C.011Théorie des quatre mouvements (1808)

Fourier s’était contenté d’annoncer sa « découverte » dans quelques uns des articles publiés par le Bulletin de Lyon, ainsi que dans la Lettre au Grand Juge. Mais ce n’est que cinq ans plus tard qu’il en proposa une première exposition quelque peu détaillée, avec la publication de son premier grand ouvrage, la Théorie des quatre mouvements et des destinées générales 78, en 1808. S’il apparaît, à l’étude de ses manuscrits, que Fourier possédait l’ensemble de sa doctrine dès avant cette date, il n’en livre pourtant encore qu’un « aperçu » dans la Théorie des quatre mouvements. De fait, l’ouvrage est sous-titré : Prospectus et annonce de la découverte. C’est ce qu’entend réaffirmer d’ailleurs la « Préface des éditeurs » de la réédition de 1841, dont la première partie se donne pour but de dénoncer une « ‘erreur accréditée sur la théorie des quatre mouvements » :’ ce livre n’est pas ‘« l’exposition de la doctrine de Fourier et de son système social »’ ; il était conçu comme le premier volume seulement de l’introduction d’un grand traité, dont en réalité Fourier n’acheva jamais la construction79.

A maintes reprises en réalité, Fourier décrit son ouvrage comme « ‘un léger aperçu »’ 80, un essai destiné à éveiller la curiosité du public et tester l’accueil qu’il réserverait à la théorie. Concrètement, dans l’ » Avis aux Civilisés Relativement à la prochaine Métamorphose Sociale »81 qui clôt la Théorie des quatre mouvements, Fourier annonçait qu’à la suite de ce premier « prospectus »82 il en publierait un second, « qui sera une extension de celui-ci et roulera sur les mêmes sujets à peu de choses près »83. La théorie elle même, ainsi annoncée, « ‘sera contenue en six petits mémoires qui paraîtront successivement’ »84, et qui pourront être acquis par la souscription que Fourier lance à la fin de cet « avis » :

‘SOUSCRIPTION’ ‘Les six Mémoires sur l’Attraction passionnée seront d’environ 150 pages, caractère et format de celui-ci, le prix de la souscription est de douze livres tournois : les lettres et envois devront être adressés, franc de port, à l’auteur (Charles, à Lyon).’ ‘Dans les villes éloignées, les souscripteurs, réunis au nombre de douze, pourront désigner un libraire correspondant. Celui qui le premier me fera l’envoi du montant des douze souscriptions réunies deviendra correspondant pour ladite ville et les lieux circonvoisins. ’ ‘La livraison successive des six cahiers commencera dès qu’il y aura mille souscripteurs.85

L’accueil réservé à ce « prospectus » de la découverte, et à la souscription ainsi lancée en faveur de l’ouvrage qu’il annonce, semble partagé entre l’incrédulité et l’ironie. Un article en particulier suscita la colère de Fourier, dans lequel un journaliste s’étonnait que ‘« le possesseur de toutes les sciences, l’homme qui se réserve la plus sublime de toutes, celle du mouvement social’ », fût contraint de lancer une souscription pour la publication de son ouvrage, et en déduisait que le ‘« prophète n’a pas lui-même une foi bien vive dans ses révélations »’ 86. Cet article est l’occasion pour Fourier d’une première diatribe violente contre les journalistes parisiens : ils ‘« ne sont pas seulement zoïles et vandales à l’égard des inventeurs français ; ils ajoutent la calomnie à la détraction et traitent un homme de voleur parce qu’il propose la souscription d’usage »’ 87. La rancoeur de Fourier contre les journalistes s’alimentait très certainement de l’insuccès de la Théorie des quatre mouvements : il s’en serait vendu, en effet, seulement neuf exemplaires !88

