1. 1. CADRE DE LA THEORIE

Le présupposé de base de la théorie de la fixation de buts est que les buts conscients sont les déterminants et les régulateurs immédiats des actions volontaires et des performan-ces. Selon Locke (1968, p. 158), "... les idées conscientes de l'Homme affectent ce qu'il fait, i. e., l'une des fonctions (biologiques) de la conscience est la régulation de l'action". Même si, un peu plus tard, il admettait : "... aucune correspondance terme à terme n'est présumée entre les buts et l'action, car les gens peuvent faire des erreurs, manquer de capacités pour atteindre leurs objectifs, ou avoir des conflits ou prémisses subconscients qui pervertissent leurs buts conscients" (Locke, Shaw, Saari, & Latham, 1981, p. 126). Cette conception est proche de celle développée par Nuttin (1980). Dans sa théorie de la motivation humaine, l'auteur soutient que l'activité du sujet est dirigée vers, et réglée par, un résultat à atteindre, c'est-à-dire un but cognitivement présent. L'établissement d'un but, ou d'un standard, initie et régule la conduite. Aussi longtemps que le but représenté n'est pas atteint concrètement, le sujet perçoit une inadaptation qu'il tentera de réduire par la sélection et la mise en place d'une conduite adaptée.

Dans la théorie, un but désigne un comportement très spécifique. Il est défini comme l'image d'un niveau futur de performance que le sujet désire atteindre (Locke et al., 1981 ; Garland, 1985). Le but est cognitif ; un but est une image qui peut exister sous une forme sensorielle ou verbale, laquelle peut être stockée en mémoire à court ou à long terme pour être rappelée à un moment ultérieur pour une comparaison avec la performance. En outre, le but existe antérieurement à l'accomplissement de la tâche (il s'agit d'un futur anticipé), il est au moins ordinal (il inclut un niveau quelconque de performance) et il a une signification motivationnelle (le sujet désire atteindre le niveau de performance représenté dans le but).

La théorie se centre sur la question de savoir pourquoi une personne accomplit mieux une tâche (ou est plus performante) qu'une autre. Si ces personnes sont égales, en termes de connaissances et d'habiletés, Locke (Latham & Locke, 1991 ; Locke & Latham, 1990a ; Locke et al., 1981) suppose que la cause est motivationnelle. La théorie spécifie que la plus simple et la plus directe des explications motivationnelles à la question posée est que ces personnes avaient des buts différents. Le contenu d'un but a donc, selon la théorie, un effet sur l'accomplissement d'une tâche et la performance. En d'autres termes, la théorie explique les différences entre les performances par la nature des buts retenus et non par la nature des efforts consentis en fonction d'un même but.