c) Le centre paroissial Saint-Joseph Ouvrier à Creil Jacques Prioleau, architecte (1968)
La ville de Creil est située sur les rives de l’Oise à cinquante kilomètres de Paris. La proximité de la capitale et la desserte de la ville par d’importantes infrastructures ferroviaires et routières ont provoqué, durant les vingt années qui suivirent la fin de la dernière guerre, une grande activité dans ce secteur géographique. La vieille ville qui avait été en grande partie détruite en 1945 fut reconstruite dans le site étroit de la vallée. L’implantation de nouvelles entreprises industrielles et la rapidité des communications avec Paris provoquèrent un accroissement considérable de la population. Le développement de la ville étant contraint par la topographie du lit de la rivière, il fut décidé d’édifier une nouvelle cité de plusieurs milliers de logements sur le plateau qui la domine.
Les conditions dans lesquelles se présenta la construction d’une nouvelle église sur le “Plateau” de Creil, constituent une bonne illustration des problèmes que posa au clergé catholique l’urbanisation accélérée des villes industrielles, l’hétérogénéité des populations qui s’y installaient et l’importance de la mobilité dans la société française de cette période.
En effet, l’origine des populations qui occupèrent progressivement les cinq mille logements en cours d’achèvement ou en chantier sur le “Plateau” est très variée. Dans les H.L.M. il s’agissait de familles, originaires de l’agglomération ou du reste du département, dont l’un des membres avait été embauché dans les usines de la ville. Dans les logements collectifs privés ou les pavillonnaires, s’installèrent des parisiens qui fuyaient la capitale mais aussi des populations rapatriées du Maroc, de Tunisie et surtout d’Algérie.
Ces habitants avaient donc effectué des déplacements géographiques importants avant d’arriver à Creil. Cependant leur vie continuait à être marquée par la durée et la longueur des trajets domicile-travail qui les obligeaient à passer chaque jour un laps de temps important loin de leur cité.
«‘Toute cette population est en période de mutation, de ce qu’on pourrait appeler dépaysement : ruraux qui se retrouvent au 5ème ou 10ème étage ; parisiens des petites cours et des loges de concierges heureux du plein air et de la pleine lumière, rapatriés d’A.F.N. en pénible déracinement, foyers marqués donc par la résidence toute nouvelle et par les conditions de travail et notamment de déplacement. (...) C’est dans ce contexte que doit s’implanter l’église’», résumait l’abbé Jean Hervé515 et l’équipe des animateurs de la paroisse516 dans le programme qu’elle destinait au futur architecte du lieu de culte517.
L’équipe paroissiale rédigea un premier programme pour édifier un centre paroissial en mai 1962 518. Cette année-là la construction d’un premier bâtiment religieux dont les plans avaient été dessinés par l’architecte creillois Pierre Varenne, venait d’être achevée. Il s’agissait d’un presbytère conçu pour loger trois prêtres complété par une grande salle de 180 m² dédicacée à Saint-Joseph ouvrier (fig. 164). La conception singulière de cet édifice de taille modeste, qui constituait pour l’équipe paroissiale la première tranche du programme, mérite que l’on s’y attarde.
La grande salle, en effet, disposée en rez-de-chaussée, fut conçue pour un usage polyvalent. Elle peut servir de chapelle et accueillir deux cents fidèles, ou fournir, après avoir été divisée en deux grâce à un système de cloisons en accordéon en bois, une salle de réunion ou de catéchisme et une chapelle plus petite dédiée au Saint-Sacrement (fig. 165). Les logements des curés, complétés par un bureau paroissial, ont pour particularité d’être situés à l’étage, donc au dessus de la salle de culte. De l’extérieur, la fonction de l’édifice est peu lisible. La croix discrète apposée sur le mur pignon au dessus de la porte d’accès à la chapelle est le seul indice qui en montre l’utilisation religieuse (fig. 166). Ce parti architectural qui domestique la salle de culte, fait de ce presbytère aux allures modernistes – l’auvent en béton de l’entrée principale, le mur vitrail de la chapelle aux motifs orthogonaux – une interprétation, sans doute involontaire, de la maison d’église qu’appelait de ces voeux, en 1960, Noëlle Maurice-Denis-Boulet.
