1. 1. THEORIES DE L'EXPECTATION ET DE LA VALENCE

Les théories de l'expectation et de la valence (TEV) trouvent leur fondement dans une analyse commune des situations de choix. Un individu, selon elles, est conçu comme étant confronté à une série d'alternatives d'actions. On admet que chacune de ces alternatives est associée à un nombre de conséquences possibles, qui à leur tour présentent une attractivité (valence) plus ou moins grande pour le sujet. Chaque conséquence est perçue comme ayant une certaine probabilité subjective d'occurrence (expectation). Probabilité et attractivité de chaque conséquence possible d'un acte se combinent pour déterminer l'intensité de chaque acte. Il est ensuite présumé que l'action adoptée par le sujet correspond à celle qui présente la force la plus importante. On peut résumer de façon très globale l'idée générale des TEV en citant Lawler (1973, p. 45) : "‘La force de la tendance à agir d'une certaine façon dépend (a) de la force de l'expectation selon laquelle un acte donné sera suivi par une conséquence particulière (ou résultat) et (b) de la valeur ou attractivité de cette conséquence (ou résultat) pour l'acteur’".

Comme on peut le voir, ce modèle expectation-valence est rationnel et déterministe. En effet, il admet que les individus choisissent leurs activités afin de maximiser le résultat final. Cependant, ce modèle n'implique pas nécessairement que les individus agissent avec une information complète ou qu'ils peuvent discriminer toutes les alternatives possibles. Il n'implique pas non plus qu'ils soient conscients de toutes ces données ; certaines cognitions peuvent rester à un niveau infra-conscient. Nous reparlerons de ce point plus loin.

Ces idées, qui trouvent leur origine dans les travaux de E. C. Tolman et de K. Lewin, apparaissent dans les positions théoriques de nombreux auteurs (Atkinson, 1957 ; Edwards, 1954, 1961 ; Heckhausen, 1977 ; Vroom, 1964). Une des caractéristiques communes à ces théories est qu'elles s'attachent à déterminer, à partir d'équations complexes, les propriétés mathématiques des actions. Nous donnons ci-après l'exemple du modèle de Vroom (1964). Dans les théories socio-cognitives contemporaines (e. g., Bandura, 1977b, 1986), alors que les variables fondamentales demeurent, ces préoccupations ont disparu.