INTRODUCTION

L’oeuvre de Maurice Blanchot ne cesse de questionner L’Espace littéraire 1 à la manière d’une exigence qui déroute la pensée et tente de l’amener aux extrêmes limites du concevable. La lecture trouble l’approche, ajourne la rencontre. La parole de l’oeuvre, plus précisément celle des dialogues, nous invite à nous tourner vers “une migration sans repos” 2 pour tenter un abord où se jouent les tensions et les secrets des êtres.

Le dialogue, présent dans l’oeuvre fictionnelle, l’est également dans les essais de l’auteur. L’Entretien infini fait alterner deux voix, deux paroles qui ne sont pas celles de deux interlocuteurs véritables. Ces derniers parlent souvent dans la même direction.

‘« Parler selon la nécessité d’une irréductible pluralité, comme si chaque parole était le retentissement indéfini d’elle-même au sein d’un espace multiple, est trop lourd pour un seul : le dialogue doit nous aider à partager cette dualité ; nous nous mettons à deux pour porter la double parole, alors moins pesante d’être divisée et surtout moins pesante d’être rendue successive par l’alternance qui se déplie dans le temps. »3

Ce dialogue est nommé “parole plurielle” par l’auteur, qui utilise ce procédé comme force d’expression théorique.

Le dialogue, « emprunté au latin dialogus : “entretien philosophique à la manière des dialogues de Platon”, emprunt au grec dialogos : “entretien, discussion” »4 peut ainsi être défini comme l’union de la parole et de la raison, ce qui renvoie au logos. Pour les anciens Grecs, il était le moyen de prédilection pour déployer un logos philosophique, contrairement au monologue, plus catégorique et spécieux, du sophiste. Cependant, le préfixe dia ne doit pas nous faire oublier l’idée de scission et de passage par les concepts, de dis-cours de la pensée.

L’étymologie du mot allemand, par contre, fait du dialogue un lieu où la parole se rassemble et d’où elle se donne à entendre : Gespräch est formé du préfixe ge, qui évoque l’idée d’attroupement, et du radical Sprache, qui signifie la parole, la langue. Dans ces conditions, le dialogue ne présupposerait pas la parole, mais il se trouverait au commencement de la langue.

Les formalistes russes ont insisté sur le fait que le dialogisme 5 est inhérent au langage même. Dans ces conditions, le mot “dialogue” n’est pas seulement un terme générique qui renvoie à toute situation de discours où deux interlocuteurs au moins s’entretiennent, il devient véritablement une forme de comportement et d’échange linguistique. Le monologue peut alors comprendre une composante dialogique, plus particulièrement quand “la parole” semble “plurielle”6. La parole n’est pas un acte strictement individuel. Le discours intérieur lui-même présente un caractère dialogique, même si la présence de l’auditeur s’avère virtuelle.7 « ‘L’expression pure, dégagée de toute communication, demeure une fiction, car toute parole implique la visée d’autrui.’ »8 Le poète Friedrich Hölderlin corrobore ces propos, il écrit : « un dialogue nous sommes. » 9

Martin Heidegger affirme à son tour : « ‘Tout mot parlé est déjà réponse : contre-dite, Gegensage*, dire allant à la rencontre et écoutant’ ».10 L’essence du dialogue se trouve ainsi pour Heidegger dans le déploiement, “la mise en chemin”11 de la parole. Maurice Blanchot reprend l’idée de parcours de la parole. Un chapitre de L’Entretien infini s’intitule : « Les paroles doivent cheminer longtemps » : 12

‘«  —  Cheminer assez longtemps pour effacer leurs traces et surtout pour effacer la présence autoritaire d’un homme maître de ce qui doit se dire. »13

Dialoguer, c’est aussi s’adresser au “tu”, qui est une réalité constitutive du “moi”.

Le récit Celui qui ne m’accompagnait pas semble mettre en scène cet autre “moi”, lui donner vie.

