INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Éléments biographiques

1.1. L’enfance

Leonard Trelawny Hobhouse naquit le 8 septembre 1864 dans le village de St Ive en Cornouailles. Son père, Reginald Hobhouse, était issu d’une famille prospère : au 18e siècle ses ancêtres étaient marchands à Bristol. Quant à Reginald, il était haut fonctionnaire de l’État, éduqué à Eton puis à Oxford. En 1851, il épousa Caroline Salisbury Trelawny qui était membre d’une vieille famille de Cornouailles. Elle possédait un don pour les langues puisqu’elle parlait le français, l’allemand et l’italien, et peut-être est-elle à l’origine de l’intérêt que Hobhouse portera aux autres cultures d’Europe et du reste du monde.

Leonard, le dernier-né de sept enfants, est très proche de sa plus jeune soeur Emily, de quatre ans son aînée. Cette relation privilégiée dure tout au long de leur existence, et Emily exerce une forte influence sur Hobhouse, notamment lors d’événements clés dans le développement de sa pensée. En effet, Emily atteint elle-même la renommée : elle accomplit un travail d’assistance aux prisonniers boers des camps de concentration britanniques lors de la guerre en Afrique du Sud (1899-1902) et crée, à cette occasion, l’association Relief Fund for South African Women and Children. Parce qu’elle attire l’attention de la presse sur le sort inique des prisonniers, elle est déclarée indésirable et on lui refuse l’autorisation de débarquer au Cap en octobre 1901. À cette époque, le frère et la soeur sont unis dans leur opposition à la guerre et lorsque Hobhouse s’emploie à la dénoncer dans les colonnes du Manchester Guardian, son indignation s’inspire des récits d’Emily. Plus tard, Emily s’oppose également à la participation britannique à la première guerre mondiale et dénonce, notamment, les conditions d’emprisonnement des objecteurs de conscience, alors que plusieurs articles de son frère font part de la même indignation.

Dès sa scolarité à Marlborough College, Hobhouse se concentra sur les sciences politiques et sociales. En terminale, il lut notamment J. S. Mill, Spencer et Mazzini. C’est aussi de cette époque que date son attachement pour le parti libéral : bien que son père fût conservateur, il était probablement soumis à une forte influence libérale radicale au travers de son oncle, Sir Arthur Hobhouse1 qui, avec John Morley2, briguait la circonscription de Westminster aux élections de 1880. Toujours au lycée, Hobhouse fit la rencontre de son ami Maurice Llewelyn-Davies ainsi que de sa soeur Margaret Llewelyn-Davies, avec laquelle il entretint une correspondance jusqu’à sa mort. Comme pour Emily, l’amitié entre Hobhouse et Margaret Llewelyn-Davies semble provenir d’une grande proximité intellectuelle. Elle était, en effet, secrétaire générale de la Women’s Co-operative Guild, association qui militait pour les droits des femmes, dont le droit de vote. Pendant la première guerre mondiale, elle fut membre de l’Union of Democratic Control, qui avait la sympathie de Hobhouse sans qu’il n’en soit toutefois adhérent.

Notes
1.

 Il fut nommé Lord plus tard.

2.

 Homme d’État gladstonien, membre de divers gouvernements libéraux jusqu’en 1914.