PREMIÈRE PARTIE
LES FONDEMENTS THÉORIQUES

CHAPITRE 1 : L’HARMONIE

1. Différents angles d’approche

Pour saisir toute la portée de l’oeuvre de Hobhouse, il faut s’interroger en premier lieu sur sa nature : Hobhouse s’est intéressé à de nombreux domaines des sciences humaines et sociales. Certes, il est indéniable que certains des travaux ne sont pas des contributions majeures à leur domaine propre comme, par exemple, les études d’ordre psychologique, que Hobhouse fonda sur son observation personnelle du comportement animal. Mais pour autant, on ne peut les négliger tant elles participent à l’élaboration de sa pensée politique, au même titre que la sociologie et la philosophie. De plus, ces catégories de sciences humaines et sociales ne sont évidemment que des divisions apparentes et, du temps de Hobhouse, elles étaient récentes et moins tranchées. En tout état de cause, elles ont, encore aujourd’hui, pour objet l’homme ou la société humaine sous leurs différents aspects. Or, chez Hobhouse, l’homme, en tant qu’individu, et la société constituent un couple inséparable. Son oeuvre est caractéristique des philosophies fondatrices du libéralisme en cela que l’individu n’est jamais considéré uniquement comme isolé, de même que l’on ne peut envisager de groupe sans son constituant essentiel qui est l’individu33.

Notes
33.

 Nous pensons notamment aux « trois grandes philosophies du contrat aux XVIIe-XVIIIe siècles ». Selon Louis Dumont, (Essais sur l’individualisme, p. 87), même lorsqu’il s’agit d’affirmer la primauté de l’individu, ces trois philosophies s’interrogent sur les liens que l’individu entretient avec autrui, et conçoit ceux-ci comme relevant de l’association ou de la subordination : « Il s’en suit que la distinction entre les conceptions holistique et individualiste, suppose un individualisme-dans-le-monde, par opposition à l’individualisme extra-mondain qui est le seul à prétendre penser l’individu de manière isolée. »