2) : Le Dire fondateur.

Si Khaïr-Eddine n’a pas l’exclusivité de cette volonté de créer un « nouveau langage » , de malmener, d’altérer la langue, il reste que sa mise à l’épreuve du langage en tant que système conventionnel de communication correspond à une pratique scripturale qui rejette la mimesis, refuse de reproduire ou de refléter le réel au moyen des mots et vise surtout à libérer les mots. Ceci recouvre de multiples enjeux.

Dans la recherche d’un nouveau langage comptent ici : le sujet d’énonciation, la subjectivité dans le langage, les éléments du discours indiquant la présence d’une individualité. Meschonic 366 parle d’une « poétique de l’écriture et du vivre » dans laquelle les traces du sujet écrivant sont importantes. La prise en compte de « l’homme dans la langue » met l’accent sur le langage non seulement en tant que communication mais aussi « agissant » , la parole visant à transformer une réalité donnée.

Si la pratique scripturale de Khaïr-Eddine marquée par « la guérilla linguistique » et « l’écriture raturée d’avance » se manifeste comme expression de lutte, donc de liberté, tend à faire du langage cet espace de liberté rêvée, ainsi que nous l’avons suggéré dans les précédentes étapes de cette investigation, elle nous conduit dès lors à nous interroger sur cette quête qui se déroule au lieu même de la parole. Chez Khaïr-Eddine, le langage frappe et déroute par son agencement irrégulier, le surgissement des formes qu’il produit, les structures complexes qui le constituent, sa densité externe. Ambiguïté, désordre, complexité, volonté désorganisatrice sont les marques de ce « langage neuf » , porté par « ‘la spécificité du discours comme forme d’organisation du sens ’» 367 , qui se déploie dès l’ouverture de tout récit, chez Khaïr-Eddine.

Le texte joue de sa concentration et de sa condensation, comme si, tenaillé par l’urgence et la menace qui pèsent sur lui - celle de disparaître - il devait se dire rapidement. Car ici, c’est le langage avec ses associations, ses assonances qui mène le jeu et le combat, qui commande et réagit à l’urgence de la quête. Ce sont les mots, même entravés, compagnons de déroute qui suivent le tracé d’une fouille enfouie et conduisent à l’intimité de l’être, à cette « désertude » , nommée dans Moi l’aigre (p. 15) , porteuse et génératrice de parole.

Rappelons que celle-ci s’inscrit par rapport au silence qui reste ainsi dans la fonction phatique d’une parole qui lutte contre ce silence notamment par le trop-plein verbal. En privilégiant la parole, l’écriture de Khaïr-Eddine cherche à lutter contre le silence. Celle-ci semble s’inscrire dans cet excès du langage maintes fois constaté, dans cette parole qui se veut tonitruante, parfois vociférante et qui fait tout pour se faire entendre. Il faut voir dans l’amplification de la parole, du discours chez Khaïr-Eddine, une lutte contre le silence comme manque, menace, censure, néant.

Ainsi, nous avons vu comment dans Corps négatif , Moi l’aigre ou encore Une vie, un rêve, un peuple toujours errants , l’entrée en matière est mordante, comme souvent chez Khaïr-Eddine. Elle projette dans un univers scriptural marqué par une violence première se manifestant par l’irruption bruyante, tonitruante dans l’espace du récit, d’une voix qui éclate, agresse, tempeste, harangue, alpague et somme de l’écouter. Du point de vue de l’adresse faite au lecteur, la fonction phatique, très présente dans l’écriture analysée ici, met en place la force illocutoire de la parole, du discours entendu dans le même sens. Rappelons ici la même force rencontrée au niveau du théâtre.

Quelqu’un parle, une voix s’impose, proférant une parole confuse, obscure et animée par des tensions violentes. « Le récit en tant qu’histoire, cherche à être lien sonore »368, établi dans la profèration de paroles dont le sens demeure obscur : «‘On vous pousse fortement, on vous somme de vous introduire, on vous prend finalement par les sentiments (. . . ) C’est long, exténuant, effrayant. ’» (Corps négatif , p. 9) , ‘« Hé quoi tante ricochant sur moi la strangulatrice martyrisée et sur le chien père aigri de l’insecte immunisé ! (. . . ) Go Ta Gueule (. . . ) Et lui donc ? Parlant à . . . Narguant qui ? (. . . ) Savez-vous ce Qu’untel a voulu faire ? » (Moi l’aigre , p. 5) , « Encore cet abominable lieu ! (. . . ) Un silence pesant et insupportable s’établit sur toute chose durant le jour. Mais peut-on appeler jour cette tache crémeuse et verdâtre qui sourd du sol en flocons intermittents ? ’» (Une vie, un rêve, un peuple toujours errants , p. 9) . La voix « hors champ » qui énonce ce type de parole manifeste une oralité agissante.