Le programme qui fut rédigé par l’équipe paroissiale animée par l’abbé Jean Hervé, s’attache à montrer que l’importance de la population qui réside alors sur le secteur du “Plateau” - 9 000 habitants - dont on prévoyait qu’elle atteindrait plus de 25 000 habitants dans les années suivantes, nécessitait la construction d’une église de 900 à 1 000 places dont la nef devait également pouvoir servir de salle de réunion519. L’église principale devait être complétée par un lieu de célébration pour les enfants situé à un niveau inférieur.
Un chapitre de ce programme est consacré à décrire l’esprit dans lequel réaliser le nouvel édifice. L’accent est mis à plusieurs reprise sur la nécessaire discrétion de son architecture. « ‘L’Eglise sur un quartier comme le Plateau, quartier nouveau par les personnes et par le cadre, n’a pas à s’imposer, à provoquer mais à se rendre simplement présente, avec discrétion, avec netteté’ », souligne l’équipe paroissiale qui poursuit : « ‘Eglise, salles annexes, presbytère doivent se couler dans l’ensemble de la vie, donc de la physionomie du Plateau. (...) L’église elle-même, Lieu de la Rencontre du Seigneur, ne cherchera pas tellement, par son architecture, à trancher avec le reste (...) discrète pour ceux qui la verront sans la vouloir’ »520.
L’équipe paroissiale souhaitait signifier à la population du quartier que l’Eglise participait au fonctionnement normal et ordinaire de la cité, qu’elle n’en était pas une composante extérieure. Dans cette optique, les bâtiments cultuels ne devaient pas chercher à se distinguer et encore moins à exprimer l’idée de domination. Au contraire, ils devaient se fondre dans l’environnement urbain. Leur architecture devait donc être banale et signifier l’ouverture de l’édifice à la vie sociale environnante : « ‘La disposition de l’ensemble (église principale, église inférieure, pour les enfants, salles annexes multiples, presbytère) évitera de donner l’impression d’un groupe fermé sur lui-même mais au contraire essayera de traduire l’esprit d’accueil et d’ouverture sur l’extérieur (grandes baies, colonnes etc...)’ »521.
Afin de favoriser la diversité d’usage des salles du lieu de culte, l’équipe paroissiale suggéra même des solutions qui entraient radicalement en rupture avec la tradition de l’architecture ecclésiale. En effet, elle proposa que l’autel de l’église inférieure, c’est-à-dire celle réservée aux enfants, soit « démontable » afin de permettre de transformer la salle de lieu de culte en lieu de réunion et qu’un jeu de cloisons mobiles offre la possibilité de réaliser deux salles de catéchisme de cent cinquante places chacune522.
Sur la base de ces premiers éléments de programme, l’équipe paroissiale se mit alors en quête d’un maître d’oeuvre.
A la demande de l’équipe paroissiale du « Plateau » à Creil, avec laquelle il était en contact, Jean Magnan, ancien directeur de la Coopérative de Reconstruction d’Eglises Sinistrées de Normandie, contacta l’architecte Jacques Prioleau523. « ‘J’ai connu Jean Magnan par le biais du Comité National de Construction d’Eglises avec lequel travaillait notre Comité Diocésain des Eglises Nouvelles’ », se souvient l’abbé J. Hervé524. Quant à J. Prioleau, il avait travaillé pour la Coopérative de Reconstruction d’Eglises Sinistrées de Normandie au sortir de la Seconde Guerre mondiale et il jouissait auprès de Jean Magnan d’une réputation bien établie de concepteur d’églises de qualité.