L’échec fut ressenti d’autant plus douloureusement par Fourier qu’il prétendait au contraire, par la construction même de son ouvrage, ne pas viser seulement une seule catégorie de lecteurs, mais au contraire s’adresser au plus large public possible, aux érudits comme aux frivoles, aux hommes comme aux femmes89. Il avait en effet découpé la Théorie des quatre mouvements en trois parties distinctes90, apparemment dans le souci d’adapter son propos ‘« au goût des diverses classes de lecteurs ; chacun d’entre eux pouvant être rangé dans l’une des trois catégories, de Curieux, de Voluptueux, ou de Critiques »’ 91. La première partie de la Théorie des quatre mouvements, intitulée « Exposition de quelques branches des destinées générales », définit les quatre mouvements, les périodes de l’évolution sociale, et présente la mécanique fondamentale des passions. Fourier estime que cette première partie ‘« n’intéressera pas le grand nombre des lecteurs’ », et que pour cette raison elle ‘« s’adresse donc aux curieux, aux hommes studieux qui ne craindront pas de surmonter quelques obstacles pour pénétrer de profonds mystères »92.’ Fourier, en « dédicaçant » ainsi cette première partie, ne fait que confirmer ce qu’il annonçait déjà dans l’ » Argument » qui l’inaugure : ‘« elle est de la compétence des hommes studieux et non des personnes frivoles »93.’ Cette première partie débute d’ailleurs par un avertissement : « Les cinq premiers chapitres qui vont suivre doivent être lus au moins deux fois, et plutôt trois fois que deux, si l’on veut bien comprendre les chapitres suivants qui n’offriront aucune difficulté quand on aura acquis l’intelligence des cinq premiers »94.

Dans la deuxième partie, qui s’intitule « Description de diverses branches des destins privés ou domestiques », Fourier se proposait principalement de donner à des lecteurs moins studieux « ‘un aperçu de diverses jouissances que l’ordre combiné peut leur faire goûter dès la génération présente, sitôt qu’il sera organisé’ »95. Ces descriptions, par conséquent, ‘« s’adressent spécialement aux Voluptueux ou Sybarites’ »96. La première moitié de cette partie est consacrée à une description des plaisirs du « ménage progressif » tel qu’il se pratiquera dans l’ordre idéal, opposés aux incohérences du mariage civilisé qui n’a pour but que « l’avilissement des femmes ». Contre la fausseté du mariage et des rapports amoureux en Civilisation, il explique qu’en Harmonie, l’ordre domestique n’est pas structuré par l’existence de couples unissant par les liens du mariage un homme et une femme, mais de tribus de neuf personnes de même sexe affectées à certaines fonctions professionnelles, sociales ou domestiques. Surtout, la « ‘méthode d’union des sexes’ »97 rompt avec l’exclusivité du mariage civilisé : elle permet aux hommes comme aux femmes de différentes tribus, d’avoir successivement ou même simultanément plusieurs partenaires, dont les titres et les droits sont gradués en fonction de la force des liens qu’ils auront noués les uns avec les autres (par exemple, en fonction du nombre d’enfants qu’ils auront eus ensemble).

Dans sa seconde moitié, cette deuxième partie propose d’autres exemples des plaisirs de l’ordre idéal imaginé par Fourier, dans des domaines aussi divers que les sciences, les spectacles, la gastronomie ou la levée des armées. Il convient ici de remarquer que les descriptions, dans cette seconde moitié, se font nettement plus précises que dans la première. Fourier prévient d’ailleurs dans « l’Argument » des Descriptions que ‘« ces tableaux, présentés sans ménagement, causeraient trop d’enthousiasme surtout chez les femmes »’ 98, et qu’il se doit donc de ‘« ne soulever qu’un coin du rideau ».’ Force est cependant de constater que Fourier consacre quatre pages à une description des spectacles en harmonie, quand il ne consacre que la moitié d’une page à la ‘« méthode d’union des sexes ». ’En l’occurrence donc, les draps du lit semblent plus difficiles à lever que les rideaux du théâtre.

La troisième partie, « purement critique »99, s’intitule « Considération tirée de l’insuffisance des sciences incertaines sur tous les problèmes que présente le mécanisme civilisé », est une reprise des arguments d’Egarement de la raison, puisqu’elle consiste en une dénonciation de « l’étourderie méthodique » des philosophes, qui en chaque science ont oublié de traiter le problème fondamental : par exemple les économistes oublient de parler d’association ; les moralistes ne se préoccupent pas du droit des femmes, etc. La troisième partie est centrée autour d’une première attaque contre le commerce100, que l’on retrouve ensuite invariablement au coeur de chacun de ses ouvrages. Cette dernière partie que Fourier nomme Confirmation, cette fois « s’adresse aux critiques »101.