Que ce soit avec l’autre de soi-même ou avec autrui, le dialogue, étant un échange de propos, pose la question du langage, qui recouvre celle de la pensée. S’efforcer de questionner ce que l’auteur nomme “l’obscur”14 dans la communication, n’est-ce pas prendre le risque d’altérer la trajectoire de ladite pensée, d’adopter une attitude infidèle face à une oeuvre qui inquiète, déroute, fascine ? À la manière de Françoise Collin, qui écrit au sujet de L’Entretien infini : « ‘Si la réflexion qui se retourne sur le livre s’efforce de bricoler, avec les débris d’une pensée sauvage, un certain abri, elle n’en sera que mieux exposée à la violence de l’entretien’ »15, nous pouvons supposer qu’au sein de la réflexion qui se retourne sur l’oeuvre, nous ne serons, à notre tour, que mieux exposés à cette violence et à l’obscurité de l’entretien. La tâche n’est pas aisée. Nous sommes en quelque sorte débordés — privés de bords — par une écriture qui se dérobe parfois à notre discernement. Mais l’oeuvre fait appel, dans un premier temps, au lecteur qui avance à tâtons vers l’inconnu. Nous ne l’aborderons qu’avec nos propres zones d’ombre, d’erreur, de sensibilité.

C’est peut-être à partir d’une certaine disponibilité qu’il est possible de tenter d’apporter quelque éclaircissement sur les dialogues. La lecture ne nous laisse pas en repos, ne nous rassure en rien et néanmoins fait naître une attirance profonde. A l’endroit des paroles échangées par les personnages, vers quel lieu Maurice Blanchot nous entraîne-t-il ?

A l’exemple de l’auteur quand il parle de ses livres, nous pourrions affirmer que beaucoup de choses devraient être dites sous la modalité du “peut-être” ; nous nous efforcerons de les énoncer malgré tout. Lui-même ne nous invite-t-il pas à prendre part à l’oeuvre, à dialoguer avec elle ? A la fin de L’Entretien infini, il semble se détacher des textes écrits dans un passé plus ou moins lointain.

‘« Je voudrais dire que ce livre, dans la relation mouvante, articulée – inarticulée, qui est celle de leur jeu, rassemble des textes écrits pour la plupart de 1953 à 1965. Cette indication de dates, référence à un long temps, explique pourquoi je puis les tenir pour déjà posthumes, c’est-à-dire les regarder comme presque anonymes.
Donc appartenant à tous, et même écrits et toujours écrits, non par un seul, mais par plusieurs, tous ceux à qui il revient de maintenir et de prolonger l’exigence à laquelle je crois que ces textes, avec une obstination qui aujourd’hui m’étonne, n’ont cessé de chercher à répondre jusqu’à l’absence de livre * qu’ils désignent en vain. »16

Même si l’auteur semble ainsi autoriser le lecteur à devenir créateur, sommes-nous libres d’actualiser le texte comme nous l’entendons ? Si multiples que puissent être les commentaires, aucun ne saurait en épuiser l’étendue sémantique. Nous essaierons de découvrir un sens au-delà du sens : l’inquiétude de subvertir le mouvement par lequel l’oeuvre a vu le jour ne s’estompera pas pour autant. Et cependant, nous nous risquons à faire l’expérience étrange de l’approche d’une certaine parole, ne serait-ce que parce que nous sommes sans relâche à la poursuite d’une région de nous-même, troublés par des paroles indomptables.

Pour essayer de caractériser le “dialogue blanchotien”, notre recherche se maintient sur les traces du questionnement de l’auteur et de nombreux écrivains, philosophes voire psychanalystes — l’auteur s’est nourri des lectures d’une majorité d’entre eux. Ainsi, les références à la philosophie, et pour une part plus faible à la psychanalyse, sont-elles assez importantes. Il apparaît que les écrits de Maurice Blanchot accordent une place essentielle à la pensée.

A l’heure actuelle, la dichotomie entre littérature et philosophie s’amenuise parfois. Il n’est pas toujours vrai que celle-ci soit l’apanage de la pensée et celle-là celui de l’imagination. Le rythme, par exemple, peut participer “‘d’une tache aveugle dans l’entendement’”17. Ainsi que le suggère Isabelle Baladine Hovold : « ‘le rythme n’est pas seulement, comme le disait Schlegel, “l’idée de la musique”, il est aussi l’idée de la littérature moderne, là où littérature et philosophie sont médusées par ce qui s’entend là où commence la pensée de l’écriture’. » 18

L’auteur, nous le verrons, évoque la parole analytique19, l’Autre, il cite Sigmund Freud et Jacques Lacan. Son oeuvre vient illustrer cette parole de Hölderlin : « ‘Le langage est le plus dangereux de tous les biens’ ».

