Résumé

Dans trois expériences, nous étudions la relation entre les biais de jugement et le com-portement de choix en examinant (a) l'influence de l'heuristique d'ancrage-ajustement sur les jugements d'efficacité personnelle et (b) l'influence subséquente de ces jugements sur le choix d'une tâche. Dans les expériences réalisées, on présente deux tâches distinctes aux sujets. Pour chacune d'elles, les sujets estiment leur efficacité personnelle après avoir été exposés à une valeur apparemment aléatoire soit faible (ancre basse) soit forte (ancre haute). Ensuite, les sujets choisissent une des deux tâches initialement présentées. Les hypothèses proposent que : (1) par l'application de l'heuristique d'ancrage-ajustement, les jugements d'efficacité sont biaisés dans des directions opposées ; (2) les sujets choisis-sent la tâche pour laquelle leur efficacité personnelle est la plus forte. Dans l'ensemble, les résultats vérifient ces hypothèses. Cependant, selon les caractéristiques des tâches présentées (expérience 1 vs. expérience 2) et le type de manipulation expérimentale utilisée (expériences 1-2 vs. expérience 3), la magnitude des biais et la nature même des effets d'ancrage varient. Dans chaque expérience, l'application d'un modèle de régression logistique (modèle logit) montre que la différence entre les jugements d'efficacité apporte une contribution significative à la prédiction du choix d'une tâche particulière. De manière schématique, on montre que plus l'efficacité personnelle pour une tâche A est supérieure à l'efficacité personnelle pour une tâche B, plus la probabilité de choisir la tâche A plutôt que la tâche B augmente.