5) Faut-il encore construire des églises ?

L’hypothèse de la fusion des communautés catholiques dans le tissu social, de la suppression de toute distinction architecturale

En 1970 les Editions du Cerf publient un ouvrage dont le titre - Faut-il encore construire des églises ? 177- résume la question fondamentale que se posent alors les membres du Comité National des Constructions d’Eglises (C.N.C.E.).

Les membres du C.N.C.E. ont en effet pris conscience, en particulier à l’occasion des débats qui ont agités le colloque sur l’implantation des lieux de culte dans l’aménagement du territoire en 1965, qu’il ne suffit pas, pour résoudre la question de la nature de la présence de l’Eglise dans la ville, de nouer des relations plus étroites avec les responsables de l’urbanisme ou de chercher des moyens de financement nouveaux.

Afin de tenter de définir de nouveaux types d’églises qui répondent aux questions soulevées par la remise en question de la paroisse traditionnelle, qui favorisent l’apostolat des milieux sociaux déchristianisés et qui tiennent compte de la mobilité des populations, le C.N.C.E. entame à partir de 1967 diverses recherches. Dans le cadre de celles-ci, il organise deux tables rondes qui se déroulent les 2 décembre 1968 et 3 mars 1969.

La première de ces tables rondes réunit des sociologues, la seconde des théologiens.

Les sociologues soulignèrent qu’il devenait banal d’affirmer que les relations de voisinage n’étaient plus le facteur unique ni principal des relations sociales dans le monde urbain. La raison de cette évolution est attribuée à la banalisation de l’usage de l’automobile qui accroît le rayon d’action du citadin. Celui-ci n’est plus contraint de limiter ses relations au voisinage de son quartier. De même, il apparaît qu’il n’existe plus de cohérence géographique entre le quartier d’habitation, le lieu de travail, l’endroit où les citadins font leurs achats, etc. Dans le monde urbain, remarque le père Delalande, l’homme se révèle écartelé « ‘entre son lieu d’habitation, ses lieux de loisirs, le centre commercial, le centre administratif... qui sont disséminés sur l’étendue de l’agglomération’ »178. Il constate également que le citadin, désormais habitué à une mobilité quotidienne et à des migrations hebdomadaires et saisonnières, s’est transformé en « ‘un ‘animal à quatre roues’ au lieu d’être un bipède’ »179. Le citadin évolue désormais parmi un réseau complexe d’équipements et de pôles d’intérêt à l’échelle de la ville ce qui conduit de nombreux prêtres à penser que l’agglomération urbaine constitue l’unité pastorale de base. En effet, les phénomènes ne peuvent plus être appréhendés à l’échelle du quartier mais nécessitent néanmoins d’être différenciés selon qu’ils intéressent plutôt les centres commerciaux, le campus universitaire ou la zone industrielle.

Parallèlement, certains prêtres constatent que la complexité du mode de vie urbain s’accompagne chez de nombreux de citadins d’un phénomène de repli sur de petites communautés « à taille humaine ». Ces prêtres participent ainsi à la multiplication de petits groupes chrétiens dans lesquels ils voient l’unité pastorale élémentaire d’un  Eglise « ‘en diaspora, en situation missionnaire’ ». Ces « mini-groupes chrétiens », apparaissent comme une alternative à l’Eglise figée dans de lourdes structures fonctionnelles. Il s’agit au contraire de greffer l’Eglise dans le tissu social, de l’articuler - la métaphore biologique s’impose - « ‘sur les micro-cellules dynamiques de la vie urbaine’ »180.

Pour d’autres prêtres, le phénomène sociologique le plus caractéristique du monde urbain contemporain se traduit par la dislocation des milieux sociaux. Cette analyse les conduit également à envisager l’abandon des paroisses classiques fondées sur les zones d’habitat au profit d’unités pastorales de base liées aux milieux socioprofessionnels ou sectoriels. Dans cette optique, « ‘l’aumônerie du monde universitaire, étudiant ou scolaire, la paroisse du monde indépendant, etc.’ »181 formeraient, au coeur de la ville éclatée et pluraliste, un maillage social souple déconnecté de tout découpage géographique figé.

Si, à la fin des années soixante, la paroisse et son église demeurent le cadre dans lequel s’exerce généralement le culte catholique, le clergé observe néanmoins que de nombreux fidèles tendent à échapper à la juridiction administrative de leur curé territorial. En effet, de nombreux groupes d’action catholiques, les élèves des lycées et les étudiants catholiques sont en relation entre eux et avec des prêtres en dehors de l’emprise paroissiale.