Cette parole ainsi définie va correspondre à une nécessité, à une urgence de dire que manifeste l’écriture des textes. Certes, cette urgence met en jeu l’existence même de l’énonciateur de la parole et engage aussi la teneur de cette parole. Qu’est-ce qu’il est urgent de dire ? En quoi est-ce si étroitement lié à la vie - car telle est bien l’urgence en question - de celui qui produit l’acte de parole ?

La parole à travers le langage et du fait de sa dimension dialogique permet la constitution de soi en faisant ressortir sa différence comme altérité positive : parole de soi/parole de l’Autre. C’est dans ce jeu qu’émerge le sujet. La parole par rapport au sujet aide à individualiser le sujet, détermine une position, est espace de réalisation du/des sujets, joue un rôle d’intermédiaire.

La fonction phatique du langage, fonction de contact, apparaît dans l’écriture comme mise en place de l’interlocution. « ‘Toute parole suppose l’interlocution, c’est-à-dire un allocutaire’ » , rappelle Lacan369. À travers elle, se manifeste la recherche d’un contact ; l’écriture semble alors privilégier « ‘la valeur « liante » de la parole (au sens oral)’ » 370 : « ‘(. . . ) mon compagnon de voyage est content de pouvoir enfin retourner chez lui je dirais même qu’il exulte secrètement (. . . ) » (Agadir, p. 9) , « (. . . ) Et ils m’ont longuement questionné. Mais voilà ce que j’ai répondu au procureur de Dieu et du roi qui m’a déjà condamné à mort. »’ (Le déterreur, p. 9) , « ‘Asseyons-nous, dit-il, asseyons-nous et regardons bien ! Miroir, écoute-moi, daigne au moins prêter l’oreille à ce vieux chenapan que je suis.’ » (Une odeur de mantèque , p. 7) , ‘« Quand vous débarquez dans un pays que vous n’avez jamais vu ou que vous avez déserté depuis longtemps, ce qui vous frappe avant tout, c’est la langue que parlent les gens du cru. Eh bien ! le Sud, c’est d’abord une langue : la tachelhït.’ » (Légende et vie d’Agoun’chich , p. 9) .

Ce qui est recherché, c’est cette force illocutoire et dialogique de la parole. Une lecture-écoute attentive, interactive et participative du texte est exigée, comme le montre l’appel au lecteur du Déterreur , ce que Todorov appelle « le destinataire imaginaire »371 , non « ‘Un lecteur mal intentionné (. . . ) mais un lecteur complice de mes malaises (qui) pourrait sans faillir endosser ma peau putréfiée et toutes mes blessures.’ » (Le déterreur , p. 51) . Cette référence à l’allocutaire, cette recherche de sa « complicité » montrent qu’abandonnant toute « fonction informationnelle » , la parole scripturale se fait « activité relationnelle »372. Nous sommes là dans la question de la parole agissante dans celle du « ‘dire, c’est faire’ » . C’est sans doute ce qui donne à la parole sa double dimension urgente et fondatrice, c’est aussi ce qui l’inscrit dans « la guérilla linguistique » .

Ces divers éléments concourent à faire ressortir cette valeur dialogique du discours dont les stratégies s’appuient notamment sur la multiplication des voix, sur la polyphonie qui se construit autour du sujet de l’énonciation. C’est bien par rapport à celui-ci que se pose la question de la parole ; le théâtre par exemple est venu, à maintes reprises, poser cette problématique et montrer le rapport avec le sujet de l’énonciation.

Par la parole se constitue l’identité du sujet parlant. Ce que Kristeva désigne comme « productivité de la parole » nous intéresse en ce que cet aspect éclaire le langage comme action et comme interaction. Le texte reflète son processus de production et comporte les traces d’un « prélangagier » pour reprendre l’expression de Kristeva, qui rejoint pour nous la parole-mère. C’est à travers le textuel, par et dans l’énoncé narratif, que se construit le sujet parlant. Disons qu’ « il soit clair que « l’auteur » en tant que « sujet-scripteur » , mettant en place la pluralité des sens, ne se trouve pas dans l’histoire racontée, mais dans l’écriture et dans la narration conçue comme activité d’énonciation » 373 .

Le déroulement du récit d’Agadir reste étroitement lié à son énonciateur. Il rend compte de la lente et progressive plongée dans l’univers de l’en-deçà, celui des profondeurs. Le langage devient alors « déterreur » de mots à l’instar du narrateur qui déterre les cadavres devant l’impossibilité de sa mission : ‘« Mais je sens nettement la présence souterraine d’un cadavre de ville ’» (p.13). Il nous semble que dès sa naissance, l’écriture de Khaïr-Eddine met l’accent sur cet acte fondateur, ici celui de « déterrer » , qu’est la parole. Celle-ci est activité organisatrice de ce « trésor » qu’est la langue, où les signes seraient emmagasinés. La langue est un phénomène social, alors que la parole est individuelle, selon Saussure.

