La chapelle Saint-Bernard est située dans le sous-sol de la gare Maine-Montparnasse à Paris dans une portion de parking qui a été mise à la disposition du culte catholique. Elle est accessible depuis l’extérieur de la gare. Une porte vitrée qui porte la simple mention « chapelle » donne accès à un escalier qui conduit au lieu de culte (fig. 79).
Le lieu de culte a été aménagé en 1969 par le père Suitbert dans une portion des parkings de la gare, réalisée par l’architecte Urbain Cassan.
La chapelle, d’une capacité de 450 places, a été conçue comme un lieu de rencontre. La salle consacrée au culte est précédée par un espace de transition (fig. 5). Ce lieu d’accueil été aménagé afin que les passants puissent consulter des revues, acheter des livres ou passer un moment à l’écart de l’agitation extérieure. L’aménagement de la chapelle est très dépouillé. La chapelle Saint-Bernard a été inaugurée en octobre 1969.
Le père Bernard Feuillet, responsable de la chapelle au moment de sa création, souligne alors la grande hétérogénéité des populations qui la fréquentent : ‘« Aux liturgies du midi, des employés des sièges sociaux des bâtiments de Montparnasse qui descendent en voisins de leurs étages : une trentaine de fidèles. Le soir, beaucoup de banlieusards qui s’échappent ici entre le métro et le train : 80 à 100 personnes (le dimanche, plus de 1000 aux différentes messes). Beaucoup de ces gens qui fréquentent Saint-Bernard, sont des animateurs dans leurs paroisses, des étudiants. Beaucoup de jeunes surtout le soir ; de religieuses aussi : de religieuses au travail qui aiment se retrouver dans la prière avec des travailleurs comme elles ; des provinciaux en stage qui viennent voir ». Saint-Bernard constitue, résume-t-il, « une plate-forme d’échange’ »365.
L’aménagement initial de la chapelle a été modifié au début des années quatre-vingt-dix. L’ensemble du décor et du mobilier liturgique : un grand crucifix, la porte du tabernacle, l’ambon, le chemin de croix, un mur de prière, réalisés par le sculpteur Pierre De Graw, a néanmoins été conservé. La sacristie, située initialement à droite de l’autel, a été déplacée vers l’entrée et masquée par le mur de prière. Le podium a été redessiné de manière à ce qu’il soit plus fonctionnel et des panneaux ont été disposés de part et d’autre du choeur de manière à orienter le regard vers celui-ci. Les peintures qui recouvrent les murs et le plafond en caissons ont été refaites et éclaircies.
Actuellement, la salle dédiée au culte se compose de deux espaces distincts. Une espace principal orienté vers l’autel dans lequel on célèbre les offices (fig. 80 et 81) et sur le côté droit un oratoire (fig. 82). Ces transformations ont été réalisées par François Henry, architecte d’intérieur, en collaboration avec Anne Vivet, décoratrice, et en concertation avec les animateurs de la chapelle Saint-Bernard366.
La double vocation de lieu d’accueil et de prière silencieuse (dans la semaine) et de rassemblement ecclésial (le week-end) est restée inchangée jusqu’à aujourd’hui. Si de nos jours Saint-Bernard est devenue paroisse, c’est en conservant la singularité, conforme aux motivations qui ont présidé à sa réalisation, d’être sans territoire.
« ‘Pendant longtemps la chapelle n’était pas paroisse donc n’avait pas de livre personnel pour les baptêmes, les mariages etc.’ », précise l’un des laïcs responsables de l’animation de Saint-Bernard, « ‘Les cérémonies qui se déroulent, de nos jours, dans la chapelle se font à la demande de personnes qui connaissent l’équipe paroissiale. Cependant nous n’avons pas d’obligations - de catéchisme, par exemple - vis à vis de la population du quartier’ »367.
Père B. Feuillet extrait d’un interview au journal La Croix cité par L’Architecture d’Aujourd’hui, n°168, 1973, p. 56.
Renseignements fournis par François Henry à l’occasion d’un entretien téléphonique avec l’auteur le 23 juin 2000.
Entretien téléphonique entre l’auteur et un responsable laïc de la chapelle Saint-Bernard de la gare Montparnasse le 3 avril 2000.