De plus, le clergé constate que la mobilité générale des citadins a une répercussion importante sur la fréquentation des églises paroissiales par les pratiquants qui en dépendent. Même si ce phénomène de nomadisme paroissial a toujours existé, il n’avait jamais remis en question la paroisse territoriale. Cependant, son accentuation, à partir de la fin des années cinquante, a précipité l’évolution et provoqué un changement de point de vue, même de la part de ceux qui ne voulaient pas y prêter attention. Pour l’abbé Michel Brion, la généralisation des habitudes de mobilité, la prédominance des vécus sectoriels, la multiplication des petits groupes, sont des phénomènes qui remettent en cause la paroisse territoriale et qui obligent à entamer une réflexion de fond sur la nature des équipements et des besoins de l’Eglise dans les quartiers nouveaux et les villes nouvelles182.

S’il reconnaît que la structure géographique de la paroisse permet d’encadrer l’ensemble de la population chrétienne, pratiquants et non-pratiquants, et de regrouper des individus issus de milieux sociaux différents, l’abbé Michel Brion ajoute immédiatement que ce point de vue est celui d’une représentation villageoise de la ville dans laquelle ce ne sont plus les rapports de voisinage qui prédominent mais les rapports de choix. ‘« Le nombre des habitants, les facilités de déplacement permettent aux habitants de choisir ’», souligne-t-il, « ‘pourquoi se plaindrait-on de cette liberté qui succède à un carcan ’»183.

Durant les années soixante l’organisation urbaine et commerciale des grandes villes connaît une évolution sans précédent : l’implantation de supermarchés à la périphérie des villes se développe rapidement au détriment des commerces de quartier ; simultanément, dans la conception et la localisation des nouveaux équipements publics, les municipalités et les institutions responsables de l’aménagement du territoire tiennent compte des possibilités croissantes de déplacement des citadins. Pour l’abbé Brion les nouvelles moeurs urbaines sont une réalité que l’Eglise ne peut ignorer et qu’elle ne peut pas faire entrer dans un cadre artificiel. « ‘Reconstituer, prétendre reconstituer une communauté à travers un regroupement géographique’ », écrit-il, « n’a pas plus de sens que d’intérêt »184.

L’une des conséquences de la mobilité dont le clergé craint les effets négatifs sur le fonctionnement des activités paroissiales, est l’accentuation supposée de l’anonymat dans les villes. Cependant, l’abbé Brion fait observer que ce sont les déplacements de fin de semaine et les déplacements lors des vacances qui vont provoquer les effets les plus importants sur le fonctionnement traditionnel des paroisses urbaines. Le dimanche ‘« la population a fui vers la campagne, la mer ou la montagne’ », observe-t-il, « ‘la résidence secondaire, jadis apanage des gens riches, se généralise. La pratique des ‘ponts’ dès qu’une fête s’intercale au bon endroit dans la semaine, accentue encore cette évasion hors des villes aux premiers beaux jours.(...) Les pouvoirs publics se préoccupent d’équiper des centaines de kilomètres de côtes tandis que les Français désertant la France, roulent dans les pays de la vieille Europe, voire au delà, grâce à d’innombrables clubs’ »185. En soulignant le développement des déplacements et la place de plus en plus importante des loisirs dans le mode de vie des citadins, l’abbé Brion montre que l’on assiste au déclin du quartier d’habitation comme lieu central et privilégié de la vie et de la cohésion sociale.

Pour l’abbé Brion entre vie sédentaire et vie mobile l’évolution est claire : « ‘Nous sommes redevenus de quelque manière des nomades’ », affirme-t-il186. Cette évolution n’est cependant pas aussi radicale que le suggère la formule. D’ailleurs, il fait observer lui-même que si la tendance est nette, les choses ne sont pas simples et sont mêmes ambivalentes. En effet, les statistiques réalisées à la fin des années soixante montrent que seule une moitié des Français quittent leurs habitations pour prendre des vacances tandis que si l’on observe une vulgarisation de la résidence secondaire celle-ci est encore loin d’être générale.

Cependant, puisqu’on constate alors une tendance continue à plus de mobilité, l’abbé Brion juge inutile que l’Eglise cherche à s’acharner à « reproduire une structure stable dans la situation actuelle d’instabilité »187.