D’une façon générale, pour la linguistique374, la parole et le discours se rejoignent en tant que « ‘variations individuelles de la langue’ » , « ‘langage mis en action, la langue assumée par le sujet parlant ’» 375 . Selon Emile Benveniste, la parole est : « mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » indiquant « ‘l’acte même de produire un énoncé, non le texte de l’énoncé. L’acte qui fait de l’énoncé un discours’ »376 , « ‘l’énonciation suppose la conversion individuelle de la langue en discours ’» 377 .

Nous retiendrons que si «‘discours signifie un énoncé réalisé, le terme de parole désigne un acte individuel de volonté et d’intelligence et met en valeur les aspects de la liberté, de la création et de la sélection qui caractérisent cet acte. ’» 378. Il reste que la parole se définit d’abord en tant qu’acte : « ‘les actes de parole, toujours uniques, par lesquels le sujet parlant actualise la langue en parole ’»379 , la langue se réalisant par la parole.

Or, notons que la mise en avant de l’acte d’énonciation révèle en même temps que la force de la parole, les stratégies par lesquelles s’opèrent, dans « la prose de l’exil » (Soleil arachnide , p. 31) , l’appropriation par le sujet « des mots amovibles » (Soleil arachnide , p. 105) de l’Autre, le travail et le détournement de la langue de l’Autre, éclairant ainsi le sens de la quête « d’une cosmogonie de la parole » (Soleil arachnide , p. 60) , « d’où jaillit la poésie » (Soleil arachnide , p. 27) et s’effectue la construction du sujet : « syllabe par syllabe je construis mon nom » (Soleil arachnide , p. 87) .

Il est intéressant de rappeler qu’aussi bien l’approche linguistique que psychanalytique de la problématique de la parole dans sa corrélation avec celle du sujet montre que la parole est ce lieu où s’engage le sujet « ‘dans une dépossession toujours plus grande de cet être de lui-même » , la parole lui révélant que « cet être n’a jamais été que son oeuvre dans l’imaginaire et que cette oeuvre déçoit en lui toute certitude. Car dans ce travail qu’il fait de la reconstruire pour un autre, il retrouve l’aliénation fondamentale qui la lui a fait construire comme une autre , et qui l’a toujours destiné à lui être dérobé par un autre .’ »380 .

Retenons donc cette construction/déconstruction du sujet à travers le discours, faisant ainsi oeuvre de soi et subissant en même temps une dépossession de soi à travers l’acte de la parole, où vient s’inscrire cette dépossession. L’évocation de son histoire personnelle est l’occasion pour le « Bon Dieu » de partir à la recherche de son « moi aigri, ravagé par ma conduite antérieure » , dit-il (Histoire d’un bon dieu , p. 93) . Ce type d’investigation et d’archéologie personnelle du moi relève dans l’oeuvre d’une auto-analyse visant à « déterrer » les vestiges du moi et à établir une sorte d’autopsie de soi-même, forme de transgression mais aussi d’urgence de (se) dire. Ceci ne va pas sans provoquer un télescopage d’évocations diverses qui se bousculent sans répit car grande est l’urgence de dire quelque chose qui voudrait prendre corps mais n’a aucune forme, ce qui a du mal à s’énoncer et qui brouille à plaisir les pistes du sens .

Souvent, l’émergence de l’oralité pose l’écriture comme espace où se cherche le sujet dans cette écriture qui le dissimule, où se loge parfois cette « parole vide » que Lacan381 dégage comme lieu «‘ où le sujet semble parler en vain de quelqu’un qui, lui ressemblerait-il à s’y méprendre, jamais ne se joindra à l’assomption de son désir. ’» . Cette « parole vide » faisant ressortir l’idée du « hic et nunc » de la parole parlant en vain de quelqu’un d’autre dans la frustration du désir de soi, a sans doute à voir avec la présence d’une sémantique de la parole-mère qui la rend toutefois fondatrice. Cette notion de parole vide, «‘ bien plus frustrante que le silence ’» , dit Lacan, révélatrice d’ une « frustration inhérente au discours même du sujet » , rappelle que «‘ l’une des fonctions de la parole « dite » est de relier les mots à leur origine, c’est-à-dire au sujet ’» 382.

La parole au-delà des mots, alors vides de sens, est avant tout acte, l’énonciateur de cette parole étant tragiquement voix surgie du néant des mots. « ‘qu’était donc cet appel du sujet au-delà du vide de son dire ? ’»383 . De ce point de vue, le passage des anecdotes racontées à la mère (Histoire d’un bon dieu , p. 159) : « ‘Ma mère en était ravie (. . . ) » , inscrit l’ambiguïté, déjà à l’oeuvre dans le récit à travers la violence, la mort et la frénésie jubilatoire. En même temps, ce magma de paroles semble être un discours hargneux contre tout, en particulier la famille et le pouvoir policier et autoritaire (p. 162) . L’appel du sujet, c’est peut-être, la manifestation de cet appel du vide, de la béance : « d’abord et d’emblée appel propre du vide, dans la béance ambiguë d’une séduction tentée sur l’autre par les moyens où le sujet met sa complaisance et où il va engager le monument de son narcissism’e »384 .

