2) De l’église-monument-oeuvre d’art à l’asile de silence et de recueillement

Après la seconde guerre mondiale, environ quatre mille églises sont, en France, à reconstruire en tout ou partie. La monumentalité de l’édifice religieux reste alors un caractère qui est peu controversé. Ainsi Paul Koch, architecte conseil pour la reconstruction des églises, dans un cahier spécial du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (C.S.T.B.) consacré en 1950 à la mission dont il a alors la responsabilité, adopte lorsqu’il aborde la question de l’emplacement de l’église dans la ville, une position très conservatrice. « ‘Que ce soit en ville ou dans le village, il est naturel que l’église occupe une situation centrale par rapport aux habitations des paroissiens qu’elle dessert. Considération symbolique et pratique. Si possible, il sera fait choix d’un terrain prééminent qu’accentuera la dominante du clocher’ »238.

La position de la revue dominicaine L’Art Sacré est, au sortir de la guerre, très proche de celle de P. Koch. ‘« L’église va-t-elle continuer à faire son possible pour dominer les édifices profanes ? ’», interroge en 1946 le père R. Régamey, alors co-directeur de la revue qui souhaite définir la place qui doit revenir à l’église dans le cadre de la reconstruction en cours. La réponse qu’il fournit à cette question est essentiellement affirmative. « ‘Il nous faut maintenir l’idéal catholique du primat de l’église’ », écrit-il, « ‘et assurément la façon la plus naturelle dont il se traduira aux yeux en masse architecturale sera toujours une église dominant nettement les autres constructions. C’est un idéal évangélique : celui de la mère poule avec ses poussins auprès d’elle’ »239.

Cependant, un peu plus loin dans son propos, le père Régamey est contraint de tempérer cette première affirmation. En effet, comme d’autres clercs, il convient, tout en le déplorant, que l’image de cités modernes surplombées par le clocher d’églises de taille monumentale constitue une imposture au regard de la place réelle qu’y occupe désormais la communauté chrétienne. « ‘La cité ne fait plus à l’Eglise la place qui lui revient’ », écrit le père Régamey, « ‘l’Eglise maintient ses droits et son idéal, mais elle renonce à faire semblant d’occuper une place qui n’est plus la sienne’ »240. Aussi propose-t-il d’accorder la taille des édifices à construire aux assemblées qu’ils accueilleront et de faire en sorte que leur architecture ne cherche pas à attirer les regards.

En 1957, l’abbé Paul Winniger, dans son livre Construire des églises, adopte, concernant cette question, une position beaucoup plus radicale. Il exhorte les responsables paroissiaux à changer de mentalité, à abandonner ce qu’il qualifie de « ‘complexe du monument ’»241, pour édifier des lieux de culte « ‘qui n’encombrent pas, qui ne soient pas des obstacles au règne de Dieu’ », car, prédit-il : « ‘les monuments orgueilleux tomberont en poussière et Dieu les a en horreur s’ils empêchent l’édification de l’Eglise faite de pierres vivantes’ »242.

Néanmoins, malgré cela, la reconstruction et la construction de nouveaux lieux de culte s’est en général traduite, durant les années cinquante, par la réalisation d’églises de conception tout à fait traditionnelle et d’allure monumentale.

Au milieu des années cinquante, L’Art Sacré revient sur la question de la monumentalité de l’église pour souligner l’émergence d’un mouvement en faveur de la construction d’églises à prix modéré malgré la ‘« vogue (...) pour les églises monumentales » que la revue dénonce car, affirme Jean Capellades, elle « nous paraît engager de façon grave la conscience sacerdotale’ »243.

Même si chez certains prêtres, se produit à cette époque une véritable prise de conscience du handicap que constituerait l’édification d’un bâtiment d’apparence ‘riche’ ou d’aspect ‘imposant’ pour l’évangélisation de leur future paroisse, en revanche, la plupart des curés se montrent simplement préoccupés de trouver les moyens de bâtir des églises de taille monumentale.

Les Dominicains de L’Art Sacré déplorent cette tendance car il leur semble désormais évident, comme le souligne Capellades, que « ‘paradoxalement l’église de pierre peut devenir un obstacle à la croissance de l’église vivante constituée par la communauté des fidèles’ »244. A titre d’illustration, il cite en exemple l’inquiétude d’un jeune prêtre du Nord qui réunissait dans une baraque ‘chapelle de secours’, une petite communauté chrétienne fervente. La direction de l’usine voisine lui ayant promis de lui donner tout l’argent nécessaire à la construction d’une église en dur, ce curé informa la revue qu’il craignait que l’église nouvelle soit hors d’échelle avec les normes habituelles de la population ouvrière et qu’elle provoque l’éclatement ou la dissolution de la communauté chrétienne qui fréquentait son édifice provisoire245.