Le mouvement social de mai 1968 ayant confirmé la prédominance des phénomènes et des fonctionnements sectoriels sur ceux qui relèvent du local et de l’habitat - immeuble, quartier - l’abbé Brion propose de substituer au découpage géographique en diocèses et en paroisses une évangélisation organisée par groupes socioprofessionnels. « ‘Si nous voulons annoncer l’Evangile », affirme-t-il, « c’est par là sans doute qu’il faut se placer’ »188.

Prenant comme hypothèse l’édification d’une Z.U.P. de 30 000 habitants, l’abbé Brion suggère d’abord qu’un lieu de culte soit réalisé à l’échelle de la ville mais à seule fin d’abriter le culte hebdomadaire. Cependant, l’implantation de ce type d’édifice spécifique au centre de la cité lui semble hasardeuse car on observe alors que les cathédrales anciennes se vident de manière régulière. Il propose donc d’implanter ce type de nouvel équipement le long des grands axes routiers à la sortie des villes. « ‘Alors cathédrales de la route ? Cathédrales des champs ? Si l’on n’y fait plus, dans ces églises qu’assurer le culte hebdomadaire, pourquoi pas ?’ », suggère l’abbé Brion qui voit dans ce type de proposition le moyen de se débarrasser de l’obsession du territorial, du paroissial189. Mais, il lui apparaît que cette solution est hasardeuse car elle présuppose que l’on continue de concevoir la cité comme composée de fidèles, « de clients, d’assujettis plutôt » pour lesquels il faudrait continuer à construire des locaux. De plus, l’abbé Brion a le sentiment qu’un édifice spécialisé de manière purement fonctionnelle dans le seul culte dominical et déconnecté de toute fonction pastorale verra sa fréquentation subir directement les effets du développement de la mobilité : « ‘Pourquoi implanter [ce type d’église] dans une cité qui, autant qu’on puisse s’en rendre compte par les moeurs d’aujourd’hui, est déjà, et sera encore plus demain, déserte le dimanche et, déjà, le samedi’ »190.

Ces incertitudes sont aggravées par des remises en question encore plus radicales qui, dans la période qui suit le concile Vatican II, atteignent les bases mêmes du culte catholique. Ainsi, au sein même de l’Eglise on s’interroge sur le caractère obligatoire de la messe dominicale. L’abbé Michel Brion se fait l’écho de cette contestation qui rappelle que le christianisme se fonde d’abord sur une éthique de vie avant d’être un culte obligatoire à Dieu. « L’Eucharistie n’est effectivement que le culte, la pratique de ceux qui professent la Parole du Christ », rappelle-t-il, « ‘Ce qui est le centre de la vie chrétienne n’en est pas à proprement parler l’objet ’». La prise en compte de la demande de l’abandon du rite hebdomadaire provoquerait un bouleversement de la conception du lieu de culte qui se réduirait, de fait, à ne plus être qu’un équipement peu important. Cette évolution radicale supposerait un renversement de l’ordre de priorité, au sein de l’organisation paroissiale, dans la mission des curés qui jusqu’à présent était accordé à l’administration des chrétiens au détriment de l’évangélisation des populations urbaines. «‘Le couple administration-évangélisation se renverse. La synthèse péniblement élaborée vole en éclats !  Il ne s’agit pas d’aboutir à un sage équilibre’ », résume l’abbé Brion, « ‘il s’agit, bien au contraire, de consacrer tous les crédits dont on peut disposer à l’évangélisation’ »191.

Afin d’illustrer son propos, l’abbé Michel Brion évoque un lieu de réunion des mouvements chrétiens à Nantes qui fonctionne alors depuis plusieurs dizaines d’années. Cette maison semblable à d’autres, qu’il qualifie de « maison d’église »192, est constituée de salles de réunions, du logement de trois ou quatre prêtres et d’un permanent, d’un bureau pour le secrétariat, et d’une pièce servant de chapelle. Pour l’abbé Brion c’est ce type de lieu situé au coeur de la ville, axé sur la diffusion des idées, la formation des militants, la rencontre des hommes quels que soient leurs milieux et leurs croyances, où les chrétiens puissent célébrer la messe entre eux qu’il s’agit de reproduire et de vulgariser.