« ‘En Normandie, j’avais travaillé avec la coopérative de reconstruction des églises locales et j’avais fait connaissance de J. Magnan - secrétaire général de l’Union nationale de ces coopératives’ », raconte J. Prioleau, « ‘Quelque temps après mon installation en Bourgogne celui-ci m’a appelé pour me demander si cela m’intéresserait de construire une église à Creil. Il me fallait donner une réponse immédiate. Je me suis un peu senti pris au dépourvu, Creil étant relativement éloignée de Dijon, mais j’ai accepté. Les responsables tâtonnèrent pour élaborer le programme. Cette église devait répondre aux besoins d’une cité dortoir de 20 000 habitants édifiée sur le plateau qui domine la vieille ville située sur les rives de l’Oise. La population de cet ensemble de logements n’était pas très pratiquante et, peu stable, se renouvelait rapidement. L’équipe paroissiale qui était chargée d’édifier un lieu de culte pour cette cité nouvelle, avait à l’esprit les réformes liturgiques de Vatican II et était également très attentive au climat social qui allait bientôt générer le mouvement de mai 1968. Le curé, l’abbé Jean Hervé, m’avait donc demandé de concevoir une église qui ne puisse pas être perçue comme une provocation pour les non-croyants dans un milieu où, pensait-il, il n’y avait pas une recherche très importante de spiritualité. Mon premier projet avait un caractère un peu monumental et comportait un clocher. On me demanda donc de supprimer ce signal, de faire en sorte que l’édifice ne ressemble pas à une église et qu’il soit très discret. L’équipe paroissiale avait également une volonté d’économie et d’efficacité. Il lui apparaissait que le fonctionnement de la communauté paroissiale se fragmentait durant la semaine en activités spécialisées pour lesquelles des locaux de dimensions modestes étaient souhaitables. Les dimanches ordinaires une fréquentation de trois à quatre cents personnes était une bonne moyenne et nécessitait un volume plus grand tandis que la capacité maximum d’accueil ne répondait qu’aux besoins de quelques jours de grandes fêtes dans l’année. Peu à peu l’idée s’est dégagée d’un ensemble de volumes qui puissent se combiner de diverses manières pour s’adapter, chaque fois, à l’importance du groupe et au caractère de la rencontre. Il fallait que l’architecture de cette église permette une grande souplesse d’utilisation’ »525.
L’abbé Jean Hervé eu un premier contact avec Jacques Prioleau le 9 janvier 1963. « Il n’y a pas eu d’autres architectes pressentis », précise l’abbé J. Hervé, « ‘heureusement c’était le bon choix !’ »526.
En juin 1963, l’équipe paroissiale rédigea un additif au programme initial. En effet, en un an le nombre d’habitants du “Plateau” avait quasiment doublé tandis que les programmes de logement étaient revus à la hausse. Ces éléments laissaient présager que la population totale compterait plus de 36 000 habitants une fois ces programmes réalisés527. L’importance et la rapidité de la croissance de ce nouveau quartier qui était en passe de dépasser en nombre d’habitants la ville historique, conduisit l’équipe paroissiale à envisager la possibilité de construire trois églises afin de répondre à la “norme” d’une population de 12 000 habitants environ par paroisse. Cette hypothèse fut immédiatement écartée. En effet, prêtres et laïcs estimaient que même si les nouveaux arrivants avaient connu dans leurs pays d’origine un fonctionnement paroissial traditionnel, la modification radicale de leurs conditions de vie marquée par les déplacements – « ‘transplantation, changements divers, vie en grande collectivité (...) travail avec horaires accablants qui rendent peu disponibles les foyers à prendre une place active dans les foyers’ »528 - suggérait que l’on s’oriente vers un fonctionnement missionnaire en organisant les fidèles au sein de groupes de militants : A.C.O., A.C.I., J.O.C., J.E.C., scouts etc.
L’équipe paroissiale ne souhaitait pas que les fidèles se trouvent rapidement cantonnés aux activités habituelles des paroisses, comme la chorale. Au contraire, elle cherchait à privilégier l’ouverture des chrétiens aux problèmes des familles qui arrivaient, en créant une relation dynamique à la vie la cité : « ‘La tentation serait de vouloir trop vite organiser un style de paroisse habituelle, les gens arrivant de pays où ils ont pu le connaître, nous y amèneraient rapidement au risque de ne pas prendre conscience de leur nouvelle vie et dans laquelle, comme homme et comme chrétien, ils ont à prendre une part de vie active’ »529.
Quant au programme, outre de souligner l’urgence de sa réalisation, l’équipe paroissiale n’y apporta que peu de modifications sauf l’ajout en sous-sol de huit salles de 25 m² chacune « ‘pour les différents mouvements de jeunes et d’adultes’ »530.
En décembre 1964, une troisième et dernière version du programme fut écrite. La ligne pastorale définie les années précédentes est réaffirmée. Il s’agit de « ‘faire simple, discret le plus possible ’»531. Néanmoins, l’équipe paroissiale souligne que l’évolution en cours de l’Eglise – résultant du Concile Vatican II – confirme que les édifices de culte ne doivent plus être pensés « ‘comme expression visible de l’Eglise mais comme moyens nécessaires à la vie de la Communauté’ »532.
