2. La raison

L’épistémologie révèle donc la position cardinale de la raison dans le système hobhousien : l’examen des conditions de la rationalité n’y est pas réduit à une justification de la validité de la méthode employée dans les travaux politiques et sociologiques. Si la définition de la raison constitue, en effet, le fondement de la validité de ces derniers, notamment en ce qu’elle permet d’affirmer le principe de l’authenticité de la connaissance, elle fait aussi émerger le rôle que joue la raison dans la psychologie de l’individu (dans The Rational Good) et dans le développement de la société humaine (Development and Purpose, Social Development 46), ce qui amène l’auteur à conclure que la raison est le moteur du progrès, de même qu’elle en est la finalité47. Celle-ci devient donc un enjeu politique puisque la pensée hobhousienne conçoit la société de progrès comme étant nécessairement une société du progrès de la raison48.

Étant données la prépondérance et la complexité du concept de raison ainsi que les conséquences théoriques qui en découlent, nous en proposons ici un exposé. En guise de préambule nous devons préciser que la définition de la raison selon Hobhouse amène nécessairement à la prise en compte du concept d’harmonie qui, nous allons le voir, est son corollaire ainsi que la clé de voûte de l’oeuvre entière.

Notes
46.

 Ainsi que dans les ouvrages qui les ont précédés. (voir introduction générale).

47.

 Voir chapitre 2 sur l’évolution et le progrès dans la pensée de Hobhouse.

48.

 A cet égard, on pourrait être tenté de parler d’une identité entre ces deux termes.