L’Art Sacré fonde, à cette époque, sa critique de l’architecture monumentale essentiellement sur l’inadéquation de ce type d’architecture avec l’apostolat en direction des masses ouvrières. Le prosélytisme que la revue développe alors en faveur de la « pauvreté » en matière d’architecture religieuse se tourne également vers les couches sous-prolétariennes sur lesquelles l’abbé Pierre a attiré spectaculairement l’attention lors de l’hiver de 1954.

Ainsi l’un de ses numéros de la revue de l’année 1958 qui est consacré aux « problèmes pastoraux de Villejuif », évoque la baraque de la mission du père Roussin qui accueille depuis une vingtaine d’années les travailleurs mal logés du quartier Sainte-Colombe246. L’article du père Capellades vante les mérites paradoxaux d’une construction précaire faite de panneaux de bois et d’un toit qui est devenue une « vraie église » et s’inquiète de son éventuel remplacement par un édifice en dur. Il craint, en effet, qu’il n’ait plus le même rayonnement voire qu’il apparaisse comme un « scandale » aux yeux de la population locale car, écrit-il, « ‘une église monumentale dans les quartiers où le logement est rare demeurera toujours une erreur’ »247. C’est la position qu’avaient défendu le père Lhande et Jean de Vincennes trente années auparavant, position qui avait conduit à la construction des cent églises des « Chantiers du Cardinal » à Paris qui est ici battue en brèche.

Comme Villejuif est alors en pleine urbanisation, les Dominicains affirment leur opposition au projet de l’autorité diocésaine qui envisage alors de multiplier les lieux de culte pour pallier aux besoins. « ‘Il n’est pas question de construire d’immenses églises monumentales’ », affirme avec force le père Capellades248.

La solution alternative que promeut L’Art Sacré, est celle de l’église provisoire ou semi-permanente, légère et de montage rapide. Mais les exemples concrets manquent manifestement pour illustrer ces « ‘solutions nouvelles ’» que les animateurs de la revue appellent de leurs voeux ; solutions qui éviteraient, à la fois, le local en sous-sol d’immeubles offert par certaines sociétés immobilières, la baraque militaire rachetée au rabais et, surtout, l’église monumentale249.

L’église monumentale apparaît comme l’antithèse de l’édifice qui puisse incarner les valeurs de la foi contemporaine faites d’humilité, de modestie, d’intériorité que L’Art Sacré s’efforce de promouvoir. Il s’agit également d’abandonner des valeurs architecturales issues de la société rurale et qui ont de moins en moins de sens dans les quartiers en cours de construction. « ‘Dans la mesure où l’urbanisme s’oriente vers la création d’unités d’habitation de douze ou quinze étages, l’église doit renoncer à la lutte et gagner en valeur plastique, en sens de l’intériorité, en finesse, en clarté ce qu’elle perdra en hauteur et en volume’ », souligne Capellades250.

Cependant, les églises réalisées dans le cadre de la reconstruction sont, en général, marquées par le maintien des valeurs traditionnelles : clocher imposant, masse dominant la ville, architecture ostentatoire. Cela peut s’expliquer en partie par l’inertie culturelle des architectes et la relative importance des moyens financiers mis à la disposition des équipes paroissiales. Mais cela se justifie probablement surtout parce que, pour les architectes, il s’est alors agi de réaliser des édifices en ayant en mémoire les caractéristiques des églises détruites. Il n’était sans doute pas concevable, en milieu urbain, d’édifier des églises dont la modestie aurait contrasté de manière trop criante avec le souvenir d’édifices dont la silhouette dominait autrefois la ville.

Quand en 1959 L’Architecture Française demande à Paul Koch de faire le point des problèmes et tendances de l’architecture religieuse contemporaine en France, il fait observer que, malgré les nombreuses réalisations qui ont accompagné la reconstruction, il demeure nécessaire de construire des édifices religieux afin d’accompagner la réalisation des grands ensembles de logements. Mais, constatant que les architectes doivent répondre à des conditions différentes de celles de la reconstruction, en particulier des moyens financiers modestes, Paul Koch fait observer que, pour ces édifices, des solutions nouvelles doivent être recherchées. Ainsi, lorsque les moyens matériels sont limités, il recommande aux architectes, afin que l’essentiel de la qualité architecturale soit préservé, de ne pas hésiter à supprimer « ‘un clocher, un vitrail, des statues ’»251.