Le programme, sensiblement modifié, prévoit de recourir à des systèmes de cloisons mobiles et d’éléments de mobiliers également mobiles ou démontables pour permettre un usage polyvalent des différentes salles533. Ce programme indique que la salle principale, dédiée essentiellement à la célébration du culte dominical, comportera une chapelle du Saint Sacrement destinée aux dévotions privées. Cette chapelle sera séparée du lieu de célébration de la messe par des cloisons mobiles qui, repliées, offriront une centaine de places d’appoint en cas d’affluence534. La grande salle sera composée d’une travée centrale et de deux travées latérales. Celles-ci pourront être isolées de la nef centrale par des cloisons mobiles afin de créer deux salles de catéchisme. Le programme précise enfin que le podium central comportera « ‘un autel pour la célébration du dimanche – si nécessaire démontable – L’autel fixe serait celui du lieu sacré, de la chapelle. Ce qui permettrait de transformer parfois l’ensemble en grande salle de réunion culturelle, catéchistique, etc. »535. « Il n’est pas nécessaire qu’il soit fix’e », précise l’équipe paroissiale à propos du baptistère qui devra être disposé à gauche du podium536.
Si le principe d’un lieu de culte en sous-sol pour les enfants est abandonné, en revanche l’idée de disposer de quatre petites salles d’environ 20 m² chacune pour les équipes apostoliques de jeunes et d’adultes est maintenue et complétée par une salle de réunion de taille plus importante.
Dernière modification importante, la réalisation d’un édifice de plain-pied est préférée à la conception sur deux niveaux, essentiellement pour des raisons d’économie.
Ce programme fut traduit par un schéma (fig. 167) que J. Prioleau s’attacha à développer.
« ‘Après plusieurs mois de réflexion en commun », se souvient J. Prioleau, « l’idée a été retenue d’un noyau central, au caractère sacré très affirmé, qui servirait de chapelle de semaine. Sur ce noyau central pourraient s’ouvrir trois volumes : l’ouverture du volume central permettant d’accueillir les messes dominicales, l’ouverture supplémentaire des deux volumes situés sur les bas-côtés offrant une possibilité d’accueil maximum lors de grandes fêtes tandis que, fermés, ces trois volumes pourraient servir de salles de conférence ou d’enseignement du catéchisme’ »537. Une série de schémas réalisés par l’architecte montrent les principales possibilités de modulation de l’espace que permet le système de cloisons coulissantes (fig. 168).
Au début du printemps 1965 le travail de conception était déjà bien avancé. Dans un courrier dactylographié adressé à l’abbé Jean Hervé, J. Prioleau énumère un ensemble de points qui font l’objet de demandes de modifications. Cette lettre fait apparaître que l’équipe paroissiale souhaitait que la surface de certaines éléments du projet soit réduite non seulement pour des raisons d’économie mais également afin d’atténuer les signes qui distinguent traditionnellement l’architecture d’une église des édifices qui l’environnent.
Confronté à cette demande, l’architecte s’opposa à la réduction de la surface des porches d’entrée, jugée trop importante, en fondant son argumentaire sur un article de la revue L’Art Sacré de l’année 1960. Cet article, écrit durant la période pré-conciliaire, parle en effet de l’église comme d’un espace sacré qui nécessite d’être séparé et mis à distance du monde profane. Les porches d’entrée « ‘sont des éléments qui ont leur importance ’», souligne J. Prioleau, ‘« je vous cite à ce sujet ce qui était dit dans le numéro de L’Art Sacré de septembre-octobre 1960 consacré au lieu de la Célébration : Les abords... ’Le porche de l’église et ses abords ne sont pas de simples et banales voies d’accès. Leur rôle est double : accueil et recueillement. Les séparations et distances ont toujours été senties comme nécessaires pour délimiter et exprimer un espace sacré’’ »538.
Autre demande de l’équipe paroissiale réfutée par l’architecte, celle de confessionnaux mobiles qu’il projette, au contraire, de disposer de part et d’autre du porche. « ‘J’ai maintenu les confessionnaux à ces endroits car je ne crois pas que leur transformation en confessionnaux mobiles soit une économie », écrit J. Prioleau, « elle entraînerait plutôt une complication de rangement ’»539.
La raison essentielle qui fonde la demande de l’abbé Jean Hervé n’est probablement pas d’ordre économique. Elle s’inscrit plutôt dans sa volonté d’ouvrir l’église à des usages profanes. En effet, en rendant mobiles les éléments du mobilier religieux les plus caractéristiques – autel, confessionnaux, baptistère – l’aspect de la nef principale aurait pu facilement et rapidement être banalisé en cas d’usage autre que religieux.
