1.4 Limites des études chez l’animal

Grâce aux différentes techniques d’études comportementales, anatomiques et physiologiques, le cortex visuel du singe macaque, supposé présenter des capacités visuelles très proches des nôtres, est devenu un modèle privilégié qui a permis de mieux comprendre le fonctionnement du système visuel humain.

MAlgré l’extrême avancée technologique des outils d’investigation cérébrale chez l’animal, les méthodes d’étude des fonctions cognitives restent indirectes et comportent des inconvénients inévitables. Tout d’abord, la taille du cerveau du singe macaque est environ huit fois plus petite que celle du cerveau humain. Une telle différence physique est généralement associée à une différence fonctionnelle, en partie liée à l’évolution de ces deux espèces. Une différence majeure réside dans l’utilisation (ou l’absence d’utilisation) du langage.

De plus, entraîner un animal à réaliser correctement une tâche cognitive, même simple, est généralement long et difficile. De telles conditions d’apprentissage chez l’animal rendent impossible l’exploration des fonctions cognitives complexes caractéristiques du fonctionnement cérébral humain, d’autant plus que l’expérimentateur ne peut s’assurer ni de ce que l’animal a perçu, ni de la manière dont il a interprété l’image rétinienne étant donné son absence de communication verbale. Par ailleurs, les techniques classiques d’enregistrement électrophysiologique chez l’animal ne permettent d’étudier qu’une aire à la fois. Pour ces multiples raisons, il est très difficile d’établir un lien direct entre une aire corticale étudiée chez le singe et une fonction cognitive.

Il est donc important de garder présent à l’esprit l’ensemble des limitations inhérentes à l’expérimentation animale, et de rester très prudent quant aux différentes interprétations pour l’Homme à partir d’observations effectuées uniquement chez l’animal. Les nouvelles techniques d’imagerie fonctionnelle cérébrale utilisables chez l’Homme permettent d’étudier le cerveau humain en action et de partiellement combler le fossé entre les études chez l’animal et l’Homme.