a un idéal humain chez quelqu’un, c’est bien chez ses propres enfants. Et je me souviens avec mon épouse, on avait dit ce qu’on souhaitait avec mon épouse c’est qu’ils aiment. Je crois que si on aime, on est heureux ! Si on aime, on va se sentir aimé parce que l’amour est contagieux. On se sentira bien, ça c’est sûr ! C’est que ça qui peut faire des enfants heureux !
Tu m’a vu deux fois, comme ça et je trouve ça qu’avec le temps, c’est intéressant parce qu’on sent que tu as une constance, un substrat qui est.. Voilà !