Chapitre III : La force de l’imaginaire.

En abordant la question de l’imaginaire à l’oeuvre dans l’écriture, le dernier volet de cette recherche se propose de voir comment celui-ci se dit au point d’articulation de trois aspects retenus ici comme éléments de la progressive émergence de l’esthétique scripturale de Khaïr-Eddine.

Dans un premier temps, à travers l’analyse de cette étrange entité qu’est le je/texte dans l’écriture de Khaïr-Eddine, il s’agira de voir comment s’opère dans le processus d’instauration de l’oeuvre celui de l’instauration de soi-même. Dans le champ de réalité neuve ouvert par le processus de la création que devient la propre réalité de celui qui dit et écrit « je » ?

Comprendre cette expérience permettra d’approcher dans un second temps, l’esthétique de l’inachevé qui sous-tend l’écriture du « je » , à la fois induite par la situation d’exil dans laquelle se place l’oeuvre littéraire maghrébine en langue française et conduite par une volonté créatrice posant l’inachevé comme valeur esthétique.

L’expérience scripturale comprise aussi en tant qu’expérience identitaire et l’esthétique de l’inachevé participe de l’analyse de l’écriture envisagée du point de vue de l’imaginaire. Nous verrons dans un troisième temps qu’à travers la parole scripturale et la puissance de l’imaginaire se manifeste dans « la gestuelle profonde »544 qu’est l’écriture, une énergie vitale qui cherche à faire aller l’oeuvre vers une cohérence fondatrice de sens.

Notes
544.

Jean BURGOS. Pour une poétique de l’imaginaire. Paris :

Seuil, 1982, p. 396.