Le « Plan » que Fourier donnait de son premier ouvrage, dans lequel il en présentait les différentes parties et dressait les portraits des lecteurs auxquels chacune s’adresse, pourrait laisser supposer que cette tripartition était simplement destinée à permettre la diffusion de la théorie fouriériste auprès du plus large public possible. Mais en réalité, cette catégorisation du lectorat semble avoir été effectuée en partie a posteriori, puisque le « Plan » de la Théorie des quatre mouvements fut en réalité rédigé en 1818, c’est-à-dire dix ans après la parution de l’ouvrage lui-même, et ne lui fut adjoint qu’à l’occasion de sa deuxième édition, en 1841, soit sept ans après la mort de Fourier ! Il a donc moins écrit pour différentes classes de lecteurs qu’il n’a en fait construit ces différentes classes de lecteurs en fonction de ce qu’il avait écrit. Pour continuer de le montrer, il convient d’ailleurs de souligner que l’ouvrage ne suit pas systématiquement le « plan » en question : en particulier, l’approche critique s’étend bien au-delà des limites de la seule troisième partie, puisqu’on la retrouve à l’oeuvre dès le « Discours préliminaire » qui sert d’introduction à l’ouvrage102 ; elle sous-tend encore la description de la phase civilisée du mouvement social, dans la première partie, ainsi que la dénonciation de la condition des femmes, dans la deuxième partie. Dans son ensemble, la Théorie des quatre mouvements fut, au moins autant qu’une première exposition de la théorie sociétaire, l’occasion pour Fourier d’une véritable critique de la Civilisation, d’un examen systématique des désordres sociaux de son temps.

En réalité, toute la pensée de Fourier fut ensuite structurée par ce principe que l’on voit à l’oeuvre dès le premier ouvrage : dans chacun de ses textes, l’approche positive, qu’il nomme « théorie directe », et l’approche critique, ou « théorie indirecte », sont construites de front, sans qu’il soit possible, donc a fortiori sans qu’il soit pertinent de les examiner séparément. Dans un sens en effet, la description des plaisirs de l’ordre idéal doit faire saisir l’incohérence de la Civilisation. Comme l’indique en effet Fourier dans le « Plan » de ce premier ouvrage, « ‘en prenant un avant-goût des délices de l’ordre combiné, [ses lecteurs] concevront jusqu’à quel point le genre humain est dupe des philosophes qui nous ont caché si longtemps les voies d’un tel bonheur, par leur obstination à critiquer l’attraction passionnée, à vouloir la réprimer, l’étouffer, au lieu d’en faire une étude régulière ’»103 ; mais dans l’autre sens, de façon somme toute exactement symétrique, « l’étourderie » des philosophes, et sa critique systématique, constituent les « preuves négatives » de la justesse de la théorie « directe ».

La construction de la Théorie des quatre mouvements doit finalement moins à une volonté, chez Fourier, de moduler son propos en fonction des catégories de lecteurs auxquelles il destine son ouvrage, qu’à la mise en oeuvre de deux grands principes de structuration de sa pensée : le premier, décrit ci-dessus, qui s’incarne dans le mouvement dialectique de la théorie et de la critique, oppose apparemment les deux premières parties à la dernière, mais en réalité traverse et structure aussi chacune des parties. Le second de ces principes fondamentaux est celui qui conduit Fourier à partager l’exposition de la théorie en deux domaines distincts : d’une part, dans la première partie, traitant des « destinées sociales », une approche que l’on pourrait qualifier de « macro-sociale » ; d’autre part dans la deuxième partie, traitant de ce qu’il appelle les « destins privés ou domestiques », une approche plutôt « micro-sociale ». D’un côté il est question des « affaires générales du globe », tandis que de l’autre il s’agit de ‘« la destinée des individus’ »104.

