2.1. La raison : synthèse des émotions de l’homme

2.1.1. Absence de contradiction réelle entre l’éthique et la science

Dans The Rational Good, Hobhouse précise les conditions dans lesquelles l’individu est capable de rationalité et examine les possibilités de l’application de la démarche rationnelle au « bien ». Cette mise en relation peut apparaître problématique puisqu’il s’agit de procéder à une recherche scientifique afin de distinguer des lois sociales universelles (car si elles sont rationnelles, elles sont nécessairement objectives donc universelles). Or, comme l’indique le titre, les lois sociales sont fondamentalement d’ordre moral. En effet, Hobhouse soutient que la sociologie nous apprend que la plus primitive des sociétés possède des coutumes qui relèvent de principes moraux, qui se manifestent au moins sous la forme religieuse, au sens large du terme :

‘The question has often been asked whether any tribe, however primitive, has subsisted without some form of religion, but the answer depends on what we mean by religion. But if the question be whether any tribe has existed without morality, the reply can be made more definite. Investigation has shown that the simplest and most primitive peoples known have their definite codes of custom [...]49.’

Mais au sein de la conception organique, il n’y a pas d’incohérence entre la science et l’éthique. Ainsi, le titre même de l’ouvrage The Rational Good illustre la réconciliation de ces deux dernières, et le fait que les conclusions de cette enquête ont un caractère politique est annoncé directement au lecteur dès l’introduction :

‘We shall inquire whether there is a Rational, and therefore a demonstrable, standard of values to which the actions of man and the institutions of society may be referred for judgment. [...] such a standard [...] we may call the Rational Good. (TRG 17)’

Notes
49.

 L. T. HOBHOUSE, The Rational Good p. 11. Cet ouvrage est désormais abrégé « TRG »