Matériel

Comme dans l'expérience 1, le matériel consistait en un formulaire dans lequel figu-raient la présentation de deux tâches distinctes et un questionnaire.

Tâches présentées. Deux tâches étaient présentées dans le formulaire (cf. figure 25) : la tâche des chiffres (notée, tâche C) et la tâche des lettres (notée, tâche L). Leur principe de résolution était identique : il s'agissait de trouver l'élément (un chiffre C ou une lettre L) s'insérant de façon logique dans une série incomplète de 5 éléments. Selon les formulaires, l'ordre de présentation des tâches était interverti : (a) la présentation de la tâche C précédait la présentation de la tâche L (notée, ordre C→L) ; (b) la présentation de la tâche L précédait la présentation de la tâche C (notée, ordre L→C).

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Figure 25 — Descriptions de la tâche C (à gauche) et de la tâche L (à droite) incluses dans chaque formulaire (format original pour chaque description : 21 × 29,7 cm).

Dans une pré-expérience, afin de vérifier que chaque tâche présentée dans le formu-laire était en apparence très simple, nous avons demandé à 10 sujets (7 filles et 3 garçons) d'estimer leur niveau de difficulté (8).

Ces sujets estimaient séparément la difficulté de la tâche C et la difficulté de la tâche L, par l'intermédiaire de l'échelle DP-15 de Delignières (1993). Représentée à la figure 26, il s'agit d'une échelle de catégories divisée en 15 échelons et ponctuée de labels verbaux —sur les nombres pairs — distribués de "extrêmement facile" à "extrêmement difficile". La question posée était : "En 10 minutes, compléter 20 séries de chiffres (de lettres) vous sem-ble ?...". Pour répondre, les sujets entouraient un numéro sur l'échelle DP-15.

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Figure 26 — Echelle de cotation DP-15 pour l'estimation de la difficulté (d'après Delignières, 1993).

La cotation moyenne pour chaque tâche était faible : 4.10 (écart-type = 2.38) pour la tâche C et 4.40 (écart-type = 2.67) pour la tâche L. Ces résultats confirment donc, d'une part que les tâches étaient estimées comme étant d'un niveau de difficulté équivalent — un test t sur séries pairées n'a pas montré de différence significative entre les 2 cotations, t(9)=-1.41, p=.19 — et, d'autre part, qu'elles semblaient "très faciles".

Il nous semble important de préciser ce que l'on entend par difficulté estimée. Ce concept est en effet souvent confondu, à tort, avec celui de difficulté perçue. Par exemple, pour certains auteurs, la difficulté perçue correspond à une estimation a priori du niveau d'exigence de la tâche à accomplir (Dornic, 1986 ; Fichten, Amsel, & Robillard, 1988 ; Kukla, 1972, 1974) ou à une probabilité de succès (Atkinson, 1957) ; pour d'autres, elle correspond à la perception, au cours de l'exécution, des difficultés rencontrées pour satisfaire aux exigences de la tâche (Rejeski & Brawley, 1983 ; Weiner, 1986). Or, il semble que l'on ne puisse parler de perception que dans ce second cas, dans le sens où le sujet fait l'expérience directe et actuelle d'un stimulus. L'utilisation du terme "difficulté perçue" semble abusive dans le premier, qui correspond davantage à un jugement inférentiel sur un niveau d'exigence supposé. D'après une proposition empruntée à Delignières (1993), il convient donc de parler de "difficulté estimée", et non de "difficulté perçue", lorsque l'évaluation précède la réalisa-tion de la tâche. Pour désigner une évaluation précédant la réalisation de la tâche, certains auteurs utilisent même le terme de difficulté perçue estimée à l'avance (e. g., Famose, 1990).

On demandait aux sujets de lire attentivement la description de chaque tâche et, à la fin de chacune d'elles, de résoudre l'exemple proposé. Afin que le choix d'une tâche ne soit pas influencé par la difficulté des exemples, ceux-ci étaient simples. Les sujets ne devaient éprouver aucune difficulté à les résoudre. La plupart des sujets les ont d'ailleurs facilement résolus (absence de ratures par exemple). Par précaution, lors du dépouillement, tous les formulaires dans lesquels un exemple était faux ou non résolu étaient toutefois éliminés. Sur ce critère, 6 sujets ont ainsi été exclus des analyses statistiques.

Questionnaire. Le questionnaire comportait une question par page. Etant donné que la procédure de manipulation de l'ancrage, les mesures de l'efficacité personnelle et la mesure du choix d'une tâche reposaient sur un principe identique à celui utilisé dans l'expérience 1 , le contenu des questions 3, 4, 5, 6 et 7 en fonction de la condition d'ancrage et de l'ordre de présentation des tâches est seulement détaillé dans le tableau XIII (les deux premières questions servaient d'items "bouche-trou", afin de réduire la saillance des autres questions). Précisons néanmoins que 3 conditions ont été définies :

  • une condition dans laquelle étaient présentées une ancre haute (18) pour la tâche C et une ancre basse (2) pour la tâche L (notée, condition C+L-) ;

  • une condition dans laquelle étaient présentées une ancre basse (2) pour la tâche C et une ancre haute (18) pour la tâche L (notée, condition C-L+) ;

  • une condition dans laquelle aucune ancre n'était présentée (condition contrôle).