L’architecture de cette « maison d’église » ne se singulariserait pas de celle des autres édifices de la ville. Son fonctionnement ne serait pas réservé aux seuls chrétiens et les chrétiens eux-mêmes ne s’y réuniraient pas d’abord et exclusivement pour y accomplir des rites. Ce bâtiment serait destiné à abriter les réunions d’une Eglise de militants composée de chrétiens « fervents mais peu nombreux »193. Cependant, il subsisterait des réunions de masse au caractère plus exceptionnel : foules de sympathisants se regroupant pour une liturgie encore solennelle, rassemblements d’adhérents à l’occasion de la tenue de congrès annuels etc. Dans le cadre de cette hypothèse, l’abbé Brion imagine que ni la liturgie domestique ni celle de masse ne se traduiraient par d’importants besoins de locaux. Si l’obligation de la messe dominicale disparaissait également, les contraintes résultant de la nécessité de prévoir des lieux fixes de réunion dominicale pour l’ensemble des chrétiens n’auraient plus d’objet. Poursuivant cette réflexion jusque dans ses conséquences extrêmes, l’abbé M. Brion en déduit que les inconvénients qu’il pouvait y avoir pour les chrétiens à utiliser des locaux publics « ‘à cause de l’accaparement, de l’envahissement qui est justement redouté ’», n’existeraient plus194.

Dans cette optique, les zones d’extension urbaine et les stations de vacances apparaissent comme des lieux d’expérimentation de nouveaux modes de pratique religieuse : messes de groupe spécialisées pour certaines catégories de la population, cultes se déroulant à n’importe quel moment de la semaine, messes doublées de rassemblements occasionnels...

Pour l’abbé Brion, le remplacement dans les Z.U.P. du réseau traditionnel d’églises par des relais paroissiaux articulés autour d’une église principale, apparaît comme une simple adaptation du maillage géographique territorial qui n’en remet pas en cause le principe. Au contraire, l’alternative qu’il propose, ne passe plus obligatoirement par la construction de nouvelles églises. En revanche, les équipes paroissiales pourraient être conduites à investir dans les quartiers d’extension urbaine des édifices quelconques pour en faire des « ‘maisons d’église ’». Quant aux chrétiens de ces quartiers restés attachés à des rites plus traditionnels mais gagnés « ‘de façon générale ou occasionnelle, à la civilisation du bitume’ », il suggère pour les accueillir que l’on réalise des « église(s) de route »195 ou qu’on les renvoie vers les anciennes églises voisines.

Il juge également aberrant de maintenir l’obligation de la messe dominicale sur les lieux de vacances - car elle transforme les églises des stations balnéaires en « usine à messes » durant les huit semaines de l’été - et propose de leur substituer des messes sectorielles destinées aux campeurs, aux jeunes, aux mères, aux vieillards196.

Quant aux chrétiens militants ceux-ci pourraient se passer complètement d’église  : « ‘Dans la perspective nouvelle », écrit-il, « on peut ne rien faire ’»197. L’abbé Michel Brion ne voit d’ailleurs pas pourquoi il faudrait construire des églises nouvelles pour tenter de récupérer des pratiquants qui, semble-t-il, n’ont rien à attendre de l’expression liturgique de l’Eglise contemporaine. « ‘Ceux-ci comprendront bien d’ailleurs, puisque l’argent manque, qu’on les renvoie aux anciens édifices qu’au demeurant ils préfèrent »,’ conclut-il198.

Cependant l’évolution de l’Eglise - de l’institution ecclésiastique encadrant la société sur le modèle laïque et marquant la ville de ses monuments visibles, à des réseaux de petits groupes de fidèles organisés en structures lâches, sans bâtiments propres - ne pouvait s’envisager que lentement et en parallèle des structures établies. La « maison d’église », échappant à l’emprise traditionnelle et n’ayant pas pour vocation de servir à l’encadrement de la population, constituerait ainsi le moyen d’apporter un dynamisme nouveau à la religion chrétienne.

L’abbé M. Brion conçoit donc la « maison d’église » comme une antithèse de l’église traditionnelle tant du point de vue de sa conception que de son positionnement dans la ville : « ‘Elle ne domine pas la cité, elle en a même évité le centre abandonné aux affaires. Elle n’est pas le palais du Maître du ciel sur la terre. On n’y vient pas vénérer dans la crainte mais communier et communier c’est contempler. (...) A la porte point de signe qui rappelle la destinée terrible qui les attendrait, le Dieu terrible qui les attendrait, le Dieu qui les surveillerait attentivement et compterait leurs manquements. Mais, provisoire ou permanent, le symbole d’une invitation aux plaisirs des noces : “ Aimez-vous les uns les autres, c’est à ce signe qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples ”’ »199.

