Mesures des variables cognitives.

Les mesures des variables cognitives concernaient le but fixé, l'efficacité personnelle, mais aussi la valence du but fixé.

But fixé. On demandait aux sujets, excepté ceux de la condition BG, d'indiquer le but qu'ils s'étaient fixé. Les sujets exprimaient leur but en nombre de matrices à résoudre.

Efficacité personnelle. La mesure de l'efficacité personnelle utilisait une échelle dont le principe a été définie par Bandura (1982). Cette échelle permet de mesurer deux aspects de l'efficacité personnelle, pour différents niveaux de performance possibles : la magnitude (ou niveau) et la force. L'échelle utilisée dans cette expérience, représentée à la figure 46, comprend 7 niveaux de performance. Pour chaque niveau, les sujets précisaient (colonne 1) si oui ou non ils pensaient pouvoir l'atteindre et (colonne 2) un pourcentage de confiance exprimant la force de leur capacité à l'atteindre (étalonné de 0% à 100% par intervalles de 10%). Le niveau de l'efficacité personnelle est égal à la somme des réponses affirmatives ; la force de l'efficacité personnelle est égale à la somme des pourcentages de confiance.

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Figure 46 — Echelle d'efficacité personnelle utilisée dans l'expérience.

Comme le préconisent Lee et Bobko (1994), nous avons utilisé une mesure combinée des indices de magnitude et de force. Dans cette expérience, en effet, nous avons calculé l'efficacité personnelle en faisant la somme des scores (colonne 2 dans la figure 46) associés uniquement aux réponses affirmatives (si un sujet indique, pour chaque niveau, oui et 100, son efficacité personnelle sera maximale, soit égale à 700). Par ce procédé, l'efficacité per-sonnelle est donc calculée en faisant la somme des pourcentages pour lesquels le niveau correspondant est oui. De nombreuses études ont appliqué et/ou démontré la validité de ce procédé (e. g., Bandura, 1984 ; Bouffard-Bouchard, 1990 ; Cervone & Wood, 1995 ; Gist & Mitchell, 1992 ; Lee & Bobko, 1994 ; Silver, Mitchell & Gist, 1995).

Valence du but. Les sujets pouvaient attribuer plus ou moins d'importance à l'atteinte du but qu'ils s'étaient fixé. Pour avoir une idée de la force de cette importance, nous avons introduit une mesure de la valence du but fixé. La valence représente l'intensité ou la force de la préférence individuelle pour un résultat particulier. Ce concept suppose que les sujets peuvent avoir des degrés de préférence différents, mais aussi positifs ou négatifs, vis-à-vis des résultats possibles. Pour Vroom (1964), la valence se rapporte à une satisfaction antici-pée, associée à un résultat attendu, c'est-à-dire à la valeur d'un but que s'efforce d'atteindre le sujet. Cependant, contrairement à la formulation de Vroom, nous n'avons pas mesuré la valence en termes de satisfaction anticipée. En effet, les sujets peuvent anticiper une grande satisfaction à l'atteinte d'un but élevé, même si celui-ci ne représente pas une forte valence, car utopique. Par conséquent, Ilgen, Nebeker et Pritchard (1981) préconisent de mesurer la valence à partir de l'importance que représente le but. Les sujets devaient ainsi répondre à la question : "est-ce important pour vous d'atteindre le but que vous vous êtes fixé ?", à l'aide d'une échelle en 9 points avec (1) "non, ce n'est pas du tout important" et (9) "oui, c'est très important". Les sujets de la condition BG n'étaient pas concernés pas cette mesure. Aucune hypothèse n'est formulée à propos de cette mesure. Il s'agissait simplement de vérifier si les sujets accordaient de l'importance au but qu'ils s'étaient fixé.

Avant le début de l'expérience, les questionnaires avaient été ordonnés aléatoirement et placés dans deux piles distinctes, une pour les filles et une pour les garçons. De cette ma-nière, en présentant à un sujet le premier questionnaire, l'expérimentateur assignait le sujet de façon aléatoire à une condition et ignorait cette condition. Pour assurer l'aspect privé des différentes mesures, l'expérimentateur quittait momentanément le laboratoire pendant que les sujets complétaient le questionnaire.

Lorsque les sujets avaient complété le questionnaire, l'expérimentateur revenait dans le laboratoire. Pour que les sujets ne disposent d'aucun repère temporel, il leur était deman-dé d'enlever leur montre. L'expérimentateur donnait aux sujets un crayon à papier et une gomme, puis leur présentait un livret comprenant 35 matrices (imprimées chacune sur une feuille de format A4). Les sujets ignoraient le nombre de matrices contenues dans le livret (il convenait de préparer plus de matrices que les sujets ne pouvaient en résoudre ; il nous a semblé qu'il était impossible de résoudre 35 matrices, même simples, en 10 minutes). Dès que les sujets avaient tourné la couverture du livret (sur laquelle était imprimé "matrices"), l'expérimentateur déclenchait son chronomètre. Il quittait alors le laboratoire et y revenait seulement pour annoncer la fin du temps alloué (10 minutes).