6) Une Eglise constituée de « pierres vivantes » ?

De la construction de lieux de culte à l’architecture banale à l’utilisation banale de locaux de réunion

Au début des années soixante, dans les grands ensembles qui précédent les Z.U.P, le clergé catholique lorsqu’il ne souhaitait pas construire d’églises traditionnelles, édifia néanmoins des locaux dédiés, en premier lieu, au culte. Plus tard, au début des années soixante-dix dans le cadre des villes nouvelles203, apparut parfois une orientation plus radicale consistant à ajourner sine die tout projet de construction de bâtiments cultuels. On se contenta d’utiliser les locaux de réunion - les LCR et Maisons de quartier - que les urbanistes avaient prévus en grand nombre204. Il s’agissait d’éviter que les prêtres décident à priori de la nature des équipements religieux à édifier et de faire en sorte qu’ils laissent aux fidèles - les « pierres vivantes » de l’Eglise - le temps et la possibilité de formuler leurs propres réponses. 

Les expériences vécues par les pères Michel Cantin et Roger Pannier, à Sarcelles puis à Cergy-Pontoise, sont exemplaires de l’évolution des mentalités du clergé catholique militant des années soixante et soixante-dix. L’absence de lieu spécifiquement consacré au culte et l’extrême discrétion du clergé reflètent l’incertitude profonde de ce dernier quant au devenir des communautés catholiques dans la cité moderne.

Notes
203.

Au milieu des années soixante-dix cinq villes nouvelles sont en cours d’aménagement en région parisienne : Cergy-Pontoise, Evry, Marne-la-vallée, Melun-Sénart, Saint-Quentin-en-Yvelines.

204.

A Cergy-Pontoise était prévu un LCR pour 600 logements et une Maison de quartier pour 3 à 400 logements.