b) Projet pour une Colline de la Foi Yona Friedman, architecte.

L’architecte Yona Friedman98 conçut durant les années 1966-67 un projet d’église oecuménique qu’il reprit au début des années quatre-vingt.

« ‘L’idée m’a été présentée par André Parinaud », se souvient Y. Friedman, « dans une première version j’avais appelé mon projet “Une église verte”(fig. 21). La structure aurait été en verre des deux côtés et à l’intérieur cela aurait été comme une serre »99. « En fait », poursuit Y. Friedman, « j’ai ensuite appelé ce projet « La colline de la foi » car il comprenait  une église, une mosquée et une synagogue. (...) C’est un projet qui n’a pas été publié (fig. 22 et 23). Il s’agissait d’une église démontable et remontable composée d’une ossature dans laquelle se glissaient les panneaux des parois. Ce qui m’intéressait, c’était l’idée qu’à partir d’un élément structurel de base, on puisse aboutir à une incroyable variété de formes et faire que la structure soit maniable par l’usager. Je voulais que cela puisse changer vite comme les cathédrales ont changé, mais durant des siècles, que cela ne reste pas une forme fixée par le planificateur ni même par le maître d’ouvrage. André Parinaud m’a emprunté la maquette pour la montrer au cardinal Lustiger100. Mais l’idée de départ n’était pas de moi, j’ai seulement prêté une maquette et je ne sais pas comment l’entretien c’est passé’ ». Y. Friedman eut l’occasion de montrer son projet lors d’un colloque, auquel il avait été invité, organisé par le cardinal Daniélou101. « ‘Il s’agissait d’un colloque tout à fait oecuménique’ », raconte Y. Friedman, « ‘je fus surtout impressionné par le représentant de la foi musulmane, un savant chiite iranien, (c’était longtemps avant Khomeyni), savant qui a insisté surtout sur un fait : il estimait que la mosquée ne doit pas être conçue comme un bâtiment, que la mosquée est mobile et que le musulman qui a son tapis de prière emporte sa mosquée avec lui. Je crois que c’est très juste. La première mosquée, au Caire, lors de la conquête de la ville par les musulmans, a été délimitée par quatre lances plantées dans le sol. Il n’est pas nécessaire de réaliser autre chose. Durant l’antiquité, le temple se bornait à être l’abri du dieu. Mais l’ensemble des manifestations religieuses ne se passaient pas dans le temple. Le temple de Salomon, c’était exactement le même chose, le public se rassemblait sur le parvis. Mes projets d’églises sont basés sur cette même idée de parvis commun’ », conclut Y. Friedman102.

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Fig. 21 : Eglise Verte, Yona Friedman architecte, 1966-67, 1980.
[Note: (Archives de Y. Friedman).]
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Fig. 22 : Eglise Verte, Yona Friedman architecte, 1966-67, 1980.
[Note: (Archives de Y. Friedman).]
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Fig. 23 : Colline de la Foi, Yona Friedman architecte, 1966-67, 1980.
[Note: (Archives de Y. Friedman).]

Deux lieux de culte oecuméniques furent édifiés en 1968 dans le diocèse de Grenoble.

Notes
98.

Yona Friedman (né en 1923). Originaire de Hongrie, Y. Friedman est diplômé architecte de l’Institut Technologique de Haiffa en Israël. Il vit et travaille à Paris depuis 1956. Il a publié en 1958, son manifeste sur L’Architecture Mobile. Il est l’auteur de nombreux projets d’urbanisme qui développent l’idée d’une architecture spatiale mettant en jeu la participation des usagers.

99.

Yona Friedman, entretien accordé à l’auteur le 12 juin 1997 à Paris.

100.

Jean Lustiger (né en 1926). Archevêque d’Orléans en 1979, puis archevêque de Paris après le décès de Mgr Marty.

101.

Jean Daniélou (1905-1974). Prélat français, cardinal en 1969.

102.

Ibid.