Déjà en 1960, l’architecte Paul Maymont95 dessina un projet de cathédrale oecuménique de 300 mètres de haut (fig. 20).
« ‘Selon moi la plus belle église c’est une forêt où l’on se réunit comme les druides devaient le faire’ », précise Paul Maymont, « ‘Dieu est partout, alors pourquoi vouloir le confiner dans une boite? A mon sens il y a suffisamment d’églises. Si l’on veut envisager de nouveaux lieux de culte, on peut songer aux grottes, aux tentes. Après tout une tente de cirque peut très bien servir d’église qui est d’abord un lieu où l’on se réunit. Plusieurs de mes étudiants ont étudié des cirques mobiles qui pourraient faire des églises merveilleuses. Moi-même j’ai dessiné un projet d’église que je n’ai encore jamais publié et qui date de 1960. La structure de cette église est composée de mats qui supportent un vélum en toile ou en plastique. L’idée de cette église m’est venue en réfléchissant à l’église de Niemeyer à Brasilia qui n’est pas fermée. J’ai pensé que la forme était belle mais qu’il ne s’agissait pas encore d’une architecture. J’ai voulu montrer qu’on pouvait réaliser une structure cohérente. Perret disait que dans la conception d’un bâtiment on doit pouvoir arriver à un point où l’on ne doit plus pouvoir ajouter ou retrancher quoi que ce soit. C’est le cas dans ce projet d’église’»96.
Même s’il revendique une dimension oecuménique, le projet de P. Maymont s’offre d’abord comme une réflexion critique sur les systèmes constructifs. En effet, l’ossature, ici métallique, de l’édifice est recouverte d’une enveloppe constituée de voiles tendus en matériau textile ou plastique. En utilisant ce procédé architectonique, qui s’apparente à celui de la tente, P. Maymont renverse l’un des principes de la conception architecturale traditionnelle. En effet, les efforts de traction, engendrés par la force des vents sur les voiles, conduisent à attacher la cathédrale au sol et à écarter l’image traditionnelle de l’église pesant sur ses fondations.
« Du fait de l’allégement des matériaux », indique P. Maymont qui évoque ici ses recherches sur les structures tendues, « ‘le poids de ces constructions devenait infime et il fallait donc prévoir un ancrage travaillant en traction. C’est ce principe que j’ai également appliqué dans la conception de mes cellules juxtaposables et superposables’ »97.
Paul Maymont (né en 1926). Après des études secondaires à Marseille, P. Maymont s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1945. Elève d’Auguste Perret, de Paul Herbé et d’Eugène Beaudoin, il est diplômé architecte D.P.L.G. en 1957. Grâce à une bourse d’études il part au Japon en 1958. Il met alors au point un procédé de construction asismique. Parmi les nombreux projets d’urbanisme dont il est l’auteur, on peut citer celui d’une ville flottante et mobile pour Tokyo et celui d’une ville asismique pour Monaco.
Paul Maymont, entretien accordé à l’auteur le 12 juin 1997 à Paris.
Ibid.