Si Paul Koch estime que les architectes peuvent oublier le clocher, c’est qu’au milieu de grands immeubles, celui-ci perd désormais le rôle de repère visuel et de symbole de l’unité de la cité que l’on voulait continuer à lui faire jouer dans le cadre de la reconstruction. Pour cet architecte, l’abandon de l’image traditionnelle de l’église dans la cité, celle de la poule entourée de ces poussins, ne se fonde que sur des considérations financières ou volumétriques. « ‘Les contingences locales qui, souvent, orientaient les études de reconstruction d’église’ », écrit il, « ‘s’effacent, les données plastiques sont différentes. Le clocher traditionnel dominant un village est impensable, voisinant des immeubles de plus de dix étages’ »252.

Au milieu des années 60, dans un numéro spécialement consacré à l’architecture religieuse, L’Architecture Française revient sur la nécessité de conférer aux églises en cours d’édification dans les cités en construction, des formes architecturales qui répondent aux conditions nouvelles de l’urbanisme. Le père François Russo, dans un article consacré à la construction des églises en France, estime qu’une architecture religieuse fonctionnelle est en cours d’élaboration. Selon lui, celle-ci se caractérise par son austérité et sa capacité à s’émanciper de toute imitation de l’ancien. Ses dimensions sont modestes puisque l’on estime alors qu’au-delà d’un rayon de 600 mètres un lieu de culte est inefficace et qu’il est nécessaire de limiter la capacité des églises à 600 ou 800 places afin de permettre une participation active des fidèles au culte.

Selon le père François Russo, ces différentes conditions induisent la modification de l’allure extérieure de l’église moderne. En particulier, celle-ci diffère de l’église ancienne qui dominait aussi bien la cité que le village, par son volume, son clocher, ses flèches. Son apparence, beaucoup plus modeste, exclut les hauteurs monumentales pour «‘ des raisons de coût jointes à un souci de simplicité et d’intimité ’»253. Mais l’abandon de toute prétention de l’édifice religieux à dominer la cité ne résulte ici pas tant d’un choix découlant de l’application d’une nouvelle pastorale que de la prise en compte d’une réalité qui ne va pas sans l’expression d’une certaine nostalgie. « Ni la hauteur de la voûte, ni celle du clocher », affirme-t-il, « ‘ne sauraient rivaliser, au moins dans les grandes cités, avec la hauteur donnée aujourd’hui aux grands immeubles. Qui a vu la cathédrale Saint-Patrick de New-York enserrée entre les somptueux buildings de la 5ème avenue, est à jamais fixé sur ce point’ »254.

Le père F. Russo, ne souhaite pas que l’église abandonne extérieurement toute velléité de distinction d’avec les édifices profanes alentour. Il suggère au contraire de souligner le caractère religieux de l’église au moyen d’une croix plantée à son côté et de chercher à affirmer son caractère propre en choisissant une implantation favorable en bordure d’îlot ou de carrefour. Cela doit permettre, pense-t-il, d’attirer l’attention sur l’église quand bien même celle-ci se trouve « ‘dominée par de grands immeubles’ », comme, déplore-t-il, « ‘c’est le cas hélas le plus fréquent’ »255.

La prise en compte de l’incidence de la diminution de la place de la chrétienté dans la ville contemporaine sur la conception des églises nouvelles ne se fait pas sans résistance. Ainsi, lorsqu’en 1959 le père Capellades tente d’expliquer, dans un numéro de L’Art Sacré consacré à l’église dans la cité, les raisons de la nécessaire évolution de l’architecture religieuse à l’époque contemporaine, il ne fonde pas son raisonnement sur l’affaiblissement de la pratique religieuse mais sur l’évolution sociale depuis le Moyen Age qui conduirait, de manière positive, à la disparition de toute confusion entre la ville et l’église.

Ainsi, les grandes cathédrales seraient l’expression de l’enthousiasme de la jeune bourgeoisie médiévale et mêleraient donc des signes profanes aux signes sacrés. L’église moderne, au contraire, serait réduite à la seule fonction religieuse. De plus, la ville issue de la révolution industrielle ayant perdu l’unité qui la caractérisait au Moyen Age, serait devenue trop incohérente, trop vaste pour que sa population nourrisse le sentiment d’appartenir à une même communauté. Le choix même d’un lieu de culte ne serait plus motivé par l’appartenance à une paroisse mais « ‘par la commodité, l’aspect, la liturgie qu’on y pratique, l’attrait d’un sermon, d’un prêtre’ »256.

