3. 1. 4. L'ACTIVATION EMOTIONNELLE

L'état d'activation émotionnelle constitue une dernière source d'information affectant la croyance en une efficacité personnelle. Les situations de stress induisent une activation émotionnelle ; comme celle-ci s'associe souvent à des performances détériorées, les sujets anticipent une efficacité faible lorsqu'ils se sentent tendus ou viscéralement agités. En fait, les sujets peuvent évaluer plus ou moins nettement leur degré d'efficacité à partir d'indices physiologiques comme la fréquence cardiaque ou la moiteur de la peau. Des symptômes corporels qui rendent compte d'une anxiété situationnelle (e. g., l'imminence d'un examen) peuvent ainsi signaler que l'on ne se sent pas particulièrement efficace pour affronter une tâche spécifique et susciter une plus grande vulnérabilité aux erreurs. Inversement, lorsque les stresseurs de l'environnement n'affectent pas les réponses physiques et/ou mentales, les sujets maintiennent un degré élevé d'efficacité. Il est donc plus probable pour un individu de s'attendre au succès lorsqu'il n'est pas préoccupé par un état émotionnel aversif (anxiété) que lorsqu'il est tendu et viscéralement agité (Bandura, 1977b).

Plusieurs traitements permettent de réduire l'activation émotionnelle responsable des comportements d'évitement. Par exemple, en fournissant des informations erronées sur la fréquence cardiaque, on peut réduire ces comportements ou tenté de modifier le niveau de motivation intrinsèque (Pittman, Cooper, & Smith, 1977). En faisant croire que les menaces n'affectent en rien l'état interne, ou en montrant que l'activation émotionnelle est due à des causes non émotionnelles, on peut aussi modifier les comportements d'évitement.

L'accomplissement de performances, l'expérience vicariante, la persuasion verbale et l'état d'activation émotionnelle constituent donc les quatre sources majeures d'information qui permettent aux individus d'acquérir un certain degré d'efficacité personnelle quant à un comportement donné (Bandura, 1977a). Cependant, les informations acquises à travers ces quatre sources n'influencent pas directement l'efficacité personnelle. Les sujets interprètent les résultats de leurs expériences, et ces interprétations fournissent l'information sur laquelle les jugements sont basés. Les formes d'informations que les sujets évaluent et utilisent pour construire leurs jugements d'efficacité, de même que les règles d'inférence qu'ils emploient pour les intégrer, forment la base pour de telles interprétations. L'efficacité personnelle est déterminée par la sélection, l'évaluation cognitive et l'intégration de multiples informations (Bandura, 1982). L'efficacité personnelle peut ainsi être conçue comme un jugement super-ordonné qui est induit par l'assimilation et l'intégration de multiples déterminants.