Les essais de ce dernier n’ont rien d’un commentaire littéraire. On a souvent affirmé que l’auteur interroge plutôt les conditions qui rendent la littérature possible et met en jeu son existence même. Ce n’est pas à démentir.

Même si Maurice Blanchot n’est pas assimilé au poststructuralisme, il n’eut de cesse qu’il ne répétât que l’écrit recèle un sens caché, un sens obscur, indécidable, qui nous échappe.

‘«  Qui se heurte, en écrivant, à une vérité qu’écrire ne pouvait respecter est peut-être irresponsable, mais doit d’autant plus répondre de cette irresponsabilité ; il doit en répondre sans la mettre en cause, sans la trahir, cela est secret même vis-à-vis de lui-même : l’innocence qui le préserve n’est pas la sienne ; elle est celle du lieu qu’il occupe et qu’il occupe fautivement, avec lequel il ne coïncide pas. »20

Pour cette raison, notre démarche consiste moins à analyser, déconstruire les dialogues, considérés alors comme des objets textuels, qu’à examiner ceux-ci comme forme de possibilité et de désir, dans le terrain de ce que Michel Foucault a nommé : “les ensembles d’événements discursifs.” 21

‘« L’événement n’est ni substance ni accident, ni qualité ni processus ; l’événement n’est pas de l’ordre des corps. Et pourtant il n’est pas immatériel ; c’est toujours au niveau de la matérialité qu’il prend effet, qu’il est effet ; il a son lieu et il consiste dans la relation, la coexistence, la dispersion, le recoupement, l’accumulation, la sélection d’éléments matériels ; il n’est point l’acte ni la propriété d’un corps ; il se produit comme effet de et dans une dispersion matérielle ».22

L’événement n’est plus un fait clairement défini, circonscrit dans un espace, un temps délimité. Maurice Blanchot le présente également comme étant quelque chose d’indomptable.

‘« Un événement : cela qui pourtant n’arrive pas, le champ de l’inarrivée et, en même temps, ce qui, arrivant, arrive sans se rassembler en quelque point défini ou déterminable — la survenue de ce qui n’a pas lieu comme possibilité une ou d’ensemble. »23

L’événement n’est pas tout à fait ce qui survient comme accident, il est dans la survenue ce qui s’exprime d’inconnaissable. C’est une expérience de pure réceptivité.

Il ne nous paraît pas pertinent d’analyser la praxis interlocutive sous l’angle d’une approche sémiotique, linguistique. Nous ne rechercherons pas la trace de quelque vérité au sein du fonctionnement langagier. Il n’y a pas réellement échange d’informations, aucune finalité étroite ne peut être précisée. Le dialogue n’autorise pas un jeu d’interférences sur les présupposés et intentions des interlocuteurs considérés en tant qu’instances co-énonciatives. La production du sens ne s’opère pas toujours par le jeu des répliques, la conjonction des pratiques énonciatives. Les dialogues ne sont pas constamment référentiels. Nous questionnerons, malgré tout, le procès de la communication dans l’espace de l’interlocution. S’ils ne possèdent pas véritablement de fonction narrative, argumentative, synthétique, polémique, éristique, les dialogues infèrent des enjeux éthiques que nous nous efforcerons de préciser même si à l’encontre de ceux de Platon, ils ne sont pas constitutifs de l’exercice philosophique.

Pour aborder le dilemme de la communication, la première partie s’intéressera aux êtres qui s’absorbent dans la disparition. Maurice Blanchot recourt à la faiblesse, à une certaine aliénation des corps, à la mort pour évoquer la dérobade des personnages et du monde. Nous verrons ce qu’il en est de la souffrance déboutée de ses manifestations habituelles, la souffrance non soufferte, ce que représentent les paroles qui n’évoquent pas la rumeur du monde. Nous questionnerons la trace de leur teneur originelle. Nous observerons comment elles sont proférées par des sujets qui approchent les abîmes. Cependant, les romans et récits de l’auteur n’offrent pas un caractère morbide.

Les personnages privés de chair s’égarent dans les endroits les plus familiers, vivent souvent hors des lieux et hors du temps. Les voix s’échangent alors dans la mutualité d’un ’nous’ qui ne fait naître aucune communauté d’appartenance. Dans ce ’nous’ de l’interdiscursivité, ’je’ et ’tu’ se situent au coeur d’une mésalliance. Nous tenterons d’approcher cette parole sans partage.

