Le père Michel Cantin arriva à Sarcelles205 au début des années soixante. On approchait alors du concile Vatican II. Michel Cantin avait fait sien le slogan qu’il ne fallait pas construire d’églises « triomphantes ». La communauté catholique s’est d’abord installée dans de grandes baraques de chantier. Puis, le temps que l’on construise le premier centre paroissial, elle s’est réunie dans une grande soute à charbon de secours attenante à la première chaufferie. La communauté y installa un autel. Cette installation provisoire dura un an.
« ‘Là, c’était vraiment l’église pauvre dans la ville qui se construisait’ », se souvient Michel Cantin, « ‘A la demande du diocèse on a édifié dans cette cité - non pas des églises « triomphantes’ » ‘comme on disait - mais trois centres paroissiaux. C’est ainsi qu’on appelait ces lieux de culte. Il ne s’agissait pas d’églises mais de salles de réunion plus ou moins grandes permettant ainsi le culte. L’utilisation première était destinée à la communauté chrétienne. Ces centres paroissiaux étaient très appréciés’ »206.
Au début de la construction de Sarcelles, aucune salle de réunion ni aucun équipement n’avait d’ailleurs été prévu pour accompagner les logements collectifs. La communauté catholique fut donc la seule a avoir pris l’initiative de construire des lieux de réunion. C’est ainsi que lorsque le premier cosmonaute soviétique, Youri Gagarine, est venu faire une conférence à Sarcelles, le parti communiste s’est adressé à la paroisse catholique afin qu’elle lui prête une salle parce qu’il n’en existait pas d’autres.
Cependant, comme à la fin des années soixante la communauté catholique de Sarcelles n’arrivait pas à rembourser les emprunts qu’elle avait contractés pour réaliser les trois centres paroissiaux, elle proposa au maire communiste de lui en vendre deux. En effet, l’équipe municipale récemment élue ne disposait d’aucune salle de réunion et se montrait soucieuse de développer une vie culturelle. « ‘Nous n’avons conservé que le centre paroissial Jean-XXIII qui était le plus central’ », se souvient Michel Cantin207.
Ensemble de 10 000 logements conçus par les architectes Roger Boileau et Jacques-Henry Labourdette, 1955-1970. L’absence des équipements de base rendit la vie difficile aux premiers habitants de Sarcelles. Voir à ce sujet J. Abram L’architecture moderne en France, tome2, pp. 136-138.
Père Michel Cantin. Propos recueillis à l’occasion d’un entretien téléphonique avec l’auteur le 24 novembre 2000.
Père Michel Cantin. Propos recueillis à l’occasion d’un entretien téléphonique avec l’auteur le 24 novembre 2000.