Denis Honegger réalisa en 1957 un ensemble de 500 logements, composé de tours et de barres, en plein coeur du tissu parisien rue de Meaux. Cet ensemble de logements plutôt réussi264, dont le vocabulaire, d’un classicisme raisonné, dénote l’influence d’Auguste Perret, est complété par une église dont la conception fut également confiée à D. Honegger. Pour réaliser cet édifice de 572 places, celui-ci ne disposait que d’un terrain de taille relativement petite jouxtant la rue de Meaux et situé dans un angle du terrain d’assiette de l’opération immobilière.
Les travaux démarrèrent en juin 1959 et l’église fut ouverte au culte en janvier 1961. L’édifice conjugue deux systèmes constructifs radicalement différents : l’entrée dont le volume bas est surmonté d’un signal, s’inscrit dans l’esprit de l’architecture de charpenterie – poteaux, poutres, claustras - directement empruntée à l’église du Raincy tandis que la nef semi-enterrée a été réalisée au moyen d’une couverture en béton de forme ovoïde dont l’exécution apparut comme une performance technique.
Ce qui singularise cet édifice lorsqu’on le compare aux réalisations de Perret, réside dans sa recherche de discrétion. Le signal surmonté d’une croix, d’une taille réduite, ne cherche aucunement à rivaliser avec les barres de logements. Il permet simplement de localiser l’entrée de l’église, peu visible depuis la rue de Meaux, car se situant dans un renfoncement (fig. 45). De plus la forme matricielle de la nef dont la voûte est surbaissée, montre une église qui à l’opposé de chercher à s’élever vers le ciel opte au contraire pour l’enterrement (fig. 46 et 47).
La recherche d’une discrète intégration de l’église parmi les immeubles d’habitat collectif s’est parfois traduite par une inclusion du lieu de culte dans les bâtiments d’habitation eux-mêmes.
Les principes traditionnels d’édification des églises sont alors inversés. Dans ce cas, en effet, elles se trouvent dominées et symboliquement protégées par les immeubles d’habitation qui les surplombent.
J. Abram, L’architecture moderne en France, tome 2, 1999, p. 115.