Cette division du travail théorique donne certes une première indication de l’importance que Fourier accorde à l’étude des moeurs et des pratiques domestiques ; mais elle attire surtout l’attention parce que, loin de constituer seulement un principe d’organisation de la présentation, elle est justifiée par la volonté d’articuler de façon originale les deux domaines. Pour Fourier en effet, du moins dans ce premier ouvrage, les transformations politiques, économiques et sociales les plus générales, peuvent être le produit d’une transformation des moeurs privées :

‘« le peu que j’ai dit sur les ménages progressifs suffit pour démontrer l’extrême facilité de sortir du labyrinthe civilisé, sans secousse politique, sans effort scientifique, mais par une opération domestique »105

D’une évolution des moeurs pourrait donc naître la transformation politique et économique qu’il appelle de ses voeux. En particulier, Fourier estimait que l’évolution de la condition des femmes devait être le moteur fondamental du changement social :

‘« En thèse générale : Les progrès sociaux et changements de période s’opèrent en raison du progrès des femmes vers la liberté ; et les décadences d’ordre social s’opèrent en raison du décroissement de la liberté des femmes.
D’autres événements influent sur ces vicissitudes politiques ; mais il n’est aucune cause qui produise aussi rapidement le progrès ou le déclin social, que le changement du sort des femmes (...). En résumé, l’extension des privilèges des femmes est le principe général de tous progrès sociaux »106.’

La croyance de Fourier dans un changement social qui puiserait son principe dans la transformation des moeurs privées, en particulier dans l’amélioration de la condition des femmes et la libéralisation des moeurs amoureuses et sexuelles, est indéniablement attestée dans la Théorie des quatre mouvements, puisqu’il proclame que ‘« le caractère de pivot’ » de chaque période du mouvement social, celui qui entraîne le changement de période, « ‘est toujours tiré des coutumes amoureuses’ »107 . Friedrich Engels avait d’ailleurs tenu à souligner, dans Socialisme utopique et socialisme scientifique, l’importance de cette affirmation de Fourier : il y rendait certes hommage à la critique fouriériste du commerce, mais ajoutait aussitôt :

‘« Plus mordante encore est la critique qu’il fait des relations sexuelles de la bourgeoisie et de la position sociale des femmes. Il est le premier à déclarer que, dans une société donnée, le degré d’émancipation générale se mesure au degré d’émancipation de la femme »108

Cette croyance, exprimée dans le premier ouvrage, semble disparaître pourtant des ouvrages suivants. Que s’est-il passé ? La deuxième partie de la Théorie des quatre mouvements est précédée dans sa réédition posthume de 1841 — Fourier est mort en 1837 — par un « Avertissement des éditeurs » qui permet de comprendre cette évolution : justifiée selon les disciples par la nécessité de ne pas choquer une opinion déjà suffisamment hostile, une censure apparente s’exerce contre les passages qui évoquent les moeurs amoureuses et sexuelles en Harmonie. En réalité toutefois, la censure n’a pas consisté essentiellement à retrancher des éléments de sa pensée, mais à opérer un renversement fondamental de sa logique profonde, en affirmant, contre le principe originel que l’on trouve à l’oeuvre dans la Théorie des quatre mouvements, qu’il ne saurait y avoir de changement social (en particulier dans l’ordre des moeurs) sans un changement préalable dans l’ordre économique et industriel. Selon les auteurs de cet « Avertissement », Fourier, lorsqu’il affirmait le contraire, commettait en effet une erreur qu’il corrigea ensuite :

‘« En 1807, Fourier ne possédait pas la théorie régulière et complète de cette organisation (...) ; mais, ce qui est beaucoup plus grave, c’est qu’il n’était pas encore entré dans les calculs sur l’ordre majeur et sur l’ordre mineur, qui lui firent découvrir et proclamer plus tard le théorème suivant : Les réformes dans l’ordre mineur (qui comprend les relations d’Amour et de Famille), loin de pouvoir être contemporaines des réformes opérées dans l’ordre majeur (qui comprend les relations d’Amitié, d’Ambition, le Mécanisme de l’Industrie), ne peuvent suivre celles-ci qu’à plusieurs générations de distance »109.’