Par conséquent, il n’y aurait plus aucun fondement social pour qu’à l’époque contemporaine l’on persiste à construire des églises dont la grande taille symbolisait la réussite sociale et économique d’une classe sociale s’exprimant , à l’échelle de la ville, dans les signes extériorisés de sa foi.

Cependant, durant les années qui précédent le concile Vatican II, les réflexions sur la question de la visibilité de l’église dans la cité intègrent de plus en plus l’incidence de la baisse de la pratique religieuse sur la nature de l’église dans la ville.

« ‘L’église n’est pas un bâtiment indifférent, elle doit refléter la place de l’Eglise dans la cité’ »257, souligne en 1960 Monseigneur Guillaume de Vaumas qui dirige alors les « Chantiers du Cardinal» à Paris.

D’autre part, l’importance croissante de la planification urbaine dans la construction des cités, met en lumière que la construction de lieux de culte ne peut plus se borner à traduire l’expression spontanée de la ferveur d’une communauté de citadins unis dans la pratique d’un culte, mais doit désormais s’intégrer dans un processus de planification urbaine. Les acteurs de ce processus ne sont donc pas des membres de la communauté des fidèles, mais des techniciens qui fondent leur approche sur des outils d’analyse fonctionnelle et de programmation urbaine.

Cependant, tout projet d’édification d’église nouvelle nécessite désormais que l’on tienne compte de la situation locale, c’est à dire de la place qu’occupe la communauté chrétienne dans la cité. Mais l’évaluation de la pratique religieuse et de son évolution est rendue complexe dans les villes en cours d’urbanisation. En effet, les fidèles ne constituent plus, dans les banlieues que l’on élève, des groupes homogènes. Ils se trouvent généralement éparpillés et il est difficile de prévoir s’ils se regrouperont dans le lieu de culte dont l’emplacement aura été choisi par les décideurs : équipe paroissiale et urbanistes.

Puisque dans les banlieues nouvelles les communautés catholiques ne constituent plus que des groupes minoritaires, l’aspect extérieur de l’église n’a plus aucune raison de chercher à évoquer une quelconque idée de protection et de domination des quartiers qui l’environnent.

A une architecture de l’apparence, extériorisée, peut donc faire place une architecture discrète exprimant des valeurs, inverses, d’intériorité. « ‘En tout lieu, à notre époque, l’Eglise ne doit pas se manifester par la puissance, par une architecture tapageuse et provocante, mais faire de ses temples des signes du sacré, des appels à la prière et au recueillement, une prédication’ » écrit encore Mgr de Vaumas258.

Si ce dernier concède que l’église monumentale peut, en France, être encore imposée par des circonstances particulières, comme ce fut le cas au Havre, avec l’édification de Saint-Joseph par Auguste Perret ou à Royan où G. Gillet put élever « ‘une verticale comparable à Sainte-Cécile d’Albi’ »259 grâce aux crédits de la reconstruction, il admet cependant que ces grands édifices constituent désormais des exceptions.

En tout état de cause, quelle que soit la place qu’occupent les communautés dans la ville, il apparaît qu’il est matériellement difficile, voire impossible, d’envisager de pouvoir continuer à construire des églises dont la taille et le volume dépasseraient ceux des autres édifices de la cité. « ‘Il faut de même se dépouiller, en partie du moins, de l’image qui nous est familière de l’église de village et de son clocher, seul monument de l’agglomération, qui semble souvent abriter les maisons des hommes comme une mère poule ses poussins. Le clocher domine au village, ou du moins dominait, car si un château d’eau, un silo ou une cheminée d’usine apparaissent, le symbole est en partie brisé. Mais en ville, aucune possibilité de rivaliser avec les immenses bâtiments et les tours dont tout architecte croit devoir doter un ensemble nouveau’ », constate Mgr de Vaumas260.

Celui-ci suggère donc que l’église soit désormais placée, non plus sur les hauteurs, mais au milieu du quartier, « au centre vital ». L’évocation du « centre vital » de la ville trahit le souci des responsables ecclésiastiques de tenter d’identifier les lieux qui puissent mettre à l’abri les églises nouvelles d’un délaissement progressif comme les responsables ecclésiastiques pouvaient l’observer pour de nombreux édifices de culte. « ‘En mainte cité la cathédrale elle-même n’est plus qu’un monument historique, entretenu à grands frais par un Etat laïc, au milieu d’un désert spirituel’ », déplore ainsi P. Winniger261.