Dans les phases précédentes de ce travail, nous avons noté l’apparition d’expressions vitupérantes où les mots frappent plus par leurs sonorités que par leur sens, créant un vide que nous avons mis en parallèle avec « l’écriture raturée d’avance » . Celle-ci renvoie elle-même à un acte, un exercice d’épuisement, nous avions dit ressassement de l’écriture, mais qui n’en marque pas moins un acte fondateur. Nombreux sont les passages qui se présentent comme d’interminables soliloques, débridés, hallucinés, traversés de fulgurances d’un « je » à la fois meurtrier, bourreau et victime, emprisonné dans son moi et sa parole en urgence, c’est le cas de ce long passage dans Histoire d’un bon dieu , (p. 147-169) situé entre la scène de l’homme et du passant et celle (p. 169) de la mère et du grand singe. ‘« Même s’il ne communique rien, le discours représente l’existence de la communication ; il affirme que la parole constitue la vérité ; même s’il est destiné à tromper, il spécule sur la foi dans le témoignage. ’»385 .

On relève aussi la fonction manipulatrice de la parole, un pouvoir du dire qui tient de l’oralité et de la tradition orale. Or, ce pouvoir est à la fois celui de l’écrivain, de l’écriture, du poète mais aussi de différents agents, comme l’expose le théâtre. Si l’urgence de la parole est ainsi justifiée, il nous paraît que c’est surtout, son pouvoir fondateur qui est constamment mis en avant. Il semble que dans tout texte de Khaïr-Eddine peu importe la fiction, seules subsistent et prédominent la parole, la capacité et la liberté de la proférer comme acte qui fonde. « ‘Le vieux’ » dans Une odeur de mantèque ne déclare-t-il pas : « ‘Ne suis-je pas une sorte de roi ? Le monarque lui-même me craint. Si je dis non, il dit non. Si je dis oui, il dit oui’ » (p. 94) ?

Dans le repérage de la présence de la subjectivité sous-jacente au discours se dévoilent les masques du sujet et donc de son discours : simulacre, construction verbale feinte, telle est la leçon, par exemple d’Une odeur de mantèque qui joue à la fois de la parodie du conte et du symbolisme du miroir volé. C’est un autre aspect de la force de la parole qui révèle dans ce «il était et il n’était pas»que l’oralité dévoile cette ambiguïté. L’énonciation, la parole montrent et cachent en même temps, mettant en relief la dimension essentielle de la parole : l’imaginaire.

Or, dans l’instauration de la fonction interactive de la parole, le jeu pronominal, constitutif de cette ambiguïté dégagée, notoire dans l’écriture de Khaïr-Eddine, introduit la mise en présence de discours contraires, la voix d’un « tu » venant souvent railler le discours de « je » , c’est particulièrement le cas dans Le déterreur ou encore Une odeur de mantèque , « je » et « tu » induisant le « nous » , dans Corps négatif , il s’érigeant souvent en menace pour « je » , nous l’avons vu dans Moi l’aigre . Cette double voix - la bivocalité chez Bakhtine - est productrice d’ambivalence, d’ambiguïté mais aussi de dynamisme, même si elle revêt immanquablement une dimension tragique, s’agissant de l’identité de « je » .

Il reste que le « je » ne peut renoncer à son rôle de narrateur et à sa fonction narratrice car l’identité, marquée par l’absence nominale au niveau du texte, est essentiellement fondée par l’acte de parole introducteur du jeu pronominal, à travers lequel interviennent la subjectivité et l’intersubjectivité. Le je, sans nom, devient identité par son discours, sa parole lui donne sens et présence. L’identité passe ainsi par la parole. Il y a entre le mot je et l’acte d’énonciation une relation existentielle. Dans l’énonciation, le sujet vu dans sa subjectivité devient «‘ « une construction relationnelle » qui se constitue par le langage, par la relation dialogique entre je et tu (. . . ) par l’identification progressive d’un Moi qui prend conscience de sa différence. La subjectivité est ainsi dans l’altérité positive qui marque tout sujet constituant son identité dans « l’espace transcendantal de l’interlocution» ’» 386 .