Nous nous efforcerons de préciser, dans la deuxième partie, quelle est cette brèche dans le dialogue. Nous rechercherons pour quelles raisons ce dernier devient le lieu des écarts. Pour cela, nous aborderons le dépassement des paroles énoncées, la quête du silence, la présence de l’absence si souvent évoquée par l’auteur, l’essence “dévoilante-voilante” des paroles.

A partir de ces désaccords au sein de l’espace dialogique, nous nous demanderons, dans la troisième partie, comment la rencontre des personnages peut avoir lieu. Pour cela, nous prendrons en compte le désir qui cherche à se dire par l’entremise d’une “articulation signifiante”. Nous verrons, par exemple, comment l’auteur met véritablement en scène le désir qui répond au désir de l’Autre, dans Thomas l’obscur. Sans lieu assigné, dans un insoluble dialogue avec ce qui est signifié, il voue tous les personnages à une migration sans fin. Il les pousse à se perdre sans réserve, par la violence du dépassement, par l’excès des gestes et des cris. Cette sauvagerie exile du monde. Les personnages aimeraient retrouver un lieu que nous essaierons de spécifier.

Nous serons amenés à nous demander si la subjectivité ne signifie rien d’autre que la présence de l’ ego dans l’acte d’énoncer, d’échanger. De la question : “qui parle ?”, évoquée dans la première partie, nous passerons à la question : “qui est le ’moi’ qui parle ?”.

Qu’il engage une parole quotidienne, essentielle ou bien une parole de l’Amitié, le dialogue blanchotien ne s’apparente pas à un simple échange verbal, il destitue le “sujet parlant” de sa prééminence. Si le procès de signifiance ne lui appartient que d’une manière imparfaite, un autre dessein référentiel se produit à partir de l’altérité de l’autre ’moi’ qui influe le dialogue véritable, en s’adressant aux allocutaires, à l’altérité interlocutive.

La quatrième partie interrogera le narrateur et son double de Celui qui ne m’accompagnait pas. Ce dernier se révèle être autre chose qu’une reduplication du moi, un alter ego. Le narrateur, écrivain demeure possédé par une étrange voix qui ne parvient pas à nommer. L’écriture ne renvoie à aucune antériorité de présence ou de parole.

Nous adopterons une approche à laquelle “résiste un peu la pensée” et qui consiste à “remettre en question notre volonté de vérité”24, pour fréquenter plutôt “la vérité du mouvement”25 qui conduit à l’oeuvre. Ainsi, la recherche ne se départira-t-elle pas de ces tremblements, de l’inquiète attention, de la solitude que nous éprouvons lorsque nous interrogeons l’oeuvre, les dialogues.

Notes
1.

Titre de l’essai : Maurice Blanchot, L’Espace littéraire, Gallimard, Coll.  ’Folio Essais’ [1955,1988], 1993.

2.

Ibid., p. 265.

3.

Maurice Blanchot, L’Entretien infini, Gallimard, Coll. ’NRF’, [1969], 1992, p. 113.

4.

Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaire Le Robert 1992, Nouvelle Edition 1993, p. 598.

5.

Mikhaïl Bakhtine, Le Marxisme et la philosophie du langage, Minuit, coll. ’Le sens commun’, [1977], 1987, p. 136. Le sémioticien soviétique Mikhaïl Bakhtine emploie les termes ’dialogue’, ’dialogique’ et ’dialogisme’ dans un sens très étendu, comprenant ’tout échange verbal, de quelque type qu’il soit’.

Mikhaïl Bakhtine, La poétique de Dostoïevski, Seuil, Coll. ’Points essais’, [1970], 1998, pp. 81-82.

’Le phénomène dialogique dépasse de très loin les relations entre les répliques d’un dialogue formellement réduit ; il est quasi universel et traverse tout le discours humain, tous les rapports et toutes les manifestations de la vie humaine, d’une façon générale, tout ce qui a un sens et une valeur.’

6.

’Une parole plurielle’ Titre de différents chapitres de L’Entretien infini de Maurice Blanchot, pp. 1-112, pp. 113-116 et chapitre IX. «  La parole qui ne développe pas a dès l’abord renoncé au dernier mot, soit parce que celui-ci est supposé avoir été déjà prononcé, soit parce que parler, c’est reconnaître que la parole est nécessairement plurielle, fragmentaire, capable de maintenir, par-delà l’unification, toujours la différence. ** Quelqu’un dit quelque chose et s’en tient là : cela signifie que quelqu’un d’autre a droit à parler et qu’il faut lui faire place dans le discours. » L’Entretien infini, pp. 500-501.

