2) : L’oeuvre face à la critique.

Notre recherche bibliographique concernant les travaux sur l’oeuvre de Khaïr-Eddine nous conduit à constater un intérêt certain de la critique pour celle-ci depuis les années 80. En effet, les études, notamment universitaires et les articles qui lui sont consacrés, sont en grand nombre. C’est dire que la production de Khaïr-Eddine a suscité et continue à le faire maintes réactions et lectures. Ces dernières semblent avoir évolué dans le temps. On retiendra, tout d’abord, la prédominance d’une approche à la fois thématique et idéologique de l’oeuvre.

Ce type de lecture met l’accent sur le contenu subversif du texte, particulièrement, sa « contestation radicale de la politique » au Maroc16 ou encore sa « révolte contre le sang, le père et le roi » , selon la formule classique, largement répandue par Jean Déjeux17. Ce dernier a beaucoup contribué à une lecture réductrice de l’oeuvre de Khaïr-Eddine, dans la mesure où il l’a figée dans un « hermétisme » par lequel il caractérise une écriture jugée décadente : « ‘Mohammed Khaïr-Eddine ou le crépuscule des dieux’ »18 , titre qui résume une étude qui, si elle a le mérite d’exister et de faire connaître un auteur tel que Khaïr-Eddine dans un ouvrage d’importance sur la littérature maghrébine, n’en constitue pas moins une approche ambiguë.

En effet, tout en reconnaissant le talent novateur de l’écrivain, le critique le condamne aussitôt à travers un jugement hâtif qu’il énonce en guise d’introduction : « Khaïr-Eddine est un auteur difficile, qui a presque tout dit déjà, du moins apparemment, dans son premier ouvrage Agadir, comme Kateb Yacine qui a publié trois fois le même ouvrage chez le même éditeur. Il a craché son venin dès le début ; ensuite vient la bile. » 19. Jean Déjeux ne fut pas seul à pratiquer ce type d’a priori.

Dans un article intitulé « Ecriture et idéologie » , Jamal Eddine Ben Cheikh tient des propos similaires, en déclarant au sujet du Déterreur : « ‘Ecriture d’une autre ampleur et par là même plus significative de l’échec (. . .) le discours devient suicidaire’. » 20. Une lecture différente de ce texte, sans doute l’un des plus forts de Khaïr-Eddine, permettrait d’en montrer la richesse scripturale ainsi que son apport quant à une réflexion sur le processus de la création littéraire. Une approche idéologique, fonctionnant par rapport à un « réel proche »21, se révèle ici totalement inefficace, voire injuste envers le travail de l’écrivain qu’elle dénature.

Dans une livraison de Souffles 22, Abdellatif Lâabi jette un regard original et intéressant sur l’écriture de Khaïr-Eddine, même s’il s’inscrit aussi dans une visée idéologique de littérature révolutionnaire: « Dans Agadir, comme dans Corps négatif, nous retrouvons en effet, cette décision de dépassement d’une esthétique logicienne en vue d’une expression plus intériorisée évoluant au rythme d’une investigation aux multiples axes de divergences, aux multiples centres d’aimantation. Dès lors, l’écriture secrète une nouvelle logique d’approche et de perception, de consommation et de restitution du réel qui fait appel pour sa communication à une aventure, à un risque aussi mouvementés, aussi complexes que la démarche de création elle-même. » .

Si, comme le note fort à propos A. Tenkoul23, Lâabi, fondateur de Souffles, saisit le texte de Khaïr-Eddine en termes de littérarité et de modernité, il donne à l’écriture, celle de khaïr-Eddine mais aussi la sienne et celle des autres, une dimension d’intériorité, de multiplicité, de mystère, d’expérience périlleuse et unique. Une telle dimension place la création scripturale bien au-delà d’une approche socio-idéologique qui peut difficilement en rendre compte.

Dépassant ce type de lecture et s’attachant essentiellement au contenu de l’oeuvre, d’autres critiques24 ont tenté de le saisir par le biais du culturel, de l’imaginaireet de la psychanalyse. L’intérêt de ces multiples approches réside dans leur étude fouillée de la thématique des textes pour en dégager sa diversité, sa richesse et sa complexité et aussi, dans leur éloignement par rapport aux stéréotypes critiques, notamment celui de l’hermétisme ou encore de la négativité de l’écriture de Khaïr-Eddine.

De nombreux travaux universitaires vont orienter la critique de la production de Khaïr-Eddine vers des approches de type formel, sémiotique et poétique25, mettant en valeur la pratique scripturale de l’écrivain. Il faut voir là une évolution intéressante des recherches sur le texte de Khaïr-Eddine dans la mesure où, déjouant le piège de l’idéologie - dans lequel l’auteur lui-même était tombé, à un moment donné de son parcours de créateur, il faut bien le reconnaître - et des jugements de valeurs, ce type de lecture considère l’oeuvre pour elle-même, ce qu’elle donne à lire et ce qu’elle offre comme apport à une meilleure connaissance du processus scriptural.