Aussi, malgré le dédoublement par « tu » ou le procédé de distanciation par « il » , qui apparaissent dans le texte chez khaïr-Eddine comme une dérobade, le « je » ne peut se séparer de sa parole fondatrice et finit par assumer, en dernier lieu, l’instance énonciative et narrative. Cependant, La complexité et l’ambiguïté sont, nous les avons rencontrées dans les stratégies scripturales, constitutives du dialogisme de la parole scripturale. Selon Bakhtine, le discours n’est jamais monologique - la langue l’est, pas le langage - mais fait toujours appel à d’autres instances que celle du seul sujet. « ‘Tout énoncé issu d’un je est déterminé par l’activité de celui qui écoute. Contenant cette voix de l’autre, il est nécessairement bi-vocal ou plurivoque’ » 387 , de là la nature dialogique du texte, en tant que forme de discours.

Si la parole montre dans son urgence même qu’elle est fondatrice, notamment du « je » , en tant que sujet d’énonciation, si elle marque sa singularité, elle manifeste aussi qu’elle est engagée par rapport à l’identité. De ce point de vue, l’émergence de l’oralité serait l’expression du dialogue ouvert entre la parole singulière, subjective et celle-ci. Nous intéresse alors un autre aspect de l’acte fondateur de la parole que nous situerons au niveau d’un dialogisme avec la parole collective, celle-ci étant à son tour exprimée dans l’urgence.

L’exemple sans doute le plus fort de cette forme dialogique qu’est l’intertextualité avec l’espace de l’oralité est constitué par Légende et vie d’Agoun’chich . En effet, nous sommes là dans une véritable organisation polyphonique et dialogique dans laquelle la parole est exaltée dans sa dimension collective, souvent ritualisée dans sa valeur fondatrice et salvatrice de l’identité et dans sa capacité de faire entendre ces voix entremêlées qui vont constituer le récit.

Lieu mémoriel où surgissent les figures de mémoire, le village est aussi espace de fusion et de communion. Le raïs, figure incontournable, rappelle ce partage essentiel. La fête collective, la convivialité qui célèbrent ces retrouvailles - qui renvoient à celles du début du livre - revêtent un sens multiple. En effet, la convivialité est partage de nourriture mais aussi de parole, double oralité en quelque sorte. C’est aussi écouter le raïs, chantre du groupe et mémoire vivante, par lequel on communie dans la mémoire des ancêtres. Cette fusion atteint la propre parole du narrateur qui se confond par le jeu du style indirect libre, avec celle du raïs, en cette nuit du récit.

Partager un « repas seigneurial » (Légende et vie d’Agoun’chich , p. 114) s’effectue dans le partage d’un récit de haute mémoire où les morts ont la première place car c’est par eux que le groupe s’inscrit dans une généalogie, une chaîne symbolique. Le récit ainsi partagé comme le repas, à la fois, geste chantée et poème (Légende et vie d’Agoun’chich , p. 114)388 , est aussi nourriture de savoir, d’histoire, de connaissance de soi. Partager le pain, c’est partager le poème et le récit, dans un même acte social ritualisé. C’est pourquoi, l’écriture qui s’en nourrit abondamment célèbre ce rituel.

En renouvelant l’acte d’échanger la parole, l’écriture cherche aussi à l’inscrire et à s’inscrire comme acte contre la mort. Les hommes sont vivants parce qu’ils évoquent les morts, ils continuent, ne cessent de le faire, ils maintiennent la mémoire de leur histoire par le récit qui prend place dans leur vie comme élément de cohésion collective. Le récit s’inscrit bien dans cette perpétuation.

Le récit du caïd est de ces récits propres à la cité (p. 97-99) , qui relate les faits de résistance et de violence. Ce récit venu avec l’apparition du caïd résistant, refusant d’être « l’ennemi de la montagne » (p. 98) , va avoir sur Agoun’chich un effet de séduction et d’incitation décisive : ‘« Il se promit donc de troquer, le moment venu, sa vengeance contre les émotions et les dangers redoutables d’une vraie guerre.’ » (p. 99) . Est-ce là le pouvoir du récit, de la narration héroïque ; celui d’obtenir l’adhésion de son auditoire ? Il y a là sans doute une force incontestable de la parole qui peut difficilement ne pas agir sur cette figure de l’oralité qu’est Agoun’chich : ‘«- Ce que tu as raconté est fort édifiant, dit Agoun’chich.’ » (p. 99) , alors « ‘impressionné par la personnalité du caïd’ » (p. 99) .

La séduction qui agit sur Agoun’chich, personnage plutôt difficile à émouvoir, ne tient-elle pas justement à sa réceptivité au pouvoir du mythe et de l’imaginaire - nous l’avons maintes fois constaté auparavant avec l’histoire de Hmad Ou Moussa ou celle de Hmad Ou Namir, à son goût pour tout récit concernant les saints ou les ancêtres ou encore, à son attirance pour toutes les fictions liées à la montagne - à l’attraction qu’exerce sur lui toute narration ? Sa séduction-fascination à l’écoute du récit du caïd semble agir comme dans sa rencontre avec la jeune fille qui l’a mené lui et son compagnon vers un univers tout à fait autre, dans lequel il avait décidé d’en finir avec une certaine vision des choses. On retrouve cet aspect décisif dans son état émotionnel présent.

