1. 1. 1. LE MODELE DE VROOM

En fait, Vroom (1964) a proposé deux modèles : le premier pour prédire la valence des résultats ; le second pour prédire la force incitative à l'action. Le modèle de Vroom (cf. figure 15) distingue deux niveaux de résultats : 1/ le premier niveau est constitué par toute chose (objet, but concret, tâche, niveau de performance) qu'un sujet peut vouloir atteindre ; 2/ le second niveau représente les conséquences différées (récompenses, approbations, etc.) auxquelles conduit l'atteinte du premier niveau. La valence d'un résultat est définie comme la force (positive ou négative) de l'orientation affective d'une personne. Elle fait référence à la satisfaction anticipée associée à un résultat. Elle se distingue de la valeur du résultat qui correspond à la satisfaction éprouvée par l'atteinte de celui-ci.

Le premier modèle (modèle de la valence) établit que la valence d'un résultat est une fonction de la somme algébrique du produit des valences de tous les autres résultats différés auxquels il mène, et de leur instrumentalité :

n

Vj = ƒ Σ (Vk . I j.k)

k = 1

Vj = la valence d'un résultat j ;

Ijk = l'instrumentalité connue d'un résultat j à atteindre un résultat k ;

Vk = la valence d'un résultat k ;

n = le nombre de résultats.

Comportement Résultats de
1er niveau R j
Résultats de
2nd niveau R k
message URL FIG15.gif
Figure 15 — Schématisation du modèle de Vroom (1964), d'après Thill (1993). Dans ce schéma, E représente l'expectation, V la valence, I l'instrumentalité ; i définit le niveau d'effort, j et k correspondent aux résultats du premier et du second niveau.

L'instrumentalité correspond à une croyance relative à la corrélation qui existe entre l'atteinte du résultat de premier niveau et celui du second niveau. Elle varie entre -1 (quand le résultat R j ne mène en aucune façon au résultat R k) et +1 (quand le résultat R j conduit toujours au résultat R k).

- Le second modèle de Vroom (modèle de la force de l'incitation à l'action) concerne les variables qui caractérisent un comportement (e. g., l'effort déployé). La force attribuée à la réalisation d'une action est une fonction de la somme algébrique du produit des valences de tous les résultats par l'expectation selon laquelle une action sera suivie de l'obtention de résultats :

n

Fj = ƒ Σ (Eij . Vj)

j = 1

Fi = la force qui pousse le sujet à accomplir l'acte i ;

Eij = la force de l'expectation selon laquelle un acte i sera suivi d'un résultat j ;

Vj = la valence d'un résultat j ;

n = le nombre de résultats.

Comme on peut le voir sur la figure 15, la force d'un comportement (i) ne dépend pas uniquement des valences (Vj) associées au résultat attendu (Rj), mais de l'expectation (Eij) de voir le comportement conduire au résultat en question. L'expectation correspond à une probabilité perçue concernant les liens existant entre un comportement (e. g., l'effort fourni) et un résultat (e. g., une performance donnée). Elle varie donc entre 0 (certitude de ne pas atteindre le résultat) et +1 (certitude d'atteindre le résultat). Elle se distingue de l'instrumen-talité dans la mesure où elle est une association action-résultat, alors que l'instrumentalité est une association résultat-résultat. Le modèle de Vroom (1964) est un modèle de choix comportemental (e. g., du degré d'effort consenti), dans lequel la force (i. e., la motivation) à produire une certaine quantité d'effort dépend, d'une part de l'expectation de voir ce degré d'effort conduire à un certain niveau de performance et, d'autre part, de la valence de cette performance (modèle de la force de l'incitation à l'action). La valence de cette performance est ensuite prise en considération en raison de son caractère instrumental pour accéder à un résultat de second niveau (modèle de la valence).