Dans ce domaine, l’incontournable Violence du texte 26 de Marc Gontard marque un tournant décisif dans l’approche du texte maghrébin en général et celui de Khaïr-Eddine en particulier. En effet, il n’autorisera plus d’approche du texte faisant l’économie d’une analyse « des stratégies formelles d’écriture ». Retenant l’étude faite sur l’auteur qui nous intéresse ici : « Mohammed Khaïr-Eddine : Une odeur de mantèque ou le récit impossible »27, notre attention note un examen minutieux de l’écriture qui a le mérite de suivre ses mécanismes, à l’écart de tout discours idéologisant.

Toutefois, aussi nécessaire et efficace que soit l’approche linguistique et textuelle de l’oeuvre littéraire, elle nous semble insuffisante si elle ne prend pas en considération l’espace socio et psycho-culturel dans lequel puise l’écriture. Le critique n’en ressent-il pas lui-même la nécessité lorsqu’il affirme : « ‘Derrière le second versant du personnage qui finit par accaparer la parole, il y a en fait, l’auteur lui-même, criant son moi exclu d’une société qu’il réprouve, révolté contre l’oppression qui le rend étranger à son propre pays. C’est toute la problématique de son existence qui, chez lui, s’inscrit dans une problématique du récit.’ »28 ?

Beaucoup de chercheurs maghrébins, notamment marocains, se sont efforcés de prendre en compte cette dimension dans leur approche de l’oeuvre littéraire de Khaïr-Eddine, marquant ainsi une évolution dans la critique de celle-ci. Citons, notamment le travail de Rachida Saigh Bousta29 qui consacre à Khaïr-Eddine une étude innovante. Cette lecture a le mérite de montrer la complexité et la profondeur de l’écriture de Khaïr-Eddine, en pointant les noeuds d’ordre psychique où se joue le processus de la création. La nouveauté réside aussi dans un regard qui prend le large par rapport aux poncifs sur les écrits de Khaïr-Eddine, dégageant un foisonnement symbolique, à travers les failles, les ruptures et les béances du discours et de l’écriture. Cette investigation au coeur du récit saisit dans le jeu de l’écriture avec la mémoire et l’imaginaire, un enjeu symbolique, essentiel dans lequel le maternel a une fonction cruciale.

Dévoilant les travers d’un certain type de critique conservatrice et réfractaire à toute innovation scripturale, les travaux de Abderrahman Tenkoul situent l’écriture de Khaïr-Eddine dans un parcours - qui est aussi celui de la littérature marocaine - dynamique, novateur qui a su placer ses marques singulières entre l’environnement socio-culturel dans lequel il s’inscrit et les conceptions modernes de la création et de l’esthétique.

S’intéressant à la réception critique de l’oeuvre littéraire, cette approche s’attaque à des questions jusque-là non abordées : le dialogue de la littérature marocaine de langue française avec le lecteur et la société ou encore «‘ le rapport de l’écrivain avec le lecteur, le réel et l’imaginaire ’»30. S’agissant de Khaïr-Eddine, le critique souligne son appartenance à cette lignée de rénovateurs, notamment des formes scripturales, que sont les écrivains de la génération de Souffles, créateurs d’une littérature incontestablement moderne. Par ailleurs, le travail de Abderrahman Tenkoul a aussi l’intérêt de proposer des pistes de recherche sur le texte, le paratexte - titre, incipit, clausule - et le sens qui donne à la littérature marocaine de langue française et à sa critique un label de qualité et de profondeur et une portée à la fois sociale, culturelle et esthétique qui stimulent les lecteurs et chercheurs que nous sommes.

Tel est aussi l’esprit qui prévaut dans l’étude31 que Habib Salha consacre à la production maghrébine de langue française, en ayant pour celle de Khaïr-Eddine une attention toujours renouvelée. Ce travail entrepris à partir des concepts de « poétique et intertextualité » explore la poétique de Khaïr-Eddine, la saisissant entre « les limites du narratif, l’urgence du poétique et l’importance du théâtral »32.

Sensible à la profondeur et à la complexité de l’écriture de Khaïr-Eddine, cette lecture présente l’intérêt pour nous de montrer « la force transgressive toujours agissante »33 qui donne à l’oeuvre une place d’importance dans l’émergence d’une pensée et de valeurs nouvelles, laquelle motive la littérature maghrébine de façon générale. Attentive à la revalorisation de l’oralité par le texte, cette analyse ouverte permet à la recherche, notamment celle que nous entreprenons ici, de poursuivre de façon constructive une approche du texte qui dépasse le constat de tel ou tel aspect thématique ressassé ou l’a priori idéologique ou encore un traitement mécaniste de l’écriture.