Dans le flot de paroles décalées, celles de la cité de Tiznit, le monologue d’Agoun’chich (p. 147) traduit sa lutte pour survivre et sa parole est alors prise de conscience et de décision : « ‘ce monde-là, cet enfer plutôt, je l’étudierai à fond puisque je suis obligé d’y vivre (. . . ) Je jetterai par-dessus bord ce qui me reste d’humanité. Il est parfois nécessaire de s’abolir pour ressusciter dans la peau d’un autre (. . . ) Il faut se transformer en anguille par les temps qui courent ! La seule solution, c’est d’observer sans rien dévoiler de ce que je pense. Ainsi, les autres me respecteront et me craindront.’ » (p. 147) .

Manifestation de l’omniprésence d’une voix narratrice qui est à la fois avec Agoun’chich et à côté de lui, anticipant quand il le faut ou partageant avec le personnage l’émotion née de l’acte même de narrer, la technique qui consiste à superposer dans une même complicité narrative la voix d’Agoun’chich et celle du narrateur, n’est pas sans rappeler celle du conteur de la tradition orale. Cette situation de dedans-dehors qui caractérise celle du narrateur-conteur témoigne du désir puissant de l’écriture de renouer non seulement avec un espace mais aussi avec sa culture et sa pratique langagière. Le jeu des voix amplifie en quelque sorte cette quête d’une parole venue du fin fond de la mémoire.

De ce point de vue, l’intrusion répétée de l’histoire y inscrit la légende et pousse à s’interroger sur la fiction. L’écriture souligne plus d’une fois que nous ne sommes plus ou pas dans la fiction ; le sommes-nous jamais ? La légende semble prendre des contours tragiquement réels. La constatation de ce type de changement appelle le commentaire que le narrateur s’empresse de faire, embrayant sur les propos du caïd : ‘« (. . . ) Et, demain, la guerre reprendra. (. . . ) Ce n’était pas une guerre à proprement parler. »’ (p.124) . Ce commentaire qui devient de plus en plus précis, fait écho aux premières pages du livre.

Répondant à l’urgence de dire, le narrateur prend le relais de la pensée des personnages et fait sienne leur angoisse de voir l’identité berbère menacée. Les propos se font alors plus historiques, plus analytiques d’une situation considérée non plus du simple point de vue des anciens mais à partir d’un regard observateur et documenté qui embrasse, analyse et commente le parcours historique des Berbères.

Ainsi, le commentateur partage les inquiétudes des Anciens, tout en faisant passer ses propres analyses : ‘« On pouvait certes garder ses valeurs fondamentales tout en diversifiant et en approfondissant sa personnalité au contact d’autres civilisations, mais il ne fallait en aucun cas donner dans le mimétisme systématique, autre danger capable d’enrayer le développement d’une pensée, d’une langue, d’une culture.’ » (p.125) . Le parallèle avec les premières pages du livre est ici inévitable.

L’arrivée de ces propos dans le récit donne au voyage un aspect apocalyptique, tout en montrant le but qui se dégage au fur et à mesure que le récit se déroule dans ce sud menacé de disparition par « quelque cataclysme » (p.125) . Le commentateur ne manque pas de rappeler que la menace a toujours pesé sur le « patrimoine berbère, tout au long de l’histoire » (p. 125) .

Soulignant la perte de l’écriture et d’une grande partie de la langue berbères - ce qui donne plus de valeurs sans doute aux quelques mots berbères qui émaillent le texte - l’observateur avisé de l’histoire berbère est aussi partie prenante de celle-ci : ‘« Instinctivement, le Berbère se souvenait d’avoir été une grande nation, bâti une civilisation prodigieuse annulée brutalement par quelque cataclysme oublié. Pour lui sa léthargie actuelle n’était qu’un cycle défavorable. C’est pourquoi il ne voulait rien perdre de lui-même. Il avait échappé à une catastrophe et il se reconstituerait, dût-il y mettre des millénaires.’ » (p.125) . Ces propos sonnent comme un engagement, une promesse allant au-delà du simple commentaire.

De ce point de vue, l’alternance notée tout au long du récit entre l’évocation d’une vie berbère intense, toujours vivace et le rappel des menaces de disparition qui pèsent sur le Sud, constitue l’une des marques de ce livre et donne un sens au moment décisif, annoncé ici par le texte : s’unir ou disparaître. Autant dire que l’avancée du récit s’effectue plutôt vers le tragique que font naître la guerre, le colonialisme et le monde moderne. Aussi, chaque évocation de moments de convivialité, de fête et d’échanges essentiels389 parce que chargés d’une dimension culturelle et identitaire, prend une valeur symbolique. On reste avec l’insoutenable impression qu’une part importante d’humanité va disparaître dans les événements qui menacent d’arriver. Retenons de ce récit et par rapport à la question de l’urgence de dire que c’est le commentaire qui manifeste ici cette urgence.

