Procédure

Tous les participants étaient examinés individuellement. Les passations se déroulaient en une seule séance, d'une durée approximative de 50 minutes.

L'expérience se déroulait dans une salle isolée de la halle des sports de l'Université Lyon 2. A leur arrivée dans cette salle, les sujets étaient invités à s'échauffer sur l'appareil ergométrique et à se familiariser avec le geste du rameur (cf. annexe n°4) — précisons qu'il n'est pas indispensable de pratiquer l'aviron pour utiliser le rameur ergométrique. Ensuite, l'expérimentateur demandait aux sujets de produire un effort de 30 secondes, le plus intense possible, sur le rameur. Cet essai pré-expérimental se déroulait sans feed-back (l'ordinateur de bord restait connecté au rameur, mais hors de portée du regard des sujets). A l'issue de ces 30 secondes, l'expérimentateur enregistrait le nombre de mètres parcourus par les sujets (aucun feed-back sur la performance réalisée n'était fourni). L'objectif principal de cet essai pré-expérimental était de conduire à l'établissement d'une performance de base. Après cet essai, les sujets quittaient la salle et disposaient de 30 minutes de repos 19.

Manipulation expérimentale. A l'issue du temps de récupération, les sujets revenaient dans la salle. L'expérimentateur leur demandait de réaliser, sur une période de 2 minutes, la meilleure performance possible, c'est-à-dire de parcourir la plus grande distance possible. A ce stade, la manipulation du but était introduite :

Ces instructions étaient verbalisées sur un ton le plus neutre possible. Elles incluaient aussi une pause avant la phrase "par exemple, (370 ou 740) mètres". Cette pause servait à indiquer que la valeur (370 ou 740) était une simple remarque, laquelle signifiait aux sujets qu'ils devaient exprimer leur but par une valeur spécifique.

Sur le même appareil, mais sur une période de 4 minutes, nous avions observé que la distance moyenne parcourue en fonction d'un but difficile était de 1112 mètres, avec pour minimum 988 mètres et pour maximum 1217 mètres (Mauchand, 1998). Sur une période de 2 minutes, on pouvait donc penser que la plupart des sujets pouvaient parcourir environ la moitié de cette distance, soit 556 mètres (dans cette expérience, 90% des sujets — 18 sur 20 — ont parcouru plus de 556 mètres). En revanche, il apparaissait impossible de pouvoir parcourir plus de 700 mètres. Par conséquent, les ancres 370 et 740 représentaient un but extrêmement facile et un but inaccessible, respectivement. On pouvait donc s'attendre à ce que les sujets de la condition BAB se fixent un but facile (ajustement de l'ancre 370 vers le haut) et à ce que les sujets de la condition BAH se fixent un but difficile, voire très difficile (ajustement de l'ancre 740 vers le bas).

Mesures des variables cognitives. Après la manipulation du but, les participants com-plétaient un questionnaire. Avant les mesures des différentes variables, ceux-ci répondaient à une série de questions sur leurs activités sportives (sports pratiqués, niveau, fréquence de pratique, etc.). L'expérimentateur quittait la salle pendant que les participants complétaient le questionnaire.

But fixé. Les sujets indiquaient précisément le but qu'ils s'étaient fixé, en nombre de mètres à parcourir.

Efficacité personnelle. Comme dans l'expérience 1, les sujets complétaient une échelle d'efficacité personnelle. Cette échelle comprenait 15 niveaux de performance, allant de (1) "je peux parcourir 200 mètres" à (15) "je peux parcourir 900 mètres", par incréments de 50 mètres. Pour chaque niveau, les sujets indiquaient une magnitude (oui ou non) et une force (de 10 à 100%, par intervalles de 10%). L'efficacité personnelle était calculée en faisant la somme des forces pour lesquelles la magnitude était "oui" (maximum théorique = 1500).

Valence du but auto-fixé. Les sujets estimaient l'importance que revêtait l'atteinte du but qu'ils s'étaient fixé, à l'aide d'une échelle en 9 points avec (1) "non, ce n'est pas du tout important" et (9) "oui, c'est très important".

Quand les sujets avaient complété le questionnaire, l'expérimentateur revenait dans la salle 20. Les sujets prenaient alors place sur le rameur ergométrique et s'échauffaient. Pour l'effort de 2 minutes (essai expérimental), les sujets disposaient de toutes les informations fournies par l'ordinateur de bord, soit (a) le temps écoulé (fonction compte à rebours), (b) la puissance développée à chaque coup d'aviron et (c) le nombre de mètres parcourus. Pendant l'exercice, aucun encouragement n'était fourni.

Notes
19.

Pour des raisons de récupération optimale, nous avons choisi de ne pas excéder un effort de 30 secondes lors de l'essai préliminaire. En effet, l'effort physique produit sur le rameur ergométrique est un effort intense, "lactique", au cours duquel la fréquence cardiaque avoisine les 200 pulsations/ minutes. Précisons, par ailleurs, que l'étude était présentée comme destinée à recueillir des données statistiques pour le service des sport de l'université.

20.

. A ce stade, certains sujets mentionnaient qu'ils ne s'étaient pas fixés de but. En effet, la tâche ergométrique était nouvelle et l'étendue des performances possibles était a priori très importante. L'expérimentateur redemandait alors aux sujets concernés de se fixer un but spécifique. Selon les instructions données initialement, il re-précisait la consigne générale, suivie de "par exemple, 370 mètres" ou de "par exemple, 740 mètres".