Les travaux universitaires34 les plus récents sur la production de Khaïr-Eddine semblent s’orienter vers un type d’approche qui privilégie la pratique scripturale de Khaïr-Eddine, vise à dégager la valeur littéraire de son oeuvre, tout en travaillant sur ses rapports avec la tradition populaire et l’esthétique moderne. Deux études se démarquent dans cet ensemble, celles de Abdellatif Abboubi35 et Hamid Hasnaoui36. Elles partagent toutes la caractéristique commune d’aborder le texte d’un point de vue structural ou poétique, enrichi par des apports anthropologique et psychanalytique pour révéler la présence d’une dimension particulière dans l’oeuvre de Khaïr-Eddine, tenant à ses liens avec une forme fondamentale de la culture : l’oralité.

La première étude le montre à travers « l’imagination de l’espace », saisie dans une approche, à notre avis, plus thématique que textuelle, s’inspirant des réflexions de Bachelard - néanmoins oubliées dans l’exposé introductif ! - Son intérêt consiste à mettre en relief le dynamisme emprunt d’acuité et d’ambivalence de l’imagination spatiale chez Khaïr-Eddine tout en dégageant dans l’écriture la figure mystique du chaman comme personnage emblématique de l’errance et l’oeuvre comme cheminement initiatique.

Si nous apprécions cette approche intuitive, sensible aux représentations symboliques, qui sonde l’imaginaire de Khaïr-Eddine, parfois de façon fort séduisante, toutefois, nous regrettons que l’espace scriptural en tant que tel n’ait pas donné lieu à une analyse plus consistante et plus fouillée et que ne soient pas suffisamment développés les rapports concrets et symboliques de cet espace avec la sphère culturelle, notamment celle de la tradition orale qui a son propre imaginaire de l’espace.

Par ailleurs, nous ne partageons pas avec le chercheur certaines interprétations concernant le rapport avec le maternel37. De plus, nous ne comprenons pas pourquoi il est allé chercher la figure du chaman comme archétype et référence. Khaïr-Eddine rappelle38 lui-même l’importance dans la tradition populaire, orale, maghrébine et notamment berbère, du personnage à la fois poète et mystique, en errance perpétuelle, figure centrale et essentielle dans la transmission de la culture, du savoir, du développement de l’art, puisque c’est lui qui établit le lien spatio-temporel entre sa communauté et le reste du monde, par son errance même. C’est à cette haute figure que Khaïr-Eddine emprunte sa vision du poète, de l’artiste et une manière d’être au monde. Nous sommes ainsi en pleine tradition orale qui ne constitue pas une simple référence mais plutôt un socle, un héritage que Khaïr-Eddine fait sien.

La seconde étude s’intéresse à cette « succession » qu’assure l’écriture de Khaïr-Eddine, en recherchant dans les romans de l’auteur les traces de la culture et des traditions berbères. À la limite de l’ethnographie, ce travail consacre une part, peut-être trop importante dans le contexte d’une recherche littéraire, aux multiples aspects de la culture populaire, au détriment de l’analyse de leur présence dans le texte et de leur utilisation par l’écriture. Si l’intérêt de ce travail consiste à rassembler un certain nombre de données de base, de dresser un inventaire très riche pour l’étude de la question, il présente toutefois l’inconvénient de partir d’une vision, à notre avis, erronée de la culture et des rapports de l’écrivain avec sa culture d’origine, puisque tel est le cas ici.

En effet, cette recherche est tout entière construite à partir d’un rapport avec la culture qui serait de l’ordre du savoir, posant celle-ci comme quelque chose d’extérieur au créateur, comme une « altérité » en quelque sorte. Elle suit un plan qui part de la culture comme matériau extérieur sur lequel l’écrivain travaille par le biais de l’allusion, de la citation et de la parodie ou par le procédé de l’intertextualité - en évacuant complètement le processus de transformation de la culture qu’opère l’écriture- et débouche sur « la corp-oralité », montrant ainsi, de façon involontaire d’ailleurs, une sorte d’intériorisation de la culture. Or, le rapport à la culture ne serait-il pas plutôt de cet ordre-là, c’est-à-dire plus de l’être que du savoir ? De ce point de vue, la partie sur « la corp-oralité » aurait gagné à aborder et à développer cette question qui n’est pas du tout envisagée, alors qu’elle s’impose dans l’étude même !

Ne s’interrogeant pas sur la nature des rapports de l’écriture et de l’écrivain avec la culture et les traditions, pour en dégager notamment l’ambiguïté faite de rejet et de valorisation, maintes fois constatée par d’autres travaux, cette étude évacue complètement - en même temps que la sexualité - la dimension maternelle de la langue et de la culture, ici berbère, rappelée par les premières pages de Légende et vie d’Agoun’chich , entre autres textes ! Il nous semble qu’un éclairage psychanalytique manque dans ce travail qui pêche aussi par une définition de l’oralité trop limitée à la seule tradition orale.

