2. Notion d’expertise et perception faciale

L’effet de supériorité des visages peut être discuté en terme de spécificité de traitement liée à une expertise d’analyse développée par l’Homme pour cette classe de stimuli à forte connotation psychosociale. Au cours de ce paragraphe, nous allons tenter d’éclairer le débat, toujours d’actualité, sur la notion d’expertise liée au traitement facial à partir des données de la psychologie expérimentale et développementale, et de celles récemment obtenues en imagerie fonctionnelle cérébrale. Nous décrirons tout d’abord un effet considéré comme spécifique pour la classe des visages, celui de l’inversion faciale. Nous aborderons ensuite le débat relatif à un traitement analytique versus holistique des stimuli faciaux en soulignant l’importance de l’organisation configurale des informations contenues dans les visages. Puis, nous nous intéresserons aux études développementales pour savoir s’il existe, au cours de l’ontogenèse, une évolution des compétences perceptives faciales en lien avec la maturation fonctionnelle cérébrale. Enfin, nous exposerons un ensemble de travaux récemment conduits par Isabel Gauthier et son équipe dans les domaines de la psychologie cognitive et de la neurophysiologie, qui remettent en cause la spécificité de traitement des visages et suggèrent l’existence d’un niveau d’expertise atteint par l’Homme plutôt qu’une prédisposition innée à traiter les visages.