Mais la traduction architecturale de ce nouveau type d’organisation qui, de l’aveu de l’abbé M. Brion lui-même, ne pourrait jamais être qu’une réalité spirituelle, laissait le champ libre à toutes les possibilités de création.

Ainsi, certains proposeront d’édifier dans chaque cité un grand édifice, sorte de grande cathédrale dédiée à la seule fonction spirituelle tandis que pour la liturgie domestique les chrétiens se réuniraient selon les possibilités et les besoins : « ‘On peut se réunir là où on veut comme on peut ’»200. Quant à la définition des formes et au choix des lieux les plus appropriées, ils résulteraient simplement de l’expérience et du contexte.

D’autres, au contraire, souhaiteront que l’on installe au détour des rues des petits oratoires à l’architecture sans prétention afin qu’ils deviennent, pour quelques personnes, des lieux de paix et de communion. En revanche, en cas de nécessité, la réunion de l’ensemble des chrétiens d’une ville, se ferait dans un lieu public transformé le temps d’une journée en lieu du ralliement de l’ensemble de la communauté.

L’abbé M. Brion souligne la difficulté de concilier la nécessaire créativité que suppose la mise en oeuvre de tels projets et la rigidité du processus de conception des zones d’urbanisation nouvelles. Pour édifier les « maisons d’églises », ces « fraternités », bases contemporaines du renouveau religieux qu’il appelle de ces voeux, il suggère de prendre modèle sur les monastères qui, au Moyen Age, s’implantaient aux abords des villes et en dehors des structures paroissiales, mais aussi, ce qui est moins ordinaire, sur les politiques d’implantation des grandes surfaces commerciales : « ‘Somme toute, sur un plan d’urbanisme, est-ce faire autrement que le commerce – cette espèce d’évangélisation, rappelons-nous ! – qui va implanter ses ‘Record’ et ses ‘Carrefour’, hors du carcan des villes, dans la plus grande liberté et avec quel succès !’ »201.

Ainsi, s’il faut encore construire des églises, l’abbé M. Brion aboutit à la conclusion que cela ne pourra se faire qu’en dehors des villes - mêmes nouvelles - et en rupture totale avec l’organisation territoriale en paroisses : « ‘Créer, de toutes pièces, en tâtonnant, de nouveaux signes ne peut pas se faire peut-être dans le carcan des villes nouvelles’ », écrit-il, « ‘alors est venue l’idée que pour éviter tous ces problèmes, l’Eglise s’évade de quelque manière de cités trop bien agencées en même temps que de l’encadrement paroissial. A l’instar des monastères d’hier – ces conquérants des villes – et des supermarchés géants d’aujourd’hui, qu’elle aille créer, à proximité mais en dehors des agglomérations, des maisons d’église, des “fraternités”, signes du Père et non du Maître, tandis que la liturgie domestique, ou de groupe, se développera au gré des circonstances dans les cités nouvelles ’»202. Ce sont ces idées que l’abbé Michel Brion tentera de réaliser dans le diocèse de Nantes.

Notes
177.

Baboulène, Brion, Delalande, Faut-il encore construire des églises ?, Editions Fleurus, Paris, 1970.

178.

J.-M.-V. Delalande, « Communautés nouvelles », Faut-il encore construire des églises ?, Paris, 1970 p. 25.

179.

Ibid.

180.

Ibid., p. 26.

181.

Ibid.

182.

Michel Brion, « Lieux de culte nouveaux », Faut-il encore construire des églises ?, Paris, 1970 p. 49.

183.

Ibid., p. 52.

184.

Ibid.

185.

Ibid., p. 54.

186.

Ibid.

187.

Ibid.

188.

Ibid., p. 56.

189.

Ibid., p. 65.

190.

Ibid.

191.

Ibid., p. 70.

192.

Ibid., p. 72.

193.

Ibid., p. 79.

194.

Ibid.

195.

Ibid., p. 83.

196.

Ibid.

197.

Ibid.

198.

Ibid.

199.

Ibid., p. 95.

200.

Ibid., p. 97.

201.

Ibid., p. 98.

202.

Ibid., p. 102.