Chapitre II : Les métamorphoses du texte.

Complexité, ambiguïté et étrangeté caractérisent au premier abord le texte de Khaïr-Eddine et justifient une analyse minutieuse de son fonctionnement, de cet inlassable travail de construction-déconstruction qui le fonde. Il s’agit d’interroger ici les mécanismes scripturaux générateurs de la spécificité du texte chez Khaïr-Eddine et notamment de son aspect énigmatique, de sa contradiction fondamentale, celle d’être le lieu de sa propre errance et en même temps de sa propre quête.

Cette interrogation cible dans un premier temps, des textes qui se manifestent comme récits afin d’en saisir le traitement particulier que leur fait subir l’écriture de Khaïr-Eddine. Nous nous attacherons à montrer comment le récit devient dans cette écriture sismique, lieu de déconstruction et de construction incessantes.

Il apparaît aussi comme espace où va se dérouler l’aventure périlleuse de la remise en question des formes scripturales et textuelles. C’est à débusquer les divers pièges qui menacent constamment l’écriture éclatée, rendant parfois difficile voire impossible tout récit que nous nous consacrerons dans un deuxième temps. Or, ces multiples pièges révélés par le dispositif formel, renvoient inévitablement, chez Khaïr-Eddine, à l’ambiguïté du sens, à un jeu dangereux qui mime à travers la forme le drame fondamental de l’errance et de la quête.

Nous analyserons dans un troisième temps comment cette problématique de l’errance et de la quête travaille le texte chez Khaïr-Eddine, le projetant sans cesse dans un devenir qui le définit et par lequel il ne peut se concevoir qu’en métamorphose.