1.4. Londres

Ce n’est que la garantie d’une indépendance totale qui lui fit accepter le poste de rédacteur politique de la Tribune en 1905. Toutefois, ce travail fut de courte durée puisque Hobhouse démissionna quelques dix-huit mois plus tard, à la suite de divergences avec la direction. Néanmoins, il ne rompit pas avec le journalisme et continua à collaborer avec le Manchester Guardian ainsi que, plus épisodiquement, avec d’autres journaux19. Il semble, en effet, qu’il ait été plus à l’aise dès lors qu’il ne dépendait plus financièrement de ces contributions. Ainsi, en devenant le premier titulaire de la chaire de sociologie de l’université de Londres, Hobhouse peut désormais conserver l’équilibre entre ses différentes activités. Celles-ci semblent connaître un redoublement alors que le parti libéral, enfin au pouvoir en 1906, commence à mettre en oeuvre une politique sociale inspirée du « nouveau libéralisme ». L’auteur participe à la création des Trade Boards, préside un petit groupe appelé « A Foreign Policy Committee » qui a pour but d’attirer l’attention des parlementaires et des journalistes les affaires étrangères et se rend aux États-Unis pour y donner des conférences. La pensée politique de Hobhouse est alors dans sa phase la plus originale et la plus productive : deux ouvrages essentiels sont publiés en 1911. Social Evolution and Political Theory est écrit à la suite de conférences à l’université de Columbia : il y expose sa conception du progrès social qu’il oppose à la notion d’évolutionnisme. Liberalism est une commande de la Home Library of Modern Knowledge, qui confie à Ramsay MacDonald le soin d’écrire The Socialist Movement et à Hugh Cecil celui de rédiger Conservatism. L’ouvrage retrace l’histoire du la pensée libérale et son aboutissement au « coeur du libéralisme20 », que Hobhouse fait coïncider avec le « nouveau libéralisme ». En outre, la métaphysique est à l’honneur dans Development and Purpose en 1913.

L’optimisme de Hobhouse quant au triomphe du libéralisme rénové souffrit un sérieux revers lors de l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne en 1914. Ses doutes sont exprimés dans The World in Conflict et Questions of War and Peace ; enfin, en 1917, il publie The Metaphysical Theory of the State, sévère critique de la conception idéaliste de l’État, qui vient parachever la dénonciation d’une philosophie qu’il ne cessait d’accuser d’absolutisme depuis ses années à Oxford. Après la guerre, il continue de mener ses activités habituelles, mais il ne semble plus en mesure d’écrire des ouvrages novateurs. Ceux qui paraissent dans les années vingt se contentent essentiellement, comme nous l’avons dit, d’approfondir des sujets abordés avant 1914. En 1924, sa santé se met à décliner. De plus, il est très ébranlé par la mort de sa femme, Nora Hadwen, en 1925. En effet, la famille joue un rôle central pour Hobhouse et ce sur le plan personnel comme sur le plan de sa pensée où elle constitue l’unité permanente à toutes les formes de société. Pendant ses dernières années, il fait, en Normandie, de fréquents séjours en cure et meurt à Alençon le 21 juin 1929.

Notes
19.

 The Pilot, The Speaker, The Contemporary Review, The Nation.

20.

Voir chapitre VI de Lib intitulé : « The Heart of Liberalism », p. 56.