La lettre de J. Prioleau de mars 1965 aborde également la question du système de cloisons coulissantes. L’abbé Jean Hervé avait suggéré l’emploi de cloisons basculant vers le plafond à l’image des dispositifs utilisés comme portes de garage. J. Prioleau proposa d’utiliser plutôt des portes en bois à déplacement latéral doublées d’un rideau, système qu’il jugeait plus simple du point de vue mécanique et moins dangereux à manipuler que des portes basculantes540. C’est ce double procédé – portes coulissantes et rideaux - qui fut retenu. « ‘Les cloisons mobiles furent réalisées en bois, du type des portes de garage, et au moyen de rideaux, par souci d’économie’ », précise J. Prioleau541.
Au début du mois de novembre 1965, l’abbé Jean Hervé écrivit à J. Prioleau pour lui signifier qu’étant satisfait par son avant-projet, il pouvait entreprendre la confection des plans du dossier de permis de construire. « Nous sommes très heureux du travail que vous avez réalisé. L’ensemble et les détails répondent bien à ce que nous vous avions demandé », écrit-il et il conclut, « ‘je vous donne notre accord pour que vous travaillez maintenant aux plans d’exécution’ »542.
Le plan masse, les façades et la coupe sur le choeur de l’avant-projet sommaire de l’église montrent un bâtiment de plan carré aux volumes ramassés (fig. 169, 170, 171 et 172). Les bandeaux latéraux de la couverture soulignent l’horizontalité de l’édifice au dessus duquel pointe, de manière discrète, un lanterneau central qui éclaire l’autel. Comme le souhaitait J. Prioleau le porche d’entrée, surmonté d’un auvent en porte à faux, fut traité de façon à souligner la fonction d’accueil de cette partie de l’église.
Sur le plan du rez-de-chaussée, des tirets indiquent les éléments mobiles dont le déplacement permettra de modifier rapidement les volumes et l’usage de la nef (fig. 173). En particulier, deux éléments coulissants ouvrent ou ferment les salles situées sur les bas-côtés de la travée centrale. Ce sont ces cloisons qui seront réalisées en bois. Les salles, une fois fermées, pourront ainsi accueillir les cours de catéchisme (fig. 174 et 175).
L’idée de les concevoir mobiles ayant été abandonnée, l’autel, le baptistère ou les confessionnaux sont fixes (fig. 176 et 177). « ‘Nous n’avons pas gardé de traces de la conception de la mobilité du mobilier liturgique dont le projet ne nous a pas accroché sérieusement ’», souligne l’abbé J. Hervé qui se souvient avoir préféré rapidement la solution d’un choeur stable, conservant une dimension sacrée, réalisé avec des éléments de qualité. Ainsi la pierre de Saint-Maximin, extraite du sous-sol local, fut utilisée pour réaliser l’autel dont les éléments – autel, croix, tabernacle, baptistère – furent sculptés, selon la proposition de J. Prioleau, par Irène Zack et Philippe Kaeppelin543 (fig. 178 et 179).
L’autel est disposé au centre d’un carré légèrement exhaussé par rapport à la nef. Le choeur est fermé sur trois côtés par des murs et peut être isolé du reste de la salle par un grand rideau de velours bleu foncé (fig. 180). Ce dispositif permet soit d’isoler une chapelle de semaine de 40 places - dont les sièges sont situés derrière l’autel - soit de masquer l’autel et le mobilier liturgique lorsque la nef sert de salle de conférences.
Le permis de construire fut accordé en 1966 et les travaux débutèrent en mai 1967 (fig. 181). Ils se poursuivirent jusqu’en juin 1968 (fig. 182, 183 et 184). En décembre 1968 le centre paroissial Saint-Joseph était achevé (fig. 185 et 186).
L’intérieur de l’édifice où la distinction entre le choeur et la nef a été clairement exprimée, présente un aspect plutôt conventionnel mais dont le dépouillement fut très apprécié. Cet aménagement, souligne l’abbé J. Hervé ‘« nous a assuré un lieu de toute beauté pour les célébrations, Dominicales et autres ’»544.
« ‘Proche de l’église-maison comme Pierre Pinsard (...), Jacques Prioleau renoue en même temps avec l’art religieux le plus authentique : ses aménagements liturgiques en reçoivent une ’qualité de présence’ d’un grand raffinement ’» affirme Frédéric Debuyst à propos de Saint-Joseph Ouvrier545.