d) Centre d’Accueil à Merlette-Orcières Geneviève Lions-Colboc, architecte (1973)

La station de ski située sur le territoire des communes de Merlette et d’Orcières dans les Hautes-Alpes, connaissait au début des années soixante-dix une forte augmentation de sa population lors de chaque hiver. Celle-ci atteignait alors environ 35 000 habitants. L’association des laïcs et des prêtres de la paroisse se trouva alors confrontée à l’hypothèse de construire une église pour répondre aux pointes de fréquentation qui se produisaient au maximum cinq fois par an aux saisons hautes d’été et surtout d’hiver. La dépense nécessaire pour réaliser une telle construction étant jugée disproportionnée, l’association décida alors d’acheter, après avoir utilisé plusieurs locaux comme chapelle provisoire, l’un des niveaux de l’immeuble de la station d’où partent les téléphériques380.

Ce local est situé au dessus d’un café et sous un snack-bar. L’entrée de ce qui est alors appelé « centre d’accueil », est située sur l’escalier qu’empruntent les skieurs pour accéder au téléphérique (fig. 95). ‘« A l’origine cette salle avait été achetée en attendant la construction d’une église ’», précise le père Joseph Aubin, curé actuel de Merlette et Orcières, « ‘en fin de compte, le terrain qui était réservé à cette construction, mal adapté, a été rendu à la commune. De plus, il était vraiment mal situé. En revanche, la chapelle est très bien placée, au coeur même de la station. Bien sûr il y a une boîte de nuit au dessous et un bistrot au dessus mais, vu les bons voisinages, nous ne sommes pas gênés par le bruit’ »381.

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Fig. 95 : Vue du Centre d’accueil de Merlette-Orcières, 1973.Geneviève Lions-Colboc architecte. Aménagements : Père Mathonnet.
[Note: (L’Architecture d’Aujourd’hui, n° 168, 1973, p. 55).]
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Fig. 96 : Plan du Centre d’accueil de Merlette-Orcières, 1973.Geneviève Lions-Colboc architecte. Aménagements : Père Mathonnet.
[Note: (L’Architecture d’Aujourd’hui, n° 168, 1973, p. 55)]

La conception de ce lieu de culte, résultant de la collaboration de l’architecte Geneviève Lions-Colboc et du père Mathonnet, manifeste très clairement le souci qu’ont eu ses concepteurs de l’intégrer dans le fonctionnement de la station. Le local est banal et parfaitement situé sur le flux des vacanciers. D’autre part, l’aménagement et le mobilier cherchent avant tout à être pratiques et adaptables : l’accueil peut être séparé de l’oratoire-chapelle de semaine par une cloison coulissante ; l’ensemble de l’équipement, en particulier l’autel, est mobile (fig. 96). La pastorale qui accompagne cette conception, met l’accent sur la convivialité et l’ouverture sur le mode extérieur. Il s’agit de permettre ‘« à ce local polyvalent, le premier réalisé dans cette ville, d’accueillir tous ceux qui cherchent une rencontre’ »382.

Si de nos jours, l’appellation “Centre d’accueil” n’a plus cours, en revanche le fonctionnement de la chapelle n’a pas été bouleversé.

« ‘Il existe toujours une cloison mobile mais elle n’isole plus la partie de la salle servant d’oratoire’ », précise le curé, « ‘cependant actuellement cette chapelle est fermée pendant la semaine. En effet, dès qu’il y avait du mauvais temps, des gens s’y regroupaient pour trouver un abri. Cela posait des problèmes d’entretien. J’ai donc fait réaliser, il y a quelques années, un coin d’une dizaine de places séparé de la grande salle par une grande baie vitrée. Ce coin est ouvert toute la journée. L’esprit initial - avoir un espace ouvert en permanence et à tout le monde - existe toujours, mais l’espace a été déplacé et réduit. Chacun peut y faire étape pour un moment de prière et les curieux peuvent donc voir la chapelle sans y pénétrer quand celle-ci est fermée ’»383.

L’utilisation de la chapelle peut également de faire dans un cadre oecuménique. ‘« Le local est prêté à d’autres confessions ’», souligne le curé, « ‘l’Eglise protestante peut ainsi venir s’y rassembler ’»384.

Cependant, le point de vue a évolué et certains parmi les fidèles regrettent aujourd’hui que la chapelle ne se distingue pas des bâtiments profanes au sein desquels elle se situe. « ‘On ne construira rien d’autre même si certains pensent qu’il manque un clocher ’», observe encore le curé de Merlette et Orcières, «‘ au début des années soixante-dix, il fallait que les prêtres logent au milieu de la population, que les églises soient des bâtiments comme les autres. C’était une réaction. On regrette maintenant que rien ne distingue la chapelle des autres édifices ’»385.

Notes
380.

Cette association continue aujourd’hui de gérer ce lieu de culte.

381.

Propos recueillis auprès de Joseph Aubin, curé de Merlette Orcières, à l’occasion d’un entretien téléphonique avec l’auteur le 3 avril 2000.

382.

Extrait de l’article consacré au « Centre d’Accueil à Merlette-Orcières », L’Architecture d’Aujourd’hui, n°168, 1973.

383.

Entretien téléphonique entre l’auteur et le curé de Merlette Orcières le 3 avril 2000.

384.

Ibid.

385.

Ibid.