La préservation de la culture et son expression par le texte participent de la lutte annoncée. De même, face au tragique de la situation à venir, les personnages ne se départissent pas d’un certain sens de l’humour et savent encore partager le rire autour du couple formé par Agoun’chich et sa mule (p. 127) . Force de l’oralité qui, à travers le chant, la danse et la parole festive - qui sont autant de sursauts de la vie - semble encore préserver les êtres de la mort qui les menace !

Si Légende et vie d’Agoun’chich constitue dans le parcours littéraire de Khaïr-Eddine l’illustration même du dialogue de son écriture avec le champ de l’oralité, ce dialogue contribuant de façon importante à la dimension polyphonique et dialogique de la parole telle que nous essayons de la saisir ici, la dernière création poétique390 de Khaïr-Eddine, Mémorial , s’inscrit singulièrement dans la polyphonie et le dialogisme évoqués.

Oeuvrant contre l’absolu du temps et de l’être, contre ce qui les fige, combattant la racine unique éliminant tout autour d’elle, Mémorial restitue les turbulences du monde et ouvre sur les espaces/temps diffractés et multipliés entre les humanités. Temps et espace prennent ici une dimension universelle, le passé et le présent se confondent dans le ‘« lac inaccompli du Temps’ » (p.23) . L’espace éclate à travers l’univers et traverse l’humanité tout entière en « ‘l’éclat obsidional du monde ’» (p. 23) . Le poème ouvre aussi sur « les printemps des peuples » : « ‘les clartés se firent vives, /les terres elles-mêmes, assassines de tout temps, /réenfantèrent le blé (. . . )’ » (p. 15) .

L’espace de dépassement est alors parole de ceux que l’ordre écrase. Celui-ci se manifeste par l’omniprésence d’un « ils » menaçant de destruction un « nous »/« je » (p. 39) : « ‘Ils brisèrent mes stèles, éventrèrent mes tombes ; ils pillèrent les mers, ruinèrent les tableaux du Soleil ; ils se vendirent, tuèrent sur le billot/la Mère. /Amok. / Nous eûmes recours aux brides et aux abots. » (p.11) . Cette entité multiple, confrontée à la violence oppressive de l’ordre destructeur, s’exprime à travers cette parole inouïe, arrachée au « NON-DIT »’ , soufflée par le poème qui apparaît alors comme la voix multiple de l’être.

De ce point de vue, le poète s’impose comme une figure emblématique qui concentre en elle les valeurs de l’inter ; transmetteur de l’inter-culture, il est à l’écoute de ce souffle du monde, dégagé par Mémorial , « ‘scriptant la tempête sempiternelle » (p. 39) , « debout à l’angle des rues/coupe-gorge » (p. 38) . « Peintre des vents/de la mémoire’ » , il incarne cette « ethnie réelle » constituée par la multiplicité.

Porteur de la parole inouïe, ‘« tu crevas l’oeil du silence doucement’ » (p. 39) , le poète sait « ‘lire déjà/les rides secrètes des terres moulues !’ » (p. 40) , en accord avec les forces élémentales, à la fois « être igné » (p. 9) , « ‘Désert (qui) se réarme, me ceignant/de fragrances aurifères et de feux’ » (p. 11) et surtout puissance tellurique, « ‘vent, Ouragan » , « hantant le torrent et l’éclipse/ (. . . ) radiquant/la variole, la lèpre, nous te vîmes forcer la porte/du Soleil/briser/le crime parfait sans enquête !’ » (pp. 39-40) . Figure hautement subversive : « ‘Je suis assis dans ta tourmente, /sur le tranchant du nuage, muret/maudit par la nature du vent, /cruellement debout dans ta tête assassine, /je brise le Roc miné, /mouflon splendide, incandescent. ’» (p.54) , le poète est celui dont la parole provoque un « cataclysme galactique » . Dans ce chaos-monde, il est habité par toutes ces humanités dont la voix fuse dans ses « encres insurrectionnelles » (p. 57).

Il apparaît alors que le dire fondateur transmet « ‘Un langage qui dit l’être, les origines de la personne, qui permet à son discours d’être entendu par ses contemporains et plus encore qui suppose le discours présent de ceux-ci. C’est ainsi que la récitation de l’épos peut inclure un discours d’autrefois dans sa langue archaïque, voire étrangère, voire se poursuivre au temps présent (. . . ) mais c’est à la façon d’un discours indirect, isolé entre des guillemets dans le fil du récit (de l’écriture) et, s’il se joue, c’est sur une scène impliquant la présence non seulement du choeur mais des spectateurs (lecteurs)’ »391 .

