Chapitre 2 : PRISE DE DECISION ET JUGEMENTS PAR HEURISTIQUES

Les discussions sur la prise de décision révèlent souvent des oppositions : rationalité contre irrationalité, fonctionnalité contre inadaptation. En effet, notamment dans le champ des mathématiques, de la statistique et de l'économie, il existe des modèles (normatifs) très forts de la prise de décision : si l'on ne s'y conforme pas, on est dans l'erreur. Néanmoins, l'analyse des processus décisionnels est passée de modèles purement mathématiques à des conceptions plus cognitives. A ce titre, Tversky et Kahneman (1974) remarquent que, dans des situations courantes, le décideur humain ne se réfère pas à des modèles mais utilise de préférence des processus cognitifs qui reposent sur des heuristiques. Celles-ci consistent en raccourcis de jugement qui débouchent sur des conclusions parfois hasardeuses, mais qui garantissent la formulation d'un jugement, la prise d'une décision, là où le décideur est peu motivé ou peu à même de conduire un traitement approfondi de l'information. D'une façon générale, on admet à présent le principe de la rationalité limitée : les sujets s'efforcent plus ou moins d'être rationnels mais, bien souvent, comme nous tenterons de le montrer dans le présent chapitre, ils n'y parviennent pas.