La distinction entre « ordre majeur » et « ordre mineur », telle qu’elle est présentée dans ce théorème, ne coïncide pas exactement avec le partage, opéré dans la Théorie des quatre mouvements, entre « affaires générales du globe » et « destinée des individus ». En effet la ligne de démarcation s’est déplacée, de façon à n’exclure des causes possibles du changement social, que les transformations les moins bien acceptées par l’opinion, celles qui concernent les institutions familiales et les moeurs sexuelles. C’est en particulier sur ce dernier point que le renversement est le plus spectaculaire, puisque loin d’être le principe possible de la transformation sociale, l’évolution des moeurs sexuelles ne pourra en être, au mieux, qu’une lointaine conséquence :

‘« Ces changements exigent impérieusement des conditions que l’ordre sociétaire, à partir de son organisation générale sur le globe, mettra plusieurs générations à créer et à développer »110.’

Cela dit, il serait absurde de faire entièrement reposer sur les seuls disciples la responsabilité de ce renversement théorique. En réalité, Fourier lui-même y collabora activement : en témoigne par exemple la confrontation de l’affirmation de Fourier, citée ci-dessus, selon laquelle « ‘l’extension des privilèges des femmes est le principe général de tous progrès sociaux’ », avec ce jugement qu’il porta une vingtaine d’années plus tard sur Owen et Saint-Simon :

‘« Tous ces nouveaux régénérateurs, Owen, Simon et autres, inclinent fort à spéculer sur l’émancipation des femmes ; ils ignorent qu’avant de rien changer au système établi en relations d’amour il faudra bien des années pour créer plusieurs garanties qui n’existent pas »111

Il s’agissait certainement, dans la compétition à laquelle les socialismes dits « utopiques » se livraient à l’intérieur du champ intellectuel, de donner à l’opinion une caution de la moralité de la doctrine fouriériste, contre les débordements owénistes et saint-simoniens. On semble en tout cas ici très loin de l’acception commune de « l’utopisme », qui ne s’embarrasserait pas de mettre ainsi l’accent sur l’existence de « conditions » et de « garanties » dont la réalisation serait un préalable nécessaire aux transformations sociales.

Ce retournement dans la pensée de Fourier semble ainsi beaucoup moins être la conséquence d’un développement ultérieur d’un système encore inachevé au moment où il livre la Théorie des quatre mouvements à l’impression, qu’être en réalité justifié par la nécessité d’un « démenti aux détracteurs qui prétendent qu’[il] propose d’établir des libertés en amour dès le début de l’Harmonie »112. La logique de ce retournement n’est donc pas interne au système de la pensée fouriériste, mais est plutôt le fruit de l’interaction entre ce système, l’accueil qui lui est fait, et la compétition avec les concurrents owénistes et saint-simoniens dans le champ intellectuel et politique. Pour le dire plus précisément, il se peut certes que ce retournement résulte du développement d’une pensée encore inachevée, mais ce développement lui-même est aussi en grande partie le produit de la réception dont cette pensée, dans son état « provisoire », a fait l’objet.

Notes
78.

FOURIER Charles (1808a), Théorie des quatre mouvements et des destinées générales. Prospectus et annonce de la découverte, Leipzig (Lyon, Pelzin), 425 pages.

79.

FOURIER, OC01 (1808b), « Préface des éditeurs », pp. V-VIII.

80.

FOURIER, OC01 (1808c), « Introduction de 1808 », p. 117.

81.

FOURIER, OC01 (1808b), pp. 307-311 (1999 : 411-415).

82.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 310 (1999 : 414). Fourier emploie, ici comme dans le sous titre de la Théorie des quatre mouvements, le terme de « prospectus » dans son sens originel, celui du terme de librairie apparu dans la première moitié du XVIIIe siècle, et qui servait à désigner la brochure donnant le plan et la description d’un ouvrage avant sa parution.

83.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 310 (1999 : 414).

84.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 310 (1999 : 414).

85.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 311 (1999 : 415).

86.

Voir notamment FOURIER, OC01 (1808b), pp. 312-314. Les passages de cet article, signé « A. Y. », sont reproduits dans les « notes et additions » de l’édition de 1841, et sont repris dans les éditions ultérieures, jusqu’à la plus récente (voir en effet FOURIER, OC01 (1808c), p. 538). Ce texte est présenté comme extrait du Publiciste de 1808. Jonathan Beecher indique cependant qu’il n’a pas retrouvé la trace de cet article, que selon lui « les disciples de Fourier attribuent de manière erronée au Publiciste du 14 décembre 1808 » (BEECHER (1993a), note 29 du ch. VI, p. 541).