Il s’agit donc, pour implanter de nouvelles églises, de ne plus rechercher des emplacements topographiquement symboliques – points hauts, situations centrales – mais des lieux essentiels à la vie sociale et donc censés maintenir une fréquentation optimale des édifices cultuels.

Au milieu des années soixante, sous l’influence de l’esprit de réforme et d’ouverture qui souffle lors de Vatican II, le clergé se sent maintenant encouragé à chercher des pistes nouvelles en matière de conception d’églises. Il semble désormais acquis que les lieux de culte à édifier dans les cités nouvelles et les grands ensembles doivent bannir toute recherche de monumentalité. Ainsi, lors du colloque interconfessionnel sur l’implantation des lieux de culte dans l’aménagement du territoire qui se déroula en 1965, Jean-Baptiste Pailloncy, ancien secrétaire du C.N.C.E., fait part d’un questionnaire adressé en avril 1964 à cent vingt prêtres responsables des grands ensembles et des quartiers neufs dans leurs diocèses respectifs262. Les réponses reçues en retour révèlent que tous les prêtres consultés refusent l’église monumentale, l’église oeuvre d’art. En revanche, si tous souhaitent que soient édifiées des églises, celles-ci sont décrites comme devant être des lieux de culte modestes, simples et sobres, proportionnés aux ressources et au nombre des habitants qui les fréquenteront.

Il est symptomatique du renversement du point de vue du clergé concernant la question de la monumentalité que l’un des curés interrogés, responsable d’une paroisse de la banlieue de Poitiers, souhaite que le colloque permette de persuader les architectes et les urbanistes que le temps des monuments religieux est terminé. « ‘Si par lieu de culte traditionnel, on veut parler d’église-monument-oeuvre d’art, je dis non’ », écrit-il, « ‘que ce bâtiment ‘n’ait pas l’air d’une église’, qu’il ne soit pas visité par les touristes, que l’architecte soit déçu dans ses prétentions d’artiste, me paraît normal si on prend au sérieux la littérature conciliaire sur la pauvreté et la triomphalisme’ »263.

Notes
238.

P. Koch, « Construction des églises », Cahiers du C.S.T.B. n° 8, 1950, p. VII.

239.

R. Régamey, « Va-t-on rater la reconstruction des églises », L’Art Sacré n° 10, 1946, p. 8.

240.

Ibid.

241.

P. Winniger, Construire des églises, Paris, 1957, p. 228. P. Winniger décrit ainsi ce « complexe » : « L’idée d’église est traditionnellement associée à celle d’un édifice de grand prix, dont la cathédrale reste le type achevé, et qui doit surpasser en taille et en splendeur toutes les maisons civiles avoisinantes. Elle est la demeure de Dieu et la Jérusalem céleste sertie de pierres précieuses. » P. Winniger souligne que ces considérations sont « sans valeur de principes absolus au regard d’un saine théologie ».

242.

Ibid., p. 253.

243.

J. Capellades, « La transparence de la pauvreté », L’Art Sacré, n° 5-6, 1958, p. 7.

244.

Ibid.

245.

Ibid.

246.

J. Capellades, « Les problèmes pastoraux de Villejuif », L’Art Sacré ; n°7-8, 1958, p. 13.

247.

Ibid.

248.

Ibid., p. 16.

249.

Ibid., p. 17.

250.

Ibid., p. 18.

251.

P. Koch, « Actualités de l’architecture religieuse », L’Architecture Française, n° 191-192, 1959, p. 3.

252.

Ibid.

253.

F. Russo, « La construction des églises en France », L’Architecture française, n° 263-264, 1964, p. 95.

254.

Ibid.

255.

Ibid.

256.

J. Capellades, « l’église dans la cité », L’Art Sacré n° 5-6, 1959, p. 10.

257.

G. de Vaumas, « l’église dans la cité », La Maison Dieu n° 63, 1960, p. 229.

258.

G. de Vaumas, article cité, p.230.

259.

Ibid.

260.

Ibid.

261.

P. Winniger, op. cit., p. 232.

262.

J.-B. Pailloncy, « Les lieux de culte doivent répondre aux besoins spirituels de la population », L’implantation des lieux de culte dans l’aménagement du territoire, Paris, 1966, pp. 105-123.

263.

Ibid., p. 115.