7.

Tzvetan Todorov, Mikhaïl Bakhtine, le principe dialogique, suivi de Ecrits du Cercle de Bakhtine, Seuil, Coll. ’Poétique’, [1981], 1993, p. 294.

« Nous n’hésitons pas à affirmer catégoriquement que les discours les plus intimes sont eux aussi de part en part dialogiques.* Ils sont traversés par les évaluations d’un auditeur virtuel, d’un auditoire potentiel, même si la représentation d’un tel auditoire n’apparaît pas clairement à l’esprit du locuteur ».

8.

Georges Gusdorf, La Parole, PUF, [1952] 1995, p. 57.

9.

Martin Heidegger, Acheminement vers la parole, Gallimard, Coll. ’Tel’, 1959, p. 255. Heidegger reprend et commente les vers du poète :

« Beaucoup a depuis le matin,

Depuis qu’un dialogue nous sommes et entendons les uns des autres,

Expérimenté l’homme ; mais bientôt nous serons Plain-Chant. »

(Début de la 8ème strophe de l’hymne Fête de la Paix de Friedrich Hölderlin).

10.

Ibid., p. 249.

11.

Ibid., p. 251.

12.

Maurice Blanchot, L’Entretien infini, p. 478.

13.

Ibid., p. 479.

14.

Maurice Blanchot, L’Espace littéraire, p. 265 : ’Communication où c’est l’obscur qui doit se faire jour, où il doit y avoir jour de par l’obscur, révélation où rien n’apparaît, mais où la dissimulation se fait apparence.’

15.

Françoise Collin, ’Ecriture et matérialité’, Revue Critique, n° 279-280, Août/Septembre 1970, p. 749. Elle fut la première, en 1971, à consacrer un livre à l’auteur : Maurice Blanchot et la question de l’écriture, Gallimard, Coll. ’Tel’, réédité en 1986.

16.

Maurice Blanchot, L’Entretien infini, p. 637.

17.

Georges Bataille, L’Expérience intérieure, Gallimard, Coll. ’Tel’, [1943, 1954, 1978], 1994, p. 129.

“Il est dans l’entendement une tache aveugle qui rappelle la structure de l’oeil. Dans l’entendement comme dans l’oeil on ne peut que difficilement la déceler. Mais alors que la tache aveugle de l’oeil est sans conséquence, la nature de l’entendement veut que la tache aveugle ait en lui plus de sens que l’entendement même. [...] dans la mesure où l’on envisage dans l’entendement l’homme lui-même, je veux dire une exploration du possible de l’être, la tache absorbe l’attention : ce n’est plus la tache qui se perd dans la connaissance, mais la connaissance en elle. L’existence de cette façon ferme le cercle, mais elle ne l’a pu sans inclure la nuit d’où elle ne sort que pour y rentrer. Comme elle allait que de l’inconnu au connu, il lui faut s’inverser au sommet et revenir à l’inconnu.”

18.

Isabelle Baladine-Hovold, ’La littérature dans la philosophie’, Revue des sciences humaines, n° 185, Lille III, 1982, p. 81.

19.

Maurice Blanchot, L’Entretien infini. Le chapitre X (pp. 343-354), est consacré  à “la parole analytique”. Un récit s’intitule Après coup. Freud a employé très souvent ce terme ; il fut repris par Lacan (écrit alors avec un trait d’union) pour expliquer le remaniement du vécu par la conscience, mais nous ne saurions affirmer que l’auteur établît un lien entre cette notion et le récit.

20.

Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, coll. ’Folio Essais’, [1959, 1986], 1993, p. 42.

21.

Michel Foucault, L’Ordre du discours, Gallimard, Coll. ’NRF’, [1971], 1994, p. 59.

22.

Ibid.

23.

Maurice Blanchot, L’Entretien infini, p. XIX.

24.

Michel Foucault, L’Ordre du discours, p. 53.

25.

Maurice Blanchot, L’Entretien infini, p. 583.

’Ainsi, nous savons que compte moins que l’oeuvre l’expérience de sa recherche et qu’un artiste est toujours prêt à sacrifier l’accomplissement de son ouvrage à la vérité du mouvement qui y conduit.’