87.

FOURIER, OC01 (1808c), p. 537.

88.

BEECHER (1993a), p. 146. A ces neuf exemplaires il faut ajouter, selon Beecher, les seize exemplaires distribués gratuitement par Bruno-Labbe, le libraire parisien auquel Fourier avait confié la diffusion de son ouvrage.

89.

L’homologie entre ces deux catégorisations, oeuvrant chez Fourier comme un réflexe dont il tenterait vainement de se départir, constitue d’ailleurs une pierre dans le jardin de son « féminisme ».

90.

Cf. infra, « Les oeuvres complètes de Charles Fourier », Annexes.

91.

FOURIER, OC01 (1808c), « Plan », pp. 142-143.

92.

FOURIER, OC01 (1808c), « Plan », p. 142.

93.

FOURIER, OC01 (1808c), p. 146. En opposant les « hommes studieux » aux « personnes frivoles », il donne d’ailleurs une nouvelle illustration du « réflexe » misogyne évoqué ci-dessus : il semblerait ici en effet que dans l’esprit de Fourier, tandis que la frivolité serait de genre indéterminé, le goût pour l’étude resterait essentiellement masculin...

94.

FOURIER, OC01 (1808c), p. 148.

95.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 107 (1999 : 220).

96.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 107 (1999 : 220).

97.

FOURIER, OC01 (1808c), pp. 237-238.

98.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 107 (1999 : 220).

99.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 193 (1999 : 303).

100.

En réalité, cette antienne fouriériste était préfigurée dans l’article sur l’ » Acceptation des lettres de change », et surtout dans la brève brochure Sur les charlataneries commerciales, publiée en 1807, peu avant la Théorie des quatre mouvements. Fourier y dénonçait les pratiques commerciales agressives des marchands parisiens à Lyon. Cette brochure est reproduite dans La Phalange, 3ème série, t. 2, pp. 732 sq., accompagnée de la note suivante : « Ce petit pamphlet formait une demi-feuille in-12 dont nous ne possédons qu’un seul exemplaire, exemplaire probablement unique au monde. La typographie en est dans le même style que celui de la première édition de la Théorie des quatre mouvements » (cité par BOURGIN (1905a), « Bibliographie », p. 13).

101.

FOURIER, OC01 (1808c), « Plan », p. 142.

102.

FOURIER, OC01 (1808b), pp. 1 sq. (1999 : 118 sq.).

103.

FOURIER, OC01 (1808c), p. 142.

104.

FOURIER, OC01 (1808b), p. 27 (1999 : 146).

105.

FOURIER, OC01 (1808c), pp. 238-239.

106.

FOURIER, OC01 (1808b), « Avilissement des femmes en Civilisation », p. 133 (1999 : 244).

107.

FOURIER, OC01,1808, « Caractères, Engrenage et Phases des Périodes sociales », pp. 86-92 (1808 : 126-137 ; 1999 : 201-207)

108.

ENGELS (1880), p. 57.

109.

FOURIER, OC01 (1808c), « Avertissement des éditeurs à la deuxième partie », p. 571.

110.

FOURIER, OC01 (1808c), « Avertissement des éditeurs à la deuxième partie », p. 571

111.

FOURIER Charles (1831), Pièges et charlatanisme des deux sectes : Saint-Simon et Owen , qui promettent l’association et le progrès. Moyen d’organiser en deux mois le progrès réel, la vraie association, ou combinaison des travaux agricoles et domestiques donnant quadruple produit et élevant à 25 milliards le revenu de la France, borné aujourd’hui à 6 milliards un tiers, Paris, Bossange et chez l’auteur, Imprimerie de Lachevardière, p. 53, cité par FOURIER, OC01 (1808c), « Avertissement des éditeurs à la deuxième partie », p. 572.

112.

FOURIER Charles (1829a), Oeuvres complètes 6. Le nouveau monde industriel et sociétaire ou Invention du procédé d’industrie attrayante et naturelle distribuée en séries passionnées, Paris, Anthropos, 1ère éd. 1845, 490 pages, 3ème section, p. 283, cité in FOURIER, OC01 (1808c), « Avertissement des éditeurs à la deuxième partie », p. 572.