Cette verbalisation ainsi décrite par Lacan à travers la notion de « l’épos » , comme discours épique de soi, rejoint l’idée de se dire à travers le discours de l’oralité, de la parole-mère, de la parole imaginaire de soi, qui suppose ce dialogue avec soi et les autres, qui s’inscrit comme discours indirect rapporté, sans doute transmis. Ici, se nouerait le lien avec la parole de soi et sur soi et l’oralité retrouvée. Le discours indirect inscrit en filigrane dans le corpus scriptural serait celui de l’ancestrale parole. Le verbe recouvré fusionne alors avec celui de la parole imaginaire quand les mots de la langue-mère émergent dans le champ de l’écrit. C’est ainsi que s’effectue le dialogue avec l’oralité symbolique.

L’écriture/parole de Khaïr-Eddine s’adresse à la fois à ce choeur dont nous remarquons la présence dans le théâtre chez lui, la jmaâ, l’ancestral, la culture berbère avec laquelle elle cherche des liens, et autre chose qui serait de l’ordre de ce que l’écrivain cherche à inventer, ayant un rapport avec sa propre langue, qu’il tente de faire entendre.

Toutefois, ceci ne va pas sans heurt et douleur. Il faut se demander dans ce qui passe de soi dans le verbe, la verbalisation, « l’épos » lacanien, qu’est-ce qui dialogue avec le discours d’autrefois, ici l’ancestral et le maternel ? Or, il nous semble que le vide évoqué a à voir avec la parole-mère. Celle-ci travaillant l’écriture « rébarbative », « raturée d’avance » , venant prendre place dans les creux, les vides de l’écriture comme non-dit, s’inscrit alors comme parole retrouvée ‘« mais rendue suspecte de n’avoir répondu qu’à la défaite de son silence392, devant l’écho perçu de son propre néant’ » 393 .

Le travail de l’écriture ne consisterait-il pas alors à dévoiler « le chapitre censuré » par lequel Lacan définit aussi l’inconscient et dont il dit qu’il ‘« est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge ’» 394 , à en retrouver la vérité qui «‘ le plus souvent déjà est écrite ailleurs. Dans les traces, notamment qu’en conservent inévitablement les distorsions nécessitées par le raccord du chapitre adultéré dans les chapitres qui l’encadrent, et dont mon exégèse rétablira le sens ’»395? C’est à retrouver les traces en question que nous allons maintenant consacrer la prochaine étape de notre propre recherche. La pratique langagière est aussi de l’ordre de l’imaginaire et du mental. Le dire est ainsi fondateur en ce qu’il instaure quelque chose qui est de l’ordre de l’individuel et du collectif.

Notes
366.

Henri MESCHONIC. Pour la poétique . Paris : Gallimard, 1970-1978.

367.

Comme le souligne GREIMAS, in « Les actants, les acteurs et les

figures » in Claude CHABROL. Sémiotique narrative et textuelle. Paris :

Larousse, coll. « L » , 1973, p. 170.

368.

Pierre VAN DEN HEUVEl. op. cit. p. 62.

369.

Écrits I , op. cit. p. 135.

370.

Pierre VAN DEN HEUVEL. op. cit. p. 62.

371.

Du bilinguisme . Paris : Denoël, p. 21 (ouvrage collectif) .

372.

Tzvetan TODOROV. Ibid.

373.

Tzvetan TODOROV. Ibid.

374.

De Saussure à la linguistique moderne.

375.

Jean DUBOIS et al. Dictionnaire de linguistique . Paris : Larousse, p.

156.

376.

Émile BENVENISTE. « L’appareil formel de l’énonciation » in

Langages 17 , p. 12-17.

377.

Émile BENVENISTE. Problèmes de linguistique générale II . op. cit. p.

81.

378.

Pierre VAN DEN HEUVEL. op. cit. p. 21.

379.

Pierre VAN DEN HEUVEL. ibid. p. 18.

380.

Jacques LACAN. Écrits I, op. cit. p. 125.

381.

Jacques LACAN. ibid. p. 130.

382.

Jacques LACAN. ibid.

383.

Jacques LACAN. ibid. p. 124.

384.

Jacques LACAN. ibid.

385.

Jacques LACAN. ibid. p. 128.

386.

Jacques LACAN. ibid. p. 38.

387.

Mikhaël BAKHTINE. op. cit. p. 31.

388.

« Il chanta la geste de la tribu (. . . ) Quand le caïd eut révélé à

l’assistance l’attaque et la défaite de Bismgan, le raïs entonna un

poème sur l’esclavage. » (p. 114) .

389.

Comme la scène humoristique où le caïd veut faire un don à

Agoun’chich (p. 127-128) .

390.

Publiée.

391.

Jacques LACAN. op. cit. p. 132.

392.

Ce silence est celui dont nous avons tenté de saisir la présence dans

les mouvements de l’écriture.

393.

Jacques LACAN, op. cit. p. 123.

394.

Jacques LACAN. ibid. p. 136.

395.

Jacques LACAN. ibid. p. 137.