De ce fait, certaines conclusions de ce travail sont discutables, notamment en ce qui concerne la nature de la parole chez Khaïr-Eddine qui ne se pose pas nécessairement entre le profane et le sacré mais plus dans une problématique de parole oppressive et parole libératrice ; la parole dite « sacrée » n’étant pas forcément celle qui libère, contrairement à ce que conclut hâtivement le chercheur. Celui-ci n’a pas du tout retenu le conflit mis en scène par l’écriture elle-même entre différentes paroles et cultures et de là, la dimension et la valeur accordées à l’oralité et à la culture orale par la conception à la fois socio-culturelle et esthétique que propose l’oeuvre de Khaïr-Eddine.

Celle-ci se prête ainsi à différents types d’approche qui ont le mérite de montrer que cette écriture interpelle, dérange et ne laisse nullement indifférent, comme le rappelle, fort à propos, Jean Déjeux39. Cette diversité de lectures témoigne aussi de la richesse d’une création qui n’a pas fini de livrer son mystère. De cet ensemble d’études, deux types de lecture semblent se profiler, quant à l’attitude critique vis-à-vis de l’oeuvre de khaïr-Eddine.

Réunissant des approches tant idéologique que thématique ou encore structurale, une certaine critique perçoit le texte de Khaïr-Eddine de façon négative, mettant l’accent sur un côté désespéré, destructeur et même suicidaire. Ainsi, il serait porteur, pour l’essentiel, d’une parole vouée à l’échec et, en tout cas, rejetée comme parole trop violente, trop rebelle, trop hermétique.

S’appuyant généralement sur l’étude de contenu et parfois de la forme, une autre critique s’attache à démontrer que la production de Khaïr-Eddine entretient des liens étroits avec la tradition orale et la culture maghrébine en contribuant à son essor.

Force est de constater que l’une et l’autre négligent ou évacuent la dimension artistique, littéraire de l’oeuvre en tant que telle et non évaluée par rapport à l’idéologie, à la politique, à la culture ou encore à un courant formel quelconque. Très peu de travaux se sont intéressés à l’expérience scripturale en tant que telle, pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle devrait être et à son apport à la littérature, à son dialogue avec l’art et la littérature.

Notes
16.

Jean DEJEUX. Littérature maghrébine de langue française .

Sherbrooke : Ed. Naaman, 1980 (3ème édition) , p. 411.

17.

Jean DEJEUX. ibid. p. 413.

18.

Jean DEJEUX. ibid. p. 405-427.

19.

Jean DEJEUX. ibid. p. 405-406.

20.

Jamal Eddine BEN CHEIKH. « Ecriture et idéologie » , in : Les Temps modernes : « Du Maghreb » , n° 375 bis. Oct. 1977, p. 374.

21.

Que le critique semble rechercher vainement.

22.

N° 13-14. Rabat, 1er et 2ème trimestres 1969, p. 36.

23.

Abderrahman TENKOUL. « Souffles : de la critique à la

modernité » , in : Ecritures maghrébines, lectures croisées.

Casablanca : Afrique-Orient, 1991, p. 81-88.

24.

Que nous citons dans notre bibliographie.

25.

Le lecteur trouvera en bibliographie les références de ces travaux multiples, particulièrement nombreux et croissants depuis les années 80.

26.

Paris : L’Harmattan, 1981.

27.

Marc GONTARD. ibid. p. 54-63.

28.

Marc GONTARD. ibid. p. 62-63.

29.

Polysémie et béances des dires dans le roman maghrébin de

langue française à partir de 1967 . Th. Et. Université Paris 13,

1988.

30.

Abderraman TENKOUL. La littérature marocaine d’écriture

française : réception critique et système scriptural. Th. Et.

Université Paris 13, 1994, p. 591.

31.

Poétique maghrébine et intertextualité dans les oeuvres de

Kateb, Boudjedra, Khatibi et Khaïr-Eddine . Th. Et. Université

Paris 13, 1990.

32.

Habib SALHA. ibid. p. 242.

33.

Habib SALHA. ibid. p. 265.

34.

Qui figurent dans la bibliographie.

35.

Imagination de l’espace et création romanesque

dans l’oeuvre de Mohammed Khaïr-Eddine. DNR.

Université Bordeaux 3, 1993.

36.

Culture et traditions berbères dans les romans de

Mohammed Khaïr-Eddine . DNR. Paris 7, 1994.

37.

Auquel notre travail accorde une place d’importance.

38.

Notamment dans les propos introductifs de Légende et vie

d’Agoun’chich.

39.

Jean DÉJEUX. op. cit. p. 418.